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QUATRIÈME PARTIE.

GÉOGRAPHIE

HISTORIQUE, PHYSIQUE ET POLITIQUE

DE LA FRANCE.

HISTORIQUE

DE LA FRANCE1.

La plus grande partie de la France actuelle portait autrefois le nom de Gaule, et dès les temps les plus anciens on connaissait sous ce nom la contrée que bornent, à l'ouest, l'océan Atlantique; au sud, les Pyrénées et la Méditerranée; à l'est, les Alpes et le Rhin, qui forme avec la mer du Nord sa barrière septentrionale.

Telles furent les limites de la Gaule ancienne, alors qu'elle était habitée par les Gaulois, son peuple primitif; telles furent encore ses limites lorsque César eut réduit en province romaine ce pays, dont la conquête pouvait seule le faire arriver à la dictature perpétuelle.

L'an 406, les nations germaines franchissent le Rhin; les Vandales ne font que traverser la Gaule et vont s'établir en Espagne; mais les Bourguignons s'y arrêtent et fondent un empire dans sa partie orientale (413). Au-dessous des Bourguignons, les Ostrogoths, maîtres de l'Italie, s'étendent jusqu'au Rhône et ont Marseille pour principale ville de cette partie de leur royaume. Les Visigoths, en récompense de leurs services, reçoivent d'Honorius, empereur romain, la Septimanie et le pays compris entre la Loire et les Pyrénées. Les Francs, nos ancêtres, s'étaient établis entre la Meuse et la Somme. Au centre, entre la Somme et la Loire, se trouvaient les Gallo-Romains, gouvernés par Syagrius, patrice romain. A l'ouest, la confédération armoricaine s'était détachée de l'empire romain et déclarée indépendante. Enfin, au nord-est, était une autre peuplade germaine, les Alemans 2.

Voilà quel était l'état de la Gaule le jour où, dans la tribu des Francs-Saliens, Clovis, jeune homme âgé seulement de quinze ans, était élevé sur le pavois (481). La bataille de Soissons (486) lui donna le pays des Gallo-Romains; celle de Tolbiac (496), l'Alemannie; celle de Vouillé (507), le pays des Visigoths. Ayant fait mourir les petits souverains qui l'entouraient, il se rendit maître de toutes les

1 Afin de se faire une idée exacte des limites de la France aux diverses époques de son histoire, il faut consulter les cartes de géographie historique qui font partie de cet ouvrage.

2 Voyez la carte no 1.

tribus franques. A la mort de Clovis (511), pour réunir toute la Gaule sous la domination des Francs, il ne restait donc plus qu'à conquérir la Bourgogne.

Les fils de Clovis achevèrent l'ouvrage de leur père, et, l'an 534, la Bourgogne était devenue une possession franque par la victoire d'Autun, gagnée par Childebert I et Clotaire I sur Gondemar, dernier roi bourguignon. Déjà, l'an 530, Thierry et Clotaire avaient conquis la Thuringe, pays situé au nord de l'Alemannie; la Bavière, plus à l'est, fut aussi forcée de se soumettre à Childebert I (554); mais ces peuples barbares, encore jaloux de leur liberté, s'agitaient sans cesse sous le joug. Ainsi, lorsque mourut Clotaire I (561), le royaume franc se composait 1: 1o, au nord, de l'Austrasie, de l'Alemannie, de la Thuringe et de la Bavière; 2o, au centre, de Ja Neustrie; 3o, au sud, de l'Aquitaine; 4o, à l'est, de la Bourgogne. A l'ouest se trouvaient les Bretons armoricains, qui étaient indépendants, et que Clovis ni ses successeurs ne purent soumettre.

A partir de cette époque, le royaume franc ne s'agrandit plus, sans cesse divisé qu'il était entre les derniers Mérovingiens, toujours en lutte les uns contre les autres 2. Bientôt cette famille ne put elle-même défendre la France contre les attaques étrangères, et la bataille de Tours (732), gagnée par Charles Martel sur les Sarrasins, fut un premier titre de gloire pour les Carlovingiens. Pépin le Bref chassa complétement de la Gaule les Sarrasins, refoulés dans le sud, en faisant la conquête de la Septimanie (752-759), qui devint un district de l'Aquitaine.

Enfin Charlemagne tenta d'agrandir encore le royaume que ses ancêtres avaient sauvé. Aux provinces du nord, il ajouta la Frise et la Saxe (785), dont la conquête lui coûta si cher; au sud, il réunit à son empire la Marche d'Espagne (799), située au delà des Pyrénées Orientales, entre la Ségra et la mer Méditerranée, et à peu de distance de la rive gauche de l'Ebre; à l'est, il conquit l'Italie, avec le Frioul et l'Istrie, jusqu'à Gaëte (774), l'Illyrie (Croatie, Liburnie) jusqu'à la Bosna, affluent de la Save, qui elle-même est un affluent du Danube, le pays des Avares (Hongrie) (796) jusqu'à la Theiss. Conséquemment, à la mort de Charlemagne, les limites de son empire étaient 3: au nord, la mer du Nord, l'Elbe, la Sala, un de ses affluents, les montagnes de la Bohème et de la Moravie ; à rouest, l'Océan, moins la Bretagne; au sud, la partie inférieure du cours de l'Ebre, la Méditerranée, et en Italie le Vulturne, qui se jette dans la mer Méditerranée, et la Pescara, qui se jette dans l'Adriatique; à l'est, en Illyrie, la Save, la Bosna, un de ses affluents, et la Narenta, petite rivière qui se jette dans l'Adriatique, et dans le pays des Avares, la Theiss, affluent du Danube.

1 Voyez la carte no 2.

2 Pour connaître les partages de la France sous les deux premières races de nos rois, voir la Chronologie des Mérovingiens et des Carlovingiens, qui forme la première partie de cet ouvrage.

3 Voyez la carte no 3.

Un si vaste empire, formé de nations si différentes, ne pouvait subsister longtemps. Aussi, sous le gouvernement de son débile fils, le royaume se divisa, et, après de longues et sanglantes querelles entre les petits-fils de Charlemagne, l'empire démembré donna naissance (traité de Verdun en 843, après la bataille de Fontenay) aux trois grands royaumes de France, d'Allemagne et d'Italie 1. Le royaume de France, échu en partage à Charles le Chauve, se composait de la partie de la Gaule comprise entre la Meuse et l'Escaut, au nord; l'Océan, à l'ouest; les Pyrénées, l'Ebre et la Méditerranée, au sud; le Rhône et la Saône, à l'est. Les autres provinces de l'empire de Charlemagne formèrent les royaumes d'Italie et de Germanie.

Le démembrement de l'empire de Charlemagne en trois royaumes fut suivi du démembrement de la France en petites provinces féodales. Charles le Chauve voyait sans cesse ses États lui échapper et se déclarer indépendants; la Bretagne, l'Aquitaine, la Vasconie (Gascogne), étaient devenues de véritables royaumes, ne reconnaissant plus l'autorité des rois de France. Ce démembrement fut d'autant plus rapide, que l'édit de Kiersy-sur-Oise (877), assurant aux seigneurs l'hérédité des fiefs, assit sur des bases solides le système féodal et ruina la puissance royale. Dans toutes les parties du royaume se fondent des principautés féodales indépendantes par le fait, si elles ne le sont pas de nom. C'est ainsi qu'en 912 se forme le duché de Normandie, que Charles le Simple, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, donne à Rollon; l'un des successeurs de ce dernier, Guillaume le Conquérant, s'empara en 1066 de l'Angleterre, plus tard la rivale et l'ennemie de la France. Le domaine royal alla tous les jours en se rétrécissant, et finit par être réduit à la petite ville de Laon.

Telle était la situation malheureuse de la France à la fin de la dynastie carlovingienne. Mais, sur les débris de l'autorité royale, s'élevait l'autorité féodale dans la personne de Hugues Capet, qui, en devenant roi de France, apportait à la couronne la Picardie, l'Ile-de-France et l'Orléanais. Ce fut là un noyau autour duquel vinrent se grouper successivement les autres États féodaux, et alors commença ce grand travail d'unification accompli par les Capétiens,

1 Voyez la carte no 4.

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