avoit été adoptée par Voltaire, qui demeuroit dans le voisinage, et qui lui fit épouser Charles, marquis de Villette. Dans sa correspondance, elle est le plus souvent désignée sous le nom de Belle et Bonne. On sait qu'elle perdit son mari pendant la révolution. Elle eut des relations avec les philosophes de son temps; mais il est vrai de dire que depuis long-temps, Mme. de Villette ne paroissoit point adopter tous les préjugés qu'elle avoit pu recevoir à l'école de Ferney. Elle s'occupoit de bonnes œuvres, et elle se concertoit souvent, à ce sujet, avec une des plus estimables Filles de saint Vincent de Paul qu'elle voyoit habituellement. Les assemblées de l'association pour les petits séminaires se tinrent à différentes reprises chez elle, et feu M. l'abbé Legris Duval prêcha dans une de ces réunions. Mme. de Villette étoit cousine de feu M. Emery et de M. l'évêque de Montpellier; elle étoit sœur de M. l'évêque d'Orléans. Elle voyoit souvent plusieurs ecclésiastiques, et, loin de les attrister en affichant des opinions contraires à leurs principes, elle aimoit à s'entretenir avec eux de choses relatives à la religion et à la charité. Dans sa dernière maladie, un ecclésiastique qu'elle estimoit singulièrement l'avertit du danger de son état; la Sœur de la Charité dont nous avons parlé l'engagea aussi à recourir aux sacremens de l'Eglise. La malade avoit indiqué le vendredi 15 pour remplir ce devoir religieux; mais la veille au soir, son état étant devenu plus fâcheux, on fut obligé de lui donner l'extrême-onction. Mme, de Villette avoit 64 ans, et laisse un fils unique. Le Pilote, en annonçant sa mort, fait des vœux pour que le fils soit fidèle à l'illustra tion d'un nom qui se lie avec celui de Voltaire. Nous sommes porté à croire que M. le marquis de Villette ne sera pas trèssensible aux vœux du Pilote; il paroît se soucier peu de mériter les éloges de ceux qui voudroient perpétuer l'incrédulité parmi nous. Des observations que nous trouvons dans un recueil périodique peu connu, nous paroissent mériter d'être présentées, du moins en substance, à nos lecteurs. Elles sont relatives à un écrivain moderne qui jouit de quelque réputation, et dont, en conséquence, les erreurs peuvent être plus dangereuses. Nous voulons parler de M. Simonde-Sismondi, génevois et protestant, auteur de différens ouvrages, entr'autres, d'une Histoire des républiques italiennes du moyen Age. Cet ouvrage, qui est très-volumineux, puisqu'il se compose de 16 volumes in-8°., suppose beaucoup de recherches et d'érudition. Malheureusement, l'auteur y montre des opinions très-téméraires : républicain déclaré, il ne dissimule pas son aversion pour le gouvernement monarchique. Jusqu'en 1814, il avoit paru ennemi de Buonaparte; mais, en 1815, il fit un éloge très-chaud de l'acte additionnel: il n'y avoit, selon lui, d'autre salut que de se rallier à un prince aussi modéré et aussi sage que Napoléon. Si M Sismondi s'étoit borné à prêcher le libéralisme, nous n'eussions pas songé à lui donner place dans ce journal; mais ses écrits ont encore une tendance plus répréhensible, et qu'il nous paroît utile de signaler. Ici, nous aimons à citer une autorité imposante aux yeux du public, savoir, celle d'un académicien fort savant, qui caractérise ainsi les ouvrages de M. Sismondi, dans son rapport sur les prix décennaux. On découvre partout dans M. Sismondi, dit M. de Sacy, un ennemi déclaré du catholicisme, un partisan des doctrines réformées, et peut-être quelque chose de plus. On pourroit encore le considérer comme un historien instruit et exact, si ses opinions ne l'empèchoient pas de voir et de dire la vérité. Mais comment défendre, comment excuser un jugement aussi faux que celui qu'il porte de la religion chrétienne, vers la fin de son second volume? Ce qu'il y a de plus étrange, c'est qu'il la calomnie, pour adoucir ou excuser en quelque sorte les cruautés commises quelquefois en son nom, à la vérité, mais contre ses préceptes et son esprit. Il établit que des hommes qui professent une religion mystique, laquelle est un culte rendu à la douleur; des hommes qui se sont fait un Dieu con. damué à souffrir, et dont le sacrifice se renouvelle sans cesse sur les autels, que de tels hommes sont prêts à devenir les bourreaux de leurs frères, et à déchirer leur propre corps par les rigueurs de la pénitence. N'est-ce pas là mentir à l'histoire, et choquer toute vraisemblance? Les Turcs, qui ne connoissent point de sacrifice dans leur religion, sont donc moins persécuteurs, moins féroces que les chrétiens! Voilà où conduit l'esprit de système, et l'exagération qui en est la suite >». Un autre membre de la classe d'histoire déclare, dans son rapport, que trop de choses manquent à M. Sismondi, quand il veut rendre raison des faits, et que, lorsqu'il n'a pas de preuves, il en imagine: c'est là, dit le rapporteur, le vice capital de cette histoire. M. Sismondi semble avoir voulu justifier ce reproche par ses romans historiques; et, par une singularité fort curieuse, celui qui étoit romanesque dans l'histoire ne sait pas l'être dans les romans, et il a tout à la fois ruiné l'histoire et gâté le roman. C'est la remarque d'un savant critique italien. Le Nestor de la littérature italienne, le docte et judicieux bibliothécaire de Venise, M. Morelli, s'exprime plus sévèrement encore sur l'auteur génevois. Sismondi est, dit-il, un écrivain fanatique et un juge pervers des faits historiques. Dans un de ses derniers volumes, il a écrit de Léon X, que ce pontife, parvenu à la plus grande dignité du monde, regarda sa carrière comme un continuel carnaval; expression que M. Daunou lui-même n'a pu s'empêcher de blamer dans fe Journal des savans, et qui est à la fois une fausseté et un oubli de toutes les convenances. Les vrais fondateurs de l'histoire, en Italie, sont Muratori, Maffei, Tiraboschi, et non point Sade, Ginguené ou Sismondi: ceux-ci ne savent que ce que les premiers leur ont appris, et ils ne sont que leurs copistes. M. Morelli n'épargne même pas à M. Sismondi les reproches d'ignorance, de partialité et de témérité. Dernièrement, un jeune auteur italien, M. Alexandre Manzoni, a publié, à Milan, des Observations sur la morale catholique. La première partie a paru en 1819, et est destinée à réfuter le chapitre 127 de l'Histoire des républiques italiennes du moyen age. Ces Observations sont rédigées dans un excellent esprit; on pourroit seulement regretter qu'elles fussent en si petit nombre. M. Manzoni n'a point donné la suite qu'il avoit annoncée. (Extrait des Mémoires de religion, de morale et de littérature, publiés à Modène, tom. Ier., second cahier). Les Chrétiens instruits à l'école de la sagesse (1). Cet ouvrage est de M. l'abbé Lasausse, auteur du Solitaire Chrétien, et de beaucoup d'autres livres de piété. C'est un Recueil d'entretiens, d'exercices, d'actes et de prières où l'auteur n'a eu en vue que de porter les ames à la piété. Il rend compte de son plan dans sa préface, à laquelle le défaut d'espace nous force de renvoyer le lecteur. (1) 1 vol. in-12; prix, 3 fr. et 4 fr. franç de port. A Paris, chez Rusand; et chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal. (Samedi 23 novembre 1822.) (Νο. 865.) Etablissemens religieux de l'église des Etats-Unis. se L'église catholique des Etats-Unis a vu, depuis trente ans, s former dans son sein des établissemens précieux, et cette créa tion rapide est un juste sujet de joie et d'espérance pour l'avenir. Le tableau abrégé de ces établissetnens nous a été fourni par une voie sûre. Il y a aujourd'hui dans les Etats-Unis un archevêché, Baltimore, et sept évêchés, Boston, New-Yorck, Philadelphie, Charles-Town, Bardstown, la Louisiane et l'Ohio. L'archevêché de Baltimore comprend les Etats du Maryland et de Virginie, et le district de Colombia, où est située la ville fédérale de Washington. Le souverain Pontife avoit, le 11 juillet 1820, érigé l'évêché de Richinond en Virginie, et y avoit nommé le docteur Patrice Kelly, professeur dans le collège de Kilkenny en Irlande; ce prélat fut sacré, le 24 août 1820, dans l'église paroissiale de Sainte-Marie de Kilkenny, par M. le docteur Troy, archevêque de Dublin, assisté de M. Murray, son coadjuteur, et de M. Marum, évêque d'Ossory. Il arriva, le 19 janvier 1821, à Norfolk en Virginie, et se fit reconnoître comme évêque de Virginie; mais de nouveaux renseignemens nous ont appris que ce pré lat étoit transféré à un évêché en Irlande, et que la Virginie rentreroit sous la juridiction de M. l'archevêque de Ba timore Il y a aujourd'hui à Baltimore quatre belles églises, la cathédrale, Saint-Patrice, Saint-Jean et Sainte-Marie. La cathédrale, qui est la plus grande église des Etats-Unis, a été consacrée le jour de l'Ascension de l'année dernière; elle est dans un beau style, et dans la forme d'une croix. Il est question de bâtir deux nouvelles églises dans la ville. A Washington, il y a deux églises, deux à Georges-Town qui est contigu, une à Alexandrie, une à Frederick-Town, une à Emmitsburg, et vingt-huit dans le reste du Maryland. Plusieurs de ces édifices font honneur au zèle des catholiques, qui sont assez nom-` breux dans cet Etat. Il y a sept églises en Virginie. Baltimore a deux écoles de charitě bien établies, l'une auprès de la cathédrale, l'autre auprès de Saint-Patrice, dans le quartier Tome XXXIV. L'Ami de la Relig. et du Ror. D appelé Fell's-Point. Les enfans y sont soigneusement instruits dans les premiers élémens, et à un âge convenable on les place en différens états. Ces établissemens sont soutenus par des collectes qu'on fait dans les différentes églises. A Georges. Town il y a aussi deux écoles de charité, l'une près l'église de la Trinité, pour les enfans des deux sexes, l'autre pour des orphelines; celle-ci est confiée aux dames de la Visitation, qui soutiennent à la fois et instruisent ces enfans. L'archevêché de Baltimore a en établissemens tout formés, deux grands séminaires, un petit séminaire, deux colleges un noviciat de Jésuites, et trois maisons de religieuses. Le séminaire Sainte-Marie, à Baltimore, est le séminaire diocésain; il a été établi, en 1793, par M. Nagot, et est aujourd'hui dirigé par M. Tessier. On y a joint, depuis 1799, un - collége qui est dû aux soins de M. Dubourg, aujourd'hui évê-que de la Louisiane: le nombre des élèves y augmentant de jour en jour, il fallut augmenter les bâtimens, et, en 1804, on pouvoit y recevoir cent cinquante élèves. Cette année le collége fut approuvé par la législature du Maryland, et inis sur le pied d'une université où l'on pourroit prendre les degrés comme en Europe. On y a établi une bibliothèque choisie de huit mille volumes. Il y a des inaîtres de langues, de mathématiques, de philosophie. Les présidens du collège ont été successivement MM. Dubourg, Paquet, Maréchal, Bruté, et aujourd'hui M. Damphoux. L'autre séminaire est à Washington, sous la direction des Jésuites, qui tiennent aussi un collège à Georges-Town. Cet établissement est le plus ancien des Etats-Unis; il fut-commencé par le clergé du Maryland, aussitôt après la guerre de la révolution. En 1815, le congrès l'a érigé en université. Les bâtimens sont grands, et peuvent contenir deux cents élèves; on y trouve une belle bibliothèque. Les présidens du collége ont été successivement MM. Plunkett, Molineux, Dubourg, Neale, Matthews, Grassi, Kolhman, et aujourd'hui M. Enoch Fenwick. Le noviciat des Jésuites est actuellement à Whitemarsh, dans le Maryland, à vingt milles de Washington. En 1806, le saint Siege autorisa la réunion des Jésuites des Etats-Unis, et M. Robert Molineux fut nommé leur supérieur, sous la dépendance du général qui étoit en Russie. Dans ces dernières années il est arrivé plusieurs Jésuites de la Russie-Blanche. Actuelleinent la société compte |