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Soirées religieuses, ou polémiques, ou dialogues à l'usage de plusieurs classes de la société; par M. l'abbé Prévost. (1)

M. l'abbé Prévost, vicaire de Saint-Vivien à Rouen, a réuni dans un local particulier plusieurs filles pauvres qui ne vivent que du travail de leurs mains, et ne reçoivent aucune rétribution pour leurs services. Chaque jour, une d'elles se charge de visiter à tour de rôle les pauvres malades, et de leur porter les remèdes nécessaires à leur état, le linge et les objets dont ils manquent. Pour soutenir une telle œuvre, pour faire face aux frais d'apothicairerie, de médecine, de bois, dé nourriture, etc., il faut des fonds. On fait tous les mois une quête, et, pour attirer du monde, M. l'abbé Prévost a composé des dialogues qu'il fait réciter par les servantes des pauvres. Mais les ravages du choléra, et la mort de quelques dames pieuses qui protégeoient l'établissement, en ont fort diminué les ressources. M. Prévost a cru y suppléer en faisant imprimer les dialogues. Un tel but appelle déjà l'intérêt sur cet ouvrage.

Les dialogues roulent sur la religion, sur les préjugés répandus contre elle, sur les difficultés qu'on lui oppose, sur l'état religieux, sur la confession, sur les défauts à combattre, sur les pratiques de piété, et sur différens sujets analogues. Il y a en tout soixante-treize dialogues, dont quelques-uns en vers. L'auteur n'a point cherché à briller, mais à mettre à la portée de tous les esprits des réflexions et des raisonnemens qui fassent aimer la religion et la vertu. La simplicité et la clarté sont le principal mérite de ces sortes d'ouvrages; les Soirées de M. l'abbé Prévost nous paroissent tout-à-fait dans ce genre populaire.

Des dialogues, presque tous en vers, sont tirés de l'Ecriture. Il y en a un en cinq parties sur l'histoire de Judith, un sur celle d'Esther, un sur la mort du Sauveur, un sur la résurrection du fils de la veuve de Naïm, un sur l'histoire de Tobie, un sur la parabole de l'enfant prodigue, et enfin un sur toute l'histoire de Joseph. Ces dialogues sont entremêlés de chants. Il n'y faut point chercher les règles sévères des compositions du théâtre; on y trouvera du moins de la facilité, de la douceur, et par-dessus tout l'art d'insinuer la vertu.

L'ouvrage porte une approbation de M. l'abbé Fayet, grand-vicaire de Rouen, chargé, par M. l'archevêque de cette ville, d'examiner les dialogues.

(1) Quatre vol. in-12. Prix: 7 fr., et 10 fr. franc de port. A Rouen, chez Fleury; et à Paris, chez Ad. Le Clere et Comp., quai des Augustins, no 35, au bureau de ce journal.

Le Gérant, Adrien Le Clere,

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 1 février 1834.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 75 fr 95 c. et fermé à 75 ir 90 c,
Cinq pour 100, jouiss. du 22 sept., ouvert à 105 fr 80 c. et fermé à 105 fr. 80 c.
Actions de la Banque.
. 1755 fr. 00 c.

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MARDI 18 FÉVRIER 1834.

(N° 2222

TIMBRE

RO

Ouverture des Conférences établies par M. l'Archeve pendant ce Carême.

Depuis longues années l'église de Notre-Dame n'avoit vu un auditoire aussi nombreux, presque uniquement composé de jeunes gens, de pères de famille de tous les rangs, de littérateurs et d'artistes. L'enceinte réservée à cette classe d'auditeurs, bien que prolongée de tous les côtés de la basilique, s'est trouvée néanmoins insuffisante; on n'arrivoit qu'à la file et avec grand'peine jusqu'aux distances présumées les plus favorables à l'étendue de la voix; hors de l'enceinte la foule n'étoit pas moins pressée. En face de la chaire, on voyoit un clergé nombreux, parmi lequel on distinguoit MM. les évêques de Meaux et de Langres, entourés d'ecclésiastiques, et surtout de ceux qui doivent donner les conférences. Vers une heure, toutes les places étoient occupées, et, malgré l'affluence, on n'entendoit pas la moindre confusion, le moindre bruit; seulement on remarquoit quelque inquiétude sur tous les visages; le bruit s'étoit répandu que Monseigneur, à peine rétabli d'une grave indisposition, ne pourroit venir lui-même ouvrir ce cours d'instructions, dont on étoit avide de connoître le plan. Mais peu d'instans après, Monseigneur a paru; son visage portoit en effet de visibles traces de souffrances; sa voix paroissoit moins pleine, et on étoit touché des efforts que lui inspiroient sa charité et son zèle. Le texte étoit tiré de l'Epître aux Corinthiens Fundamentum aliud nemo potest ponere præter id quod positum est, quod est Christus Jesus.

En proie à de vives douleurs et à de cuisans soucis, a dit le prélat, il nous a été bien cruel d'interrompre un travail que nous avions commencé sur l'importance, la nécessité et les avantages de la connoissance de la religion, travail que notre devoir et notre affection nous rendoient également doux. Jusqu'au moment d'arriver au milieu de vous, nous avons craint de nous voir contraint d'emprunter le secours d'une voix étrangère ; les efforts ne nous ont point coûté pour répondre à votre empressement. Il nous reste le regret de n'avoir pu nous occuper de l'importante question que nous nous étions proposée: savoir la nécessité et les avantages de l'étude de la reliTome LXXIX. L'Ami de la Religion.

I

gion, de la religion seule vraie, divine, universelle, impérissable. Le prélat s'est arrêté quelques instans sur le caractère de perpétuité de la religion chrétienne, catholique. Les sciences les plus exaltées, les systèmes les plus célèbres, les connoissances humaines les plus étendues, iront tôt ou tard s'abîmer dans l'oubli. La religion seule planera sur les débris du savoir comme sur les ruines des empires; toujours elle s'offrira comme bienfaitrice à l'aurore des peuples et de leur civilisation, aussi bien que dans ce qu'on appelle les progrès et le déclin des nations. Pourquoi? C'est qu'elle a pour fondement une pierre immuable, Jésus-Christ, l'auteur et le consommateur de notre foi. C'est aussi en nous appuyant sur cette base inébranlable, et pour entrer dans la pensée de l'apôtre, que nous venons vous exposer le plan de nos conférences pendant la station quadragésimale. Ce plan nous a été indiqué par l'apôtre lui-même, et nous ne ferons que développer sa grande idée sur Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et de qui donc devions-nous vous entretenir d'abord, sinon de celui qui nous a créés, rachetés et qui doit un jour nous associer à sa gloire ?

Ensuite le vénérable prélat a très-heureusement recommandé plusieurs passages de la première Epitre de saint Paul aux Corinthiens, dans lesquels l'Apôtre, avec son génie si élevé, compare l'oeuvre du salut à un édifice dont Jésus-Christ est la pierre fondamentale. Jésus-Christ a été montré occupant et remplissant tous les siècles dans les saintes Ecritures. Les patriarches l'ont figuré, les prophètes l'ont vu, et l'ont annoncé à travers les âges; le sublime Isaïe et le rustique Amos ont parlé de lui comme les évangélistes. Pas un son ne s'est échappé de la harpe de David, qui n'ait résonné le nom du Messie, pas un Juif fidèle qui ne l'ait désiré, et cinquante siècles se sont transmis tour à tour cette espérance. Qu'est-ce que le monde, depuis sa venue, sinon la jouissance transmise des bienfaits de Jésu-Christ? Puis, résumant tous ces traits par une citation d'un grand effet, l'éloquent orateur a comme soulevé le voile qui cachoit cette splendeur du Père, JésusChrist, lorsqu'il l'a montré sortant du sein de l'Eternel avant les siècles, et y rentrant avec les siens, vers les derniers jours, plein de gloire et de majesté : ab æterno, in æternum. Tout ce magnifique aperçu a été présenté avec une heureuse et brillante manière d'appliquer les saintes Ecritures au développement du sujet. On n'ignore pas avec quel à-propos et

quelle onction M. l'Archevêque sait reproduire saint Paul et les plus illustres Pères.

Par une transition naturelle, il a expliqué en détail le plan de ces instructions ou conférences religieuses. Nous ne pouvons qu'énoncer les sujets. Il y en aura huit: la première considérera Jésus-Christ comme lumière du monde; la deuxième, comme le maitre, le précepteur du monde; la troisième, comme modèle du monde par ses actions; la quatrième sera sur la personne divine de Jésus-Christ; la cinquième sur ses miracles; la sixième sur sa mort; la septième sur son triomphe, sa résurrection; et enfin la huitième, sur la supériorité et l'excellence de sa législation. Ces différens sujets ont été présentés parfaitement liés et découlant les uns des autres. Mais on ne pourroit rendre l'effet touchant qu'a produit l'éloquente et chaleureuse prière par laquelle M. l'archevêque a réclamé pour cette œuvre les bénédictions du ciel.

« O Dieu! s'est-il écrié avec force et ferveur, ô Dieu le Père de Notre-Seigneur Jésus, soyez béni de ce que vous avez enfin donné aux jours de mon épiscopat ces momens tant désirés. Oh! vous savez, Seigneur, combien de fois, dans le secret de votre présence, j'ai sollicité de votre miséricorde ces instans de salut pour cette portion de mon troupeau, et vous savez aussi si les sacrifices m'eussent fait hésiter pour hater l'objet de ma demande, pour que tout ce peuple connût et adorât votre fils Jésus-Christ. Je n'ai pas oublié, mon Dieu, ce jour solennel où pour la première fois je remplissois dans cette basilique les augustes fonctions de mon ministère, non plus que ces paroles que votre Eglise me répétoit de votre part: Ostendam illi quanta oporteat eum pro nomine meo pati. Je ne reculai point devant cette vocation. Mais, ô mon Dieu, je ne compte pour rien les tourmentes dernières, j'en solliciterai même de plus fortes, pourvu que tout mon troupeau connoisse, aime et adore Notre-Seigneur Jésus-Christ. Bénissez à ce dessein cette portion intéressante de votre héritage, qui se presse en si grand nombre autour de cette chaire de vérité; bénissez cette capitale immense dont je suis le pasteur, bénissez ceux qui vous y connoissent, et surtout que vos bénédictions atteignent ceux qui outragent votre Christ. Bénissez la France, bénissez votre Eglise, afin que tous nous allions rapporter au pied de votre

trône les effets de ces bénédictions que je sollicite en ce moment de votre miséricorde infinie. »

On ne peut que s'unir à M. l'archevêque pour remercier Dieu des fruits que promet une œuvre dont le début est aussi consolant.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous comptions publier aujourd'hui la suite des Mandemens pour le carême : ils paroîtront dans le Numéro de jeudi, qui aura un nouveau supplément.

On avoit publié, il y a trois mois, un recueil qui comprenoit l'Encyclique du souverain Pontife, deax Brefs, les deux premières lettres de M. de La Mennais, et une circulaire de M. l'évêque de Rennes. Mais d'autres pièces relatives à la même affaire ayant paru depuis, on les a jointes aux précédentes. On trouvera_ici les déclarations de M. de La Mennais et de ses amis, et les Brefs du saint Père aux évêques. C'est donc un recueil complet et authentique de pièces qui appartiennent à l'histoire de l'Eglise, et qui doivent être conservées comme des monumens de la vigilance da Pasteur et comme des gages de paix et de soumission de la part des écrivains dont on y voit les lettres. (1)

Le mercredi 19, l'association des jeunes Economes célébrera, dans l'Eglise Saint-Germain-des-Prés, le onzième anniversaire de sa fondation. La messe sera dite à midi précis, et sera suivie du sermon de charité par M. l'abbé Surat, chanoine honoraire de Notre-Dame. M. l'Archevêque donnera le salut. Les jeunes filles soutenues par l'œuvre seront présentes. Les personnes qui ne pourroient se trouver à la réunion sont priées d'envoyer leur offrande aux demoiselles quêteuses, qui sont Miles Amable de Rambuteau, à 'Hôtel-de-Ville; Lagarde et Lauras, directrice-trésorière, quai de la Cité, n. 7. On espère, si la quête est bonne, pouvoir augmenter le nombre des jeunes filles secourues par l'association.

-Les obsèques de M. l'évêque de Nevers ont été célébrées le lundi 10, avec un grand concours. Le chapitre, le clergé des paroisses, les séminaires, les diverses autorités, le régiment se sont rendus à l'évêché pour y chercher les dépouilles mortelles du prélat. De là le cortege s'est rendu processionnellement à la cathédrale; six diacres portoient le corps. La cathédrale étoit tendue de noir, "et un catafalque s'élevoit au milieu du choeur. Le corps du prélat y a été déposé, et l'office a été célébré avec une grande pompe. Après l'absoute, le corps a été porté processionnellement dans le caveau des évêques,sous le sanctuaire; le clergé entra en grande partie dans le caveau. Le précédent évêque, M. Millaux, dont le cercueil étoit resté depuis cinq ans déposé sur le bord de sa fosse, fut confié à la terre, et M. d'Auzers l'a remplacé dans le caveau. Il est arrivé,

(1) In-8°. Prix: 1 fr. 25 c., et 1 fr. 50 c. Au bureau de ce Journal.

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