Guerres. Guerre civile entre la Neustrie et l'Austrasie. 584-613. La guerre continue entre la Neustrie et l'Austrasie. Gontran, qui, par le traité d'Andelot (587), reconnaît Childebert II pour son héritier, meurt en 593. Avant sa mort, il avait envahi la Neustrie; mais son armée, saisie d'effroi à l'aspect d'une forêt mouvante qui semblait marcher sur les Austrasiens, prit la fuite; c'étaient les soldats neustriens portant devant eux des branches d'arbres garnies de feuilles, afin de cacher leur nombre à leurs ennemis. Childebert, conséquemment roi d'Austrasie et de Bourgogne, étant mort lui-même en 596, sans avoir pu dépouiller Clotaire II, laisse son royaume à ses fils: à Théodebert II l'Austrasie, à Thierry II la Bourgogne. Ces deux princes sont placés sous la tutelle de leur aïeule Brunehaut. La guerre divise ces trois enfants, Clotaire II de Neustrie, Théodebert II d'Austrasie et Thierry II de Bourgogne, gouvernés par deux femmes, Frédégonde et Brunehaut, dont la première meurt en 597. L'an 612, Brunehaut, chassée de l'Austrasie, se réfugie en Bourgogne, chez Thierry II, et excite се dernier à attaquer son frère. Uni à Clotaire II, Thierry II bat les Austrasiens près de Tolbiac (612), et fait décapiter son frère vaincu, Théodebert II. Il meurt lui-même l'année suivante (613). Ses quatre enfants en bas âge et Brunehaut furent livrés à Clotaire II, qui fit égorger tous les enfants de Théodebert II. Quant à Brunehaut, fille, femme, sœur, mère de tant de rois, elle fut pendant trois jours abandonnée à ses ennemis, livrée aux outrages des soldats et enfin attachée à la queue d'un cheval sauvage qui la mit en lambeaux. Le cruel fils de Frédégonde se vengeait comme l'eût fait sa mère. Clotaire II devint alors seul roi des Francs et régna ainsi jusqu'en 628, époque de sa mort. Remarques historiques. Vers cette époque, à l'autorité royale succéda l'autorité des majordomes (majores domus) ou maires du palais, nommés d'abord par les rois, et ensuite par les seigneurs puissants. Dans le principe, ils étaient chargés uniquement de la direction intérieure du palais; plus tard, forts de la fai blesse des rois, ils usurpèrent tous les pouvoirs de l'État et gouvernèrent seuls les royaumes francs sous le nom des princes mérovingiens. Cette dignité, révocable dans l'origine, fut par la suite inamovible et héréditaire, et l'emporta bientôt sur la royauté elle-même. Deux causes hâtèrent la chute de la première race de nos rois et le triomphe des maires du palais sur cette famille dégénérée : la puissance chaque jour croissante de ces ministres, et la honteuse faiblesse des derniers Mérovingiens, appelés avec raison rois fainéants, et dont les noms ne figurent plus dans les guerres civiles de la Neustrie et de l'Austrasie; les chefs véritables sont les maires du palais. DAGOBERT I. 628-638. Né en 600.-Roi en 628.-Agé de 28 ans.-Mort en 638.-Agé de 38 ans.-Règne 10 ans. Dagobert, déjà roi d'Austrasie du vivant de son père Clotaire II, hérite à sa mort de ses vastes États; il donne l'Aquitaine à son frère Caribert, dont le second fils, Boggis, fut, diton, la souche des ducs d'Aquitaine, race qui ne s'éteignit qu'en 1503, dans la personne de Louis d'Armagnac, tué à la bataille de Cérignole. Guerres. Dagobert ne fit que deux guerres de peu d'importance, l'une en 628 contre les Slaves-Vénèdes, qui avaient envahi l'Austrasie, et l'autre en 636 contre les Saxons, les Gascons et les Bretons. Remarques historiques. Le règne de Dagobert fut pour ses sujets un règne pacifique. Ce Salomon des Francs, comme l'appelle Frédégaire, faisant le tour de son royaume dans un char attelé de bœufs, ne rassemble ni à un conquérant, ni à un roi sans puissance; c'est un justicier et un législateur, organisant son empire et faisant rédiger les lois de ses peuples grossiers. Il chercha à comprimer la puissance des grands et du clergé, et fut éclairé dans tous ses travaux par les sages conseils de l'orfévre saint Éloi, devenu mi nistre. Il érigea et enrichit un grand nombre d'églises et de monastères, pensant expier ainsi les débauches et les désordres scandaleux auxquels il s'était abandonné dans sa jeunesse : « entretenant à la fois, dit encore Frédé« gaire, trois femmes qui portaient le titre de reines, et un si grand nom« bre de concubines qu'il serait trop long de les nommer. » Il fonda l'abbaye de Saint-Denis, où il fut lui-même enterré, et qui devint par la suite le lien de sépulture des rois de France. C'est le dernier des Mérovingiens qui mérite le titre de roi; ses successeurs composent la liste insignifiante des rois fainéants. CLOVIS II. 638-656. Né en 634. Roi en 638.-Agé de 4 ans.-Mort en 656.-Agé de 22 ans. -Règne 18 ans. Dagobert, mort en 638, laisse l'Austrasie à Sigebert III, son fils aîné, et à son second fils, Clovis II, la Neustrie et la Bourgogne. Clovis II fait mettre à mort le maire du palais d'Austrasie, Grimoald, qui avait eu l'audace de reléguer en Irlande le fils du roi d'Austrasie, plus tard Dagobert II, et de mettre son propre fils sur le trône, vacant par la mort de Sigebert III (656); c'était une tentative prématurée du triomphe prévu de la mairie sur la royauté. Clovis II se fait reconnaître roi d'Austrasie, et réunit ainsi pendant quelques mois seulement tous les Etats francs sous sa domination. CLOTAIRE III. 656-670. Né en 652.-Roi en 656.-Agé de 4 ans. Mort en 670.-Agé de 18 ans.-Règne 14 ans. Clovis II mourut en 656; son fils aîné, Clotaire III, est proclamé roi de Neustrie et de Bourgogne, tandis que son autre fils, Childéric II, lui succède en Austrasie. Ce règne ne présente aucun fait intéressant. CHILDÉRIC II. 670-673. Né en 653.-Roi en 670.-Agé de 17 ans.- Mort en 673.-Agé de 20 ans. - Règne 3 ans. A la mort de Clotaire III, l'an 670, Ébroin, maire du palais de Neustrie, sans assembler les comices, fit élever sur le pavois un troisième fils de Clovis II, Thierry III. Les leudes, indignés et poussés à la révolte par saint Léger, évêque d'Autun, l'ennemi des rois et le zélé défenseur des priviléges de la noblesse, s'emparèrent de Thierry et d'Ébroin, les confinèrent dans un monastère, et reconnurent pour roi de Neustrie et de Bourgogne Childéric II, déjà roi d'Austrasie. Ce prince, lassé des remontrances de saint Léger, qui avait succédé à Ébroin comme maire du palais, enferma le saint prélat dans un couvent: il s'attira ainsi la haine des grands. Un autre acte imprudent causa sa perte. L'an 673, il fit frapper de verges un homme de qualité, nommé Bodillon, pour avoir osé lui faire des représentations. Le seigneur outragé tend des embûches à Childéric II, qui est assassiné dans une forêt avec sa femme et deux de ses enfants. THIERRY III. 673-691. Né en 634.-Roi en 673.-Agé de 19 ans.-Mort en 691.-Agé de 37 ans.-Règne 18 ans. Avénement. A la mort de Childéric II (673), l'Austrasie est donnée à Dagobert II, fils de Sigebert III, relégué jadis en Irlande; la Neustrie est remise à Thierry III, troisième fils de Clovis II, et sorti du monastère en même temps qu'Ebroin. Ce dernier recommence la lutte contre saint Léger, en faveur du pouvoir royal. Saint Léger fut vaincu, et, en 678, Ébroin lui fit couper la langue, crever les yeux et trancher la tête. Guerres. Guerre entre la Neustrie et l'Austrasie. 680-687. Causes. Dagobert II fut, en 679, mis à mort par les grands de l'Austrasie, qui abolirent la royauté dans cette province. Ils élurent pour ducs ou princes des Francs Martin et Pépin d'Héristal. Ceux-ci déclarèrent aussitôt la guerre à Ébroin, le chef du parti populaire et le défenseur de la royauté, contre lequel se réunirent les seigneurs d'Austrasie et de Neustrie. Evénements militaires. Les ennemis d'Ébroin furent vaincus à la bataille de Leucofao (680); le duc Martin fut assiégé dans Laon, et, contre la foi donnée, assassiné par Ébroin. Celui-ci périt lui-même (681) de la main d'un officier neustrien, Hermanfroy, qu'il avait menacé de la mort. En 687, moins heureux qu'à Leucofao, les Neustriens sont battus à Testry (près de Saint-Quentin) par Pépin d'Héristal, qui avait en vain sommé Thierry III, roi de Neustrie, et son maire Bertaire, de réhabiliter dans leurs biens les églises et les seigneurs dépouillés par Ébroin. Conséquences. - La guerre cesse alors : la victoire de Testry est celle des grands sur le parti populaire, des Austrasiens sur les Neustriens; c'est pour ainsi dire une seconde conquête de la Gaule par les Germains. Pépin d'Héristal gouverna réellement la Neustrie et la Bourgogne, comme il gouvernait déjà l'Austrasie; seulement, après s'être assuré que nul n'était plus propre que Thierry III à jouer le rôle d'un fantôme de roi, il le replaça sur le trône de Neustrie. CLOVIS III. 691-695. Né en 680.-Roi en 691.-Agé de 11 ans.-Mort en 695.-Agé de 15 ans. - Règne 4 ans. Thierry III étant mort en 691, son fils aîné, Clovis III, reçoit la couronne de Neustrie des mains de Pépin. CHILDEBERT III. 695-711. Né en 683.-Roi en 695.-Agé de 12 ans.-Mort en 711.-Agé de 28 ans.-Règne 16 ans. Clovis III meurt en 695 sans enfants, et Pépin place sur le trône de Neustrie Childebert III, deuxième fils de Thierry III. DAGOBERT III. 711-715. Né en 699.-Roi en 711.-Agé de 12 ans.-Mort en 716.-Agé de 17 ans. - Règne 5 ans. A la mort de Childebert III, Pépin nomme Dagobert III roi de Neustrie. Pépin d'Héristal, auquel on pourrait appliquer avec tant de raison le surnom de King's maker (faiseur de rois), donné plus tard en Angleterre au comte de Warwick, mourut lui-même en 744. Il affermit son pouvoir par la défaite des peuples tributaires, qui avaient profité des divisions intestines des Francs pour recouvrer l'indépendance. Il légua ses Etats à son petitfils Théodebald et à sa veuve Plectrude, au détriment de son, fils Charles, né d'un mariage illégitime. |