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me repaitre des merveilles qu'il a annoncées d'avance. Vainement les cent voix de la renommée les célèbrent chaque jour, ce fatal prospectus est toujours là sous mes yeux qui m'arrête et me glace. En y développant pompeusement un plan encyclopédique, on y a semé les inexactitudes, les méprises, les erreurs. Suivez-moi, je vous prie, je vais vous les montrer les unes après les autres. Mes citations seront toutes puisées à la même source: encore une fois, je ne connois de l'Univers que son prospectus.

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Dans la cinquième partie, dit-il, nous présenterons les notions les plus catholiques sur les questions les plus intéressantes par leur actualité, dans les bals, théâtres, romans, prêt à intérêt, impôts divers, divorce, salaire du clergé, mariage des prêtres..... Le tout avec la plus grande réserve. » Ne laissons pas errer notre imagination à la poursuite de cette innombrable multitude d'objets : bornons-nous à celui qui doit ici fixer notre attention. Qu'est-ce que l'actualité? Le temps présent peut-être. Et de quoi s'agit-il d'abord? De présenter, si je ne me trompe, les notions les plus religieuses sur les questions les plus intéressantes..... Les notions les plus religieuses, soit; mais les notions les plus catholiques! Cela ne peut se dire. On est catholique, ou on ne l'est pas : on n'est pas plus ou moins catholique; il n'y a pas de plus ou de moins dans la foi. Se peut-il que les rédacteurs de l'Univers, avec leurs trente collaborateurs, se soient trouvés à la fois tellement inattentifs qu'on ait laissé passer cette énorme inadvertance? On voit que j'écarte à dessein la juste qualification. Il me reste sur cette même citation une question à faire. Qu'y a-t-il de commun entre les bals et la catholicité? Une danse peut-elle être hérétique? Il falloit donc mettre notions chrétiennes, et non notions catholiques.

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Passons à un second exemple de cette dangereuse facilité d'écrire dont l'orthodoxie n'a que trop souvent à souffrir. « Nous avons choisi, dit le prospectus, et choisirons encore indistinctement nos correspondans au sein des deux opinions religieuses qui se partagent la France catholique..... » Il y a dans ce peu de mots une générosité d'ame que nous n'approfondirons pas, mais aussi une impropriété d'expression que nous ne pouvons passer sous silence. En fait d'opinion, chacun est libre; mais, en matière de religion, n'en est pas ainsi. Dans le sens orthodoxe, religion et opinion sont deux mots qui se repoussent: mettra-t-on croyances religieuses? Au premier coup-d'oeil, ce seroit le mot propre; mais alors on admettroit deux croyances, deux professions de foi dans la religion catholique, ce qui en seroit la destruction. Il faut donc sortir de ce labyrinthe, où une imprudente précipitation s'étoit engagée, il faut revenir sagement au langage de l'école, et dire avec elle, non pas opinions religieuses, mais opinions théologiques. Nous ne nous piquons pas d'une scientifique subtilité; mais le choix, la justesse des expressions est, en toute chose, un point capital, et surtout en

matière de religion. Quiconque verroit dans le christianisme une opinion ne seroit pas chrétien.

Ces rapides, mais importantes annotations, ne sont que le prélude d'une critique plus sérieuse. En prenant la plume aujourd'hui, mon but principal a été de signaler, en matière dogmatique, une erreur manifeste capable d'ébranler jusque dans leurs fondemens et l'autel et le trône, en détruisant la limite qui les sépare.

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« Qu'on ne se fasse pas illusion, dit le prospectus; dans un pays où la forme du gouvernement est représentative; où le Roi, sans parler de ses droits de police nécessaire pour l'ordre du royaume, possède encore, par l'effet des concordats, des pouvoirs spirituels... Celui qui a pu écrire ceci montre qu'il est totalement étranger aux principes reconnus sur la distinction des deux puissances. La forme représentative et la police du royaume n'ont rien de commun avec la question présente, et, quant aux concordats, il ne s'y trouve pas un mot qui autorise la singulière révélation que nous fait sur ce point l'Univers religieux. Le prince qui nomme aux évêchés est dans la même position, sous le rapport du spirituel, que tout collateur séculier nommant autrefois à un bénéfice à charge d'ames. Estil jamais venu dans l'esprit d'un homme, doué de l'instruction la plus vulgaire, que c'est par un tel canal que le ministre sacré reçoit sa juridiction, sa mission évangélique? Non; ce n'est pas à de simples fidèles, fussent-ils rois, que sont adressées ces paroles du Sauveur : « Allez et instruisez tous les peuples......, leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées.... » (Matth. 28.) L'Univers épuise envers le corps épiscopal les protestations et les hommages, et il méconnoît le caractère inaliénable de la mission divine des premiers pasteurs, en la rendant commune à une puissance toute terrestre. Le chef d'un gouvernement, dans la présentation des évêques, remplace les anciennes élections. Electeur unique, il apporte à l'élu la valeur des suffrages réunis de tout un peuple procédant selon la forme primitive; mais, sous quelque forme que l'élu soit désigné par l'agent temporel, c'est toujours, qui ne le sait? le pouvoir spirituel qui institue. Ne donnons pas de mensongers attributs aux maîtres du monde, assez d'adulation les entoure; ne nous rangeons pas parmi les trompeurs; écoutons Fénelon : Il est vrai, dit l'immortel archevêque, que le prince pieux et zélé est nommé l'évêque du dehors et le protecteur des canons, expressions que nous répéterons sans cesse avec joie dans le sens modéré des anciens qui s'en sont servi; mais l'évêque du dehors ne doit jamais entreprendre les fonctions de celui du dedans. Il se tient, le glaive en main, aux portes du sanctuaire; mais il prend garde de n'y entrer pas. En même temps qu'il protége, il obéit.» (Discours pour le sacre de l'évéque de Cologne.)

Bossuet, traitant le même sujet dans son Histoire des Variations, fait voir, en parlant de la défection des évêques d'Angleterre, que dès le premier empiétement d'Henri VIII, auquel souscrivit ce foible épiscopat, tout fut envahi. C'en est assez sans doute pour faire sentir à Univers religieux la pressante nécessité de s'éloigner de la pente glissante où il s'est si malheureusement placé, puisqu'elle est hors de la voie que nous trace l'enseignement divin, et qu'elle conduit à la fatale suprématic.

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On me pardonnera d'avoir rompu le silence non sans regret, mais par des considérations d'un ordre supérieur. Je ne dénonce pas, je discute : ici la qualité de la personne importe peu, et je soumets mes maîtres dans la foi l'humble tribut de mon zèle. Ils ne penseront pas qu'il se soit mêlé quelque aigreur dans mes sentimens pour des écrivains qui me sont entièrement incounus. J'aime au contraire à me livrer au consolant espoir que leurs efforts rendus plus modestes par un échec salutaire seront à l'avenir plus réfléchis, mieux dirigés et plus utiles. Dès-lors, qui ne souhaiteroit à leurs travaux toute sorte de prospérité! qui ne mettroit même de l'intérêt à pouvoir y concourir! Les dispositions que je manifeste à leur égard me sont d'ailleurs inspirées par la louable déclaration qu'on trouve dans ce même prospectus : Si, malgré l'attention la plus scrupuleuse de la part des rédacteurs et la surveillance constante de son comité de rédaction, l'Univers laissoit échapper quelque proposition dogmatique ou morale qui ne fût pas l'expression des doctrines catholiques, il ne brisera pas sa plume pour se jeter dans un silence respectueux. Mais au premier signal d'un seul prince de l'église, il insérera tout entier l'avis dans ses colonnes et se rétractera. » Je crois donc être entré dans les vues de l'Univers par toutes les remarques qui précèdent; mais je ne saurois trop lui recommander d'éviter un ton de présomption qui semble peu fait pour lui concilier les suffrages. « Nous ne craignons pas de le dire, lit-on encore dans le prospectus: notre journal est comme nécessaire à tout laïque qui veut connoître à fond l'objet de ses croyances, et à tout prêtre pour qui rien ne doit être étranger dans cette religion à laquelle il s'est voué tout entier. Quelle belle occasion de s'instruire que l'Univers, pour l'ecclésiastique qui auroit le malheur de n'avoir qu'une science au-dessous de son caractère ! »

Ne diroit-on pas que les rédacteurs de l'Univers se regardent comme le nécessaire supplément des pasteurs, et par rapport à l'instruction et au gouvernement du clergé, qu'ils affectent une sollicitude qui n'appartient qu'aux évêques! N...., prêtre.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Des scènes fort tristes aux yeux des chrétiens se sont passées ces jours derniers dans la capitale. Le mépris affecté des fois de

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l'église et du cri de l'humanité, un duel public et presque légal, un homme tué pour un mot, un mourant pour lequel personne ne songe à réclamer les secours de la religion, un mort pour lequel on se fait gloire de ne pas même demander des prières, quel profond oubli des anciennes moeurs et des devoirs des chrétiens! Autrefois c'étoit une flétrissure de ne pas obtenir après la mort les honneurs de la sépulture ecclésiastique, aujourd'hui c'est un triomphe. Une affluence extraordinaire, un pompeux appareil un cortège composé d'hommes de tout rang, de fonctionnaires, de députés, tous les honneurs militaires, des discours pleins d'éloges, tout a été mis en œuvre pour compenser ce qui manquoit à cet enterrement sous un autre rapport. Ainsi la société s'isole de plus en plus de la religion. Une sorte de paganisme remplace les cérémonies chrétiennes. On voit venir la mort sans aucun retour vers la foi, et on est conduit à la tombe sans aucun signe de christianisme. Si ce sont là nos progrès, n'y a-t-t-il pas de quoi en gémir profondément?

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La science de la vie chrétienne et les vrais principes de la philosophie de l'histoire puisés dans les livres sacrés, tel est le sujet du cours que M. l'abbé Frère fait cette année en Sorbonne, et tel est le titre de l'ouvrage que le professeur va publier, et dont le Prospectus vient de paroître. Cet ouvrage sera la suite de l'Homme connu par la révélation, que nous avons annoncé l'année dernière. Le sujet de ce cours, dit le prospectus, formera un traité complet de vie spirituelle, fera connoître l'esprit du culte de l'église catholique et les vrais principes de la philosophie de l'histoire, c'est-àdire les lois qui président aux destinées des nations et les causes générales des événemens sociaux. Les leçons recueillies par la sténographie et revues par le professeur paroîtront par livraisons les 15 ct 30 de chaque mois, et formeront à la fin de l'année deux volumes in-8°. Le prix de l'abonnement pour l'année est de 12 fr. et 15 fr. franc de port. L'impression sera exécutée chez M. Jules Didot. On s'abonne à Paris, chez M. Méquignon, junior. Le sujet que traite l'auteur, sa juste réputation de piété et de savoir, l'empressement avec lequel ces conférences ont été et sont encore suivies, recommandent suffisamment la nouvelle publication.

-Le local occupé par Auzou, rue Basse,devant, dit-on, être démoli, la succursale de l'église de Clichy, c'est le titre officiel qu'elle porte, va être transportée à l'ancien Collysée d'hiver, boulevart St-Denis, n° 10. Le clergé de cette église se compose toujours, outre Auzou, des sieurs Laverdet, Paquet et Lejeune. Celui-ci se met aussi à prêcher et se montre par ses déclamations digne de ses confrères. Chez Châtel, Noireault, Normant et Valette assistent le primat. Valette a parlé dimanche pour la première fois et a cherché à renchérir sur ses associés. Jullien a été, dit-on, envoyé à Nancy et Calland on ne sait où. Il y a peu de jours, Auzou fit annoncer dans le Constitutionnel

qu'une assemblée de charité auroit lieu dans son église, et qu'une quête y seroit faite pour les pauvres prisonniers, par des Dames de Saint-Vincent-de-Paul. Quels sont ces pauvres prisonniers? C'est ce qu'on ne dit pas. Il est évident qu'on a voulu en imposer par le nom de Dames de Saint-Vincent-de-Paul; mais c'est une fourberie. Assurément les respectables Filles de Saint-Vincent-de-Paul regarderoient comme un crime et comme une honte d'avoir aucun rapport avec un chef de secte; elles connoissent trop l'esprit de leur saint fondateur pour s'associer à des gens qui insultent à ce qu'il y a de plus sacré dans la religion. Les prétendues Dames de SaintVincent-de-Paul ne sont apparemment que des femmes du faubourg Saint-Denis ou de Clichy qui n'avoient rien de commun avec le saint prêtre. D'ailleurs, à Clichy même le parti du schisme perd chaque jour de son crédit. On comprend la différence du vrai et du faux pasteur : l'un ne fait que demander pour lui-même; l'autre ne reçoit rien de ses paroissiens peu aisés pour l'exercice de ses fonctions, et sait cependant assister les pauvres. Il en a fait placer dans les hospices de la capitale. Beaucoup d'enfans pauvres reçoivent l'instruction à ses frais.

Le corte qu'on a fait sur les jésuites s'est bientôt éclairci. M. H. Wolfrum, dont M. d'Argout a parlé à la chambre, a fait insérer dans le Courrier belge un démenti au ministre. Dans sa lettre qui est datée de Bruxelles le 28 janvier, Wolfrum déclare que la pièce produite est fausse, et qu'elle n'a pas été trouvée dans ses papiers. Il traite d'infame accusation la qualification d'agent des jésuites qu'on lui a donnée, et annonce qu'il a été élevé dans la religion protestante. Il se propose au surplus de poursuivre le ministre en diffamation. Cette lettre prouve que nous ne nous étions pas trompé dans l'idée que nous nous étions formée d'abord de la pièce lue par M. d'Argout, et où avec un peu d'attention il auroit

trouvé des traces de fausseté.

-Des difficultés suscitées aux Sœurs hospitalières d'Auxerre ont pensé priver les pauvres de leurs services. On vouloit entrer dans les détails de leur discipline intérieure, réduire leur nombre et leur imposer des conditions insolites. Les Sœurs ont refusé de se plier à ces nouveaux réglemens, et ont déclaré qu'elles quitteroient plutôt l'hôpital. La difficulté étoit de les remplacer. Cette communauté est établie là depuis deux cents ans; depuis deux cents ans elle y sert les pauvres, maintient le bon ordre et dispense avec économie et sagesse les revenus de la maison. Mettroit-on à leur place des femmes séculières? Quel déplorable changement pour les pauvres! Soit cette considération, soit d'autres, il paroît qu'on a bien voulu consentirà garder les Soeurs encore une année. D'ici là, les conseillers municipaux seront renouvelés, et les changemens qu'on vouloit introduire dans l'hôpital seront peut-être abandonnés par des hommes plus sages.

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