renoncerait au glorieux héritage que lui a légué la royauté très-chrétienne, et qu'elle a conquis par tant de sacrifices! Les propositions du Times sont une véritable injure à notre honneur national. Il faut espérer qu'elles ne serviront pas de base aux arrangements qu'on poursuit à Vienne. DERNIÈRES NOUVELLES. On a reçu par Trieste la dépêche suivante, transmise par la télégraphie privée: Trieste, vendredi. On a reçu des nouvelles de Constantinople qui vont jusqu'au 19 décombre. Halil-Pacha et Ahmeh-Pacha ont été nommés membres du ministère ottoman. Le capitan-pacha a été révoqué. Les flottes ne sont pas encore entrées dans la mer Noire. On mande par dépêche télégraphique de Vienne, le 30 dé cembre, au Times : Constantinople, le 19 décembre. Halil-Pacha est nommé ministre de l'intérieur; Riza-Pacha est le nouveau capitan-pacha; Abdi-Pacha a été rappelé d'Asie, et 25,000 Turcs ont reçu l'ordre de se retirer de l'Arménie russe. Les escadres combinées étaient toujours dans le Bosphore le 19. Le 20, une compagnie de la milice de la Valachie s'est emparée des officiers qui venaient de lui être donnés. Ces officiers ont été battus, et les miliciens ont déserté, emmenant cinq de ces officiers à Kalafat. Le Morning Chronicle publie aussi les dépêches suivantes : Constantinople, le 19 décembre. : Les siéges d'Akiska et d'Alexandropol sont levés; 20,000 Turcs irréguliers ont été repoussés. Abdi-Pacha, commandant en chef, a donné sa démission; Ahmeh-Pacha le remplace. Le 15, les quatre puissances ont présenté une Note pour demander un armistice. L'entrée d'Halil-Pacha au ministère est considérée comme favorable au projet de paix. Vienne, le 30 décembre. Les bulletins turcs constatent l'évacuation du territoire russe en Asie. Le consul d'Angleterre, à Téhéran, a tenté d'agir comme médiateur entre la Perse et la Porte. Une dépêche de Bucharest, du 27 décembre, annonce le départ du consul général d'Angleterre de Bucharest pour Routschouk. On écrit de Vienne, le 26 décembre à la Gazette des Postes de Francfort: On assure que la Porte-Ottomane pose les conditions suivantes d'un arrangement avec la Russie: 1° Révision des traités et remplacement des traités séparés conclus avec la Russie par un traité avec les grandes puissances; 2° évacuation immédiate des principautés du Danube; 3° indemnité des frais de guerre; 4o solution de la question particulière concernant le protectorat de la Russie sur l'Eglise grecque d'Orient par un arbitrage. Il est certain que de pareilles conditions ne seront pas acceptées par la Russie. Toutefois, on espère que les représentants des grandes puissances parviendront à modifier les déterminations du Divan. Un correspondant de Constantinople écrit au Daily News: Une semaine après la Note adressée par Reschid-Pacha aux ambassadeurs, et par laquelle, en leur communiquant la nouvelle du désastre de Sinope, il demandait l'entrée des flottes dans la mer Noire, lord Stratford de Redcliffe et M. Baraguay-d'Hilliers se sont réunis au palais de l'ambassade de France, à Péra, et, après une conférence de quelques heures, ont arrêté les termes de leur réponse. Je vous en transmets le texte authentique que je tiens de bonne source. « Je dois accuser réception de la note de Votre Excellence, en date du 4 décembre. J'ai appris par elle qu'une division de la flotte russe qui croisait depuis quelques jours dans le voisinage de Sinope était entrée dans ce port le 30 novembre, et avait attaqué les navires turcs qui y étaient mouillés. J'ai depuis été instruit des résultats du combat que je déplore profondément, en même temps que j'honore le noble dévouement et le patriotisme de ceux qui ont succombé dans un combat inégal. Je suis cependant obligé, en ce qui me concerne, de décliner toute responsabilité dans ce désastre. Votre Excellence me rendra la justice de reconnaitre que chaque fois que j'ai été consulté sur la convenance d'envoyer une flotte turque dans la mer Noire, j'ai toujours exprimé sans réserve mes doutes et mes craintes. Un matériel défectueux, des équipages au-dessous du pied de guerre, les dangers que présente en cette saison la navigation de la mer Noire, la possibilité de rencontrer un ennemi avec des forces supérieures, tout a été représenté au Sultan à l'appui d'une opinion opposée à la sienne. • La présence de la flotte anglo-française dans le Bosphore est une preuve incontestable des sentiments qui animent S. M. l'Empereur des Français et S. M. la reine de la Grande-Bretagne. Leur présence a une signification politique. C'est un appui moral, tant qu'il reste une espérance de réconcilier les puissances ennemies. « Cependant si la Russie essayait un débarquement dans le Bosphore ou sur tout autre point de la côte de Turquie, les flottes combinées agiraient aussitôt et entreraient dans la mer Noire pour protéger, s'il était nécessaire, le territoire et l'intégrité de l'empire ottoman. - 12 décembre 1853. »> Les deux ambassadeurs ont également signé cette dépêche. ACTES OFFICIELS Alfred DES ESSARTS. Un décret publié par le Moniteur du 31 décembre porte organisation nouvelle du personnel de la maison impériale de St-Denis. Par ce décret, le nombre des dames dignitaires est réduit à cinq. Le nombre des dames de première classe est fixé à douze et celui des dames de seconde classe à trente-trois. Par le même décret, le traitement de ces dames est augmenté. Le Moniteur du même jour contient un autre décret très-important qui concerne non-seulement les écoles communales et les instituteurs primaires, mais encore les écoles de filles. Nous en ferons connaître les dispositions à nos lecteurs. Le Moniteur de ce matin, 2 janvier, contient le décret suivant concernant les individus désignés pour être transportés dans la Guyane : Art. lor. Les individus désignés par les commissions mixtes pour être transportés à la Guyane, et qui se trouvent en ce moment en France, seront dirigés provisoirement sur l'Algérie. Art. 2. Ils formeront une section disciplinaire de l'établissement de Lambessa, susceptible d'être envoyée partout où des travaux d'utilité publique devront être entrepris. Art. 3. La même destination sera donnée: 1o Aux transportés de 1848 et de 1852 qui seront dans le cas de recevoir l'application de l'article 5 du décret du 5 mars 1852, et celle des articles 2 et 4 du décret du 31 mai 1852; 2o Aux individus condamnés par les conseils de guerre, et qui ont obtenu ou qui obtiendront une commutation en transportation à la Guyane. Toutefois, les transportés de 1848 et de 1852 qui auraient à subir la peine afflictive et infamante des fers, et qui, d'après les dispositions de l'article 1er du décret du 31 mai 1852, seraient susceptibles d'être écroués provisoirement dans une prison militaire en Algérie; Si leur peine vient à expirer avant qu'il ait été possible de les transférer à la Guyane, ils seront dirigés sur la section disciplinaire de l'établissement de Lambessa. 3o Aux individus auxquels s'appliquent les dispositions des décrets des 8 décembre 1851 et 5 mars 1852. Art. 4. Les individus faisant partie de la section disciplinaire de l'établissement de Lambessa seront soumis, comme les transportés de cet établissement, aux dispositions de l'article 3 de la loi du 24 janvier 1850. Art. 5. Notre ministre secrétaire d'État au département de la guerre est chargé de l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le 23 décembre 1853. Par l'Empereur ; NAPOLÉON. Le maréchal de France, ministre secrétaire d'État au département de la guerre, LETTRE CIRCULAIRE DE Mgr L'EVÊQUE DE NANTES A MM. LES CURÉS DE SON DIOCÈSE, SUR LES MOYENS A PRENDRE POUR PROCURER DES SECOURS AUX PAUVRES. Nous venons de lire la touchante circulaire adressée par Mgr l'Évêque de Nantes à MM. les curés de son diocèse sur les moyens à prendre pour procurer des secours aux pauvres. Nous regardons comme une bonne œuvre au point de vue de la propagation du bien, de faire connaître à nos lecteurs les industries de charité proposées par le vénérable prélat à son clergé, et qui pourront, nous aimons à l'espérer, être imitées en beaucoup de lieux. Monsieur le Curé, Nous ne sommes pas seulement les pasteurs des âmes, et les souffrances spirituelles ne sont pas les seules qui appellent notre charité. Le Fils de Dieu, notre admirable modèle, soulageait les corps comme les âmes pendant sa vie mortelle; et comment ne pas nous rappeler l'attendrissement divin du Sauveur à la vue de tout un peuple affamé: misereor super turbam, disait-il à ses apôtres: J'ai pitié de ce pauvre peuple. Une grande tristesse saisit aussi mon cœur, à la pensée des privations et des souffrances plus qu'ordinaires, qui, cet hiver, atteignent beaucoup de brebis de mon troupeau. Cette tristesse, vous la partagez, Monsieur le Curé; et, quand vous portez vos regards autour de vous, vos yeux aussi se remplissent de larmes. Mais à Dieu ne plaise que nous nous en tenions à cette stérile douleur; à Dieu ne plaise que nous nous laissions abattre à la vue des fléaux qui nous frappent. Pasteurs et sauveurs de nos frères, conducteurs et consolateurs du peuple de Dieu, nous veillerons à sa garde: et s'il pouvait se faire qu'en présence de grandes misères, le découragement gagnât les esprits ou les cœurs, nous relèverons la charité des uns et la patience des autres, et nous dirigerons tous les regards vers Dieu qui frappe toujours en Père, c'est-à-dire qui ne frappe que pour guérir. Après avoir rappelé la tendre et inventive charité des Vincent de Paul, des Thomas de Villeneuve et de tant d'autres saints pasteurs qui, pauvres eux-mêmes, savaient trouver de mystérieux secrets pour nourrir, dans les temps de disette, des provinces entières, le vénérable prélat expose les moyens qui lu i paraissent les plus propres pour venir le plus efficacement possible au secours des malheureux pendant la crise des subsistances. " Le premier, c'est de seconder le zèle et les efforts de l'administration civile, et de maintenir les populations dans l'ordre et la tranquillité, en dissipant les préventions et les accusations calomnieuses que la passion et l'ignorance s'efforcent de répandre contre les riches et souvent même les plus honnêtes et les plus charitables familles. Les autres moyens se rapportent à la charité privée, dont il faut provoquer partout le généreux concours, non-seulement de la part des riches, mais aussi, à un certain degré, de la part des pauvres eux-mêmes. Il serait possible, surtout dans les campagnes, où vous connaissez plus particulièrement tous vos paroissiens, de grouper les familles par dizaines, et vous confieriez à ces dix familles un ménage tout à fait indigent. Chacune de ces dix familles n'augmenterait pas notablement sa gêne, en donnant, une ou deux fois da semaine, au ménage adopté, un peu de pain, un peu de grain ou de blé noir, ou quelque autre petit secours, suivant les localités. Vous établiriez dans chaque groupe une personne charitable pour recueillir et faire donner à propos ces aumônes. Les familles pins aisées pourraient se charger seules d'un ménage. Vous seriez le centre de toute cette organisation que je ne fais qu'indiquer. Mais j'insiste sur cette pensée que, si tous ne concourent pas, dans une certaine limite, au soulagement des plus pauvres, nos efforts demeureront impuissants. Vous reviendrez souvent sur cette considération au prône du dimanche. Vous ferez faire à tous les fidèles rassemblés en ce saint jour un examen de conscience sur la charité, et vous leur demanderez, au nom de Dieu: « Qu'a vez-vous fait cette semaine pour le soulagement des malheureux ? - Si vous n'avez pas pu donner beaucoup, avez-vous donné peu ? » 1 Il est important de faire comprendre à nos populations que chaque localité doit chercher en elle-même ses ressources et ne pas se reposer sur des appuis étrangers. Les villes ne pourront guère aider les campagnes; car si elles comptent plus de richesses, elles comptent proportionnellement plus encore de misères. Puisque vous devez exhorter même les pauvres à venir au secours des plus pauvres, combien vos supplications doivent devenir plus pressantes, quand vous vous adressez aux familles qui sont connues pour être riches ou aisées! Enseignez doucement, et plutôt en particulier qu'en public, les secrets qui augmentent le fonds destiné à la charité: ce sont des retranchements sur les dépenses accoutumées, retranchements jugés impossibles dans les temps ordinaires, mais qui deviennent possibles aujourd'hui; c'est une économie plus sévère; ce sont même des engagements pris sur les ressources à venir: mais par-dessus tout et préférablement à toutes les aumônes, vous conseillerez autour de vous d'entreprendre de nouveaux travaux et de ne pas cesser pendant l'hiver les travaux déjà entrepris, afin de faire ainsi gagner noblement à nos populations laborieuses le pain de chaque jour. Vous préviendrez cette objection que nous entendons faire quelquefois: Je ne sais, à qui confier mon aumône. >>> Vous indiquerez les maisons des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ou de la Sagesse, ou des Petites Sœurs des Pauvres, les presbytères, les membres des bureaux de bienfaisance et des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul; vous montrerez les mains de tous les ecclésiastiques et de toutes les sœurs de charité ouvertes et tendues, pour solliciter l'aumône et la porter, avec un saint empressement, là où les misères sont plus grandes. Dans peu de jours, une quête de vêtements sera faite à domicile par MM. les membres de l'OEuvre de Saint-Vincent-de-Paul, à l'instar de celle qui a été faite si fructueusement au mois de janvier. Puissions-nous obtenir le même succès! Les légumes étant, cette année, d'une cherté trop grande, nous avons changé les bons de légumes, que nous distribuions l'hiver dernier, en bons de pain seulement. Chacun de ces bons vandra 10 centimes, et donnera droit à un quart de kilogramme de pain environ, qui sera donné à toute heure du jour par les mains des Sœurs de Charité attachées aux bureaux de secours. Je prie instamment les fidèles et tous ceux dans le cœur desquels vit l'amour du pauvre, d'avoir toujours sur eux ce papier-monnaie de la charité, et d'aller ainsi dans nos quartiers les plus abandonnés à la découverte de l'indigence, surtout de celle qui se cache, qui souffre et meurt de faim en silence. On pourra acheter ces bons de pain dans tous les bureaux de secours, et dans d'autres lieux qui seront indiqués. On les trouvera aussi dans les mains de tous les membres des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul. Avant de terminer, je veux encore vous indiquer, Monsieur le Curé, deux autres moyens de soulager la misère, qui ont été tentés avec zèle par plusieurs de nos bien-aimés coopérateurs dans les campagnes. Par leurs soins, des provisions de riz et de blé noir ont été achetées. Quelques familles charitables ont imité leur exemple, et ainsi a été formée une sorte de grenier d'abondance. Conseillez autour de vous des approvisionnements du même genre, suivant les ressources dont on dispose. - Sur certains points de notre diocèse, les communes ou les particuliers ont fait des approvisionnements beaucoup plus considérables encore, et ils vendent aux familles nécessiteuses le blé et les autres, denrées à un prix notablement inférieur au prix des marchés. C'est ainsi que, dans ce moment, nos chers et vénérables religieux de la Trappe de Meilleraye, cèdent les cé réales avec une diminution d'un quart ou d'un tiers aux populations malheureuses qui les entourent, et trouvent ainsi, au sein de leur pauvreté volontaire, le moyen de secourir d'autres pauvres. Quand il est possible, Monsieur le Curé, de ramener ainsi le prix des denrées au taux des années ordinaires, et de procurer en même temps du travail aux classes labo |