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par une coïncidence singulière, qu'on a lu le mandement du prélat pour le carême le dimanche 9, jour même de sa mort. Il y parloit · de la mort, de la vanité des grandeurs, de la figure du monde qui passe, et finissoit par ces paroles: Dieu méme essuiera vos larmes. On n'a pu entendre sans émotion ces derniers adieux du prélat. Toute la population a ressenti la perte que fait le diocèse. On se pressoit dans les appartemens de l'évêché pendant que le corps y a été déposé. Les fêtes des jours gras ont été contremandées; M. le préfet a donné l'exemple de ce respect pour les convenances. Le chapitre a nommé pour grands-vicaires MM. Groult, Marbot, Crétin, Lavernhe et Frain, qui l'étoient déjà du prélat. Actuellement, chacun est occupé du sort du diocèse. Les funérailles de M. l'évêque ne seront-elles pas aussi les funérailles de l'évêché? C'est un sujet d'inquiétude générale dans le département. On compte pourtant un peu sur le crédit et l'influence de M. Dupin, qui a promis l'année dernière de solliciter la conservation du siége, et dont sans doute la mort de M. l'évêque ne fera que redoubler le zèle et les efforts.

La Gazette de Picardie du 14 février nous apprend un trait touchant de foi, de zèle et de générosité. M. Dufourmentel, jeune prêtre du diocèse d'Amiens, fut nommé curé de Saint-Vast-cnChaussée, près Amiens; il y trouva un presbytère en délabrement et une église petite et malsaine qui menaçoit ruine. Où trouver le moyen d'y remédier? La commune est pauvre, et il ne s'y trouve point de riche propriétaire. Solliciter des secours du gouvernement, entraîneroit bien des longueurs et auroit peut-être peu de résultats. Ces considérations ne découragent point le jeune pasteur. Il conçoit le projet de ne s'adresser qu'à ses paroissiens. Il communique son plan au maire, homme religieux et bien intentionné, et ils conviennent ensemble de la marche à suivre. On convoque le conseil municipal, M. le curé y expose ses idées. Il propose, qui le croiroit? de doubler pendant trois ans la cote d'impôt de chaque contribuable et de l'appliquer à la reconstruction de l'église. Cette proposition qui paroît si hardie, qui ailleurs auroit peut-être suffi pour faire lapider un curé, est accueillie avec ardeur. Les membres du conseil et le reste des habitans adoptent le projet. Une délibération est prise et signée. Il est vrai que le généreux pasteur avoit donné l'exemple des sacrifices, en s'engageant à payer à l'égal des plus imposés. On travaille sur-le-champ à l'exécution: un plan est tracé, un devis est rédigé par le curé. L'ouvrage sera fait à l'amiable; un conseil est choisi pour diriger les travaux. Outre les charges communes, chacun s'empresse d'offrir tout ce dont il peut disposer, chevaux, voitures, journées de travail, ustensiles. Un édifice plus vaste et plus élevé sort de terre; il est achevé er moins d'un an, et disposé si bien qu'il a pu être béni par un grand vicaire chargé de remplacer M. l'évêque, qu'une indisposition a

privé de la satisfaction de faire la cérémonie. Voilà ce qu'a fait l'esprit de religion et de foi dans une paroisse pauvre. Aussi le gouvernement a manifesté, dit la Gazette, l'intention d'alléger les charges de la paroisse, et déjà celle-ci a reçu des preuves d'intérêt. Les réparations du presbytère auront lieu incessamment.

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- La mémoire du bienheureux Pierre Fourrier, curé de Mataincourt, est révérée en Lorraine. L'anniversaire centenaire de sa béatification fut célébré le 30 août 1832 au milieu d'un nombreux concours; nous en avons rendu compte no 1999. Il n'y eut pas moins de quarante mille pélerins qui vinrent visiter le tombeau pendant les semaines où les reliques du bienheureux furent exposées. Ces témoignages de foi et de piété sont d'un heureux présage pour le succès d'une entreprise qui vient d'être formée. Deux ecclésiastiques zélés ont conçu le projet de rétablir la maison de la congrégation de Notre-Dame qui a servi de berceau à l'ordre. C'est à Mataincourt que la congrégation a pris naissance, et c'est là que le pieux fondateur dirigea son œuvre naissante avec autant de sagesse que de zèle. Lorsque les anciennes inaisons de la congrégation sortent de leurs ruines, lorsqu'elles se multiplient dans les provinces, lorsqu'elles prospèrent dans les pays étrangers, on peut être étonné que la première maison, celle de Mataincourt, n'ait pas encore été rendue à sa destination primitive, et que les filles du bienheureux n'aient pu encore se réunir sur son tombeau. C'étoit à elles qu'il appartenoit de veiller sur ses précieuses reliques. Tout dans ce lieu leur rappelleroit les vertus de leur pieux instituteur et les obligations de leur vocation. On a donc acheté la maison occupée autrefois par les religieuses à Mataincourt; elle a coûté 12,000 francs; il faudra à peu près autant pour les réparations à y faire et pour la reconstruction du choeur des religieuses qui doit être, comme autrefois, adossé au choeur de l'église paroissiale où sont déposées les reliques. Mais pour cela il faut des fonds, et les auteurs du projet, MM. Baillard, frères, curé et vicaire de Favières, près. Mataincourt, n'ont d'autre ressource que les dons de la piété des fidèles. Ils font un appel à tous ceux qui sur la surface du royaume s'intéressent à la gloire de Dieu et à l'honneur de ses Saints. Le bienheureux Pierre Fourrier étoit de notre pays; y a vécu, il y a établi deux congrégations respectables; il y est mort saintement. Nous jouissons encore du fruit de son zèle ; n'estce pas autant de motifs pour contribuer à ressusciter son ouvrage? L'entreprise de MM. Baillard est favorisée par les supérieurs ecclésiastiques de la Lorraine. M. l'évêque de Nancy, qui est l'évêque diocésain des auteurs du projet, l'a approuvé. MM. les évêques de Saint-Diez, de Metz et de Verdun l'ont également encouragé, comme on le voit par des lettres à la suite du prospectus. Un de MM. les grands-vicaires de Besançon a témoigné le désir que le projet fût accueilli dans le diocèse. MM. Baillard ont publié un

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prospectus bien fait, dont nous donnons ici un extrait. On peut adresser les dons: ou bien à M. le curé de Favières, par Colombey, Meurthe; ou bien à M. le curé de Mataincourt, par Mirecourt, Vosges; ou bien encore dans quelques-unes des maisons de la congrégation de Notre-Dame qui existent à Paris ou en Province. MM. Baillard ont aussi adressé leur prospectus aux congrégations de filles de paroisses, établies en Lorraine par le père Fourrier. Ces filles vivent chacune dans leur condition, sans faire de voeux et s'excitant seulement à la piété. On ne doute point qu'elles ne prennent part à une œuvre qui intéresse la gloire de leur vénérable fondateur.

-Les évêques des Etats-Unis, avant de se séparer après le concile de Baltimore, ont adressé au clergé et aux fidèles une lettre pastorale remplie de sages conseils et de pieuses considérations. Ils leur répètent la brièveté de la vie, l'importance du salut, le besoin qué nous avons de la grâce. La prière est un des moyens les plus efficaces pour nous attirer les biens célestes. Il faut aussi s'instruire de la religion. Les prêtres sont obligés d'étudier les saintes écritures; on leur recommande d'éviter les profanes nouveautés des paroles et l'affectation d'une fausse science, et de suivre l'en-. seignement qui leur a été transmis par leurs prédécesseurs. Les laïques doivent aussi lire fréquemment ces saints livres dans un esprit d'humilité et de docilité. On les invite à assister aux instructions dans les églises et à soutenir les publications périodiques et autres, qui paroissent en faveur de la religion. Les évêques s'adressent tour à tour au clergé et aux fidèles. Ils leur parlent de la fréquen tation des sacremens, de l'éducation des enfans, des pratiques de piété. Ils exhortent les catholiques à persévérer dans la foi et à se tenir en garde contre les pièges que leur tend l'esprit d'erreur. Le nombre des prêtres est trop circonscrit pour leur permettre de visiter assiduement leurs troupeaux. Les fidèles, quand ils sont privés de prêtres, doivent y suppléer, autant qu'ils le peuvent, par des prières et des lectures approuvées. Cette pastorale, qui est assez étendue, est datée de Baltimore le 27 octobre dernier. Elle est signée de M. l'archevêque de Baltimore, de M. le coadjuteur de Bardstown, de MM. les évêques de Charleston, de Saint-Louis, de Boston; de New-York, de Mobile, de M. le coadjuteur de Philadelphie et de MM. les évêques du Détroit et de Cincinnati.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Toujours le mot légitime a été pris en bonne part. On s'accorde généralement à vouloir que tout soit légitime: le mariage, les enfans, les dettes, les titres, et jusqu'au droit de défendre sa vie, qui s'appelle légi time défense. En un mot, la légitimité est une chose requise en tout et partout; on en fait une condition essentielle pour la régularité des moindres actions. Hé bien! les révolutions peuvent dire comme les médecins de Molière, lorsqu'ils mirent le foie à gauche et la rate à droite :

Nous avons changé tout cela. Dans la discussion du projet de loi sur les pensionnaires de l'ancienne liste civile, un honorable député n'a trouvé qu'une seule classe qui lui parût mériter d'être exclue du bénéfice de cette loi; c'est celle des personnes qui ont servi la cause de la légitimité dans les armées de l'Ouest et de la Lozère. Encore cette mesure n'a-t-elle pas été jugée assez acerbe; et pour satisfaire la chambre, il a fallu renforcer l'amendement de M. Salverte en y comprenant ceux qui ont servi la cause de la légitimité dans les anciennes armées de Condé. Enfin, ce n'est partout qu'un cr. d'horreur contre ce qui porte le cachet de la légitimité. Ce sont là des choses qui paroissent bien opposées aux décisions du Dictionnaire de l'Académie, et à l'idée qu'on s'est faite jusqu'à présent des titres légitimes, des services légitimes et des dettes légitimes. Mais que voulez-vous! nos médecins ont changé tout cela.

Les Polonais paroissent destinés à devenir les juifs errans des révolutions. Partout où leur drapeau se promène, il y a crise et danger pour la paix publique. Cependant, ce n'est pas à eux qu'il faut en vouloir le plus de cet état de choses. D'après le bruit qu'on fait de leur nom, ils sont parfaitement autorisés à se donner de l'importance, et à se croire appelés au secours de tout le monde. Ils forment dans la politique une sorte de romantisme dont on est fou, et qui complète nos autres collections. Comment ne seroient-ils pas vains du rôle qu'on leur laisse prendre? tous les pays révolutionnaires sont en admiration devant eux. C'est à qui les accueillera partout avec le plus d'empressement et d'enthousiasme. S'ils viennent à relâcher quelque part dans un port, on les garde de force, on se les dispute, on se les arrache. Enfin, ils remarquent de tous côtés qu'on ne peut vivre sans eux. Ce ne sont pas seulement les classes révolutionnaires qui leur font fête; les gouvernemens se croient obligés de céder à cet entraînement, malgré la peur qu'ils en ont, pour conserver leur popularité. En vérité, quand on est témoin de tout ce qui se passe à l'égard des révolutionnaires polonais, et qu'on voit jusqu'à quel point ils sont gâtés, il faut bien leur pardonner un peu de suffisance. C'est nous-mêmes qui les forçons à se donner une importance qu'ils ne savoient peut-être pas avoir.

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- M. Aubé, négociant, ancien président du tribunal de commerce, est nommé membre du conseil général de la Seine, en remplacement de M. Tripier, démissionnaire.

M. Orfila, doyen de la faculté de médecine de Paris, est nommé membre du conseil royal de l'instruction pubique en remplacement de M. Guéreau de Mussy, décédé.

Le lieutenant-général de Lahoussaye, et les maréchaux-de-camp Estève, Joly, L'Eglise et Baillot, sont mis à la retraite.

La loi sur les crieurs publics, adoptée le 14 à la chambre des pairs, a été sanctionnée le 15.

- La commission chargée d'examiner le projet de loi sur les douanes est composée de MM. Meynard, Gay-Lussac, Cunin-Gridaine, Roul, Anisson-Duperron, Falguerolles, Fulchiron, Desjobert, Bérard.

La commission du budget est, dit-on, résolue à réduire l'effectif de l'armée pour 1835 à 290,000 hommes, quoique le ministre de la guerre ait déclaré qu'il ne pourroit abaisser au-dessous de 310,000 hommes l'effectif actuel qui est de 371,000. La section de la commission chargée du

budget de la guerre fait tous les jours des vérifications dans les bureanx du ministère.

- M. Jay est nommé rapporteur de la commission chargée d'examiner le traité conclu avec les Etats-Unis.

La commission du budget a décidé qu'elle ne voteroit aucune subvention pour les pensions de retraite, si préalablement le ministère ne présentoit pas une loi sur la matière. On dit qu'elle a décidé aussi qu'il ne seroit plus fait de fonds pour les pensions temporaires accordées aux employés réformés.

Le procureur-général de Rouen s'étant pourvu en cassation contre l'arrêt qui acquitte M. de Fitz-James, fils, poursuivi pour avoir écrit sur un mur vive Henri V. Malgré les efforts de M. Mandarce Vertamy, la cour de cassation a adopté le moyen de cassation proposé par M. l'avocatgénéral Parant, au sujet d'une seconde délibération qu'avoit faite le jury dans cette affaire. M. le marquis de Fitz-James est renvoyé devant la cour d'assises d'Amiens.

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La cour de cassation a rejeté, le 13, le pourvoi du sieur Barbotcondamné à mort pour faits de chouannerie.

La cour de cassation a décidé, dans son audience du 13 février, que les propriétaires sont responsables du défant de balayage devant leurs propriétés qu'en conséquence les poursuites de la police municipale peuvent être dirigées en même temps contre eux.

La cour d'assises, procédant sans jury, a juge le 14 l'affaire du National de 1834, poursuivi pour avoir rendu compte de débats judiciaires. MM.Carrel et Conseil, gérants, ont soutenu, avec M. Benoît, avocat, que le National actuel étoit différent de l'ancien; mais la cour a peusé le contraire, et a condamné les prévenus chacun à deux mois de prison et à 2,000 fr. d'amende.

- La Quotidienne a été saisie de nouveau, le 13; le Charivari l'a été le même jour.

– La Caricature a été saisie le 13 pour la 27 fois. Les dessins qui ont motivé cette mesure représentoient l'un, la main invisible qui a poussé M. Bugeaud, et l'autre, la Vengeance et la Justice divine poursuivant le crime, parodie du fameux tableau de Prudhon.

M. Esquirol, médecin, est nommé membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques.

- Le bâtiment qui porte l'obélisque de Luxor commence à échouer sur sa cale. Les eaux de la Seine ne sont plus qu'à deux mètres et demi au-dessus du niveau des plus basses eaux.

Il vient d'arriver à Paris cinq étalons et douze jumens de grand prix, achetés en Angleterre par ordre du gouvernement pour les haras. Ces chevaux se sont plusieurs fois distingués dans les courses d'Angleterre.

-Une grande partie des tableaux achetés par la liste civile à la dernière exposition, ont été placés au Palais-Royal. Les appartemens qui en sont décorés peuvent être visités par le public.

Sans attendre la nouvelle loi sur la distribution des écrits politiques, la police avoit encore refusé la semaine dernière son visa pour quelques imprimés. A l'exemple de MM. Rodde et Magnant, M. Vaillant

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