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M. d'Arbout, le maintint dans ses fonctions dont il s'occupa avec zèle jusqu'à sa dernière maladie qui a duré cinq semaines. Pendant tout ce temps de souffrances, sa patience, sa douceur et sa piété ne se sont pas démenties un seul instant. Il a vu arriver la mort avec tout le calme d'un prêtre nourri des pensées de la foi, ayant eu la consolation de recevoir les sacremens des mains mêmes de son évêque qui a été profondément affligé de cette perte. M. Viviez a partagé ce qu'il laissoit entre le séminaire et les pauvres.

L'Armoricain, qui s'imprime à Brest, avoit accusé sur deux chefs M. le curé de Cléden-Cap-Sizun, diocèse et arrondissement de Quimper, M. Billon, qui est le curé, ayant appris cette attaque un peu tard, adressa à l'Armoricain,une réclamation qui ne fut insérée que par fragmens et même complètement dénaturée. M. le curé nous prie de faire connoître sa justification; nous nous rendons à ses désirs, seulement il nous permettra de n'insérer sa lettre du 19 février que par extrait. M. fe curé déclare qu'il n'a dissuadé personne de céder les terres nécessaires à l'exploitation de l'ancien puits de Houille de Lambohan. Quel que soit celui qui a imaginé cela, c'est un imposteur. L'ancien propriétaire du puits de Houille a avoué au curé, devant témoins, qu'ils ne s'étoient même pas vus depuis qu'il avoit été question de ce marché. Le maire étoit un des témoins et a certifié la chose par écrit. LArmoricain reprochoit au curé de s'opposer aux progrès de l'industrie; cette accusation ne pouvoit tomber plus mal à propos, car M. Billon a fait exécuter par M. Romagnesi, de Paris, des sculptures pour 2,597 fr. 15 c., prix de facture. Ces objets d'arts lui ont été expédiés. Ce fait répond assez aux reproches du journaliste, qui probablement n'a pas fait autant dans l'intérêt des arts. Nous sommes heureux d'avoir trouvé cette occasion de disculper un ecclésiastique estimable contre les allégations d'une presse hostile au clergé.

-On écrit de Bréda, en Hollande, que l'administrateur apostolique, M. Den Dubbelden, à qui a été conférée l'administration des catholiques de Maestricht et de Luiksch-Gestel, autrefois dépendant de l'évêché de Liége, vient de nommer des ecclésiastiques pour aller desservir ces églises.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les hommes qui ont dirigé les affaires de la restauration péchoient en général par trop de confiance, et on pourroit presque dire qu'ils sont morts de présomption. Faute de savoir de quoi le génie révolutionnaire étoit capable, ils l'ont laissé travailler dans l'ombre, et creuser sous leurs pas les précipices où ils sont tombés. Quand il arrivoit par hasard à quelque esprit soupçonneux de les avertir des dangers qu'ils couroient, ils n'en prenoient seulement pas note. En un mot, ils ne croyoient à rien, ne se méfioient de rien; et finalement ils ne se sont aperçus de la comédie de quinze ans que le jour du dénoùment. On ne dira pas la

même chose de ceux qui les ont remplacés; et, loin de pécher par un excès de confiance, ou les soupçonneroit plutôt de pécher par l'exces contraire. C'est qu'ils ont l'avantage de se connoître en comédies et en révolutions, et que cela les préserve naturellement de tomber dans les piéges où ils ont pris les autres. Seulement, ils aiment mieux y prendre tout le monde que de manquer personne ; et les gens les plus paisibles se trouvent compris pour leur bonne part dans ces méfiances. Quoi qu'il en soit, il faut reconnoître que les hommes de révolution ont une grande supériorité sur les autres pour gouverner en révolution. Ils ont l'œil à tout, prévoient tout, et savent pour ainsi dire à livres, sous et deniers de quoi chacun est capable. Voici par exemple une occasion où leur propre expérience doit merveilleusement les servir : c'est celle où ils ont à lutter contre les sociétés secrètes. Ceux qui ont passé par-là eux-mêmes, il y a quelques années, sont très - certainement ce que l'on connoît de plus propre à les briser.

Il est évident pour tout le monde que l'agitation qui s'est manifestée au même moment en France sur une infinité de points est un mouvement organisé. Que ce soit un effort de quelque parti pour produire une secousse, c'est ce dont on ne peut guère douter. Ce qui se passe paroît une chose combinée par ou pour les associations politiques. Comme on ne sache pas qu'il y ait de clubs monarchiques organisés nulle part, il semble que les royalistes ne devroient être pour rien dans toute cette affaire. Mais il n'y a point de bonnes fêtes saus eux; et les voilà pris à partie par un journal jacobin de Nantes, comme étant les embaucheurs des ouvriers qui se sont mis aussi à crier dans cette ville: Vive la république! Ces pauvres royalistes sont bien bons d'être aussi bons; car vraiment on ne leur en sait pas de gré, et cela ne leur profite guère. Cependant nous ne les engageous pas à changer de conduite. A force de sagesse et de patience, ils finiront peut-être par faire honte à leurs accu

sateurs.

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Le Constitutionnel se met à la guerre. Il trouve que l'Europe nous méprise trop, et qu'on ne peut plus y tenir. Selon lui, l'intervention de la France est repoussée de partout, et on ne veut plus lui permettre de se mêler de rien. On a grand tort, assurément; la révolution de juillet est de bon conseil, et surtout de bon exemple. Les autres gouvernemens ne savent pas ce qu'ils perdent en se privant de sa société. Que cependant le Constitutionnel ne s'avise pas de nous brouiller avec eux. Car lui, qui a deux de ses rédacteurs à la chambre des députés, doit savoir mieux que personne ce que nous coûtent les budgets de l'état de paix; et, si le malheur vouloit qu'on y joignît ceux de l'état de guerre, pour le coup il faudroit mettre la clef sous la porte.

Tous les journaux de l'opposition ne se gênent pas pour déclarer à M. Barthe que son projet de loi contre les associations est inutile; que jamais il ne les tuera; qu'au contraire, elles seront plus menaçantes et plus terribles en devenant secrètes de patentes qu'elles étoient. La Tribune va jusqu'à remercier le ministère, espérant que d'arbitraire en arbitraire le peuple fera une nouvelle révolution de juillet.

Le Bulletin des Lois, publié le 26 février, contient la loi relative à l'augmentation de la gendarmerie dans l'Ouest, et donnant les pouvoirs d'officiers de police judiciaire aux maréchaux-de-logis et brigadiers de gendarmerie dans les dix départemens que l'on a nommés.

La cour d'assises a jugé, vendredi 28, M. Cabet, député, prévent d'offense envers Louis-Philippe dans deux articles du Populaire. M. le procureur-général Persil a porté la parole. Le prévenu a prononcé un discours, et a été défendu par M. Garnier-Pagès et par M. Marie, avocat, Le jury l'ayant déclaré coupable, la cour l'a condamné à deux ans de prison et 4,000 francs d'amende. Les abords du Palais-de-Justice étoient remplis de troupes. La tranquillité n'a pas été troublée.

- On a affiché, le 26 février, une proclamation du préfet de police au sujet des rassemblemens de ces jours derniers. M. Gisquet engage les citoyens honnêtes à ne point grossir ces rassemblemens au risque de gêner la répression et de s'exposer à être victimes de leur curiosité. Il déclare que l'autorité est résolue à redoubler d'énergie contre les perturbateurs. On a imprimé à la suite de cette proclamation la loi du io avril 1831 sur les attroupemens.

- Parmi les individus arrêtés à la suite des derniers désordres, se trouvent plusieurs chefs de la société d'action, qui fait partie de la société des Droits de l'Homme. La police a cerné, dans la soirée du 25, un café du boulevart Saint-Denis, et y a arrêté une soixantaine de républicains qui y étoient réunis. Deux réfugiés polonais, qui se sont introduits le même jour, à onze heures du soir, à la Préfecture de police d'une manière suspecte, ont été mis en prison.

-On a arrêté, il y a quelques jours, quatre forçats libérés, qui profitoient des émeutes pour crocheter les portes des boutiques de la capitale.

Ce n'est que le jeudi 27 février que la consigne, mise sur les troupes de la garnison, a été levée. Quelques groupes avoient encore reparu les jours précédens.

Le projet de loi sur les associations est en bonnes maius. Les commissaires élus pour son examen sont MM. Pelet, Barbet, Kératry, Mahul, Viennet, Martin, Persil, Jacqueminot et Gaillard-Kerbertin. Le nombre des suffrages qu'ils ont eus est de 214; les candidats de l'opposition n'en ont réuni que 91.

M. de Saint-Martin, receveur-général de Loir-et-Cher, est mort le 21 à Blois. Il occupoit cet emploi depuis 1816.

A la date du 24 février, les travaux avoient repris presque généralement à Lyon. Les associations étoient désorganisées, plusieurs chefs se sont même enfuis avec 5,000 fr.de contributions fournies par les ouvriers. La police a arrêté des étrangers suspects et des gens sans aveu dans les maisons garnies et dans les rassemblemens. A la même date, la tranquillité étoit également rétablie à Saint-Etienne. Il y a eu un peu de fermentation à Châlons-sur-Saône par contrecoup de ce qui se passoit à Lyon, mais l'autorité est parvenue à empêcher des désordres.

-Le mouvement républicain qui a échoué la semaine dernière à SaintEtienne étoit préparé, dit-on, depuis long-temps. La police étoit avertie qu'il existoit, sous le nom de ventes, des réunions républicaines dans cette ville; que les républicains avoient fait fabriquer des poignards dont ils étoient tous armés, et sur lesquels, en étant reçu dans les ventes, ils faisoient serment de tuer tout ce qui s'opposeroit à leurs desseins. Il paroît que le président des clubs étoit le nommé Caussidière, Genevois de naissance. Cet homme est poursuivi en ce moment comme l'assassin

de l'agent de police Eyraud. L'autopsie du cadavre a été faite en så présence.

- Il paroît que les républicains ont cherché aussi à soulever les ou vriers de Nantes. Leurs tentatives ont échoué dans cette ville; mais le 21, un individu qui y est étranger, et qui se dit républicain, a attaqué dans la rue, en plein jour, le commissaire central de police, M. Lenormand, s'est livré envers ce fonctionnaire à de graves voies de fait.

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et

Les journaux ministériels démentent le bruit de troubles qui auroient éclaté en Provence.

La société des Droits de l'Homme a des affiliations jusqu'à Toulon. On lit dans un journal de cette ville un ordre du jour, que les chefs de cette association à Toulon adressoient dernièrement aux chefs de section à l'occasion de la coalition des ouvriers lyonnais, pour recommander aux affidés d'être prêts à prendre les armes. Le comité d'action a déclaré qu'il restoit en permanence.

— M. J.-B. Gerzat, médecin à Gannat, et premier adjoint du maire sous la restauration, y est mort, le 14 février, à l'âge de 82 ans. Dans sa longue carrière et dans les fonctions qu'il a remplis auprès des bureaux de charité de la ville; il s'est constamment montré l'ami et le protecteur des pauvres. M. Gerzat fut toujours fidèle à ses principes politiques, et sa religion ne s'est point démentie au milieu des orages.

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Le chouan Huet, condamné à mort avec Poulain, et dont la peine a été commuée en celle des travaux forcés à perpétuité, a été exposé le 19 février sur la place publique de Châteaubriand. La tranquillité n'a point été troublée pendant cette exposition.

Le nommé P. Hérault, réfractaire, a été condamné le 19, par la cour d'assises d'Angers, à cinq ans de détention, et à rester toute sa vie sous la surveillance de la police.

Les nommés Gauthier, Barouver, Cartau et Breton, réfractaires du département de la Vendée, ont fait leur soumission. Les deux premiers sont sous le coup d'une condamnation à mort par contumace qu'ils au

ront à

purger.

J

On a découvert dans les archives de Montpellier, parmi les rebuts, un manuscrit de Pétrarque. Ce sont des poésies en langue provençale, où Pétrarque raconte que son père, voulant en faire un homme de loi, brûla un Virgile qu'il étudioit en cachette.

M. Godefroy, gérant de l'Ami de la Vérité, feuille royaliste de Caen, vient d'être condamné à six mois de prison et 3,000 fr. d'amende, pour plusieurs articles qui datent du 30 août dernier.

La chambre de commerce de Bordeaux a arrêté qu'une épée d'honneur seroit offerte à M. Dupetit-Thouars, commandant le brick de l'Etat le Griffon, qui, malgré l'impuissance de ses moyens d'attaque et de défense, a bravé tous les dangers pour soustraire à la spoliation la plus inique le navire de Bordeaux la Petite-Louise, chargée d'espèces.

Le nouvelles de Madrid reçues par le télégraphe sont du 23 février, la tranquillité continuoit dans cette capitale. Il paroît qu'aucune mesure remarquable n'avoit été prise. Les carlistes sont en partie maîtres de la Navarre et de la Biscaye. Il y a eu dernièrement quelques engagemens où les soldats de la reine ont été repoussés. Zumula-Carréguy, nomme

ar don Carlos gouverneur général de la Navarre, a', par une circulaire u 7 février, déclaré qu'il useroit de représailles envers les constitutionels, s'ils usoient de violence envers les carlistes.

La cour d'appel de Bruxelles a condamné à un mois de prison, par pplication des art. 3og et 311 du Code pénal, un individu qui avoit lessé en duel un officier. C'est une nouvelle jurisprudence que cette Cour adopte.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 27, un messager de la chambre des députés apporte la proposition de loi sur le rétablissement du divorce. Elle est renvoyée dans les

bureaux.

M. le président donne lecture d'une requête du sieur Trolé, tendant à obtenir l'autorisation d'exercer la contrainte par corps contre M. le vicomte Dubouchage, pair de France, pour 15,000 fr. de lettres-dechange.

M. Humblot-Conté fait le rapport de la commission qui a examiné le projet de loi sur la municipalité de Paris et le conseil-général du département de la Seine. Il propose de n'admettre l'adjonction des capacités électorales qu'avec des restrictions; d'interdire absolument aux maires l'entrée au conseil municipal, et de laisser au Roi la nomination du viceprésident, comme celle du président de ce conseil.

MM. Decazes, de Fréville et Villemain font ensuite un rapport de pétitions. La commission propose l'ordre du jour sur une réclamation de 18 membres du conseil municipal de Vitré, demandant l'abrogation de l'ordonnance de 1822, qui autorise, sous le nom de Congrégation de l'instruction chrétienne, la Société de Frères de MM. J. de La Mennais et Deshaies. C'est un duplicata du mémoire que la chambre des députés n'a pas voulu accueillir. M. de Montlosier court à la tribune pour appuyer cette réclamation. Il prétend qu'on y doit plus d'attention, attendu qu'elle est formée par un conseil municipal.

M. le ministre de l'intérieur et des cultes soutient que, par cela même, elle doit être repoussée. Les conseils municipaux n'ont pas le droit d'adresser des pétitions aux chambres; c'est déroger à la filière administrative, et les chambres, par cette considération, n'ont jamais voulu admettre de réclamations de ces conseils. La chambre prononce l'ordre

du jour.

Des habitans des Batignolles, de St-Germain-en-Laye, de Rueil, de Marly et de St-Leu sollicitent l'abrogation de la loi qui interdit à la famille Buonaparte l'entrée du territoire français. Déjà, par des considérations d'ordre et de tranquillité, la chambre a repoussé une demande semblable le 22 janvier : elle propose de même l'ordre du jour. Il est ordonné, malgré des réclamations du général Excelmans.

est

Une pétition de M. le chevalier d'Auriol, ancien iutroducteur des ambassadeurs, pour obtenir la conservation de sa pension de retraite, renvoyée à la future commission du projet de loi de l'ancienne liste civile.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 27, M. le président annonce qu'il a fait déposer à la bibliothèque de la chambre 72 vol., contenant la collection des débats législatifs de la

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