(Par un Habitant de Bréda, près ·Montmil, en Picardie.) LOGOGRYPH E. PAR mes accords je porte la terreur Jufqu'aux lieux habités par l'animal timide. Mes pieds pris à rebours infpirent la terreur Mais retranchez mon chef. Oh! ce n'eft plus cela; Chacun s'empreffe à qui m'aura, (Par J. R. D., de Montpellier.) NOUVELLES LITTÉRAIRES. NOTICE fur la Vie de M. Poivre, Chevalier de l'Ordre du Roi, ancien Intendant des Ifles de France & de Bourbon. A Philadelphie, & fe trouve à Paris, chez Moutard, Imprimeur-Libraire de la Reine, rue des Mathurins, hôtel de Cluni. IL feroit injufte, il feroit funefte que les éloges fullent réfervés aux hommes qui tiennent aux Académies, lefquelles fe font impofé ce tribut envers tous leurs Membres. Les hommes qui ont bien mérité de leur patrie, fans même avoir rendu de ces fervices qui leur affurent une longue & vaste renommée, ont droit auffi à cet intérêt public, qui s'élève au moment de leur mort, & qui ne fait fouvent qu'expier envers leur mémoire une indifférence & une injufice cruellement fenties. Mais ces hommage, qui ne font appelés par aucun ufage étalli, pour remplir leur objet, ne doivent pas tre prodigués à un mérite obfcur & médicre. Le mépris avec lequel on les recevroit,retomberoit fur l'homme à qui on auroit valu vainement créer une célébrité que fes ctions ne peuvent foutenir. Comme une pitie de l'intérêt des éloges qui font lus dans les Académies, tient à ce qu'ils font rendus par des hommes occupés des mêmes travaux, & qui tirent de la confiance avec laquelle on les écoute, une forte d'autorité pour l'estime qu'ils difpenfent, il convient auffi que les e oges, qui ne dépendent d'aucun devoir dans ceux qui les décernent, reçoivent aufli de l'analogie des occupations de ces derniers, & d'une reffemblance de caractère & de réputation, une forte de recommandation & de fanction. Toutes les qualités, tous les rapports que je cherche ici, pour rendre plus intéreffant un Ouvrage de ce genre, fe rencontrent dans celui dont on va parler. M. Poivre, par toutes les actions de fa vie, fut un homme de bien; par des aventures extraordinaires & d'importans fervices, il fut un homme vraiment remarquable; par les talens & les vertus d'un adminiftrateur, il a laiffé une mémoire refpectée dans deux de nos colories. A tous les égards, il peut être compré parmi les hommes juftement célè bres de in fiècle. Il méritoit un éloge public; & il ne onvoit être en meilleures mains que dans celes d'un ancien ami, qui a connu de bonne heure les qualités qui ont fondé fa gloire qui a été dépofitaire de la haute estime qe lui portoient plufieurs grands Hommes e ce fiècle, & qui ayant passé sa vie dans étude & la pratique des travaux de l'adonistration, a fans celle ajouté à fes con noiffances, appris par l'expérience des choles & des hommes, à faire avec fageffe le bien qu'il defire avec force, & par-là est devenu, un meilleur appréciateur du mérite, enfin qui, en faififfant les objets avec autant de fineffe que d'étendue, embellit fon ftyle de cette candeur de l'honnête homme, de ce profond attachement à tout ce qui eft utile ou grand, qui font aimer l'Auteur dans ces Ouvrages. Il est honorable à la mémoire de M. Poivre d'avoir trouvé un Panégyrifte dans le Rédacteur des Mémoires de M. Turgot. C'eft à lui que nous devons auffi un excellent Mémoire fur les Hôpitaux, qui, en préfentant des idées un peu différentes du rapport de MM. les Commiffaires de l'Académie, rentre dans le même but, a concouru auffi à cette grande révolution dans la bienfaifance publique, où la Nation & le Souverain fe font fi bien entendus, & remplit de la plus douce joie tous les cœurs humains & fenfibles. Rien ne juftifie mieux l'hommage que l'on rend ici à un homme fi bien fait pour inftruire & fervir fa patrie, que l'approbation univerfelle avec laquelle on a appris le choixque le Roi a fait de lui pour l'un des Secrétaires de cette Affemblée, où le cœur du Roi fe montre tout entier, & où s'agitent les plus grands intérêts de la France. Un homme, comme M. Poivre, ne peut être mieux loué que par les faits de fa vie; nous. nous contenterons ici de choisir les plus intéreffans, & de rapporter les réflexions qui les Cy relèvent & les embelliffent dans la Notice. » M. Poivre eft né à Lyon, d'une famille commerçante; il fit fes études à la Congré gation des Miffions Étrangères. "L'éducation chez des Miffionnaires donne néceffairement le goût des Voyages; & quelques notes écrites par M. Poivre, indiquent qu'en embraffant l'état de fes inftituteurs, il envifageoit, outre l'avantage de fervir la Religion, celui de s'éclaircir fur les mœurs, les ufages, la culture, l'industrie des nations qu'il auroit à obferver, & de procurer à l'Europe quelques-unes des productions les plus précieufes de l'Afie, de l'Afrique & de Amérique. Il fembloit prévoir fa destinée. » En 1745, M. Poivre revenoit en France pour revoir fa famille, rendre irrévocables fes liens religieux, & retourner enfuite au bout du monde où l'appeloit fon zèle. Le vaiffeau qui le portoit fut attaqué dans le détroit de Branca, par un Anglois fupérieur en force, & combattit. Il y a dans les âmes trèsélevées, même avec le caractère le plus doux, une répugnance naturelle à fuir le danger: pendant tout le combat, M. Poivre fe porta fur la galerie, fur le gaillard, fur le tillac, par-tout où il fe crut le plus utile, aidant à la manœuvre, exhortant les Soldats & les Matelots, & fur tout fecourant les bleffés: un boulet de canon lui emporta le poignet. " » Pour donner une idée de la férénité de fon âme, nous dirons que le premier mot qu'il |