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L'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes a ouvert mercredi 1" mars, un chapitre général pour traiter des questions relatives aux besoins de leurs écoles, et à leurs propres devoirs, dans les divers pays où ils sont appelés à donner leurs charitables soins aux jeunes enfants. Ce chapitre, présidé par le Frère Philippe, supérieur général, devra durer une quinzaine de jours, et va réunir les membres les plus notables de l'Institut, convoqués de Paris, des provinces, et mêmes des pays étrangers qui ont sollicité le concours de leur zèle. L'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes compte aujourd'hui plus de sept mille membres, et occupés la plupart en France, et quelques-uns en Algérie, aux Etats-Unis d'Amérique, en Italie, etc. Pour faciliter l'administration d'un corps aussi nombreux, l'Institut est divisé en huit districts, à chacun desquels est préposé un Frère assistant. Le supérieur général a donc, pour conseil permanent et ordinaire, huit assistants, outre son secrétaire général et le - procureur général. Le chapitre général s'assemble dans des cas extraordinaires prévus par la règle, afin de conserver toujours cette unité qui est - comme l'âme de tout institut.

DIOCÈSE DE BÉZIERS. La ville de Béziers vient de s'enrichir d'une communauté nouvelle, dans l'intérêt de la classe pauvre. Aux religieuses du Bon-Secours, appelées pour le soin des malades et la direction des crèches, viennent de s'ajouter les religieuses de l'Immaculée Conception, pour la direction des salles d'asile.

Une colonie de cinq Sœurs, détachées de la maison mère de Castres, s'est établie dans le quartier de Saint-Jacques, par les soins et le zèle de M. le curé de cette paroisse et avec le concours de l'administration mu-nicipale. Elles ont pris immédiatement la direction des salles d'asile de Saint-Jacques et de Sainte-Aphrodise. Les pauvres enfants de la ville sont * reçus dans cet asile depuis l'âge de trois ans jusqu'à sept ; les religieuses, comme de tendres mères, les gardent, les instruisent depuis sept heures du matin jusqu'à cinq heures du soir, tous les jours, excepté le dimanche.

La congrégation de l'Immaculée Conception a été fondée à Castres par Mlle de Villeneuve, dans le but spécial de la sanctification des âmes nécessiteuses, soit en Europe, soit dans les missions lointaines. » Elle se consacre aux orphelinats, maisons de préservation, écoles gratuites, salles d'asile, maisons de refuge, hôpitaux, pensionnats de la classe marchande et à toutes les œuvres qui ont pour but le soin des pauvres.

S. S. Pie IX a approuvé les règles et les constitutions de la congrégation, et l'a placée sous la protection de la Propagande, par décret du 27 juin 1852. La congrégation a reçu aussi l'approbation du gouverne ment. Le costume des religieuses est bleu de ciel, couleur consacrée à la sainte Vierge; de là leur est venu le nom populaire de Sœurs-Bleues, sous lequel elles sont connues à Castres et à Béziers. ار (La Propriété.) On lit dans la Gazette de l'Angoumois :

DIOCÈSE D'ANGOULÊME.

« La paroisse de Chaniers vient d'être témoin d'une pieuse et bien touchante cérémonie. Les RR. PP. Rousset et Almaric, prêtres de la Miséricorde de Bordeaux, venus sur la demande de M. le curé de Chaniers, ont donné, pendant un mois, une station de prédication, qui vient de se clore aujourd'hui, 13 février.

« A la voix de ces dignes missionnaires, la population de notre grande et puissante commune s'est levée tout entière. Malgré la rigueur et l'intempé

-rie de la saison, malgré l'éloignement de l'église, située sur les bords de la Charente, à six kilomètres de l'arc de la délimitation de la paroisse, on s'est empressé de venir entendre la parole de Dieu. Elle a fructifié dans les cœurs et a produit une abondante moisson. Au grand jour de la communion générale, notre église, contenant environ huit cents personnes, était pleine, mais pleine seulement de communiants! Tels étaient l'élan et la charité générales, qu'une personne notable de l'endroit me disait, dans son enthousiasme : « Avouons-le, il n'y a que la religion catholique qui puisse produire de pareils effets. >>>

ESPAGNE. Mgr l'Evêque de Lérida vient d'adresser à son clergé une circulaire, pour lui recommander de veiller sur la reproduction d'ouvrages condamnés par l'Eglise, tels que les Paroles d'un Croyant, par Lamennais. Cette œuvre, à la fois anti-catholique et révolutionnaire, a été publiée en feuilleton par le journal démocratique de Madrid las Novedades, et doit figurer dans une collection intitulée Bibliothèque de l'homme libre. Le sage Prélat recommande de détourner les fidèles de lectures semblables, et de les inviter à livrer à l'autorité ecclésiastique tous les exemplaires qu'ils auraient en leur possession.

NOUVELLES ET FAITS DIVERS

Le Moniteur annonce que S. A. R. le duc régnant de Saxe-Cobourg est arrivée hier à Paris, venant de Berlin par Bruxelles. L'Empereur avait envoyé le comte Roguet, l'un de ses aides de camp et un officier d'ordonnance pour recevoir S. A. à la frontière. S. A. est logée au pavillon Marsan.

L'escadre de l'Océan a mouillé sur la rade de Toulon dans la nuit du 28 février au 1er mars.

Les obsèques de M. l'amiral baron Roussin ont eu lieu dans l'église de la Madeleine avec une pompe digne de la haute position qu'occupait le défunt.

Les cordons du poêle étaient tenus par MM. l'amiral de Mackau, le viceamiral Baudin, le vice-amiral Parseval-Deschênes, le vice-amiral Hugon; Combe, président de l'Institut; Duperré, également membre de l'Institut, appartenant à la même section que le baron Roussin.

- On lit dans le Journal des Débats, du 2 mars :

• Les obsèques de M. l'abbé F. de Lamennais ont eu lieu ce matin; conformément aux dernières volontés du défunt, il n'y a eu ni tenture, ni exposition au domicile mortuaire. A huit heures précises, le corps a été placé dans un corbillard dit des pauvres, c'est-à-dire sans aucune espèce de garniture ou décoration, et le convoi funèbre s'est dirigé immédiatement vers le cimetière du Père-Lachaise. Quelques parents et amis seulement désignés, dit-on, par le défunt suivaient le corbillard: on remarquait parmi eux MM. Béranger, Garnier-Pagès, Benoît Champy, Auguste Barbet, Blaise, ancien directeur du Mont-de-Piété, neveu du défunt; Martin de Strasbourg, Bocage, etc. Selon le dernier vœu exprimé par M. de Lamennais, son corps n'a pas été présenté à l'église, et il a été déposé, sans le concours du clergé, dans la fosse commune.

« On n'a placé sur sa tombe ni croix ni rien qui pût la faire distinguer. Aucun discours n'a été prononcé; les assistants se sont retirés en silence aussitôt après que la tombe a été comblée. »

- M. le comte Alix Desgranges, premier secrétaire interprète de l'Empereur, professeur de turc au collège de France, est décédé le 28 février. - Mercredi, se sont ouverts, devant le tribunal correctionnel (6o chambre), sous la présidence de M. d'Herbelot, les débats d'une prévention de société secrète, dite la Jeune Montagne, qui comprend quarante-cinq accusés.

- On lit dans l'Annonce de Soignies (Belgique):

« Mme D..., voyant ses derniers moments approcher, fit appeler auprès d'elle M. Plétain, notaire à Mons, pour lui déclarer qu'elle voulait l'instituer son légataire universel. M. Plétain, après l'avoir remerciée de ses bonnes intentions à son égard, lui dit qu'il ne pouvait accepter, et lui rappela ses devoirs envers ses héritiers. La malade insista, lui déclarant formellement que, s'il persistait dans son refus, elle instituerait le curé de Sainte... ou l'église de... M. Plétain, voyant qu'il ne pouvait la faire changer de résolution, finit par lui dire que, puisque telles étaient ses intentions irrévocables, il acceptait. (Il paraît que M. Plétain est parent un peu éloigné de Mme D...) On fit venir le notaire, et l'acte fut dressé.

<< Peu de temps après, cette dame mourut, et M. Plétain reconnut son legs universel. Il s'empressa alors de convoquer les héritiers légitimes de Mme D..., qu'il savait n'être pas riches, et dont deux se trouvalent alors en Angleterre. Il leur déclara que leur parente l'avait institué légataire universel de sa fortune; mais qu'il n'avait accepté ce legs que pour ne pas les frustrer, et afin de pouvoir leur restituer une fortune qu'ils étaient exposés à voir passer dans d'autres mains. Il déchira Pacte en leur présence et leur dit qu'ils étaient les seuls héritiers de la succession de leur parente. Cette succession était de 196,000 fr. M. Plétain ne peut matheureusement plus lire ces lignes, car il est décédé, lui aussi, ces jours derniers; mais sa belle action n'en reste pas moins à ses enfants comme un héritage d'honneur et de probité dont ils peuvent être fiers. »

- Une magnifique cavalcade organisée au profit des malheureux a parcouru dimanche les rues de Lyon. Les offrandes recueillies au départ du courrier étaient déjà nombreuses.

DE L'AFFAIBLISSEMENT DE LA RAISON ET DE LA DÉCADENCE EN EUROPE, PAR M. B. SAINT-BONNET

(Deuxième article. - Voir le numéro 5652.)

I

Nous connaissons la thèse de M. B. Saint-Bonnet. Il veut prouver que l'affaiblissement de la raison et la décadence des mœurs en Europe a pour cause le système d'enseignement suivi depuis plusieurs siècles.

Ses preuves, comme on dit aujourd'hui en termes d'école, sont presque exclusivement psychologiques. C'est sur l'analyse des facultés de l'âme que l'auteur cherche à fonder son opinion. Si nous l'avons bien comprise, son argumentation peut se résumer en ce syllogisme :

:

La raison s'affaiblit à mesure et en proportion des progrès et I des développements de l'intelligence, ou, ce qui revient au même, l'homme court risque d'être d'autant moins raisonnable qu'il est plus intelligent. Or, dans le système d'enseignement suivi depuis plusieurs siècles, tout est ordonné au profit de l'intelligence; donc, tout tend à détruire la raison.

Pour comprendre ce que peut valoir ce raisonnement, il est clair qu'il faut préalablement connaître le sens que l'auteur attache à ces mots: raison, intelligence.

II

Entendre, dit Bossuet (Connaissance de Dieu 1. 7), c'est connaître de vrai et le faux et discerner l'un de l'autre... Par cette définition, je connais la nature de l'entendement et sa diffé⚫rence d'avec les sens... L'entendement est la lumière que Dieu nous a donnée pour nous conduire. On lui donne divers noms: en tant qu'il invente et qu'il pénètre, il s'appelle esprit; « en tant qu'il juge et qu'il dirige au vrai et au bien, il s'appelle « raison et jugement. »

Manifestement ce n'est pas dans le sens, adopté ici par Bossuet, que M. B. Saint-Bonnet prend les termes de raison et d'intelligence.

Pour lui l'intelligence n'est pas la faculté d'entendre, ni la Lumière que Dieu nous a donnée pour nous conduire. La raison n'est pas non plus une des fonctions de l'intelligence; elle n'est pas la faculté de juger et de raisonner.

L'auteur prend ces mots dans une acception toute différente qu'il emprunte, en partie, à la langue psychologique de Kant et de M. Cousin.

Suivant M. B. Saint-Bonnet, la raison et l'intelligence sont des facultés essentiellement distinctes.

La distinction de la raison et de l'intelligence, dit-il (p. 17), est de la plus haute importance... La raison nous révèle ce que, privées de sa 'lumière, toutes les intelligences réunies n'auraient jamais su, qu'au-delà du phénomène est la substance, au-delà des faits leur loi, au-delà du temps Péternité, et au-delà de la mort l'immortalité. Elle agrandit tout à coup l'homme de ce qu'elle lui révèle, le surnaturalise (?), le reporte dans l'in fini... Sans la raison, comme sans la liberté, l'intelligence se trouverait réduite chez l'homme à celle des animaux.

Entrant plus avant dans l'analyse de la raison, M. B. SaintBonnet en détermine l'origine, ainsi que les éléments dont elle se compose :

« L'existence de Thomme, comme être créé, c'est-à-dire comme être séparé de l'Infini, implique deux éléments: le premier, impersonnel, et qui le faît être; le second, personnel, et qui le fait étre créé. Pour que

l'homme, selon les plans de Dieu, pût mériter en se portant de lui-même vers sa loi, il fallait qu'elle lui fût connue, que Dieu se départit en sa faveur d'un rayon de cette sagesse qui est l'ordre dans l'univers, et dans l'âme la raison... La raison est donc une participation humaine, finie, à la sagesse divine. C'est la même lumière intelligible qui, dans l'infini, est la sagesse souveraine, puis, à l'état créé, l'harmonie en la nature, et la raison en l'homme... Notre raison a appartenu à Dieu, elle a fait partie de sa sagesse éternelle avant de descendre en nous par la création. » (Р. 21-23).

Telle est, suivant M. B. Saint-Bonnet, la nature de la raison. Voici maintenant les idées qu'elle nous fournit.

C'est à la raison et à la raison seule que nous devons les conceptions dites rationnelles, c'est-à-dire les idées d'être, de substance, de cause, d'unité, de loi, d'infini, d'éternité; les idées du juste et de l'injuste, du mérite et du démérite, du beau absolu, etc. En un mot, c'est par la raison, s'exerçant au moyen de la Conscience morale, de l'Entendement et du Goût que nous connaissons le Bien, le Beau et le Vrai.

La Conscience, l'Entendement, le Goût sont les trois fonctions de la raison ou nos facultés impersonnelles.

Comme la raison d'où elles émanent, les conceptions rationnelles sont certaines, nécessaires, universelles, immuables, absolues, impersonnelles, divines. Et de là ce mot de Bossuet : « Les vérités éternelles sont quelque chose de Dieu, ou plutôt sont Dien

même. »

En résumé, la raison est une lumière qui vient de Dieu, qui luit en notre esprit, mais n'est pas notre esprit; qui nous apporte des idées que ce monde ne peut nous fournir, que nous ne jugeons pas, mais qui nous jugent. De là vient que les idées rationnelles sont la vérité et la certitude même.

III

Il n'en est pas de même de l'intelligence et de ses perceptions. « Si la raison est une lumière qui nous vient de Dieu et nous demeure impersonnelle, l'intelligence est une lumière allumée par la raison et qui nous devient personnelle. » L'intelligence n'est que le moi, ou l'esprit, en tant qu'il se sert de la raison. L'intelligence se sert de la raison au moyen de huit facultés qui sont, suivant M. Saint-Bonnet, l'attention ou la perception (?), l'imagination, la déduction, l'induction, la mémoire, l'abstraction, la généralisation et la comparaison. « Toutes ces facultés, dit-il, au ser« vice du moi, ne forment qu'un seul instrument à plusieurs « fonctions qu'on nomme intelligence. » (p. 38.)

Tout ce qu'il y a de vrai dans l'intelligence vient de la raison. L'intelligence seule privée de la raison devient absurde; elle sort du sens commun. Le faux n'est qu'un produit de l'intelligence séparée de la raison. L'intelligence est aussi bien l'ins

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