à ce sentiment, c'est le principe: Lex non sufficienter promulgata non obligat, et encore celui: In dubio melior est conditio possidentis. L'auteur, ne se proposant pas de discuter le fonds du probabilisme, se borne à observer que les inductions qu'on tire de ces principes n'ont rien de bien solide, et il conclut qu'on peut dire, sans manquer au respect dû à ce bienheureux, qu'il ne paroit pas que le ciel lui eût départi la justesse du jugement en proportion des qualités du cœur, qui font les saints. Il ajoute qu'un de nos plus savans évêques, qui a professé la théologie dans l'école la plus renommée de France, a du bienheureux la même opinion. Il convient cependant que le probabilisme mitigé du B. Liguori n'est pas condamné; mais il est inconciliable avec les principes de la déclaration donnée par le clergé de France en 1700; principes avec lesquels M. G. s'est mis en opposition encore plus que le bienheureux lui-même, en allant plus loin dans le probabilisme. Les sixième et septième lettres traitent de la doctrine du B. Liguori sur l'administration du sacrement de pénitence." Suivant l'auteur, M. G. est loin d'en donner une juste idée; mais il en a exposé une beaucoup plus relâchée, et que ce saint désavoueroit probablement. Il a donné à plusieurs de ses propositions un sens trop étendu, qu'elles n'ont pas quand on les examine avec leur contexte. Il a omis les distinctions et les restrictions qui en modifient le sens, et par suite il a été amené spécialement sur l'absolution des pêcheurs de rechute, de ceux dont les dispositions sont douteuses, et sur leur admission même à la sainte communion, à des conséquences qu'il est difficile de ne pas regarder comme inexactes et comme altérant la doctrine du B. Liguori. L'auteur trouve aussi que M. G. prononce d'une manière trop absolue que les confesseurs peuvent suivre dans la pratique l'opinion, qui paroit plus probable au B. Liguori, qu'on n'est pas obligé d'accuser les circonstances notablement aggravantes. Ne faudroit-il pas exempter au moins les diocèses dont les catéchismes, conformes en cela à celui du concile de Trente, enseignent formellement l'opinion contraire? Et puis, quiconque a l'expérience du saint ministère ne peut ignorer quels inconvéniens il y auroit, dans la pratique, à n'interroger les pénitens, comme le conseille M. G., que sur les circonstances qui changent l'espèce du péché. Passant ensuite à l'absolution des pêcheurs d'habitude, l'auteur montre que M. G. a trop cublié que la contrition, pour être véritable, doit être souveraine, comme il suit clairement du concile de Trente, du catéchisme du même concile, et de tous les catéchismes et livres spirituels, et il explique les autorités et les principes sur lesquels M. G. appuie des assertions qui, prises à la lettre, induiroient certainement en erreur. Ilexamine ensuite l'apologie que M. G. a voulu faire du Prêtre sanctifié, même ouvrage que la Pratique charitable et discrète, à laquelle un illustre prélat a donné son approbation, mais dont il s'est, dit-on, repenti; il fait voir que cet ouvrage va plus loin que Liguori, et qu'il mène droit à un assez grand relâchement. Enfin, dans la huitième et dernière lettre, l'auteur présente de très-courtes observations sur les notes et pièces justificatives de l'ouvrage de M. G., spécialement sur le reproche adressé à Massillon d'avoir outré la morale; sur l'obligation d'assister à la messe de paroisse, obligation maintenue par le clergé de France et énoncée dans presque tous nos catéchismes et rituels; sur les critiques faites par M. G. de la Méthode de Besançon, ouvrage qui n'a pas peu contribué à attirer au clergé de ce diocèse la réputation dont il jouit depuis long-temps. Telle est la substance de ces lettres, où règne un talent de discussion peu commun; si elles ont pour auteur un simple curé de village, comme il est dit au commencement, elles annoncent du moins un théologien exercé, un esprit précis et un ennemi sévère de toute innovation et de toute exagération. Il ne laisse rien passer à M. G., auquel il s'adresse d'ailleurs avec les égards dûs au caractère, au savoir et à la position de ce théologien ; mais il n'a pas cru devoir se dispenser de réclamer contre des principes qui lui paroissent le renversement de la théologie enseignée depuis long-temps dans nos écoles. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. E. PARIS. Jésus-Christ est l'unique précepteur du monde, tel a été le sujet de la conférence de dimanche dernier à Notre-Dame, où l'auditoire continue à être nombreux et à observer le meilleur maintien. L'orateur a d'abord rappelé heureusement la scène touchante du sermon de la montagne où Jésus-Christ, modèle divin dans l'art de communiquer la vérité, se montre tout à la fois simple et sublime, maître des coeurs comme des intelligences, d'un abord si facile que nul des plus pauvres n'ignora le charme secret qui re tenoit la foule autour de sa personne divine; enfin si compatissant aux besoins moraux de ce peuple souffrant et affamé de la vie spirituelle qu'il voulut guérir tous ses maux par une leçon qui convint à tous Heureux les pauvres. De cette parole première, la plus nombreuse portion du genre humain va déjà recueillir un grand soulagement; la misère n'est plus une honte, elle est le gage d'un héritage royal, parce que le royaume des cieux est à eux, dit Jésus-Christ, et c'est ainsi que chaque leçon du divin maître doit apporter un remède aux profondes douleurs du monde que la sagesse humaine avoit livré sans appui à sa longue et déplorable condition; enseignement divin, car nul autre nom ne sauroit le désigner avec exactitude. Il a rendu commun et ordinaire ce qui jusque-là n'avoit été estimé que comme le point de l'extrême élévation de notre nature, l'héroïsme. Oui, tout vrai disciple des leçons de Jésus-Christ est un héros, non de cet héroïsme de l'histoire et de la mythologie dont on n'ose redire les folies, mais de cet héroïsme véritable, naturel, sans faste et sans imposture. Courage dans l'ad versité, force contre les périls extérieurs, destruction de ses propres passions, tels sont le caractère et les effets qui distinguent le disciple des leçons de Jésus-Christ. Voilà ce que l'enseignement de l'Homme-Dieu a fait pour l'homme en particulier. Mais ces leçons sublimes ne s'arrêtent pas au perfectionnement de l'individu ; elles ont repris l'homme à sa source première et dégradée, au cœur même et l'élevant à sa destination primitive, qui est à l'image de Dieu; elles y ont gravé ces paroles fécondes: tu aimeras, diliges. De là tant de moyens de secours et de bienfaits pour la société. M. l'abbé Pététot a développé ces deux points de l'enseignement de JésusChrist avec une méthode rapide mais forte, et avec un genre de talent, de clarté et de précision qui offre des qualités tout-à-fait appropriées à la conférence. Sa seconde partie a surtout abondé en traits Trappans; il y a eu un grand effet dans la peinture de la vengeance aux prises dans le cœur du chrétien avec la leçon du divin maître et forcée de s'avouer vaincue. Il y en a eu surtout dans la peroraison, quand l'orateur a si bien confondu le cri de l'impiété aux abois: le christianisme est mort. Cette immense affluence d'hommes chrétiens de tous les rangs et de tous les âges qu'il avoit sous les yeux étoit seule un solennel démenti aux prétentions orgueilleuses d'une philosophie aveugle. -Aa sortir de la conférence, à Notre-Dame, M. l'Archevêque est allé présider, à l'Assomption, une séance de l'Académie de Saint-Hyacinthe. La réunion étoit des plus nombreuses; les parens des jeunes académiciens s'étoient comme donné rendez-vous pour ajouter à l'intérêt d'une cérémonie religieuse qui doit les toucher de si près. Il y a eu réception d'un grand nombre de candidats; plusieurs ont lu de petits discours qui ont vivement intéressé. M. l'Archevêque a encouragé les jeunes gens avec autant de grâce que d'onction. Avant la distribution de livres bien choisis, que M. l'Archevêque a bien voulu remettre à ceux qui se distinguent par leur piété et leur rédaction des instructions, M. l'abbé Dupanloup a prêché, et ses paroles, pleines d'entraînement, comme par le passé, ont produit l'effet le plus désirable sur cet auditoire si consolant pour la religion. La réunion s'est terminée par un salut solennel donné par M. l'Archevêque. - La proposition de M. Bavoux pour rétablir le divorce a encore passé cette année à la chambre des députés; du moins la minorité a été beaucoup plus forte que les années précédentes. On a remarqué qu'il y a eu 100 voix pour rejeter la proposition. Notre étonnement est que, dans une assemblée de législateurs, il ait pu s'en trouver près de 200 pour adopter une mesure funeste à la morale et à la société. On a lieu d'espérer que la chambre des pairs repoussera encore une fois une proposition désastreuse qui seroit un appel aux passions et un germe de discorde et de corruption dans les familles. Nous donnons plus bas une analyse de la discussion qui a eu lieu samedi à la chambre, sur la pétition pour la conservation de l'évêché de Nevers. M. Charles Dupin, rapporteur, a fait valoir quelques-uns des motifs allégués par les pétitionnaires. M. Dupin, aîné, a appuyé le renvoi au ministre, et à présenté quelqus econsidérations en faveur de l'évêché. Toutefois son discours, il faut l'avouer, n'a pas entièrement répondu à l'attente des hommes religieux; on espéroit quelque chose de plus franc et de plus décidé. M. Dupin a quelquefois le malheur de n'être pas toujours compris; ainsi, dans cette circonstance, il est arrivé qu'un journal, rendant compte de son discours, l'a fait parler pour la réduction des siéges. M. Eschassériaux, qui a pris la parole après M. Dupin, a reproduit les déclamations usées sur l'ultramontanisme et le jésuitisme qui n'étoient pour rien dans cette affaire ; il a demandé qu'au moins le renvoi au ministre ne préjugeât point la question, et M. Dupin s'est hâté de dire qu'il l'entendoit ainsi. C'étoit le cas, peut-être, de répondre à des allégations dont M. Dupin étoit plus en état que personne de faire sentir le foible et même le ridicule. On a pu être étonné de voir une pétition pour le maintien du siége du Puy, qui, d'après ce que nous avons annoncé dans le temps, paroissoit devoir être conservé, puisqu'il étoit même question d'y réunir le diocèse de Viviers. Mais de nouveaux renseignemens nous ont appris que le projet de réduction des sièges s'étendoit plus loin que nous n'avions pensé. Il a existé véritablement, nous en avons la certitude, un premier projet où on ne demandoit que la suppression de sept siéges sur les trente rétablis en 1822; mais ensuite on a changé d'avis, soit qu'on ait craint que ce sacrifice ne satisfit pas complètement les partisans de la réduc H tion, soit par tout autre motif. I paroît donc que dans le projet arrêté au ministère, et envoyé à Rome, on propose de supprimer 23 ou 24 siéges. On n'a fait d'exception, dit-on, que pour les cas où la suppression mettroit trois départemens dans un diocèse. Ainsi on laisseroit Belley et Saint-Claude afin de ne pas donner trois départemens aux diocèses de Lyon et de Besançon, qui ont déjà chacun deux départemens. Il en est de même de Limoges, qui a déjà deux départemens; on laisseroit subsister Tulle. On maintiendroit Verdun ou Saint-Diez, pour ne pas donner trois départemens au diocèse de Nancy qui les avoit en effet par le concordat de 1801. De même Aire ou Tarbes seroient conservés pour ne pas renfermer trois départemens dans le diocèse de Bayonne. Enfin on laisseroit apparemment subsister Reims ou Châlons; car si on supprimoit ces deux siéges, Meaux, auquel ces diocèses étoient réunis depuis 1802, auroit une circonscription trop grande, et dont l'expérience avoit assez montré les inconvéniens. Y réuniroit-on encore le département des Ardennes qui, dans l'état actuel, dépend de Reims? ce seroit une idée absurde. Nous déplorons le funeste projet qui renverseroit des siéges si nécessaires et rétabliroit une circonscription notoirement insuffisante et défectueuse, De pressantes réclamations ont été adressées tant au saint Siége, qu'au gouvernement et aux chambres. Des pétitions ont été envoyées; d'autres se préparent. Puissent ces démarches prévenir un coup qui seroit la ruine de la religion en France! On nous oppose perpétuellement l'exemple de Buonaparte qui ne voulut que cinquante siéges pour tous les diocèses de l'ancienne France. Mais les circonstances ne sont plus les mêmes, on sortoit d'une longue persécution et il y avoit eu un schisme déplorable. On crut donc devoir faire une nouvelle circonscription. Mais assurément, si Buonaparte eût trouvé quatre-vingts évêchés paisiblement établis, il n'auroit pas songé à les réduire; et cet homme si habile, quand il n'étoit pas aveuglé par son ambition, hausseroit les épaules, s'il vivoit encore, à l'idée d'un changement aussi impolitique qui opéreroit un véritable bouleversement, qui froisseroit les voeux de tant de catholiques et susciteroit au gouvernement des montagnes de contradictions, d'obstacles et d'embarras. On dit que le sacre de M. Bouvier, évêque élu du Mans, aura lieu dans son église cathédrale, le 9 mars, quatrième dimanche de carême. Le prélat consecrateur sera M. l'Archevêque de Tours, qui est le métropolitain de la province; les assistans sont MM. les évêques d'Angers et de Rennes, qui sont suffragans de la même province. L'affaire de M. le curé de Bazouges-la-Pérouse, diocèse de Rennes, a été portée à la cour d'assises de Rennes. Nous avons assez fait connoître le sujet de cette affaire N° 2206, pour être dispensé de revenir sur les griefs reprochés au curé. Le prétexte de l'accusation |