dre reçut l'ordre de quitter Pétersbourg et de se porter sur Wilna. En même temps, comme le traité de Bucharest, qui allait être conclu, tranquillisait parfaitement l'empereur du côté de la Turquie, il fut ordonné au général Kutusoff de détacher de l'armée de Moldavie plusieurs divisions, pour les diriger sur le point de concentration de l'armée de l'Ouest. Toutes les forces, rassemblées sur la frontière occidentale, formèrent trois armées partagées en différens corps, et dites première, deuxième et troisième armée d'Ouest. Ces troupes formaient un total qui ne s'élevait à guère moins de trois cent mille hommes devant agir en première ligne; et si l'on compte ensuite les diverses réserves, les garnisons, les troupes de la marine, on trouvera, avec M. Boutourlin, un total de troupes réglées de plus de cinq cent mille hommes. Les forces de Napoléon pouvaient être doubles. On porte à plus d'un million celles qui étaient alors sur pied, depuis le Tage et le Tibre jusqu'à la Vistule. Il faut se souvenir que toutes les contrées de l'Europe occidentale fournissaient leur contingent pour ce formidable rassemblement de soldats. Non content de ces immenses ressources, et osant prévoir le cas où elles seraient épuisées, Napoléon, avant de quitter Paris, avait organisé la formation d'une puissante réserve sous le nom de garde nationale, divisée par bans, et les bans par cohortes. L'armée avec laquelle il allait entrer en Russie, l'une des plus belles et des plus imposantes qui se soient jamais rassemblées sous les drapeaux français, était répartie en quatorze ou quinze corps, chacun sous le commandement d'un chef, prince, roi ou maréchal. L'armée russe se trouvait, en 1810, 'partagée en vingt-cinq divisions, formant cinq corps et trois armées. En 1811, cet état militaire reçut une augmentation considérable par l'effet des nouvelles levées, et subit une nouvelle organisation. A la fin de 1811, toute l'infanterie fut partagée en vingt-sept divisions, sans compter la garde qui en forma une séparée; la cavalerie formait deux divisions de cuirassiers, huit de cavalerie, et une de cavalerie de la garde (1). Au 1er jan (1) Les divisions de cavalerie étaient de quatre régimens de dragons et de deux de hussards ou de hulans. 1 vier de 1812, ces forces étaient distribuées ainsi qu'il suit : En Finlande, le corps du comte Steingell, composé de deux régimens de dragons et des 6°, 21 et 25° divisions, présentait un total de trente mille six cent cinquante-trois hommes. A Pétersbourg, le corps de S. A. I. le grand-duc Constantin était formé de la division de cavalerie de la garde, de la division d'infanterie de la garde, des deux régimens de cuirassiers de la garde, de deux régimens de grenadiers de ligne, et d'un régiment d'infanterie de ligne, ce qui offrait un total de vingt-huit mille cinq cent vingt-six hommes. En Livonie et Courlande, le corps du comte Wittgenstein, composé de la 1" division de cavalerie et des 5 et 14 divisions, présentait un total de trente-quatre mille deux cent quatre-vingt-dix hommes.* Dans les gouvernemens de Wilna et de Vitepsk, le corps du général Bagowouth était composé de la 1" division de cuirassiers, de la 2o de cavalerie, et des 1", 4 et 7° divisions, à l'exception de deux régimens de cuirassiers et de deux de grenadiers; ce qui donnait un total de quarante-sept mille cinq cent vingt hommes. Dans les gouvernemens de Grodno, Minsk et Mohiloff, le corps du général Essen, formé de la 3 division de cavalerie et des 23o, 3o et I divisions, à l'exception d'un régiment d'infanterie de cette dernière, présentait un total de quarante-un mille quarante-cinq hommes. En Wolhynie et Podolie, l'armée du prince Bagration, composée de la 2o division de cuirassiers, des 4 et 5 de cavalerie, et des 2o, 7°, 12°, 18°, 24 et 26° divisions, présentait un total de cent quatre mille trois cent vingt-deux hommes. Sur le Danube, l'armée de Moldavie du général Kutusoff était composée des 6" et 7a divisions de cavalerie, et des 8, 9°, 10°, 15, 16 et 22° divisions, à l'exception de huit bataillons de la 9o; ce qui formait un total de quatre-vingt-sept mille vingt-six hommes. En Crimée et dans les environs, le corps du duc de Richelieu, composé de la 8 division de cavalerie, de la 13° division et de huit bataillons détachés de la 9°, présentait un total de dix-neuf mille cinq cent un hommes. Au Caucase, le corps du général Rttcheff, composé d'un régiment de dragons et de la 19o division, présentait un total de neuf mille neuf cent vingt-huit hommes. En Géorgie, le corps du général marquis de Paulucci, composé de deux régimens de dragons, et de la 20o division, présentait un total de vingt-trois mille sept cent quarantecinq hommes. A Moscou, la 23o division, nouvellement formée, forte de dix mille six cent quarante et un hommes. Il fallut songer ensuite à assurer la subsistance des troupes rassenıblées sur cette vaste frontière occidentale. Les principaux dépôts de provisions de bouche et de fourrage furent établis à Nowogorod, à Sosnitza et à Troubzewsk. L'on forma aussi de grands magasins à Riga, à Dunabourg, à Bobrouïsk, à Kiew, à Wilna, à Zaslawl et Loutzk, et d'autres moins considérables à Drissa, à VelikiLouky, à Chawli, à Villkomir, à Swentsiany, à Grodno, à Brzest, à Slonim, à Sloutzk, à Pinsk, à Mozir, à Staroïkonstantinow, à Gitomir, à Ostrog, à Doubno et à Kowel. On a dit que le plan de campagne qui avait été arrêté par les généraux et les ministres russes, à l'époque où les lignes de la Vistule étaient renforcées avec la plus grande activité, |