c'est Nous nous sommes permis plusieurs fois de recommander la quête pour la construction de l'église de Lausanne. Nous entendons dire qu'on fait une objection contre cette œuvre, que c'est une œuvre étrangère. Outre les réponses générales qui se présentent pour repousser cette objection, nous oserions dire que c'est une œuvre quasi toute française. Ce sont des prêtres français proscrits il y a quarante ans, qui arrivés à Lausanne y célébrèrent les premiers les saints mystères après trois siècles d'une interdiction intolérante et opiniâtre; la messe ne se disoit alors que dans des chapelles domestiques et à huis-clos. Ce fut un prêtre français, M. l'abbé Viviant, autrefois curé dans le diocèse de Lyon, qui fut l'aumônier de la vertueuse baronne d'Olcah, à laquelle on attribue l'honneur d'avoir ouvert la première chapelle au public. Ce fut encore un prêtre francais, M. l'abbé Berbés, autre aumônier de madame d'Olcah, qui en 1814 obtint d'entrer dans l'église StEtienne à Lausanne, église dont les catholiques jouissent encore conjointement avec les futhériens et les anglicans. Encore aujourd'hui le clergé français prend une grande part à cette œuvre, qui a été favorisée et encouragée dans beaucoup de diocèses. Dernièrement M. l'abbé de Progin, qui recueille des dons pour l'église de Lausanne, étoit à Bourges où M. l'archevêque, qui avoit fait un premier don il y a quelques années, voulut contribuer une seconde fois à la bonne œuvre. M. l'abbé de Progin a prêché le 12 janvier dans la cathédrale de Bourges et a quêté matin et soir pour Lausanne. Le dimanche précédent, il avoit quêté pour le même objet dans l'église Saint-Pierre, à Nevers; M. l'évêque lui a aussi permis de prêcher et de faire la quête le dimanche 19, le matin à la cathédrale et le soir à Saint-Pierre. Enfin il est bon de remarquer que ce sont des Français qui pour la plupart profiteront de ces dons; car il y a beaucoup de Français parmi les catholiques résidens à Lausanne, et dans l'été beaucoup de Français passent par cette ville. Après que le conseil municipal de Vesoul eut supprimé le traitement des Frères des Ecoles chrétiennes, on y suppléa par une souscription qui a soutenu jusqu'ici leurs écoles. Bientôt le conseil voulut ôter aux Frères l'usage de la maison où ils logeoient. Au lieu de murmurer et de se plaindre, leurs amis se sont remués efficacement. On a acheté un local assez grand; il a fallu l'adapter à sa nouvelle destination et acquérir un mobilier à la place de celui dont ils usoient dans leur précédente demeure. Plusieurs personnes ont contribué à cette bonne œuvre. M. Hugon, fils du président du tribunal, a acheté la maison, et le curé, M. l'abbé Bideaux, a dirigé les réparations. Les Frères habitent leur nouveau local depuis le mois de novembre, et ont 270 élèves. Ils s'acquittent de leurs fonctions à la satisfaction générale. - La régence de Namur a décidé, comme l'a fait depuis la ré gence de Liége, que l'allocation votéé jusqu'ici pour le traitement de vicaires ne seroit plus portée au budget communal de 1834. Cette décision ne paroît pas avoir été provoquée, comme ailleurs, par un esprit d'hostilité pour le clergé; car on dit que la régence a déclaré que, si l'Etat ne payoit pas les vicaires, elle s'en chargeroit. En conséquence elle a, le 9 décembre dernier, adressé une pétition à la chambré des représentans belges pour les prier de comprendre le traitement des vicaires dans les dépenses dubudget général. Il semble qu'il eût été plus prudent d'attendre la décision avant de supprimer le traitement. Quoi qu'il en soit, le rapport de la pétition a été fait à la chambre dans la séance du 24 janvier. La pétition a été renvoyée au ministre de l'intérieur et à la commission du budget. Dans la discussion qui a eu lieu à ce sujet, les uns ont soutenu que le traitement des vicaires devoit être à la charge de l'Etat, les autres qu'il devoit être à la charge des communes; mais tous ont reconnu la nécessité d'assurer un traitement aux vicaires, il n'y a pas eu de dissentiment sur ce sujet. Il est probable que la chose sera jugée lors de la discussion sur le budget, et une décision est nécessaires pour prévenir des mesures comme celles qui ont été prises à Namur et à Liége. L'exemple de ces communes pourroit entraîner d'autres administrations municipales dans la même voie. On érige à Malines un nouvel établissement pour les études supérieures en théologie; l'administration des hospices de la ville. a cédé à cet effet l'ancienne chapelle de Liliendal.” L'abbé Helsen, qui a renouvelé à Bruxelles les scandales du schisme introduit à Paris par un prétendu réformateur, a présenté, ainsi que ses disciples, une pétition pour avoir un temple; à défaut d'un temple, ils demandent 8,000 fr. pour ce qu'ils appellent leur église apostolique. On a passé à l'ordre du jour sur cette demande, d'après l'avis de M. A. Rodenbach, qui a dit : « Dans aucun cas, et surtout pour les religions improvisées, le gouvernement n'est tenu à fournir ou faire ériger des locaux. L'article 14 de la constitution garantit bien le libre exercice des cultes; mais nulle part il n'est écrit dans notre pacte fondamental qu'il faut accorder des temples ou des fonds à des innovateurs, à des fabricans de cultes. Si nous accordions ainsi des 8,000 fr. par an, à chaque instant des saltimbanques entrepreneurs de religions s'adresseroient à nous à l'effet d'obtenir des subsides. L'article 117 exige qu'annuellement des sommes soient portées au budget pour le traitement des cultes. Mais cet article ne peut être interprété qu'en faveur des cultes existans, et nullement en faveur des exploiteurs de religions. Si les prosélytes de l'helsénisme veulent un local, c'est à ses néophytes à se le procurer la chambre des députés en France ne se seroit point avisée de voter des allocations pour le saint-simonisme. » : - Parmi plusieurs décrets publiés dans la république mexicaine, il y en a un qui supprime l'obligation civile de payer la dîme, laissant à chacun à suivre en cela sa conscience. Un autre décret plus fâcheux déroge aux lois civiles qui obligeoient les religieux à respecter leurs vœux. Il porte que dorénavant les religieux des deux sexes ont la pleine liberté de rester dans leurs couvens ou d'en sortir; que ceux qui resteront devront être sous l'autorité des évêques, et que le gouvernement protégera également et les religieux qui abandonneront leur cloître, et les prélats dont les sujets restés dans les couvens méconnoîtroient l'autorité en n'accomplissant pas les devoirs que leur prescrit leur institut. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Pour prouver que, sans recourir à la mesure proposée contre les crieurs publics, on viendroit facilement à bout de réprimer les scandales auxquels on veut remédier, un journal fait observer qu'il n'y a rien de plus protégé en France que la décence extérieure; et que ce qui blesse les mœurs trouve sa condamnation dans toutes les classes comme dans toutes les opinions. Oui, mais la preuve que ce genre de condamnation ne suffit pas, c'est que, depuis la révolution de juillet, les parens ne savent par où passer dans Paris avec leurs enfans sans exposer leurs yeux et leurs oreilles aux grossièretés les plus cyniques. Sans doute, il règne une pudeur publique qui ne veut pas de ces choses-là, qui s'en révolte et s'en indigne. Mais cette pudeur publique n'exerce là-dessus qu'une police muette et impuissante. Les familles honnêtes ont beau s'affliger et gémir; ce ne sont pas leurs voeux que les passions révolutionnaires consultent. Ce qui convient à ces dernières passe avant tout; et lorsqu'elles ont intérêt à démoraliser, à ravager l'ordre social, et à battre en brèche tout ce qui leur fait obstacle, non-seulement la décence extérieure n'est pas ce qu'il y a de plus protégé en France, mais elle est livréc sans défense à tous les genres d'atteintes et de brutalité. Ce n'est pas après tout ce que nous avons vu, depuis quatre ans, de scandale, de diffamation, d'outrages contre les personnes et contre les choses, qu'il est permis de compter sur la seule force de l'opinion publique pour en faire justice. En pareil cas, les honnêtes gens ne savent rougir et pleurer; et c'est à grand'peine s'ils ont le courage de gémir devant témoins. Il y a des momens où l'on seroit tenté de croire que les héros de juillet ont fait de la gloire sans le savoir, et que, tout en s'élevant à la dignité de peuple souverain, ils n'en sont pas devenus plus fiers pour cela. C'est une réflexion qu'on a pu s'empêcher de faire à l'enterrement de M. Dulong, en les voyant dételer les chevaux de la voiture de M. Lafayette pour se mettre à leur place, et traîner le vieillard à bras d'hommes le long des rues. A part ce qu'il y a d'humble et de rapétissant dans un pareil service, il semible que la circonstance n'étoit pas propre à inspirer cette sorte de folie, ni à se prêter aux ovations. Aussi, quelques patriotes, plus sensés que ceux de l'attelage, se sont-ils empressés d'intervenir pour faire cesser une bouffonnerie d'aussi mauvais goût. Mais que dire de ce bon M. Lafayette, qui se laissoit bercer dans sa voiture comme un enfant, sans s'apercevoir que, s'il étoit à sa place sur un char de triomphe, le peuple souverain, qui lui servoit de chevaux, n'étoit pas à la sienne! Vraiment, il y a bien des anomalies dans ce monde; ct, en voyant un vieux prédicateur d'égalité mollement étendu sur de bons coussins, tandis que ses frères descendent pour lui au-dessous du service ordinaire des esclaves, on n'imagineroit jamais qu'un cœur philantropique comme le sien ne lui suggère pas un mot pour ramener le peuple souverain au sentiment de sa dignité. Un de nos journaux, qui est très-favorable aux révolutions, racontoit naïvement, mercredi dernier, les violences commises à Lima envers un équipage français. L'auteur du récit paroît peu épris des révolutionnaires du Pérou. « Sans énergie pour faire la révolution, dit-il, ses voisins la lui imposèrent; les services rendus à la cause de l'indépendance le furent par des étrangers; et lorsque le pays, livré à lui-même, songea à se donner un chef, il ne se trouva en scène que d'obscures médiocrités, que l'intrigue et la perfidie élevèrent au pouvoir..... En de pareilles mains, le Pérou n'est point une société régulièrement organisée, mais une peuplade pour qui les lois et la morale sont de vains mots, et où les étrangers ne peuvent espérer de justice que de la protection assurée de leurs gouvernemens.» Ne voilà-t-il pas une république digne de servir de modèle, et les Péruviens ne sont-ils pas heureux d'être affranchis du joug espagnol pour tomber en si bonnes mains? er -Les funérailles de M. Dulong, député de l'opposition, ont eu lieu le samedi 1 février. L'autorité avoit pris des mesures extraordinaires pour prévenir des désordres de la nature de ceux de l'enterrement du général Lamarque; désordres dont on craignoit le renouvellement, d'après les projets des républicains et le ton menaçant et décidé de leur journal, la Tribune. D'après les intentions de la famille, le corps a été conduit directement au cimetière; on n'a pas plus recouru à l'église après qu'avant le dernier soupir du défunt. Le cortége partit à 11 heures de son domicile,, rue de Castiglione, et suivit les boulevarts, la rue du Faubourg du Temple et la rue Saint-Maur pour se rendre au cimetière du P. Lachaise. Le général Lafayette, appuyé sur le bras de M. Arago, suivoit le catafalque avec les membres de la députation et les députés de la gauche. M. Dupin ne s'y étoit pas rendu; le bureau étoit représenté par MM. Etienne et Delessert, vice-présidens. Des groupes de patriotes venoient ensuite; ils avoient renoncé à porter le corps, sur l'invitation de M. Laffitte. Le cortége, formé en partie de détachemens de ligne, étoit précédé et terminé par de forts escadrons de cavalerie; et de distance en distance se trouvoient dans le cortége dix pelotons de gardes municipaux et de sergens-de-ville, commandés par un commissaire de police et un officier de paix, revêtus de leurs insignes. Une haie étoit formée des deux côtés, et les débouchés de rues étoient gardés par des troupes. L'ordre n'a pas été trouble; on n'a entendu que quelques cris: A bas les baïonnettes! Vive Lafayette! Vivent les députés de l'opposition ! Après l'inhumation, des discours furent prononcés par MM. Salverte, Cabet, Tardieu, Langlois et Carrel. Toute tentative de mouvement auroit été impossible ce jour l'Hôtel-de-Ville étoit gardé par deux pièces de canon, un bataillon d'infanterie et un escadron de cavalerie; deux autres pièces de canon, qui l'on avoit même fait suivre quelques instans le convoi, également mèche allumée, furent placées aux Champs-Elysées, où se trouvoit une réserve formidable de troupes. Il y avoit un bataillon à l'abattoir Popincourt; plusieurs milliers de soldats entouroient le cimetière; des piquets de troupes stationnoient sur différens ponts et places. Des régimens des environs de Paris étoient arrivés dans la nuit. Des bataillons de garde nationale attendoient dans chaque mairie l'ordre de marcher au besoin. Un semblable appareil, qui auroit dû être déployé à d'autres époques, a pu assurer le maintien de l'ordre. L'enterrement de M. Dulong a été le sujet d'un petit mouvement au cours de M. Orfila, à l'Ecole de Médecine. Ce professeur avoit été prié de terminer promptement ses leçons afin que l'on pût se rendre au convoi. Il répondit que cette circonstance ne devoit pas l'empêcher de remplir sa tâche. Une trentaine d'étudians quittèrent alors l'amphithéâtre en criant: Pas de leçon! au convoi! La majorité des élèves n'a pas répondu à cet appel, et la leçon s'est donnée entièrement. La Société des Droits de l'homme n'a pas paru au convoi de M. Dulong. Elle étoit restée, dit-on, en permanence pour agir à ce qu'il paroît en cas de besoin. Du reste l'autorité avoit eu la précaution de faire arrê-* ter M. Guinard et d'autres chefs républicains. La veille du jour des obsèques de M. Dulong, il y a eu un conseil des ministres au château. Louis-Philippe est ensuite resté quelque temps avec le ministre de la guerre et le ministre de l'intérieur, chargé de la police. Le général Marion, commandant de l'artillerie de Strasbourg, dans laquelle un mouvement insurrectionnel s'est manifesté, est mis en disponibilité. On l'a remplacé par le général de Caraman. Une ordonnance du 23 janvier convoque à Toulon un conseil de guerre pour examiner la conduite de M. le comte d'Oysonville, sur le fait de la perte du vaisseau le Superbe, qu'il commandoit. Ce conseil sera composé de M. Jurien-Lagravière, vice- amiral, président; de MM. de Martinencq et Massieu de Clerval, contre-amiraux, et de six capitaines de vaisseaux. Le duc d'Orléans est indisposé depuis quelques jours. On a été obligé de remettre une fête qui devoit avoir lieu au château. Le duc de Cambridge, vice-roi de Hanévre, qui veut faire déclarer exécutoire en France la sentence d'interdiction rendue contre le duc Charles de Brunswick, son neveu, a été condamné par le tribunal de première instance, sur la plaidoirie de M. Ch. Comte, avocat du duc de Brunswick, à fournir préalablement un cautionnement de 300,000 fr., pour répondre des frais et des dommages-intérêts auxquels ce procès pourroit donner lieu. La cour d'assises s'est occupée pendant plusieurs jours de la scmaine dernière d'une accusation de fabrication et d'émission de faux billets de banque auglais. Le comte de Mélignan, déclaré coupable du premier fait, a été condamné à cinq ans de réclusion et à l'exposition, et le sieur Fonvielle, coupable du second, à cinq ans d'emprisonnement. Le jury avoit admis des circonstances atténuantes. Les sieurs Pariés et Ragon, co-accusés, ont été acquittés. Les défenseurs étoient MM. Chaixd'Est-Ange, Phil. Dupin jeune, Plougoulm et Colmet-d'Aage. - Un crieur avoit été arrêté et traduit en police correctionnelle pour avoir qualifié de citoyen M. Cabet, en annonçant à haute voix son journal le Populaire. Le substitut est convenu à l'audience que l'emploi du |