ner à un désir d'économie qui se comprend, mais dont elle n'a pas assez vu ni pesé les conséquences. Elle a aussi cédé à un autre entraînement; mais, pour celuilà, c'est une des plus inadmissibles prétentions de ses anciens jours, qui, nous l'espérons, ne réussira pas plus maintenant qu'autrefois, malgré le voile charitable dont elle se recouvre. Voici le fait. Certaines municipalités où les écoles primaires sont toutes gratuites, ont voulu se donner le droit de répartir les enfants, à leur volonté, dans tels ou tels établissements. Elles ont imaginé de ne permettre l'entrée de l'école que sur le vu d'un billet délivré à la mairie, et quand une famille se présentait pour obtenir ce billet, la mairie lui désignait arbitrairement l'ecole mutuelle, par exemple, ou l'école chrétienne. Les parents résistaient souvent, disant avec raison qu'ils préféraient l'une ou l'autre méthode, la discipline ou la tenue d'une maison plutôt que de sa rivale. La prétention municipale allait directement contre la justice et le bon sens, qui, d'accord en cela avec la loi, prescrivent de respecter avant tout le vœu et la liberté de l'autorité paternelle. Le débat s'est renouvelé plusieurs fois; il a été public et il a eu du retentissement jusque dans les assemblées délibérantes. Jamais, au moins légalement, les maires n'ont pu être investis du droit qu'ils réclamaient. Aujourd'hui, et sous le prétexte d'assurer la gratuité aux pauvres, l'envahissement reparaît et il s'insinue dans le décret. Le rapport du ministre en expose les motifs en ces termes : Dans la plupart des écoles fondées sur le principe de la gratuité absolue, on voit un grand nombre d'enfants de familles aisées prendre la place qui devrait être réservée aux enfants pauvres, lesquels restent ainsi privés d'instruction. Les familles aisées étant plus éclairées, mettent plus d'empressement que les autres à envoyer leurs enfants dans les écoles; d'un autre côté, ces enfants sont généralement plus proprement tenus, mieux élevés, plus dociles, et ces considérations déterminent trop souvent les instituteurs à les recevoir de préférence. Il importe que le maire et le curé exercent, pour ces écoles comme pour les autres, le droit qu'ils tiennent de la loi, et qu'aucun enfant ne soit admis dans une école publique sans l'autorisation du maire, représentant de la commune. On sera alors assuré que les écoles gratuites ne seront plus envahies par des enfants qui pourraient payer la rétribution scolaire, au détriment de ceux qui ne peuvent supporter ce léger sacrifice. Que le maire et le curé exercent le droit et le devoir qui leur sont confiés par la loi; qu'ils veillent à l'admission des enfants pauvres avant tous les autres; rien de plus juste et de plus nécessaire. Ils en ont parfaitement le pouvoir; il suffit qu'ils enjoignent aux instituteurs de recevoir tel ou tel élève : pas un instituteur ne tenterait de s'y opposer; les moyens de coaction et de répression ne manquent point. Le décret veut-il en ajouter? Nous y applaudirons. Mais de là à poser le principe que « nul enfant ne doit être admis dans une école publique sans l'autorisation du maire, représentant de la commune, » il y a un abîme. Comment! il dépendrait du maire de refuser ou d'accorder seul le billet d'admission? Il lui a fallu le concours du curé et du conseil municipal pour dresser la liste de gratuité, et il pourrait en paralyser l'effet par un refus arbitraire? Deplus, dans les communes où la gratuité est la loi générale, ce bénéfice ne s'obtiendrait qu'en vertu d'une autorisation qui peut être arbitrairement donnée, arbitrairement retirée? Cette interposition équivaudrait, en fait, à la suppression de la gratuité même. Nous savons bien qu'elle a été réclamée par deux sortes d'instituteurs : premièrement, les maîtres d'école gratuite municipale qui souffraient de la concurrence; par exemple, des directeurs d'enseignement mutuel que les instituteurs des congrégations religieuses laissaient dans une infériorité trop notoire; secondement, les maîtres particuliers et rétribués, qui espéraient que le trop plein des écoles gratuites affluerait, moyennant une faible redevance, dans leurs classes désertes. Ce double intérêt ne nous semble pas assez précieux pour justifier une mesure qui dégénérerait en une dérogation formelle aux principes de la liberté d'enseignement et aux prescriptions de la loi. On le voit, nous avions raison de penser que dans le décret du 31 décembre, l'envie de réglementer amenait des inconvénients considérables et dignes d'être relevés. Il nous reste à parler des écoles de filles. Henry DE RIANGEY. Mgr l'Archevêque de Rouen a donné à son clergé l'avis suivant sur les tables tournantes et parlantes. « J'ai pris connaissance des diverses relations qui ont été publiées touchant les tables dites tournantes et frappantes; j'ai, de plus, interrogé plusieurs prêtres et autres personnes recommandables, qui avaient cru pouvoir faire des expériences à ce sujet ou y assister, et, de tout cet ensemble d'écrits et de témoignages, il résulte pour moi la conviction qu'il y a au moins une grande imprudence à entrer dans cette voie, puisque, posé qu'il n'y ait point mystification, c'est se mettre en relations avec un agent ou élément encore incertain, et qui peut être de la pire espèce. «En conséquence, j'improuve hautement ces sortes de pratiques; j'en détourne, comme de choses dangereuses et sentant la divination, tous ceux et celles qui ont la crainte de Dieu et une conscience délicate, et j'exhorte instamment les pasteurs des âmes, les confesseurs, les prêtres, les chefs de famille, les maîtres et maîtresses, et généralement quiconque : est constitué en autorité, à en détourner aussi les personnes sur lesquelles cette autorité s'exerce. « Rouen, le 25 décembre 1853. « + Louis, archevêque de Rouen. » La Gazette de Lyon contient l'article suivant, à l'occasion du décret qui prononce la fermeture du collège de St-Michel. C'est le Moniteur du 31 décembre qui a publié le décret concernant l'établissement des R. P. Jésuites à St-Etienne, que nous avons publié hier. Personne, dans cette ville, ne s'y attendait, et il a été un véritable coup de foudre. Nous regrettons que le Moniteur n'ait pas fait précéder ce décret du rapport qui l'a motivé; on aurait pu apprécier les motifs qui ont fait adopter par le gouvernement une mesure d'une telle gravité. Cette mesure ne s'appuie sur aucune loi antérieure. Nous avons relu attentivement la loi du 15 mars 1850, sous l'empire de laquelle les établissements d'instruction secondaire vivent encore aujourd'hui; voici le seul article de cette loi qui ait quelque rapport au cas dont il s'agit : Art. 67. En cas de désordre grave dans le régime intérieur d'un établissement libre d'instruction secondaire, le chef de cet établissement peut être appelé devant le conseil académique et soumis à la réprimande avec ou sans publicité. La réprimande ne donne lieu à aucun recours. Le Mémorial de la Loire que nous recevons ce matin parle « d'un refus obstiné des supérieurs du Collège de renvoyer dans un autre établissement des surveillants qui avaient toléré, de la part de quelques élèves appartenant à des familles légitimistes du Midi, certains actes coupables.>>> Le Mémorial s'abstient de dire quels sont ces actes. Quant au refus obstiné de renvoyer des surveillants dont on aurait eu à se plaindre, le Mémorial a été trop loin, à ce que nous croyons savoir. Il n'a pu y avoir refus obstiné, puisqu'il n'y a pas eu de demande; cela résulte de renseignements pris sur les lieux. Nous nous abstiendrons de toute autre appréciation, espérant que, sous peu de temps, la lumière se fera sur la nature des accusations formulées vaguement dans le décret. Le collége de St-Michel est composé de cent cinquante élèves internes et d'un plus grand nombre d'externes La mesure complétement imprévue dont nous venons de parler a contristé bon nombre de familles et a été, soit à St-Etienne, soit à Lyon, le sujet d'un immense étonnement. J. Blanchon. Le Mémorial de la Loire auquel répond la Gazette de Lyon, et qui approuve le décret, termine toutefois son article par les lignes qu'on va lire : Nous devons ajouter en même temps que tout le monde verrait avec regret la suppression définitive du collège Saint-Michel. Dans une ville de l'importance de Saint-Etienne, il est bon et utile que la rivalité de deux grands établissements d'éducation entretienne une émulation salutaire. Tous les deux ne peuvent qu'y gagner, et le lycée impérial, dont le personnel, sous le rapport de l'instruction et des sciences, ne laisse plus rien à désirer, peut bien s'apercevoir, depuis deux ans, au nombre de ses élèves, que l'existence du collège de Saint-Michel lui a été plus favorable que nuisible. - Ad. Jauffret. LE, CONFLIT DANS LE GRAND-DUCHÉ DE BADE NN. SS. les Archevêque et Evêques de la province de Rouen, ont adressé au vénérable Archevêche de Fribourg une lettre écrite en latin, à la date du 5 décembre dernier. Mgr Brown, Evêque de Liverpool, et son clergé, viennent également d'envoyer une adresse de sympathique admiration à Mgr l'Archevêque de Fribourg. Nous lisons dans le Bien public de Gand : Un premier versement de 2,529 fr. a été fait entre les mains de Mgr l'évêque de Gand, qui a bien voulu se charger de faire parvenir le montant de notre liste de souscription à Mgr de Fribourg. Si quelques personnes désirent encore nous confier leur offrande, nous nous servirons de la même entremise pour en assurer l'envoi aux persécutés de Bade. SOUSCRIPTION EN FAVEUR DE L'ÉGLISE DE FRIBOURG EN BRISGAW. 12 LISTE Total des listes précédentes. MM.Sauveur, vicaire général ...... ..2,825 fr. 60 с. de Quimper. 6 »» Keraudy, vicaire général J. Houdement, curé de 3 »» de Quimper. 6 »» Destaigne, curé de Me- Roussille, prêtre (Dordo- 5 »» Tatigné, curé de Seiches dacteur de la Gazette SOUSCRIPTIONS RECUEILLIES PAR LA Gazette de Flandre et d'Artois. MM. Victor de Carrière, ré de Flandre et d'Artois. 5 »» De Vogelsang.. 5 »» 5 »» AFFAIRES D'ORIENT CIRCULAIRE DE M. LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES Le Moniteur publie ce matin une pièce très-importante. C'est une circulaire que M. le ministre des affaires étrangères a adressée, le 30 décembre dernier, aux diverses légations de France: Les affaires d'Orient, dit le ministre, prennent une tournure trop grave pour que je ne veuille pas, au moment même où les circonstances imposent de nouveaux devoirs au gouvernement de Sa Majesté Impériale, vous rappeler les efforts que nous n'avons cessé de faire dans le but de prévenir les complications dont l'Europe est si sérieusement menacée. Après avoir rappelé les événements qui se sont succédé depuis la mission du prince Mentschikoff, la circulaire établit que, à partir du moment où les forces russes ont passé le Pruth, les escadres française et anglaise étaient en droit de franchir les Dardanelles, et même de pénétrer dans la mer Noire, aucun traité conclu avec la Russie n'interdisant à nos vaisseaux de guerre la navigation de cette mer. « Le traité du 13 juillet 1841, ajoute-t-il, en fermant, en temps de paix, les passages des Dardanelles et du Bosphore, réservait au sultan la faculté de les ouvrir en temps de guerre, et, du jour où Sa Hautesse nous avait laissé le libre accès des détroits, celui de l'Euxin nous était légalement acquis. >>> M. le ministre, après avoir remarqué que cependant les escadres combinées sont restées dans la rade de Beïcos par les mêmes motifs qui les avaient longtemps retenues dans la rade de Bésika, arrive à l'affaire de Sinope, au sujet de laquelle il s'exprime ainsi : « L'état de guerre rendait, sans doute, une collision possible sur mer comme sur terre entre les parties belligérantes; mais nous avions été autorisés à croire que notre réserve serait imitée par la Russie, et que ses amiraux éviteraient avec le même soin que les nôtres les occasions d'une rencontre, en s'abstenant de procéder à des mesures d'agression dans des limites où, si nous avions pu supposer le cabinet de Saint-Pétersbourg animé d'intentions différentes, notre escadre aurait certainement exercé une surveillance plus active. « L'événement de Sinope, monsieur ....., s'est donc produit en dehors de toutes nos prévisions, et ce fait déplorable modifie également l'attitude que nous aurions désiré garder. << M. le comte de Nesselrode, il y a quelques mois, représentait comme une compensation nécessaire à ce qu'il appelait dès lors notre occupation maritime l'envahissement des principautés du Danube. A notre tour, monsieur ....., nous croyons qu'il est devenu indispensable de mesurer nous-mêmes l'étendue de la compensation à laquelle nous donnent droit et notre titre de puissance intéressée à l'existence de la Turquie et les positions militaires déjà prises par l'armée russe. Il nous faut un gage qui nous assure le rétablissement de la paix en Orient à des conditions qui ne changent pas la distribution des forces respectives des grands Etats de l'Europe. |