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Le Grand-Duc Ferdinand III mourait en 1824 en laissant sa mémoire entachée du grave reproche d'avoir, au commencement de son règne, altéré dans un esprit rétrograde la plupart des meilleures mesures de son père Léopold Icer, d'avoir aveuglément détruit en 1814 toutes les institutions, même les plus sages, que les Français avaient introduites en Toscane, et enfin d'avoir récompensé solennellement les auteurs de la réaction d'Arezzo qui, au commencement du siècle, se souilla par des actes barbares, parmi lesquels il suffira de citer les bûchers allumés sur la place de Sienne pour le supplice de quelques juifs innocents et d'un Français.

Malgré cela, l'esprit national était alors si peu développé dans les masses, l'état des autres parties de l'Italie était tellement déplorable, et les gouvernements en étaient tous tellement mauvais et si complétement inféodés à l'Autriche, que la Toscane semblait une oasis au milieu de la Péninsule tristement ravagée par l'influence de l'Autriche; à tel point que le Grand-Duc Ferdinand, en s'abstenant, selon les conseils de ses ministres, de tout acte violent et en résistant parfois aux plus exorbitantes d'entre les nombreuses exigences de l'Empereur son frère, put acquérir par la comparaison qu'on faisait de lui avec les autres princes italiens, la réputation d'un souverain libéral et indépendant.

A la mort du Grand-Duc Ferdinand III, le comte de Bombelle, ministre d'Autriche, essaya de mettre des obstacles à l'intronisation de son fils Léopold II, de même que le Grand-Duc Léopold Ir, malgré les traités solennels qui réglaient la matière, avait, en montant sur le trône impérial, retardé de plusieurs mois la cession du Grand-Duché à son cadet à qui il revenait de droit, exprimant même, à ce que disent des historiens, le désir de réunir la Toscane à l'Em

pire. Le ministre Fossombroni, informé des intentions de l'Ambassadeur d'Autriche, s'empressa de publier la proclamation du nouveau Grand-Duc en même temps que la nouvelle de la mort de son père; et quand le comte de Bombelle se présenta au palais en demandant à voir l'Archiduc Léopold à qui, disaitil, il avait l'ordre de faire des communications graves et urgentes, il y trouva le vieux ministre toscan qui lui répondait quele Grand-Duc Léopold, accablé par

la douleur, ne pouvait le recevoir.

ΧΙ.

Tant que les ministres Fossombroni et Corsini restèrent au pouvoir, la politique du nouveau GrandDucne subit point de changements sensibles. Toutefois, il y eut l'emprisonnement de quelques libéraux toscans et l'expulsion de quelques émigrés après les événements de 1831; mesures qui excitèrent le mécontentement des populations toscanes chez lesquelles l'esprit national faisait des progrès rapides, mais valurent au gouvernement toscan les éloges du conseiller aulique autrichien, Mentz, qui écrivait, en 1836, au prince de Metternich : « Le gouvernement toscan, appelé à réfléchir aux dangers que lui faisaient courir ses procédés antérieurs, a pris des allures plus fermes, et sa police, mieux constituée, est devenue plus vigilante et plus active. En tout cas le respect des baïonnettes autrichiennes placées aux portes de la Toscane, suffira pour arrêter les illusions et les projets révolutionnaires, et empêcher qu'ils soient réalisés.

Dans tout ce qui ne tenait point directement à la politique et pouvait par conséquent échapper à l'influence autrichienne, le nouveau Grand-Duc essayait, pendant les premières années de son règne, de se rendre populaire, en se montrant désireux d'améliorations : il était en général plus attaché que son père aux principes proclamés par Léopold Ir, et il réussit même à prendre quelques sages mesures quand il s'en tint à l'imitation de son illustre grand-père. Mais, d'une nature méfiante et craignant toute supériorité, il tenait à l'écart les hommes capables et aimait à s'entourer de médiocrités; aussi la plupart de ses nombreuses lois ne firentelles qu'augmenter les charges du Trésor et étendre la confusion dans tous les services publics; aucun souverain ne fut peut-être, autant que le Grand-Duc Léopold II, forcé de changer de ses propres mains

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