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grossissoit point, et que la police arrivoit, les perturbateurs se sont séparés sans autre désordre. Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés. Le lendemain soir, une nouvelle troupe s'est présentée sur la place de la Bourse, mais elle a été dispersée par les gardes municipaux et les sergens de ville. Ces rassemblemens se sont renouvelés le samedi.

Il a régné, le dimanche 23, un peu d'agitation dans quelques quartiers. La garde nationale a été appelée dès le matin dans les mairies. Des groupes se sont d'abord formés auprès de la porte SaintMartin; un individu, monté sur une borne, a essayé de lire le Populaire. On est parvenu à l'arrêter, ainsi que ses compagnons; mais les sergensde-ville ont reçu des coups de pierre, et un officier de paix a été assez grièvement blessé. Dans l'après-midi, des rassemblemens nombreux ont paru sur la place de la Bourse. Des détachemens de garde nationale et de troupes de ligne les out dispersés à la suite des sommations légales faites par les commissaires de police. Le soir, de fortes patrouilles ont parcouru les boulevarts et les quartiers de la rive droite de la Seine. Le Carrousel étoit gardé par un bataillon d'infanterie.

Sous la restauration, le bâton de maréchal de France étoit fleurdelisé; sous Buonaparte, couvert d'abeilles ; actuellement il est parsemé d'étoiles.

L'Académie royale de médecine s'est prononcée à l'unanimité contre les patentes que l'on veut maintenir sur les médecins. Elle a chargé une députation de porter son voeu à la commission de la chambre des députés, chargée de la loi sur les patentes.

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M. Paulin, gérant du National, a été condamné. par la cour d'assises de Melun à deux mois de prison et 2,000 fr. d'amende, pour avoir rendu compte de débats judiciaires, malgré l'interdiction que cette cour lui en avoit faite.

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D'après deux dépêches télégraphiques, Lyon étoit parfaitement tranquille le 23; les ouvriers en soie étoient rentrés le 22 dans leurs ateliers, et le travail avoit repris dans tous les quartiers, même à la CroixRousse. Les derniers journaux de Lyon annoncent qu'il y avait eu le 17, le 18 et le 19 quelques rassemblemens où se sont fait entendre des cris et des chants républicains; ils ont été dispersés sur les sommations ou par des charges. Pendant toute la semaine, les affaires et le commerce ont été complétement suspendus à Lyon.

- Un mouvement républicain a éclaté dans la soirée du 21 à SaintEtienne, ville manufacturière. On dit cependant que les ouvriers en général n'ont pas pris part à ce mouvemeut. Un agent de police a été tué et un commissaire de police blessé. On a appelé un renfort de troupes dans cette ville. Une dépêche télégraphique du 23 annonce que la garde nationale a consenti à marcher contre les perturbateurs et que les meneurs

ont été arrêtés.

M. Ch. Dupin, en qualité de professeur des ouvriers, a fait parvenir une adresse à l'association des mutuellistes lyonnais. Il leur représente l'inutilité et le danger de leurs conseils, et le peu d'avantage que la classe industrielle trouveroit à l'établissement d'une république.

Le tribunal de Blois étoit saisi de l'appel d'une décision du juge-depaix de Bracieux, qui avoit maintenu le séquestre apposé par la direction

des domaines de l'Etat sur le château de Chambord et ses dépendances. Dans son audience du 19 février, le tribunal, malgré les efforts de M. Leconte de Ranjou, procureur du Roi, a, par un jugement longuement et solidement motivé, donné main-levée du séquestre, et maintenu M. le duc de Bordeaux dans la possession pleine et entière de ce domaine.

Le conseil municipal de Nantes, statuant sur une pétition des débitans de boissons qui demandent l'abolition de l'exercice, a reconnu que ce mode de perception est odieux, et a arrêté qu'une réclamation seroit adressée à ce sujet au gouvernement et aux chambres.

- Un nouveau journal légitimiste va paroître à Nantes, sous la direction de M. Cretineau-Joly. Il portera le titre de Drapeau de l'Ouest.

Il y a eu la semaine dernière, au collège d'Evreux, un mouvement insurrectionnel qui a nécessité l'intervention de la force armée. Plusieurs élèves ont été renvoyés chez leurs parens.

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M. Harvey a présenté le 19, à la chambre des communes, une motion d'enquête, pour soumettre toutes les pensions à une révision. Lord Althorp l'a combattue. Elle n'a été rejetée qu'à la foible majorité de 190 contre 182.

La violation du territoire belge et l'enlèvement de M. Hanno, commissaire de district, ont occupé le 18 la chambre des représentans de la Belgique. La motion a été faite par M. d'Huart. On a requis la présence immédiate des ministres. La motion a été appuyée avec chaleur par MM. Dumortier, Gendebien et Brouckère. Lorsque le ministre de la guerre, que l'on étoit allé chercher, fut arrivé, M. d'Huart lut les questions sur l'événement et sur les mesures que le gouvernement comptoit prendre pour en obtenir la réparation. Le ministre donna le peu de renseignemens qui lui étoient parvenus à ce sujet, et attribua l'acte de violation à des différends occasionnés par la levée des milices. M. Gendebien répondit qu'il falloit sur-le-champ user de représailles, sans attendre le concours de la France et de l'Angleterre, que la nation répudie pour l'inefficacité de leur protection. Il proposa de commencer par une adresse énergique au roi. Cette proposition fut adoptée, et une commission fut nommée de suite pour s'en occuper. La rédaction fut confiée à M. l'abbé de Foëre, qui a préparé l'adresse avec la chaleur qu'on lui connoît. Le lendemain, cette adresse fut lue et adoptée à l'unanimité. On tira au sort une députation pour la porter à Léopold. Le vote a été précédé d'un discours du ministre des affaires étrangères sur la violation dont on se plaignoit.

- M. le comte d'Anselbourg a, le 19, proposé au sénat de présenter une adresse au roi des Belges au sujet de la même affaire. Après quelques explications du ministre des affaires étrangères, qui ont prouvé que l'arrestation de M. Hanno par les Prussiens étoit entièrement arbitraire, une commission a été nommée et a rédigé, séance tenante, une adresse. Cette adresse, dont M. le comte de Baillet étoit le rapportcur, a été adoptée de suite.

- Le soir même, les députations des deux chambres nommées pour présenter les adresses ont été admises auprès de Léopold. Ce prince a répondu que les sentimens qu'elles expriment sont les siens, qu'il sauroit défendre les droits de la Belgique dans le Luxembourg; qu'il pen

soit d'ailleurs comme les chambres, que la violation dont on se plaint n'a point été autorisée par la diète germanique.

- Le Journal d'Anvers rapporte les circonstances affreuses du naufrage du Lucy, parti le 19 décembre du Canada pour Padstow (Cornouailles). Deux hommes, qui restoient sur la carcasse de ce navire, furent trouvés le 18 janvier par un brick américain. Ceux qui n'avoient pas péri étoient morts de faim dans d'horribles convulsions. Ils n'eurent pendant onze jours, pour toute nourriture, qu'un chat, un rat et six chandelles. On ajoute même que les deux qui survécurent se déterminèrent à manger le cadavre d'un de leurs camarades.

- Le comité de la jeune Italie a adressé des reproches amers au général Romarino, pour le mauvais succès de son expédition sur la Savoie; il le traite de lâche et de traître, et lui reproche d'avoir gardé pour lui les trois quarts de la somme de 40,000 fr. qui lui avoit été remise pour les frais de l'entreprise.

- On admire en ce moment à Rome, chez le statuaire Rinaldi, une belle statue de Jeanne d'Arc, en marbre de Carrare, qui a été commandée par madame la duchesse d'Escars. On croit que cette statue est destinée à orner un château que cette dame possède en Touraine.

Deux des prisonniers des Echelles ont été fusillés le 19 à Chambéri; l'un est Italien, l'autre est un Français, nommé Borel, ouvrier peigneur de chanvre à Grenoble.

-Quelques désordres ont eu lieu à Neuchâtel en Suisse, le dimanche 16, à cause des nouveaux sectaires. Des perturbateurs ont chanté la Marseillaise et la Parisienne. La garde urbaine a rétabli la tranquillité.

-Les Albanais ont envoyé au sultan une députation pour lui déclarer qu'ils ne feroient leur soumission complète et ne paieroient le tribut que si ce pays étoit gouverné par des Albanais que la Porte désignera, si les troupes l'évacuent entièrement, et si les terrains dont s'est emparé AliPacha de Janina sont restitués.

- Des lettres de Rio-Janeiro, du 10 décembre, parlent d'une émeute sérieuse qui auroit éclaté dans cette ville. Les Portugais ont tenté de proclamer don Pedro. Ils ont échoué dans leur entreprise, et ont été chassés du pays.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 22, M. Villemain prononce l'éloge funèbre de M. Augustin Périer. L'ordre du jour est la discussion de la proposition de M. Boyer tendant à autoriser le mari séparé de corps à désavouer les enfans nés plus de trois cents jours après la séparation, désaveu qui devra être fait devant un officier public dans les 6 mois. Ces dispositions, modifiées ainsi par la commission, sont adoptées après quelques observations de MM. Boyer, de Crillon, Desroys, et Tripier, rapporteur.

Un long débat s'engage sur le troisième paragraphe, accordant la faculté de désaveu aux héritiers du mari décédé sans l'avoir fait. MM. de Flahaut, d'Haubersaert, de Praslin et Faure combattent cette disposition, qui est appuyée par MM. Portalis et Tripier. Deux épreuves étant douteuses, on procède au scrutin, et elle passe à la majorité de 44 contre 40. L'ensemble de la proposition de loi est ensuite voté à la majorité de 46 contre 39.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 22, M. Merlin, rapporteur de la commission des pétitions, entretient la chambre de plusieurs pétitions relative à Buonaparte. L'une du sieur L'Huillier, à Vic de Bigorre, demande 1o l'abrogation de la loi qui proscrit sa famille, 2° le dépôt de ses cendres et de celles de son fils sous la colonne de la place Vendôme; 3° et le rétablissement de son effigie sur la croix de la Légion-d'Honneur. Le premier objet est demandé aussi par le prince de la Moskowa, M. Boulay (de la Meurthe), les ducs d'Abrantès et de Padoue, M. Vernay-Giraudet, avocat à Paris, M. Hect. Couvert et par des pétitionnaires de Bastia, de Marly et d'autres villes. Les deux autres demandes sont faites aussi par différentes pétitions. M. le rapporteur conclut à l'ordre du jour sur le tout par des motifs de sécurité et d'ordre public.

M. le président du conseil des ministres convient que l'on doit des hommages au nom de Napoléon; mais il prétend que la présence de ses parens peut susciter des intrigues et agiter les partis; le temps n'est pas venu de leur permettre de rentrer en France. M. Sapey voudroit une exception pour Lucien Buonaparte de la modération duquel il répond, et qui, d'ailleurs, avoit été exclu de la famille impériale par l'ex-empereur. M. Limperani, député de la Corse, appuie les pétitions; il soutient que les membres de la famille Buonaparte n'ont jamais fomenté d'intrigues, et que leur séjour en France seroit paisible. Quant au transfert de ses cendres à Paris, il pense que le prince de Talleyrand, qui lui étoit dévoué, plaideroit volontiers cette mesure auprès du cabinet anglais.

M. Levêque de Pouilly se prononce pour toutes les demandes des pétitionnaires, à l'exception de transfert des cendres du duc de Reichstadt. M. Theulon dit que, si le gouvernement est fort, comme il le prétend, il n'a rien à redouter de ces différentes mesures. M. Viennét vient, ditil, s'offrir encore à la haine des partis, en repoussant les élémens de désordre que l'on réclame. Il ne pense pas que, sous une dynastie nouvelle et encore mal affermie, on doive rappeler des hommes qui, avant elle, avoient été investis du pouvoir, et qui pourroient lui montrer unc rivalité constante. Le gouvernement a déjà assez de manœuvres à contenir. Encore dans ce moment, la république, désespérant de parvenir entière, forme une espèce de tiers-parti pour rallier les hommes ennemi de l'anarchie.

M. Salverte ne croit pas que les républicains ou les légitimistes songent jamais à élever au pouvoir les frères ou la mère de Buonaparte qui fut leur ennemi. Ses restes doivent être laissés à Sainte-Hélène où il mourut pour avoir trahi la liberté de sa patrie. Quant à l'étoile de la légion-d'honneur, elle ne devroit porter aucune effigie. M. de Briqueville regrette que le choix de la nouvelle dynastie n'ait pas été consacré par le suffrage universel; car aujourd'hui le fameux vote de la chambre des députés est accusé par une immense opinion, et n'est défendu par ceux qui y ont pris part que comme un acte de nécessité. Sans doute, si le pouvoir marchoit de front avec la liberté qui lui a donné naissance, il n'auroit pas à redou ter les chances d'une nouvelle révolution, par suite de laquelle ces choix pourroient se porter sur un des parens du grand-homme. Que le gouvernement se montre donc franchement national, et il pourra sans crainte donner asile à la famille Buonaparte.

Dès lors que le rappel de cette famille présente des chances contre la sûreté et la tranquillité du pays, M. Hervé croit que l'on ne doit pas hésiter à s'y refuser. M. Limperani a demandé où étoient la Vendée et le Faubourg-Saint-Germain de cette famille; mais ils seront partout où se trouveront des ennemis du gouvernement actuel. M. le général Bertrand ne conçoit pas que l'on traite comme la famille des Capets, qui a été trois fois expulsée de la France, celle d'un héros qui ne fut renversé que par l'étranger. Il demande le renvoi des pétitions au conseil des ministres, et termine par son acclamation accoutumée : Liberté illimitée de la presse. Le premier et le troisième objets de ces pétititions sont repoussés par l'ordre du jour à une grande majorité. La chambre ordonne, à une foible majorité, le renvoi au conseil des ministres de la demande relative au dépôt des cendres de Buonaparte et de son fils sous la colonne de la place Vendôme.

M. le garde des sceaux présente le projet de loi sur la juridiction consulaire, adopté par la chambre des pairs.

M. Salverte développe sa proposition, tendant à abolir complètement les majorats et à autoriser la vente des biens qui en proviennent. La chambre n'est pas en uombre pour commencer la délibération à ce sujet.

Le 24, un messager de la chambre des pairs apporte la proposition de loi sur les effets de la séparation de corps. Cette proposition est renvoyée dans les bureaux pour la nomination d'une commission.

M. le président tire au sort le renouvellement mensuel des bureaux. On reprend la discussion de la proposition de M. Salverte, relative à la vente des biens provenant de majorats.

M. Jaubert soutient que la proposition de M. Parant que l'on a adop tée est suffisante et que la nouvelle porteroit préjudice au trésor. M. Salverte prétend le contraire. M. le ministre des finances explique comment la mesure seroit désavantageuse à l'Etat. La prise en considération est mise aux voix et rejetée.

M. de Las - Cazes propose et la chambre prononce l'admission de M. le général Durrieux, élu député des Landes.

On passe à la discussion de la proposition de loi de M. Bavoux, tendant à rétablir les dispositions du Code civil sur le divorce en abrogeant la loi du 8 mai 1816. M. Merlin soutient que le rétablissement du divorce seroit un véritable désastre pour la France, qu'il auroit pour résultat de relâcher les liens de famille; qu'il ouvriroit la lice aux passions et aux déréglemens. L'orateur rappelle les effets scandaleux de l'établissement du divorce dans l'ancienne Rome et à la suite de notre révolu tion. Il fait observer que l'état de nos mœurs et de nos croyances reli gieuses s'opposent à la mesure que l'on propose, et que l'esprit d'immuabilité doit généralement présider au mariage.

M. Voisin de Cartempe est d'avis d'ajourner la proposition. C'est une question extrêmement grave qui touche à l'état de la société et à la mo rale. Il est présumable que la chambre des pairs la repoussera uue troisième fois, et ce n'est pas le cas, à la fin des pouvoirs de la chambre des députés, d'élever encore un conflit à ce sujet. Il convient mieux de laisser cet objet à la nouvelle chambre, qui connoîtra mieux les voeux du pays. D'ailleurs, la proposition sur les effets de la séparation de corps est suffisante, et elle répond au plus puissant argument des partisans du di

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