cation et à leur entretien, en les plaçant, soit dans un ouvroir confié aux Filles de la Charité, situé impasse de Conflans, no 6, à Conflans, près Charenton-le-Pont (banlieue), soit en apprentissage, pour qu'elles puissent, par des états honnêtes, se sauver des dangers de la misère et soutenir leurs parents. Une polémique d'un intérêt considérable pour tous ceux qui s'occupent de philosophie et de sciences va être engagée dans la Revue médicale. M. le docteur Teissier a publié dans le journal l'Univers plusieurs articles sur les réformes à introduire dans l'enseignement de la médecine. M. Teissier reproche à cet enseignement d'être fondé sur le matérialisme; il demande le retour aux doctrines spiritualistes, et en particulier à la tradition hippocratique. Mais, après avoir posé ces prémisses excellentes, il s'élève contre une formule soutenue et défendue depuis plusieurs années par le savant professeur Cayol, directeur de la Revue médicale. M. Cayol avait adressé à l'Univers une lettre dans laquelle, après avoir contesté l'explication de M. Teissier, il lui offre dans son journal une discussion approfondie. L'Univers a refusé l'insertion de la lettre; mais il annonce que M. Teissier acceptera la polémique. On connaît la science, le talent et l'esprit de M. le docteur Cayol. La question, d'ailleurs, est grave et elle touche, non pas seulement à des points médicaux, mais à la philosophie la plus élevée. Ce sera un enseignement très-curieux à recueillir que cette polémique. Nous tiendrons nos lecteurs au courant de ses résultats. H. RANG. OUVERTURE DU COURS D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE. Les cours particuliers de la Faculté de théologie de Paris ont commencé mardi à midi et demi. M. l'abbé Lavigerie, docteur ès-lettres, professeur suppléant d'histoire ecclésiastique, a inauguré, au milieu d'un nombreux auditoire, le nouvel amphithéâtre affecté aux cours de la Faculté. M. le doyen de la Faculté, qui travaille avec tant de zèle à sa restauration, a introduit le nouveau professeur, et M. l'abbé Jager, qui a longtemps occupé cette chaire, a bien voulu assister à la première leçon de son jeune suppléant. Son début a été simple, modeste, sérieux. L'enseignement théologique doit être grave, et le professeur qui le donne animé d'une conviction sincère et d'un profond respect pour les grandes vérités qu'il expose ou qu'il défend. Nous félicitons M. l'abbé Lavigerie de l'avoir compris et de s'être posé dès l'abord avec une dignité qui sied si bien à sa mission. L'histoire de l'école chrétienne d'Alexandrie qu'il a choisie pour sujet de ses leçons est pleine d'intérêt et d'actualité. C'est en effet dans cette école que le rationalisme moderne est allé chercher les armes les plus puissantes dont il ait fait usage. contre le christianisme; c'est là qu'il place son origine et son berceau et qu'il nous le montre sortant péniblement et pièce à pièce de la fusion des doctrines orientales et de la philosophie grecque. Il y a sur une pareille matière bien des faits à rétablir et des erreurs à dissiper. M. l'abbé Lavigerie ne pouvait se proposer une tâche plus utile. Il eût été naturel, dans une première leçon, de s'étendre sur des considérations personnelles, ou de demeurer dans des pensées générales, vagues, communes et insaisissables. M. l'abbé Lavigerie a su éviter ces défauts. Il est entré franchement en matière et il a développé ces deux pensées: « Que furent, en général, les écoles chrétiennes aux premiers siècles? Que fut, en particulier, l'école chrétienne d'Alexandrie? >>> Nous nous bornerons à signaler quelques passages. L'opposition qu'a signalée le jeune professeur entre le sacerdoce païen et le sacerdoce chrétien, dans leur conduite respective à l'égard de la science, nous a paru vraie et frappante. Après avoir rempli l'univers de leurs fables, les prêtres des faux dieux s'étaient renfermés dans leurs sanctuaires pour conserver auprès de leurs idoles des traditions impures ou sauvages, protégés contre les regards des profanes par l'obscurité des mystères. Dans les écoles de grammairiens et de sophistes où les jeunes Grecs venaient se former à l'éloquence et à la philosophie, nous n'apercevons nulle part l'influence de la Religion ou la présence de ses ministres... Mais à peine le sacerdoce chrétien a-t-il paru sur la terre, qu'on le vit s'élancer dans les écoles savantes de la Grèce et de l'Asie, et prendre d'une main victorieuse la défense de la vérité. Ce dut être un étonnant spectacle pour le monde païen, accoutumé à la stupide inertie de ses pontifes, que celui de ces prètres chrétiens enseignant, non plus dans l'ombre des sanctuaires, mais, comme on le vit dans les écoles savantes de Rome et d'Antioche, d'Alexandrie et de Césarée, à la lumièra du soleil, cette loi nouvelle qu'ils offraient au respect des hommes, cherchant le grand jour avec autant de soin que le sacerdoce ancien en mettait ă se réfugier dans l'ombre, bravant pour annoncer leurs doctrines les menaces et les glaives mêmes des persécuteurs, appelant autour de leurs chaires errantes d'asile en asile, comme le dit Origène, les contradictions des philosophes, et protestant ainsi, autant que le pouvaient des persécutés, contre le despotisme que le sacerdoce païen faisait peser sur cette pensée humaine qui devait retrouver enfin dans la religion du Fils de Dieu, à la fois son développement le plus sublime et son indépendance la plus assurée. Mais il ne faut point exagérer les effets de cette activité intel lectuelle. Elle s'exerçait sur la révélation, elle en pénétrait la doctrine et la réduisait en science; mais elle ne créa aucun dogme, elle n'ajouta et ne retrancha aucun article aw symbole catholique. On a dit que les Pères des premiers siècles, et en particulier ceux de l'école d'Alexandrie, ont non-seulement éclairé mais fondé la doctrine Chrétienne, et qu'ainsi ce ne fut qu'après avoir conquis le monde que le christianisme fixa et rendit immuable le dogme qu'il avait enrichi de toutes les vérités de la philosophie antique. On a conelu naturellement de des prémisses que le christianisme, péniblement élaboré dans les écoles des premiers siècles, imposé à une foule crédule ou à des disciples obéissants par quelques théologiens philosophes, à qui l'on accorde du génie, est un pur synchrétisme de doctrines humaines, et ne doit le respect dont il est entouré qu'à la simplicité des hommes et à cette antiquité qui dépose sur les événements et sur les doctrines une sorte de poudre vénérable, que dans notre aveuglement nous avons prise sur le front du christianisme pour l'auréole de la divinité.... Une telle opinion n'a de fondement ni dans l'histoire ni dans les idées... L'erreur des rationalistes modernes vient tout entière de ce qu'ils n'ont pas distingué dans l'enseignement des Pères d'Alexandrie deux éléments qu'il faut se garder de confondre, les données de la foi et le développement de ces données premières pour les constituer en science. Or, suivant les Docteurs d'Alexandrie, le premier de ces éléments est immuable, le second seul progresse et se perfectionne à mesure que l'intelligence humaine se pénètre davantage de la lumière divine dont la foi l'a rendu dépositaire. : M. le professeur a déterminé avec beaucoup de clarté et de précision la position de l'école d'Alexandrie. Placée entre deux erreurs opposées, elle combattit également l'une et l'autre : l'une qui relègue le christianisme du domaine de l'intelligence dans le domaine du sentiment, qui le réduit à quelques formes extérieures du culte plus ou moins indifférentes ou accessoires dans la vie humaine et disparaissant à mesure que la lumière se fait par la philosophie; l'autre qui lui assigne pour fin non de réparer la ruine de la raison et de la perfectionner en l'élevant a un ordre de vérités plus sublimes, mais d'en tenir la place. Deux excès également funestes qui conduisent par deux voies oppo-sées au même abîme. Ce n'était pas ainsi que ces grands hommes entendaient le christianisme. Ils ont dit et enseigné que la religion peut être prouvée, discutée, éclairée par la lumière naturelle de la raison, et que le premier devoir du chrétien est de développer en lui par le travail de l'intelligence ces vérités divines qu'il tient de la révélation directe du ciel. Prétendre que l'intelligence humaine n'a rien à faire dans la religion, c'est dire que la religion n'est point falte pour l'homme, puisque sa faculté la plus noble, celle qui le rend l'image de Dieu, qui le constitue être humain, sa raison, en un mot, devrait y rester complétement étrangère. Cette erreur était celle d'un certain nombre defidèles des premiers siècles, et elle fait dire à Clément d'Alexandrie ces nobles paroles: « Nous craignons, dites-vous, que la raison ne nous égare, mais si votre foi, car je n'ose pas dire votre science, est assez débile pour que les raisonnements humains puissent la renverser, eh bien, qu'elle tombe et que les chrétiens confessent par leur chute qu'ils ne possèdent pas la vérité. Mais si l'erreur qui ne donne le caractère de vérité qu'aux lumières de l'ordre naturel, détruit par là même la religion en la reléguant dans le domaine du sentiment, celle qui place le principe de toutes les vérités dans la révélation surnaturelle n'est pas, comme le prouvent les docteurs d'Alexandrie, moins funeste à la foi. Nier l'autorité de la raison humaine dans l'or dre naturel, dire que l'homme même dans l'état actuel ne peut par ces seules forces connaître aucune vérité, ni arriver à aucun bien; nier par une conséquence nécessaire l'existence du vrai, du beau et du bien en dehors de la révélation chrétienne, condamner absolument au nom de cette doctrine, la philosophie, la littérature et les arts, voilà les dernières conséquences d'un système que l'Église a justement condamné dans Luther le père du protestantisme, dans Baïus le père du jansénisme, et plus récemment encore dans un homme qui, après avoir été la gloire du clergé de France, est devenu l'objet de sa douleur et de sa honte, mais dont le nom doit être protégé par la tombe qui vient de recevoir ses cendres de prêtre comme des cendres profanes. » Ce simple exposé fait voir l'intérêt et l'importance de l'étude que M. l'abbé Lavigerie s'est proposé de faire cette année. En somme, ce début a ouvert d'une manière très-heureuse la carrière utile et brillante que M. Lavigerie nous semble destiné à fournir. L'auditoire était trè très-nombreux, et plus d'une fois de vifs applaudissements ont interrompu le jeune professeur. Sa parole est facile, pure, élégante et toujours de bon goût; rien d'affecté, rien qui sollicite un applaudissement, rien qui montre le professeur plus occupé de lui-même que de son sujet; sa marche est assurée, sa méthode claire, simple et naturelle; les pensées s'enchaînent sans efforts: la première prépare la se conde et la seconde complète la première. Nous ne doutons done pas que M. l'abbé Lavigerie ne remplisse avec succès la mission qui lui a été confiée, qu'il ne rende d'utiles services à la science ecclésiastique et qu'il ne fasse aimer l'Eglise en apprenant à la mieux connaître. L'abbé F. HUGONIN. - Magasin spécial de Thés de choix, à prix très-modérés; Chocolat fabriqué à froid. Maison Caron, 8, rue de la Bourse. PARIS, 91 « L'un des Propriétaires-Gérant, CHARLES DE RIANCEY. MARDI 14 MARS 1854. L'AMI DE LA RELIGION (N° 5657.) NOUVELLES RELIGIEUSES D'ANGLETERRE ENQUÊTE SUR LES COUVENTS. - MOTION CHAMBERS. ARTICLE DE L'Evening ARTICLE DU Times. LETTRES DU Freeman. - AMENDEMENT BOWYER. I L'adoption par la Chambre des Communes de la motion de M. Chambers, demandant une enquête sur les couvents, a douloureusement affecté les Catholiques d'Angleterre, et elle leur cause de vives inquiétudes. Ils y voient surtout un symptôme fort grave des dispositions hostiles de l'opinion publique contre l'Eglise. Quelques-uns d'entre eux, il est vrai, ne partagent pas ces craintes; ils se rassurent en comparant l'enquête sur les couvents qui vient d'être votée par la Chambre des Communes à l'enquête sur le collége de Maynooth ordonnée par le gouvernement dans la dernière session. Nous craignons qu'ils ne se fassent illusion. Il y a en effet entre ces deux mesures une différence qui ne permet pas de les assimiler et de juger des résultats de l'une par les effets de l'autre. En vertu de la motion de M. Chambers, un comité devrait être nommé, non pas par la Couronne, mais par la Chambre des Communes. Ce comité, dans tout ce qui se rapporte à sa mission, aurait un pouvoir souverain, et l'on peut dire illimité. Il pourrait faire comparaître devant lui tous les sujets de la Reine, les obliger à prêter serment et recevoir leurs dépositions. Il pourrait faire arrêter et emprisonner les contrevenants, et leur infliger des peines. Une commission royale, au contraire, telle que celle qui poursuit en ce moment une enquête sur le séminaire de Maynooth, est nommée par la Couronne. Elle agit sous les inspirations du ministère; elle ne peut pas enjoindre et exiger le serment ni forcer les témoins à répondre à sa sommation. Dans la conjoncture présente, la commission d'enquête sur le collége de Maynooth a été nommée par lord Aberdeen avec les meilleures intentions du monde et sans autre but que d'apaiser la clameur publique. Quant au comité Chambers, il serait loin d'avoir ce caractère de conciliation et de bienveillance. M. Chambers joue en Angleterre le rôle que M. Isambert affectait de prendre à la Chambre des Députés sous le gouvernement de Juillet. Il est le représentant des rancunes anti-catholiques et anti-monacales, et le succès de sa mission est dù tout entier à la réaction croissante que nous avons signalée en Angleterre L'AMI DE LA RELIGION - T. CLXIII. 31 |