le début de ce discours qui a été imprímé, et qui méritoit de l'être par l'esprit de piété dont il est rempli : Ce touchant éloge que l'apôtre saint Pierre faisoit de la charité qui avoit marqué tous les pas de Jésus-Christ pendant sa vie mortelle, ne pouvons-nous pas, avec une juste proportion, l'appliquer à ses fidèles serviteurs? Ne convient-il pas en particulier à l'illustre pontife, qui n'a paru parmi nous que pour nous faire sentir la grandeur de notre perte? Tous ces pas, en effet, dans sa carrière apostolique, n'ont-ils pas été marqués par autant d'oeuvres de charité ? » Qu'elles se renouvellent fréquemment ces tristes cérémonies, où la misère de notre mortalité paroît avec plus d'éclat, par la grandeur des victimes qu'îmmole la mort! Nos premiers pasteurs, si dignes de notre attachement et de notre vénération, se précipitent avec une effrayante célérité dans là tombe. A peine fermée sur l'illustre cardinal, que tant d'amour et de regrets y avoient accompagné, elle se rouvre pour son vénérable successeur, lui dont les talens et les vertus nous avoient fait espérer un ample dédommagement à notre perte. A peine cette auguste basilique étoit-elle dépouillée des lugubres ornemens de sa viduité, qu'elle s'est voilée de nouveau par les insignes de la douleur et de la mort. » Grand Dieu, dont nous adorons les jugemens impénétrables dans ce triste événement, ces coups réitérés du trépas nous font sentir que votre être seul immuable est seul le digue objet de nos constantes affections! Pour l'homme fragile, ouvrage de vos mains, le matin il-fleurit, le soir déjà flétri comme l'herbe des champs, il est foulé aux pieds. Mais que dis-je, éternel Auteur de notre être! L'image de vous-même, imprimée en nous, disparoit-elle au souffle de la mort comme un léger nuage écarté par les vents? Non, la mort n'étend sa puissance que sur ce qu'il y a de mortel en nous. Notre être spirituel, rayon de votre gloire, participe à votre éternelle existence. Ces œuvres, aussi que l'ame, a opérées pendant son union à la matière, l'accompagne inséparablement dans la maison de son éternité. » L'orateur célèbre surtout les vertus du respectable archevêque, et le montre dans les diverses situations de la vie, toujours actif, toujours aimable, toujours occupé des intérêts de la religion et du salut des ames. Nous aurions cité quelque chose de son discours, si déjà nous n'avions fait connoître les travaux de M. Dubourg. Nous dirons seulement l'orateur nous a paru digne, par son que excellent esprit, d'apprécier et de louer les vertus du prélat. -Le Garde national, d'Orléans, en parlant des malheurs de madame De Monnet que les journaux ont racontés, avoit dit que M. le curé d'Artenay, près Orléans, lui avoit refusé impitoyable ment tout secours. M. Blessebois, curé d'Artenay, a écrit au Garde national qu'on avoit trompé sa bonne foi. Assurément, dit-il, les 115 sous que j'ai donnés à cette dame qui m'étoit inconnue et les autres secours qu'elle a reçus à ma recommandation sont peu de chose; mais si toutes mes aumônes étoient dans cette proportion, placé sur une grande route et recevant chaque jour des demandes de voyageurs, je ne pourrois y suffire. M. le curé regrette d'avoir été obligé d'entrer dans ces détails, mais il a cru devoir repousser un reproche qui seroit retombé sur le clergé. Les écoles chrétiennes à Nîmes répondent de plus en plus aux besoins de la population. Déjà 1088 recevoient l'instruction gratuite dans les trois écoles établies dans la ville; savoir: 418 dans les cinq classes de l'école de la Providence, 165 dans les quatre classes de l'école de Saint-Charles et 305 dans l'école de SaintBaudile. Les Frères viennent d'y ajouter une école d'adultes qui compte déjà 264 élèves, et qui pourroit encore être augmentée. Ainsi treize Frères suffisent à l'instruction de 1352 personnes. Joignez-y le Frère-Directeur, celui qui enseigne la géométrie, un surnuméraire et le Frère temporel; on aura pour le traitement total 10,200 fr. D'où il résulte que chaque élève coûte à peine à la ville 10 à 12 sous par mois. Y a-t-il beaucoup d'instituteurs qui se contentassent d'une si modique rétribution? Un écrivain catholique de Hollande, M. Lesage-ten-Broeck, vient de publier son adhésion à l'Encyclique du 15 août 1832, M. J. G. Lesage-ten-Broeck est fils et frère de ministres protestans. Il avoit à peu près 30 ans quand il connut l'Eglise catholique. Il ne résista point à la grâce, et justifia sa conversion par quelques écrits. Il entreprit un journal religieux qui parut à Amsterdam, puis à La Haie, sous le titre d'Ami de la Religion et du Roi. Ce journal, à peu près dans le même genre que le nôtre, en offroit quelquefois des extraits. M. Lesage a publié quelques écrits, tous sur des matières de la religion. Il a traduit en hollandais la Vie de saint Vincent de Paul, par Collet, et il étoit secrétaire d'une société catholique formée en Hollande pour la propagation des bons livres. Nous avons été quelquefois en rapport avec cet estimable écrivain. Aujourd'hui, il paroît que M. Lesage-tenBroeck publie son journal à Grave, dans le Brabant hollandais, partie où les catholiques sont plus nombreux. Le premier Numéro de cette année commence par une déclaration en ces termes : << Comme rédacteur d'un journal que j'ai fondé, il y a plus de 15 ans, sur l'invitation et sous l'influence de mes supérieurs ecclésiastiques, journal qui s'est soutenu par la bénédiction divine au milieu d'une multitude d'obstacles suggérés par des ennemis occultes ou connus journal cousacré exclusivement à la défense de la doctrine de l'Eglise et aux droits du saint Siége apostolique, qui est le centre de toute unité, la pierre fondamentale du divin édifice de l'Eglise, c'est un besoin pour mon cœur, comme pour ma conscience, de suivre l'exemple de ces écrivains religieux qui ont publié leur soumission pleine et sans réserve à l'Encyclique célèbre de N. S. P. Grégoire XVI, du 15 août 1832. J'ai surtout senti ce besoin après que l'illustre chef de l'Eglise, dans son Bref du 5 octobre, à M. l'évêque de Rennes, a prescrit les termes dans lesquels il désiroit que M. de La Mennais fit connoître sa pleine et entière soumission aux décisions du saint Père. Afin de mettre un terme aux funestes discussions qui ont attristé si long-temps le cœur du saint Père, je déclare donc de mon propre mouvement, et sans aucune réserve, m'engager à suivre usiquement et absolument la doctrine exposée dans l'Encyclique de S. S. Grégoire XVI, en date du 15 août 1832, et à ne rien écrire, à ne rien approuver qui lui soit opposé. Je condamne sincèrement tout ce qu'elle condamne, et, si j'ai écrit ou publié quelque chose qui y soit contraire, je suis prêt à le rétracter publiquement, aussitôt qu'il n'aura été signalé, n'entendant jamais m'appuyer sur ma raison individuelle, lorsqu'elle seroit en opposition à la raison divine, qui est manifestée extérieurement dans la seule Eglise romaine. » J. G. LESAGE-TEN-BROECK. » NOUVELLES POLITIQUES. - Nous avons dit dès le commencement qu'on perdoit son temps et sa peine à proposer aux hommes, qui ont fait la révolution de juillet pour eux, d'en partager les profits avec les autres. Il nous paroissoit tout naturel qu'ils n'acceptassent point le marché. Aussi les avons-nous vus, sans aucune surprise, rejeter en bloc, samedi dernier, toutes les pétitions par lesquelles ils étoient requis de rapporter le budget à la communauté, pour que tout le monde en eût sa part. Comme on devoit s'y attendre, ils ont trouvé plus d'avantage à tout garder pour eux; et c'est ce qu'ils ont fait; restant saisis de ce qu'il y a de bon dans le bagage de la révolu tion de juillet, et laissant le bât à ceux qui le portent. Dans toute cette affaire de monopole et de réforme parlementaire, nous ne sommes surpris que d'une seule chose, c'est qu'on puisse sérieusement s'adresser à une chambre de députés pour la prier de mettre au concours général ce qu'elle possède précisément en vertu de l'exclusion des autres. Ces choses-là ne sont réellement proposables qu'à des gens qu'on sauroit ennuyés de vivre. Or, il nous semble que les privilégiés de la révolution de juillet n'ont pas de raisons pour se lasser les premiers du régime auquel ils ont mis la France. L'éternel refrain de M. Viennet sur la légalité qui tue lui est encore revenu dans une des dernières séances de la chambre des députés, M. Viennet a-t-il dit: La légalité nous tue, ou, la légalité actuelle nous tue? Voilà ce qui fait une grave question, une différence prodigieuse, non-seulement selon lui, mais selon M. le président Dupin, qui s'est presque échauffé l'autre jour contre ceux qui disent la légalité tout court sans ajouter le mot actuelle. Cependant, la légalité actuelle forme une espèce de pléonasme avec le présent de l'indicatif du verbe qui l'ac+ compagne; car il est évident que M. Viennet n'entend pas parler d'une légalité passée qui nous à tué, ni d'une légalité future qui nous tuera. Il Tous dit que c'est une légalité qui nous tue; et il faut bien qu'elle soit actuelle pour nous tuer autrement. S'il n'y a pas de pléonasme dans sa phrase, on sera donc obligé de rendre le mot actuel inséparable de tous les substantifs ; et de dire, par exemple : Mes oreilles actuelles entendent un honorable député. La liberté de la presse m'incommode, et je désire qu'on lui casse les bras actuels? Nous le répétons, c'est une vraie puérilité de débattre la question de savoir si M. Viennet a dit : La légalité nous tue, ou la légalité actuelle nous tue. de M. Benjamin Delessert sur la fondation des caisses d'épargnes sont allés dimanche visiter la caisse d'épargnes centrale à la Banque de France. Ils ont été satisfaits de l'ordre qui règne dans cet établissement et de la promptitude avec laquelle toutes les opérations y sont expédiées. Ils ont remarqué surtout l'affluence considérable de déposans, bien que ce soit un jour consacré par le peuple aux folles dépenses et à la dissipation. Le projet de loi sur les patentes a pour but de mieux répartir cet impôt, de saisir une foule d'états qui n'étoient point imposés, et d'augmenter en même temps les ressources de l'Etat. La contribution des patentes se divisera en un droit fixe, applicable à la classe du patentable, et en un droit proportionnel d'un dixième, d'un vingtième ou d'un quarantième, de la valeur des locaux qu'il occupera. La Banque de France paiera 5,000 fr.; les diverses entreprises générales 1,000 fr., 500 ou 300 fr.; les banquiers et agens de change 1,000 fr. Il y a pour le taux huit classes, où sont groupées les professions de toute espèce; on n'en a oublié aucune. Les notaires et avoués seront sujets à patente, et ils encourront une suspension à défaut de paiement. Les spectacles seront imposés d'après le nombre de spectateurs que la salle peut contenir. Les avocats et les éditeurs de journaux seront exempts de patente. – D'après les bruits les plus accrédités sur les intentions de la commission d'enquête au sujet d'Alger, ses propositions consisteroient à conserver ce pays avec les positions d'Oran, de Bone et de Bougie, en y laissant des forces suffisantes pour assurer notre influence sur les populations indigènes. Mostaganem et Arzew seroient abandonnés, et l'autorité de la régence confiée à un chef, civil et politique à la fois, qui auroit pour mission de gagner peu à peu les tribus à la France par un système de pacification suivi avec persévérance, et de lui assurer ainsi ultérieurement la possession paisible de la contrée. - - M. le professeur Roux a été élu, le 10, membre de l'Académie des sciences. Il n'a obtenu que la majorité qui se trouvoit être de 28 voix, M. Breschet en a eu 26, et M. Lisfranc une. -Sur la demande de Berryer, chargé des plaidoiries, le procès intenté à la Quotidienne et à M. de Kergorlay, qui devoit être appelé le 8, a été remis au 13. - La Quotidienne a été saisie le 10, au sujet de la citation d'un article de la Mode sur Louis-Philippe, considéré comme le plus honnéte homme du monde, et d'un article hebdomadaire de variété à propos de cette qualification employée par le journal des Débats. -Le Corsaire et la Tribune ontété saisis en même temps que la Quotidienne. Le Numéro du premier, que la police a attaqué, remonte au 5. La Tribune, qui fait observer que c'est son quatre-vingt-dixième procès, déclare au pouvoir du 7 août que quatre-vingt-dix n'est pas loin de quatre-vingt-douze. -L'indisposition occasionnée au général Lafayette par la fatigue qu'il a éprouvée à l'enterrement de M. Dulong et la chute qu'il a faite au cimetière lorsque les républicains voulurent le porter en triomphe, devient plus grave qu'on ne l'auroit cru. Ce député n'a pas encore quitté le lit. -Le thermomètre de Réaumur marquoit le mardi 11, 3degrés de glace. -M. le baron Rouillé-d'Orfeuil, ancien intendant de Champagne, conseiller d'état honoraire, est mort le 8, à l'âge de 77 ans. -M. Grant, membre du cabinet anglais, et président des bureaux des affaires de l'Inde, vient d'arriver à Paris. -M. le marquis de Vence, pair de France, maréchal de camp, est mort le 10 à Paris, à l'àge de cinquante ans. - M. Fauvelet, comte de Bourrienne, ancien député et ministre d'état sous la restauration, est mort le 7 à Caen, des suites d'une attaque d'apoplexie. M. de Bourrienne avoit été secrétaire de Buonaparte à l'armée d'Italie, en Egypte et au consulat. Il fut nommé conseiller d'état en l'an 10, et ensuite ministre plénipotentiaire à Hambourg. La perte de sa fortune et la révolution de juillet avoient beaucoup affecté ses facultés. Il a passé une partie des trois dernières années dans une maison de santé. -M. Poutard, conseiller de préfecture à Périgueux, vient d'être destitué pour avoir donné un avis contraire à celui du gouvernement. L'entrepreneur des travaux du port du Hâvre, M. Mongrard, a appelé les exilés polonais à travailler avec les ouvriers français, en aussi grand nombre qu'ils le voudront, et au même prix que ces derniers. De celte manière, ces réfugiés pourront rester en France, le ministre de l'intérieur y ayant mis la condition qu'ils se pourvussent de moyens d'existence. -On a commencé les travaux du chemin de fer qui établira une communication entre la gare de Grenelle et l'entrepôt de l'île des Cygnes. Deux notaires de Rouen, MM. Simonnet et Poitrineau viennent de disparoître, l'un après avoir fait des actes frauduleux, , l'autre par suite d'embarras dans ses affaires. Un duel a eu lieu à Largentières entre M. de Boncourt, sous-préfet, et M. Tanc, substitut du procureur du Roi, récemment destitué. Ce combat étoit occasionné par des injures prononcées publiquement par le second. La balle du sous-préfet a traversé le collet et la cravate de M. Tanc, qui a été ainsi légèrement blessé. Le 5 de ce mois, les nombreuses pièces d'artifices qu'on préparoit dans une maison à Valenciennes pour la fête des Incas, qui a lieu à la clôture du carnaval, ont pris feu, et ont éclaté dans tous les sens et dans toutes les directions. Fort heureusement personne n'a été blessé. M. de Solimoy, maréchal de camp, commandeur de l'ordre de Saint-Louis, vient de mourir à Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), à l'âge de 87 ans. Il étoit entré en 1755, à l'âge de 9 ans, dans le régiment de Conti, y avoit fait dès l'âge de 12 ans toutes les campagnes dans lequel ce corps étoit employé, fut nommé capitaine à 15 ans et chevalier de Saint-Louis à 35 ans, ayant alors 26 ans de service effectifs. -La cour royale de Nanci, dans son audience du 17 janvier, a décidé que l'eau salée qu'un particulier puise dans sa propriété n'est pas assujétie à l'impôt que la loi de 1806 a établi sur le sel. Un événement affreux s'est passé à Issengeaux (Haute-Loire). Un jeune homme arrêté par défaut de passeport régulier étoit conduit par un gendarme qui le tenoit enchaîné. Le cheval s'étant effrayé jeta son cavalier par terre, et traîna long-temps le jeune homme dont la chaîne étoit |