Par l'effet de l'un de ces rapprochements singuliers et dus 1796 -an tv. au hasard, que nous aurons souvent occasion de faire remarquer dans l'histoire de Bonaparte, le même jour où ce général faisait son entrée triomphale, le Directoire exécutif signait à Paris le traité de paix avec le roi de Sardaigne, et ordonnait une fête solennelle en l'honneur des victoires remportées par les armées de la république, et à laquelle la présentation de vingt et un drapeaux conquis par l'armée d'Italie avait donné lieu. Armistice conclu avec le duc de Modène; conspiration de 7o Un soldat et un vieillard, du Calabrèse; 8o Un vase étrusque, représentant diverses figures et ornements; 9o Un manuscrit écrit sur le papyrus d'Égypte, ayant environ onze cents ans d'antiquité, sur les Antiquités de Josèphe, par Ruffin; 10° Un Virgile manuscrit, ayant appartenu à Pétrarque, avec des notes de sa main; 11o Un manuscrit très-curieux, sur l'histoire des Papes. Alle Grazie : 12° Un tableau du Titien, représentant un Couronnement d'épines; 13o Idem. Un saint Paul, par Gondenzo Ferrari. Alla Vittoria: 14° Un tableau de Salvator Rosa, représentant une As somption. A l'Académie de Parme : 15° La Communion de saint Jérôme, par le Dominiquin; 16° Un tableau de Schidone; 17° Une Adoration, par Majolla. Aux Capucins: 18° Un chien, du Guerchin; 19o Une Vierge et plusieurs Saints, par le Carrache. A Saint-Paul: 20o Jésus-Christ, saint Paul, sainte Catherine, par Ra phaël. A la Stenata: 21o Le Mariage de la Vierge, par Procaccini. A San-Gio: 22° Une Descente de croix, par le Corrége. Aux Capucins: 23° La Vierge et saint François, par le Guerchin. A Saint-Roch: 24° Divers saints, par l'Espagnolet; 25° Un tableau de Paul Véronèse, représentant saint Roch, etc. Au Saint-Sépulcre: 26° La Madona della Scodella, du Corrége. A San-Quintino: 27o Un Baptême, par Fraimingo; 28° Une Assomption, par l'Espagnolet. 29o Un saint Benoît, par Lanfranc. A Saint-André: 30° Un tableau de l'Espagnolet. A Saint-Michel: 31° Une Vierge, par un élève du Corrége A Saint-Paul : 32° Une Vierge, d'Augustin Carrache. Au dôme de Plaisance: 33° et 34° Deux tableaux de Louis Carrache; 35° Un de Procaccini, etc., etc. Italie. 25 mai. (16 prairial.) Italie. 1796-an iv. Pavie; reprise de cette ville. - Pendant que Bonaparte s'occupait à Milan de l'organisation administrative de la Lombardie, et travaillait à faire germer dans le cœur des Italiens la semence des principes républicains ou révolutionnaires, dont il espérait tirer le plus grand parti pour la suite de ses opérations, les colonnes de son armée s'étaient déjà avancées dans le Milanais, à la poursuite des débris de l'armée autrichienne. L'une d'elles s'était emparée de la ville de Come le 17 mai; une autre colonne, en s'approchant de Modène, avait fait prendre la fuite au duc souverain de cette contrée. Son unique héritière, épouse de l'archiduc de Milan, devait porter ce duché dans la maison d'Autriche. Ce duc, connu par des traits d'une avarice extrême, s'était retiré à Venise, emportant avec lui vingt-trois millions en sequins, quoiqu'il eût déjà placé ailleurs, et avant ce temps, environ vingt millions, somme énorme pour un souverain dont les États étaient si circonscrits, et qui n'avait pu être accumulée que par les exactions les plus préjudiciables au bonheur de ses sujets. Cependant, dans un manifeste publié le lendemain de son départ, il avait promis aux victimes de son avarice de revenir aussitôt que les circonstances le permettraient. Afin de se mettre à même de tenir sa promesse, dont au reste ses sujets paraissaient peu s'embarrasser, il résolut de faire sa paix avec la république française. De son asile de Venise, il envoya au général Bonaparte, son frère le commandeur d'Este, en qualité de plénipotentiaire, pour solliciter de lui une suspension d'armes. Bonaparte, qui ne demandait qu'à se débarrasser de ses ennemis faibles, pour mieux accabler les puissants, se montra favorable à la demande du duc de Modène; mais les conditions qu'il lui imposa par l'armistice conclu le 20 mai durent paraître au duc d'autant plus dures, qu'on exigeait de lui une somme considérable. Ces conditions, dictées par le général français, étaient que le duc de Modène payerait à la république française: 1° 7,500,000 livres, monnaie de France, dont 3 millions seraient payés sur-lechamp, et versés dans la caisse des payeurs de l'armée; 2 millions 1 On dit que ce frère du duc de Modène était fils d'une Française, ancienne danseuse de l'Opéra de Paris. Il s'appelait Frédéric. Italie. dans le délai de quinze jours, entre les mains de M. Balbi, ban- 1796 - an tv. quier de la république française à Gênes, et le restant entre les mains du même banquier, dans le délai de ce mois; 2o qu'il serait fourni en outre 2,500,000 livres en denrées, poudres et autres munitions de guerre désignées par le général; 3o que le duc de Modène serait tenu de livrer vingt tableaux, à prendre dans sa galerie ou dans ses États, au choix des commissaires envoyés à cet effet. A ces conditions, Bonaparte promettait qu'en passant dans les États du duc de Modène, ses troupes ne feraient aucune réquisition, et que les vivres dont elles pourraient avoir besoin seraient payés de gré à gré. Mais déjà Bonaparte semblait se repentir du peu de jours qu'il avait passés dans l'inaction. Beaulieu, retiré sous les murs de Mantoue, avait reçu des renforts; il pouvait en obtenir encore et reprendre l'offensive. Le général français se déterminait donc à prévenir son adversaire; mais, avant de conduire de nouveau ses phalanges guerrières à la victoire, il leur adressa cette proclamation, plus remarquable encore que celle qui a déjà été citée, et dans laquelle « on trouve empreinte toute l'âme d'un « homme extraordinaire, et qui devait présager à l'Europe се « qu'elle devait attendre d'un général qui pensait avec tant d'é« nergie, et qui savait exciter tous les genres d'enthousiasme ' : ) << Soldats! « Vous vous êtes précipités comme un torrent du haut de l'Apennin; vous avez culbuté, dispersé tout ce qui s'opposait à votre passage. « Le Piémont, délivré de la tyrannie autrichienne, s'est livré aux sentiments naturels de paix et d'amitié qui l'attachent à la France. Milan est à vous, le pavillon républicain flotte dans toute la Lombardie; les ducs de Parme et de Modène ne doivent leur existence qu'à votre générosité. « L'armée qui vous menaçait avec tant d'orgueil ne trouve plus de barrière qui la rassure contre votre courage. Le Pô, le Tésin, l'Adda n'ont pu vous arrêter un seul jour; vous avez franchi ces boulevards vantés de l'Italie, aussi rapidement que l'Apennin. 1 Jomini. 1796-an IV. Italie. « Tant de succès ont porté la joie dans le sein de votre patrie; vos représentants ont ordonné une fête dédiée à vos victoires, célébrée dans toutes les communes de la république. Là, vos pères, vos mères, vos épouses, vos sœurs, vos amantes se réjouissent de vos succès, et se vantent avec orgueil de vous appartenir. « Oui, soldats, vous avez beaucoup fait, mais il vous reste encore beaucoup à faire; dirait-on de nous que nous avons su vaincre, mais que nous n'avons pas su profiter de la victoire ? La postérité nous reprocherait-elle d'avoir trouvé Capoue dans la Lombardie? .... Non, je vous vois déjà courir aux armes; un lâche repos vous fatigue, les journées perdues pour la gloire le sont pour votre bonheur. Eh bien, partons! Nous avons des marches forcées à faire, des ennemis à soumettre, des lauriers à cueillir, des injures à venger. Que ceux qui ont aiguisé les poignards de la guerre civile en France, qui ont lâchement assassiné nos ministres, incendié nos vaisseaux à Toulon, tremblent... L'heure de la vengeance a sonné; mais que les peuples soient sans inquiétude: nous sommes amis de tous les peuples, et plus particulièrement des descendants des Brutus, des Scipions et des grands hommes que nous avons pris pour modèles. « Rétablir le Capitole, y placer avec honneur les statues des héros qui le rendirent célèbre, réveiller le peuple romain, engourdi par plusieurs siècles d'esclavage : tel sera le fruit de vos victoires; elles feront époque dans la postérité; vous aurez la gloire immortelle de changer la face de la plus belle partie de l'Europe. « Le peuple français libre, respecté du monde entier, donnera à l'Europe une paix glorieuse qui l'indemnisera des sacrifices de toute espèce qu'il fait depuis six ans; vous rentrerez alors dans vos foyers, et vos concitoyens diront, en vous montrant: Il était de l'armée d'Italie !... » Le départ de Bonaparte avait suivi de près cette proclamation; il avait quitté Milan pour se rendre à Lodi, et donner à ses troupes les ordres nécessaires pour se mettre à la poursuite de l'armée autrichienne. Les mêmes applaudissements, les mêmes signes de joie qui avaient signalé son entrée, l'accom Italie. pagnèrent à sa sortie des murs d'une ville où la présence de 1796 - an iv. l'armée française s'était à peine fait sentir, et où il s'était efforcé de se concilier l'affection des habitants. Qui eût pu imaginer que ces démonstrations d'allégresse cachaient, en effet, la plus noire perfidie et l'ingratitude la plus coupable? Cependant le général était à peine arrivé à Lodi, que le commandant de Milan, Despinois, lui annonça que, trois heures après son départ, on avait sonné le tocsin dans toute la Lombardie, et que les signes de la plus furieuse insurrection commençaient à se faire apercevoir de toutes parts. Nous avons dit que la présence de l'armée de Bonaparte en Italie avait établi entre les habitants de ce beau pays une ligne de démarcation ou plutôt de division bien distincte. Cette partie de la population que ses lumières, sa philosophie et sa haine pour les préjugés font reconnaître dans toutes les contrées de l'Europe, la bourgeoisie, s'était facilement déclarée en faveur des principes de la révolution française, qui favorisaient trop ses prétentions et ses espérances pour qu'elle ne les adoptât pas avec empressement. Les prêtres, les moines, la noblesse, et cette foule d'individus qui tirent leur subsistance ou leur considération de ces deux classes d'hommes, avaient, au contraire, reçu avec horreur des institutions qui venaient renverser tous les usages, et surtout les priviléges. Il était facile de porter à la révolte tout ce qui avait à craindre un changement dans l'ancien ordre des choses. Dès l'instant où Bonaparte eut paru dans Milan, les nobles et les prêtres travaillèrent avec activité à persuader à leurs partisans qu'il était de leur intérêt de prendre les armes. Des ecclésiastiques forcenés, le poignard d'une main et le crucifix de l'autre, visitèrent l'humble asile du pauvre dans les villes, et parcoururent les campagnes pour exciter le peuple à une insurrection générale. Bonaparte avait demandé vingt millions aux Milanais. Pour faciliter le recouvrement de cette contribution, et la rendre moins onéreuse à la classe moyenne, il avait fait enlever l'argenterie des églises et des couvents, et fait taxer arbitrairement les maisons les plus riches de la ville. Les prêtres et les riches, mettant en jeu ce levier, toujours si funeste, mais si puissant de la superstition, avaient persuadé aux aveugles et crédules |