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prétation et leurs doctrines se développer dans les doctrines du R. P. Gratry, sans doute ils le reconnaîtraient pour un des leurs, et, comme ces poëtes qui accueillaient le Dante et lui ouvraient leurs rangs, ils l'admettraient parmi eux. Ils me firent cet honneur, s'écrie le chantre de la Divine Comédie, de me recevoir dans leur société, en sorte que je me trouvai le sixième de cette illustre compagnie.....

E piu d'honore ancor assai mi fenno:
Ch'ei si mi fecer della loro schiera;
Si ch'i fui sesto tra cotanto senno (1). »

(La suite prochainement.)

Charles MERCIER DE LACOMBE.

AFFAIRES DE BADE.

Mgr l'Evêque de Mende vient d'adresser la lettre suivante à

Mgr l'Archevêque de Fribourg :

Monseigneur,

Mende, le 26 décembre 1853.

C'est le jour de la fête du premier des martyrs que je viens unir ma faible voix à celle de l'Épiscopat catholique, qui honore votre héroïque constance et se plaît à lui rendre un solennel hommage.

Vous aussi, Monseigneur, on peut bien vous ranger parmi les martyrs de Jésus-Christ, car vous l'êtes par le désir, et vous souffrez véritablement le martyr du cœur, moins encore par vos douleurs personnelles que par celles de l'Église, qui sont vos plus grandes et vos plus vives douleurs.

Vous aussi, vous priez pour ceux qui la persécutent dans votre personne sacrée, et, au milieu d'une lutte devenue pour vous le plus saint des devoirs, vous n'avez pour ceux qui l'ont engagée que des paroles de paix, alors même qu'ils vous contraignent de déployer toute la puissance spirituelle que vous avez reçue d'en haut.

Soyez béni pour le grand exemple que vous nous donnez: il ne sera perdu ni pour vous, puisqu'il vous assure, avec les bénédictions de la terre, les bénédictions du ciel; ni pour votre Eglise, dont il assure l'avenir; ni pour la sainte Eglise catholique qu'il honore, dont il sauve les principes et dont il perpétue les plus glorieuses traditions; ni pour vos persécuteurs eux-mêmes, qu'il arrêtera infailliblement dans la voie funeste où ils se sont engagés.

Daignez agréer, avec l'hommage de mon admiration, celui de la tendre vénération avec laquelle je suis, Monseigneur, de Votre Grandeur, le trèshumble et dévoué serviteur,

+ J.-A.-M., Évêque de Mende.

Mgr l'Evêque de Moulins et le chapitre de la cathédrale ont écrit à Mgr de Vicari une lettre de félicitations.

Les Evêques de la province ecclésiastique de Savoie ont aussi -(1) Inf. IV.

écrit au vénérable Archevêque persécuté une lettre qui se ter mine ainsi :

Votre fermeté honore l'épiscopat; elle est un grand exemple, un noble encouragement pour tous ceux qui souffrent persécution dans ces jours d'orage; un grand sujet de consolation pour le vénérable successeur de saint Pierre et pour toute l'Eglise. Nous nous associons à tous ceux qui admirent votre constance dans les combats du Seigneur; nous y applaudissons de tout notre cœur, et nous applaudissons en même temps à la conduite noble, courageuse et désintéressée de votre clergé et de tous les Evêques de votre province. Nous prions le Dieu qui commande aux vents et à la mer de rendre partout la paix à son Eglise.

† ALEXIS, Archevêque de Chambéry. - † ANDRÉ, Evêque d'Aoste.- + JEANFRANÇOIS-MARCELLIN, Evêque de Tarentaise. - + FRANÇOIS-MARIE, Evêque de Maurienne. - † LOUIS, Evêque d'Annecy.

Mgr l'Evêque de Saint-Flour a adressé la lettre suivante à Mgr l'Archevêque de Fribourg :

Monseigneur,

Saint-Flour, 27 décembre 1853.

Il n'est aucun cœur catholique qui n'ait été, à la première nouvelle de l'odieuse persécution dont vous êtes l'objet, profondément ému et blessé; on s'est demandé, avec une sorte de stupéfaction, si c'était en plein XIX siècle et dans l'Europe civilisée, alors qu'on a proclamé à son de trompe la liberté des consciences aussi bien que celle des opinions, qu'on essayât de renouveler des mesures qui ne sont ni de notre temps ni de notre pays; le règne des Constance, des Henri VIII, des Elisabeth, des Joseph II, des Frédéric-Guillaume et des autres persécuteurs est passé...

S'il plaît, Monseigneur, à d'inhabiles gouvernements, qui ne compren nent, dans leur étroite politique, ni les vœux, ni la foi de leurs popula tions, de faire revivre sur l'autre rive du Rhin ces révoltants systèmes de tyrannie, que le bon sens condamne aussi bien que la religion, en portant, malgré la lettre et l'esprit des traités, une main sacrilége sur les droits que vous tenez de Dieu et de l'Eglise, vous savez, dans votre majestueuse résistance, leur prouver, avec autant de calme que de fermeté, que, malgré votre âge avancé et les infirmités qu'il entraîne avec lui, la race héroïque des Athanase, des Basile, des Thomas de Cantorbéry, des Droste de Wischering et des autres confesseurs de la foi ne s'éteint jamais dans l'Eglise catholique.

Dien vous a dit, comme autrefois à l'un de ses prophètes (Ezéch. 3): Je vous envoie vers la maison d'Israël; cette ancienne portion de mon ■ peuple ne vous écoutera pas; elle est d'une obstination et d'une perti⚫ nacité inexplicables; mais ne craignez rien; je vous ai donné un visage • plus ferme que son visage, un front plus robuste que son front; votre << front sera de diamant et de silex pour ceux qui viendront se heurter ■ contre lui: Ut adamantem et silicem dedi frontem tuam. »

Aussi, Monseigneur, quel est le cri qui s'est échappé de toutes les poitrines en lisant ou entendant les détails de la glorieuse lutte que vous soutenez! C'est un cri- mêlé d'admiration, de reconnaissance et de véné ration. On a beni de toutes parts celui qui fait de chacun de ses pontifes,

quand il le juge nécessaire ou utile, un magnanime athlète pour défendre, au prix des plus grands sacrifices, les droits imprescriptibles de l'Église.

Déjà, Monseigneur, sous l'impression de tous ces sentiments, une foule d'éminents Cardinaux, d'illustres Archevêques, de généreux Évêques sont venus, tant en leur nom personnel qu'en celui des Chapitres, des clergés et des fidèles dont ils sont les organes nés, déposer à vos pieds, avec leur commune félicitation, les religieuses et respectueuses sympathies que votre noble conduite leur inspire.

Que pourrions-nous, Monseigneur, ajouter à de si unanimes, si spontanés, si élevés témoignages? L'illustre Évêque de Meaux nous apprend que les louanges pâlissent devant les grands noms, que deviennent-elles en présence des grandes, des sublimes, des héroïques actions? Les paroles manquent, on le sent, pour exprimer comme il convient ce que l'on éprouve au fond de l'âme.

Dans cette conviction, Monseigneur, je me tais pour baiser, avec mon pieux clergé et mes religieux fidèles, les chaînes du Confesseur de la foi; ces chaînes sont le plus glorieux trophée dont puisse s'honorer un digne successeur des Apôtres.

Veuillez, Monseigneur, recevoir, avec ces hommages de notre vénération, l'assurance des sentiments respectueux avec lesquels j'ai l'honneur d'être, de Votre Grandeur, le très-humble et très-obéissant serviteur,

+ J.-P., Evêque de Saint-Flour.

Un journal conservateur et protestant, qui se publie à Berne, et qui se montre, du reste, assez favorable aux catholiques, avait reproché récemment à l'Univers de mal apprécier les affaires de Suisse. L'Univers, dans sa réponse du 30 décembre, reconnaît qu'à Berne, comme dans d'autres parties de la Suisse, la fraction la plus intelligente et la plus respectable des conservateurs protestants, veut accorder la liberté religieuse à toutes les confessions, et regrette les injustices que leurs coreligionnaires, unis aux démagogues, ont commises depuis 1841. De ce nombre, est M. Blæsch, chef du gouvernement actuel de Berne, qui, en diverses occasions, a eu le courage et la loyauté de défendre les catholiques. Mais, à côté du parti que représente M. Blæsch, ou plutôt en opposition à ce parti, il existe parmi les conservateurs protestants, à Berne même, et plus encore à Bâle, à Genève, etc., etc., une faction nombreuse et influente qui n'a cessé d'applaudir de tout cœur à la suppression des couvents, à l'expulsion des Jésuites, au banissement de Mgr Marilley, à l'oppression des petits cantons, et à toutes les blessures qu'une minorité révolutionnaire et impie a portées au pacte fédéral pour atteindre l'Eglise et ses enfants. Cette faction est même si puissante qu'elle paralyse ou entrave en toute occasion la bonne volonté de l'autre partie des conservateurs protestants, et notamment du gouvernement de Berne.

Tous les protestants, sans exception, ont à la bouche les mots de tolérance civile et de liberté religieuse; mais on sait comment beaucoup d'entre eux entendent ces mots. Toutefois, si un trop grand nombre ne s'en sert que par dérision pour signifier la guerre et la persécution contre les catholiques, il faut se réjouir que d'autres soient plus sincères et tiennent à mettre leurs actes et leur conduite en harmonie avec leur langage. Il est certain que rien ne serait plus désirable et plus heureux pour les catholiques suisses qu'une alliance avec ces conservateurs protestants, mais vraiment libéraux.

Dans cette situation, l'Univers termine sa discussion avec l'Ordre par les paroles suivantes, qui sont particulièrement remarquables dans les colonnes de ce journal :

L'Ordre peut être certain que les correspondants suisses de l'Univers acceptent la tolérance politique pour toutes les confessions, et ne demandent pour les catholiques que la liberté. Aussi prions-nous cette feuille de bien étudier les affaires confessionnelles de la Suisse et de profiter de sa position pour éclairer les protestants. Quant à nous, nous serons toujours heureux d'avoir l'occasion de louer les bonnes actions du gouvernement de Berne; mais cela ne nous empêchera pas de répéter avec une conviction profonde nos paroles du 7 décembre: «Si jamais la Suisse doit se régénérer, un ■ grand changement précédera cet acte: il faut, avant tout, que les pro■ testants renoncent à leurs préjugés contre les catholiques, qu'ils accor« dent à ceux-ci la liberté confessionnelle la plus absolue, et que, sur cette base, ■ il se fasse une alliance loyale entre les honnêtes gens des deux confessions. »

- Barrier.

Nous nous empressons de reproduire cette déclaration des correspondants suisses de l'Univers. Nous ajouterons que, il y a quelques années, au moment où les efforts et les désastres du Sunderbund valaient tant de sympathies aux catholiques de la vieille Helvétie, ils ne réclamaient eux-mêmes pas autre chose que ce que cette déclaration contient. C'était aussi ce que les Catholiques de France désiraient pour leurs frères comme pour eux-mêmes, à savoir liberté de leur foi, sincérité de leurs institutions. Il est remarquable que ce soit toujours à ces deux termes qu'il en faille revenir. Charles DE RIANCEY.

AFFAIRES D'ORIENT

Voici la seule nouvelle que les feuilles allemandes nous donnent aujourd'hui de l'action diplomatique. Elle est empruntée à la Gazette des Postes de Francfort :

Hier 23 décembre, les ambassadeurs des quatre puissances ont eu une conférence au ministère des affaires étrangères. Le comte Westmoreland a fait, dit-on, des ouvertures très-satisfaisantes. M. le baron de Bruck a envoyé un rapport qui fortitie l'espoir que l'on avait conçu d'arriver à un arrangement pacifique.

Ces jours derniers ne nous ont point fait connaître de faits nouveaux arrivés sur le théâtre des hostilités, soit sur le Danube, soit en Asie. On s'occupe toujours en Angleterre de l'attitude que la Suède prendrait en cas de guerre vis à vis de la Rus sie. Une correspondance, reproduite par un journal de Londres, donne à cet égard des renseignements que nous reproduisons:

Stockholm est fort émue aujourd'hui, par suite de l'arrivée d'un courrier russe porteur d'une note qui enjoint à la Suède de fermer ses ports aux navires de France et d'Angleterre. J'ai peine à croire que cette nour velle soit vraie; mais il est certain qu'il est arrivé une note importante, que la Russie est déterminée à tourner la Suède de son côté par la douceur ou par la force, et que les Suédois en sont fort émus. La famille royale est très-favorable à la Russie, mais la nation, à l'unanimité, lui est contraire. Personne n'ignore ici que la Russie a fait d'énormes préparatifs de guerre, bien qu'on les ait tenus aussi secrets que possible. Elle a déjà un ou deux vaisseaux à hélice, et convertit les autres en vaisseaux à hélice le plus vite qu'elle peut. Depuis que la Russie a la Finlande, elle a des marins aussi bons qu'il y en ait au monde, à l'exception des AngloSaxons. Aussi l'opinion générale chez nous est qu'à l'été prochain la Russie étonnera l'Angleterre et la France, et les mettra à une épreuve plus forte qu'elles n'en ont encore subi. Les émissaires russes sont très-actifs dans le monde entier. Ils ont déjà triomphé de l'Angleterre à la cour de Perse, et Dost-Mohammed est avec la Russie.

Le Moniteur annonçait un parfait accord entre la Turquie et les quatre puissances sur les conditions qui pourraient ramener la paix générale. Nous avons publié sa note; mais nous espérions qu'il ferait connaître quelles sont ces conditions. Il a gardé le silence. En revanche, le Morning-Post prétend que l'empereur de Russie aurait fait déclarer aux cabinets de Vienne et de Berlin qu'il n'accepterait de négociations que si des concessions considérables lui étaient offertes.

Reste à savoir si les conditions de la Turquie et les concessions que demande le czar peuvent s'accorder ensemble. C'est tout le problème actuel et on n'annonce point qu'il ait fait un pas,

Toutefois la Porte semble plus disposée à entrer en accommodement; on parle du retour de Reschid-Pacha au poste de grand vizir. Cet homme d'état ne cache point son désir de faire la paix, mais encore une fois à quel prix ?

A ce propos, il est fort à remarquer que le Times conseille surtout au divan de sacrifier... quoi? le protectorat et le par tronage que la France exerce depuis tant de siècles sur les catholiques ! « Il serait bon, dit-il, que la France et l'Autriche qui ont des priviléges fondés sur les traités et portant protection de certaines congrégations religieuses consentissent à les noyer dans un grand traité européen destiné à ramener l'accord entre les grandes puissances chrétiennes. Ainsi la France

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