SANCTIFICATION DU DIMANCHE Monseigneur l'évêque d'Agen, qui a la douce satisfaction de voir le commerce et l'industrie de sa ville épiscopale donner l'exemple d'un accord presque unanime pour l'observation religieuse du repos dominical, vient d'annoncer en ces termes cette bonne nouvelle à MM. les curés de son diocèse : « Dans nos communications verbales ou écrites, nous avons eu souvent à déplorer ensemble la transgression du précepte de la sanctification des dimanches et fêtes. L'oubli de ce devoir sacré, qui est pour les familles et les peuples la source de tant de maux, a rempli nos cœurs d'une si profonde peine, que je me reprocherais de ne pas vous faire partager la douce consolation que j'éprouve en ce moment. « La ville d'Agen donne au diocèse un exemple que vous admirerez avec moi et que je ne saurais trop louer. Les principaux magasins de notre cité sont fermés le dimanche, et le motif religieux de cette mesure est avoué hautement par une affiche qui l'exprime. Bientôt, nous n'en doutons pas, tous les commerçants et chefs d'ateliers s'uniront pour cette manifestation extérieure, comme ils sont déjà unis pour la pensée qui la provoque. « En vous annonçant cette bonne nouvelle, je ne veux pas seulement vous causer de la joie, mais je veux aussi vous donner un bel exemple à citer à votre peuple. Vous saisirez avec empressement cette bonne oссаsion de lui rappeler un précepte trop oublié, et vous serez d'autant plus fort, que vos paroles seront appuyées sur le fait qui vient de se produire, et qui ferme la bouche à ceux qui oseraient soutenir encore que le commerce ne peut se plier à l'exigence du précepte.. La ville d'Agen tient à honneur de se placer et de se maintenir à la tête du mouvement religieux qui se manifeste de toutes parts en faveur du repos dominical. C'est une ambition bien légitime de la part d'une cité dont la conversion au catholicisme remonte aux premiers siècles de notre ère, qui compte dans son Eglise un si grand nombre de martyrs, de saints et de docteurs, et dont la foi sut rester pure au milieu des guerres religieuses qui ont, à plusieurs époques, ravagé l'Agenais. Les chapeliers d'Agen, voulant s'unir aux autres industries, viennent d'arrêter, d'un commun accord, que leurs magasins resteraient fermés les dimanches et fêtes. Ont signé cette résolution: MM. Lafage, Payen, Salabert, Dinety, Clave, Garros, Laroze, Cramaille, Drouilhet et Laborde.. L'association formée à Bordeaux pour le repos du dimanche, vient d'être autorisée par M. le préfet de la Gironde dans des termes qui témoignent de la sympathie de ce fonctionnaire pour elle et des heureux effets qu'il en attend particulièrement dans l'intérêt des classes pauvres. NÉGROLOGIE La Congrégation du. Très-Saint-Rédempteur vient de faire, en Belgique, une perte bien sensible. Le R. P. Joseph Reyners est décédé à Tournai, le 7 janvier, par suite d'une maladie de langueur que son zèle pour le salut des âmes lui avait fait contracter depuis plusieurs années. Né à Tongres le 23 août 1813, il fit ses vœux de religion le 10 mai 1837 et reçut la pretrise le 23 décembre de la même année. Successivement supérieur des maisons de Bruges, de Bruxelles et de Tournai, il mourut dans celle-ci, entouré de ses frères en religion, dans les sentiments de la piété la plus édifiante et muni de tous les sacrements. Ses quatre frères, missionnaires Rédemptoristes comme lui, assistaient au service d'enterrement. L'inhumation a eu lieu au cimetière de Rumilies, à l'endroit choisi pour la sépulture de la communauté. (J. de Bruxelles.) FRANCE. NOUVELLES RELIGIEUSES DIOGÈSE DE PARIS. - Le mercredi 1" février, à trois heures et demie, aura lieu en l'église Saint-Roch, une assemblée de charité en faveur de l'OŒuvre du Saint-Cœur de Marie, établie à Paris, rue Picpus, 60 (faubourg Saint-Antoine). Cette OEuvre recueille, instruit, loge et nourrit cent cinquante jeunes filles pauvres, et leur apprend non-seulement tous les travaux d'aiguille, mais encore tous les travaux de ménage et les soins à donner aux malades, pour en faire de bonnes femmes d'ouvriers, de bonnes mères de famille. La bénédiction séra donnée par Mgr Menjaud, Evêque de Nancy, premier Aumônier de l'Empereur. Le sermon sera prononcé par le R. P. Lefebvre. La quête sera faite par Mesdames: DE BELLEYME, rue Blanche, 36; LEPELCOINTET, rue de Hanovre, 6; Baronne BARBIER, rue de la Madeleine, 29; ROUGEMONT, rue Navarin, 20; DESPREZ, rue des Saints-Pères, 15; VILLOT, rue de la Ferme, 26; CASTAIGNET, rue de Hanovre, 21; BASSERY, rue de Clichy, 36. DIOCESE D'AUTUN. - On écrit de Châlon-sur-Saône, 24 janvier, au Spectateur de Dijon : Dimanche dernier, Mgr l'Evêque d'Autun, à l'occasion du titre d'Evêque de Châlon qui vient de lui être conféré par le Souverain-Pontife, a officie pontificalement dans l'église de Saint-Vincent, cathédrale de l'ancien diocèse de Châlon. Un vicaire général et plusieurs chanoines avaient accompagné S. G. pour l'assister durant l'office. DIOCÈSE DE LUÇON. - L'œuvre si excellente d'un vestiaire pour les pauvres vient de s'établir dans ce diocèse avec un grand succès. Le jour de la solennité de l'Epiphanie, Mgr de Luçon avait excité la charité des fidèles de sa ville épiscopale envers les pauvres, et avait annoncé que, dans la semaine, les membres de la conférence de Saint-Vincent-de-Paul se présenteraient dans chaque maison, pour recueillir les vieux vêtements, linges, chaussures, lits et autres meubles abandonnés, qui seraient pour les membres souffrants de Notre-Seigneur une précieuse ressource. De plus, le charitable prélat, par une lettre adressée à toutes les familles de la ville épiscopale, a rappelé ses recommandations du jour de l'Epiphanie et invité de nouveau les fidèles à déposer généreusement leurs dons entre les mains des enfants de Saint-Vincent-de-Paul. Les Luconnais ont entendu l'appel de leur Evêque, et les membres de la conférence, qui se sont partagé les quartiers de la ville et les ont parcourus avec un zèle et une charité admirables, ont recueilli une ample moisson en vêtements, meubles et argent, non-seulement chez les riches, mais encore chez les pauvres, qui, dans leur pauvreté même, ont trouvé le secret de s'associer au mérite d'une œuvre aussi excellente. DIOCÈSE D'ANGERS. On lit dans l'Union de l'Ouest, journal d'Angers: On se rappelle avec bonheur l'initiative prise il n'y a que quelques jours, par le Pontife placé à la tête du diocèse, au sujet de secours en nature à procurer à la famille si nombreuse des pauvres. Son appel a été parfaitement compris, et les indigents voient leur misère allégée, leurs besoins secourus, leur avenir moins inquiètant et moins sombre. Dans les différentes communes de notre département, la circulaire pastorale adressée à MM. les curés, et également communiquée aux paroissiens, a donné un nouvel élan à la charité et excité la plus généreuse rivalité dans le versement de dons de toute sorte pour les pauvres et indigents des diverses localités. A la Plaine, entre autres, petite paroisse du canton de Vihiers, d'environ 1,100 âmes et composée presque exclusivement de simples cultivateurs, un magnifique exemple de charité vient d'être donné. A la suite d'une allocution chaleureuse, le pasteur fit une quête chez tous ses paroissiens. Accompagné d'un des notables de l'endroit, il parcourut toutes les maisons, tous les villages, toutes les fermes de la commune. Dieu bénit leur pieuse entreprise, et le don du riche joint à l'obole du pauvre donnant pour plus pauvre que lui, vint former un petit trésor dont ils furent les premiers émerveillés. Trois cent vingt boisseaux de blé (qui à 7 francs, prix moyen actuel, représentent une valeur de 2,240 francs) et plus de mille francs en espèces, ont été le produit de cette quête et le résultat de la charité des habitants de cette paroisse pour leurs pauvres. J. Guéneau. MISSIONS. - Mgr Trioche, archevêque de Babylone, légat du SaintSiège, est reparti pour l'Orient, où il remplit depuis trente-quatre ans les sublimes fonctions de l'apostolat. C'est à Paimbœuf, le 28 de ce mois, que Mgr Charbonneau, le pieux évêque de Jassen, a embarqué la colonie des religieuses du Bon-Pasteur, avec plusieurs missionnaires, pour Maïssour, dans l'Inde. La supérieure choisie pour fonder cet établissement est la Mère Marie de Sainte-Thérèse der Schorlemer, d'une noble et pieuse famille de Prusse. Elle a préféré généreusement cette mission de saint François-Xavier à toutes les délices de sa patrie. NOUVELLES ET FAITS DIVERS On annonce l'arrivée à Paris des prélats qui font partie du conseil supérieur de l'instruction, dont la session d'hiver va commencer. S. E. Mgr le cardinal Gousset, NN. SS. Cœur, évêque de Troyes, et Daniel, évêque de Coutances, sont arrivés depuis quelque temps; on attend encore S. E. Mgr le cardinal Morlot, ainsi que Mgr Parisis, évêque d'Arras. - Mgr l'archevêque de Calcédoine a passé le 22 à Toulon, arrivant de Rome et se rendant à Paris. - M. Blanqui, de l'Institut, est mort hier, à la suite d'une longue et douloureuse maladie. - Le Spectateur de Dijon vient de recevoir un premier avertissement pour avoir reproduit l'article de l'Union franc-comtoise sur la fermeture du collége de Saint-Michel. La Société des sciences industrielles et littéraires de Paris, dans sa séance du 20 janvier, a décerné à l'unanimité la médaille d'or à M. l'abbé Delpy, pour le traité que cet ecclésiastique a composé sur la maladie de la vigne.. Cette récompense est la plus haute que la Société accorde. - Le Journal du Tarn (d'Albi) annonce et l'Écho du Tarn (de Castres) confirme que M. Clément Compayré vient de découvrir à Castres le manuscrit de Jean Saurin, qu'on croyait perdu et qui a été imprimé par extrait dans un recueil de pièces relatives à l'histoire de France. Cet ouvrage qui contient tous les faits historiques des guerres de religion dans ce pays, embrasse une période de soixante-neuf ans, de 1531 à 1601. Il est suivi des mémoires sur le même sujet, de Jacques Martel et de. P. Maltret, de relations sur les siéges de Montauban, de Sommières et de Saint-Affrique, enfin de remarques et de pièces curieuses sur l'histoire du Languedoc. -Mmes Julie Hanozet et Charlotte Heris, veuve Girard, ont interjeté appel du jugement prononcé contre elles par le tribunal de simple police de Saint-Josseten-Noode, pour avoir fait des collectes à domicile au profit des pauvres sans en avoir donné ni obtenu l'autorisation. -M. le docteur Flandin, impliqué, comme on sait, dans le procès politique des Correspondances, et qui avait été condamné à un mois de prison par la Cour de Rouen, vient d'ach ver sa peine à Bicêtre, qu'il a quitté dimanche dernier. MM. de Coëtlogon et de Planhol continuent d'être prisonniers dans cette maison d'arrêt, le premier, pour cinq mois, et, le second, pour deux mois encore. - Le Messager de Modène contient une notification en date du 16 janvier, par laquelle le ministre de l'intérieur, d'après les ordres de S. A. S. le grand-duc, ouvre à tous les malheureux la Maison de travail, fondée aux frais du trésor public. Ils y trouveront tous les secours qui leur sont nécessaires, à cette époque rigoureuse, et une tâche proportionnée à leurs forces. Les Cautères entretenus avec les pois de LE PERDRIEL, Guimauve et Garou, et son Taffetas rafraîchissant, sont exempts de douleur et de démangeaison. Ses Serres-bras perfectionnés et ses compresses imitant si bien le beau linge, complètent un pansement direct, propre et facile. Magasin spécial de Thés de choix, à prix très-modérés; Chocolat briqué à froid. Mafson Caron, 8, rue de la Bourse. BOURSE DU 28 JANVIER 1854. fa L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY. PARIS. DE SOYE ET BOUCHET, INDRIMEURS, 2. PAGE DU PANTHEON JEUDI 2 FÉVRIER 1854. L'AMI DE LA RELIGION (N° 5640.) AFFAIRES D'ORIENT DISCOURS DE LA REINE D'ANGLETERRE L'événement du jour est le discours par lequel S. M. la reine d'Angleterre a ouvert hier la séance du Parlement. II. n'est pas besoin de faire remarquer la haute gravité des paroles qui annoncent la lutte où vont peut-être se jouer les destinées du monde. Voici la partie de ce discours relative aux affaires d'Orient: Milords et Messieurs, Je suis toujours heureuse de me trouver en présence du parlement; et, dans l'occasion présente, c'est avec une satisfaction particulière que je recours à votre assistance et à vos avis. L'espoir que j'ai exprimé, à la fin de la dernière session, que le différend qui existait entre la Russie et la Porte-Ottomane serait bientôt arrangé, ne s'est pas réalisé, et j'ai le regret de dire qu'un état de guerre s'en est suivi. J'ai continué d'agir avec la coopération cordiale de l'Empereur des Français, et les efforts que j'ai faits avec mes alliés pour conserver et rétablir la paix entre les puissances en lutte, quoiqu'ils aient été sans succès jusqu'à ce jour, n'ont pas cessé un seul instant. ン Je ne manquerai pas de persévérer dans ces efforts; mais, la continuation de la guerre pouvant affecter profondément l'intérêt de l'Angleterre et celui de l'Europe, je crois nécessaire de procéder à une nouvelle augmentation de mes forces de terre et de mer, dans le but d'appuyer mes représentations et de contribuer plus efficacement au rétablissement de la paix. J'ai ordonné que les papiers explicatifs des négociations qui ont eu lieu à ce sujet vous fussent communiqués sans retard. Le discours qu'on vient de lire ne doit pas faire perdre de vue les faits qui se passent en Allemagne et sur le théâtre de la guerre. Il n'est bruit, dans les feuilles allemandes, que de la mission du comte Orloff. La Correspondance particulière de Berlin, la Gazette des Postes de Francfort, la Gazette de Cologne, s'occupent également du voyage de ce négociateur et en tirent un bon augure pour un accommodement. I paraît résulter, des lettres particulières adressées de Berlin à la Patrie, que « le gouvernement prussien aurait ajourné sa réponse aux communications de la Russie jusqu'après la décision de la cour de Vienne.» Quant à la guerre, elle se réduit en ce moment à des escarmouches, à des surprises et à l'occupation, soit par les Russes, soit par les Tures, de positions plus ou moins importantes. Ces L'AMI DE LA RELIGION - T. CLXIII. 14 |