outrage la sainteté de Dieu, toute espèce de superstition. Qu'on n'entende plus parler parmi vous de ces tentatives pour évoquer les morts et pour consulter les esprits au moyen de ces tables tournantes. Craignez de tomber dans les piéges de Satan, en cherchant à avoir des communications avec les esprits par de semblables moyens, et d'entrer en commerce réel avec les anges de ténèbres, en voulant vous entretenir avec les âmes des morts. Craignez qu'en punition de votre témérité Dieu ne vous abandonne aux illusions du démon. Eh! ce juste châtiment ne serait-il pas déjà commencé parmi nous? N'a-t-on pas cru entendre, auprès de quelques-unes de ces tables de divination, comme des blasphèmes, des impiétés et des obscénítés? Les prétendues réponses de ces tables n'ont-elles pas aussi porté atteinte à l'honneur des personnes? Enfin la main de Dieu ne paraît-elle pas s'être appesantie aussi chez nous, sur quelques-uns qui ont perdu la raison pour avoir ajouté foi aux réponses de ces esprits? Gardez-vous donc de provoquer davantage la colère de ce Dieu jaloux, par ces dangereuses expériences qui vous conduiraient visiblement à de coupables rapports avec son ennemi et le vôtre. Souvenez-vous que vous avez renoncé à Satan, à toutes ses œuvres et à tout commerce avec lui; que, par le Baptême, vous êtes devenus enfants de Dieu, enfants de lumière et membres de Jésus-Christ. Point de société donc entre les enfants de Dieu et Satan; point de société entre les enfants de lumière et le prince des ténèbres; point de société entre Jésus-Christ et Bélial (1). - Vous êtes à Dieu; il est votre créateur, votre rédempteur, votre père, votre unique maître, votre lumière, votre souverain bien. N'ayez aussi de foi qu'en lui, n'espérez qu'en lui, n'aimez que lui, n'adorez que lui seul, ne cherchez que lui seul et tenez-vous attachés à lui seul. Jésus-Christ est votre unique Seigneur qui vous a rachetés à un grand prix, qui vous appelle à partager son royaume (2); ne servez donc que lui, et que Satan n'ait aucune part en vous. A ces causes, le Saint Nom de Dieu invoqué, et après avoir rappelé les ordonnances et les menaces de sa loi sainte contre tous ceux qui s'abandonnent à la superstition, nous avons réglé et ordonné, réglons et ordonnons ce qui suit: 10 1° Nous renouvelons les défenses de l'Eglise contre les pratiques superstitieuses; 12° Nous défendons, comme une pratique superstitieuse, de faire tourner ou frapper les tables, ou d'autres objets, dans l'intention d'évoquer les morts ou les esprits, de les consulter ou d'avoir quelque communication avec eux; 3o Nous recommandons à tous de s'abstenir totalement, à l'avenir, de l'expérience des tables tournantes, faite même uniquement par jeu et par amusement, comme n'étant pas sans danger pour les faibles, qui pourraient être induits, par là, dans la superstition. 1. Sera, la présente Lettre pastorale, publiée au prone de toutes les églises dans lesquelles se fait l'office public, et en chapitre dans toutes les Communautés religieuses, le premier dimanche, ou jour de fête, après sa réception. Donné à Québec, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contre(1) II Cor. 6, 14 et 15. (2) I Thess. 2,12. seing de notre secrétaire, le jour de la fête du Saint-Nom de Jésus mil huit cent cinquante-quatre. + P. F., Archevêque de Québec. Edmond LANGEVIN, prêt., secrétaire. Par Monseigneur, AFFAIRES D'ORIENT On sait que, jusqu'à présent, la politique de la Prusse dans la question orientale ne s'était pas dessinée nettement. Une dépêche télégraphique de Berlin rapporte en ces termes la réponse faite par M. de Manteuffel à des interpellations qui lui avaient été adressées dans la Chambre : Le gouvernement fera prochainement des communications à la Chambre. Elle verra qu'il n'a pas dévié de sa politique. Les flottes qui entrent dans la Baltique appartiennent à des puissances avec lesquelles la Prusse vit en paix et bonne intelligence. (Applaudissements.) D'autre part, on a reçu par la télégraphie privée (Havas) la dépêche suivante : Un article de la Correspondance autrichienne, du 12 mars, déclare que les craintes que l'on semble avoir d'une divergence de conduite de la Prusse dans les affaires d'Orient n'ont aucun fondement. Les intérêts de cette puissance étant identiquement les mêmes que ceux de l'Autriche et de l'Allemagne, le cabinet de Berlin ne peut donc point cesser de marcher d'accord avec le cabinet de Vienne. On a acquis la certitude que le 16 février les Russes ont fait une démonstration contre Kalafat; mais que, comprenant l'impossibilité d'enlever par un coup de main des ouvrages fortifiés avec tant de soin, ils se sont retirés, ne laissant que 3,000 hommes devant la place. Leur position était, du reste, très-pénible. Les immenses plaines qui entourent leur camp sont entièrement défoncées et presque impraticables pour l'artillerie. Nous lisons dans la Gazette de Cologne que la population valaque émigre en masse afin de se soustraire aux mauvais traitements et aux exactions des Russes. S'il est vrai, comme l'annoncent les dernières dépêches des provinces danubiennes, que le général Gorischakoff soit en ce moment fort malade à Bucharest, on comprend aisément l'espèce de trève qui semble régner entre les deux armées. Le Moniteur de la Flotte donne, d'après une lettre de Kiel, 1er mars, des détails pleins d'intérêt sur les dispositions que le gouvernement russe prend à Cronstadt, sur divers autres points du golfe de Finlande et dans le golfe de Bothnie. L'armement des forts de Cronstadt va être augmenté de plusieurs batteries rasantes; en outre, la garnison recevra un renfort de 12,000 hommes pris dans la garde impériale. La 1" division de la flotte de la Baltique va être portée de 27 à 28 vaisseaux. L'amirauté russe a donné l'ordre de construire à Vyborg, Abo et Sweaborg, 200 chaloupes canonnières. Trois vaisseaux mixtes de 80 саnons, le Vyborg, le Constantin et l'Orel viennent d'entrer en armement. Une lettre particulière de Saint-Pétersbourg, datée du 1er mars, nous apprend que l'empereur était allé la veille visiter les travaux de Cronstadt, accompagné de son fils le grand-duc héritier. Si l'on veut avoir un spécimen du style que prennent les journaux russes pour exalter le patriotisme des populations, qu'on lise ces lignes, publiées par l'Abeille, de Saint-Pétersbourg : « Que voulez-vous, rois et peuples de la terre? Pourquoi levez-vous contre la Russie le glaive et le bouclier? Pourquoi ébranlez-vous la paix de la terre? Pourquoi rassemblez-vous vos vaisseaux sur l'Océan ? Pourquoi, de tous les points de l'univers, les peuples courent-ils au combat? Ces menaces s'adressent-elles à la Russie? Sachez que le roc battu par la tempête redresse plus fièrement sa tête à l'approche des vagues. N'était-ce pas vous, peuples et souverains, qui nous chantiez des hymnes de reconnaissance quand, mettant fin aux luttes sanglantes de l'Europe, nous jetions sur le roc solitaire de l'Océan la couronne du géant Napoléon? Et maintenant, vous vous tournez contre nous, quand vous-devriez combattre pour la chrétienté. Vous ne voyez donc pas, aveuglés que vous êtes par votre avarice et votre avidité de marchands, la honte et l'opprobre qui pèsent sur les Lieux-Saints? Nous voulions, la croix à la main, porter la paix aux fils de Jérusalem, et voilà que vous assistez Mahomet contre nous, les défenseurs de la Croix. Eh bien! nous verrons à qui Dieu donnera la victoire; qui, de vous ou de nous, aura sa force confondue. Vous assistez le turban dans une cause inique. Nous nous tenons fermes sur les marches de la croix, et nous jetons un regard plein d'espoir sur le Christ crucifié. » On continue à se préoccuper beaucoup, à Constantinople, de l'insurrection grecque. La Porte ottomane paraît décidée à demander compte au gouvernement d'Athènes de sa conduite dans cette affaire. Ainsi, M. le comte Metaxa, ministre de Grèce à Constantinople, a été mis en demeure par Reschid-Pacha de fournir, dans un délai fixé, tous les éléments de preuve tendant à démontrer que son gouvernement non-seulement est resté étranger à l'insurrection, mais encore a fait tous ses efforts pour la comprimer. L'armée qui va opérer en Epire, contre les révoltés, se montera à un effectif de 10,000 hommes; elle a pour commandants Hussein-Pacha et Zeynel-Pacha. L'Univers parle en ces termes d'un hatti-schériff qui a fait beaucoup de bruit à Constantinople: L'événement de la décade est la publication d'un hatti-schériff impérial qui annonce les fiançailles de quatre filles du sultan avec les fils d'Abbas-Pacha d'Egypte, de ReschidPacha, d'Ahmet-Féthi-Pacha et de Méhémet-Ali-Pacha. La sensation que cette nouvelle a produite, non-seulement sur le corps diplomatique, mais sur toutes les classes de la population, a été des plus pénibles, et on pensait, à Constantinople, qu'elle causerait la mème impression en Europe. Elle est propre, en effet, à donner une fâcheuse idée du désintéressement et du patriotisme des ministres turės. 1 n'avait d'abord été question que du mariage de la fille ainée du sultan avec le fils de Reschid, Ali-Ghalib. Mais cette princesse, ardemment convoitée par les trois autres personnages nommés plus haut pour leurs fils respectifs, avait fini par devenir entre eux une véritable pomme de discorde, à cause de l'accroissement d'influence que donne toujours une pareille allianze à ceux qui en sont jugés dignes. En apprenant, il y a quelques jours, de la bouche même de son maitre, que son choix Ctait définitivement tombé sur le fils de Reschid, Méhémet-Ali-Pacha représenta vivement au Sultan l'inopportunité d'une détermination pareille dans les circonstances actuelles. << Sire, lui aurait-il dit, nous célébrons en ce moment sur le Danube et en Asie des « noces qui nous content beaucoup de sang et d'argent: vous devriez remettre la célé«bration de celles de votre fille à un moment plus favorable aux fêtes et aux festins * joyeux. Le lendemain, Méhémet-Ali perdait son poste de séraskier et Risa-Pacha était nommé à sa place. Mais le Sultan ne tarda pas à se repentir de cette rigueur, et, craignant le ressentiment de son fougueux beau-frère, il lui fit faire dès le surlendemain des avances, par l'organe de son premier chambellan, avances qui furent repoassées avec dédain par le fier Méhémet-Ali. Il fit répondre à son impérial parent qu'aussi longtemps que Reschid resterait au ministère, il lui serait impossible d'y rentrer avec quelque titre et dignité que ce fùt. Abdul-Medjid, pour désarmer le courroux de son beau-frère, concilier toutes les prétentions, se délivrer de l'inextricable réseau d'intrigues et de machinations incessantes que des ambitions rivales et insatiables ourdissent sans pudeur autour de lui, pour calmer enfin les inimitiés, ramener les apparences de la concorde entre les ministres, et recouvrer un peu de cette tranquillité qui lui est si chère, n'imagina rien de mieux que de satisfaire tout le monde, en donnant une de ses filles à chacun des prétendants, bien qu'elles soient à peine nubiles. L'aînée a quatorze ans. Voilà les grandes préoccupations des ministres turcs, voilà quels sont les objets de leurs premiers soucis et de leurs préoccupations les plus vives, au beau milieu d'une crise politique où est en jeu l'existence même de l'empire! Aussi ce fait a-t-il suscité de fâcheux commentaires même contre le Sultan. On s'étonne que lord Redcliffe n'ait pas fait entendre à cette occasion, auprès de Reschid et du Sultan lui-même, des paroles analogues à celles qu'il prononçait, il y a deux ans, dans le fameux discours qui fit tant de sensation à Constantinople et ailleurs. -Barrier. It paraît que les journaux anglais vont commencer la publication de nouveaux et curieux documents diplomatiques. Le Journal de Saint-Pétersbourg, pour embarrasser l'Angleterre, vient de parler d'anciennes négociations confidentielles entamées entre la Russie et l'Angleterre au sujet d'un partage de la Turquie. Le cabinet de Londres nie que les rapports diplomatiques entre les deux pays se soient jamais réunis sur ce terrain; et pour le prouver, il va publier les pièces échangées à cette époque entre les deux gouvernements. Il paraît, toutefois, que des ouvertures à ce sujet furent faites par la Russie, car le Times parle du refus indigné que le gouvernement leur opposa. L'Angleterre, ajoute le Times, déclara alors qu'elle ne pouvaît, sous quelque forme que ce fût, accueillir aucune proposition de nature à présupposer le démembrement d'un empire dont elle s'était fréquemment engagée à respecter et même à protéger l'intégrité. Le gouvernement britannique repoussait alors avec énergie tout changement dans le statu quo de la Turquie, comme étant une source de difficultés et de périls pour le monde, et a recommandé instamment à l'empereur de Russie de s'abstenir entièrement at scrupuleusement, dans les affaires de Turquie, de tonte intervention, qui serait nécessairement une source d'immenses dangers. L'armée française et l'armée anglaise seront sur le terrain en avril. On croit que les opérations actives des armées en Asie et en Europe ne commenceront que vers la fin d'avril. On annonce que les deux flottes mouillées à Constantinople vont entrer dans la mer Noire, on ne sait pour quelle opération. "Il est question d'envoyer de nouveaux vaisseaux dans le Levant, tirés de l'escadre de l'amiral Bruat. On cite l'Austerlitz, P' Léna et le Napoléon. F Mardi dernier, a eu lieu à Londres un banquet de 200 couverts, offert à sir Ch. Napier, le commandant en chef de la flotte de la Baltique. Il était présidé par lord Palmerston en personne, ayant à sa droite sir Ch. Napier et à sa gauche l'ambassadeur ottoman. A ce banquet se trouvaient le premier lord et plusieurs autres membres de l'amirauté anglaise et d'autres personnages de distinction, militaires la plupart de l'armée de terre et de l'armée de mer. L'amiral sir Charles Napier est considéré en Angleterre comme le marin le plus intrépide qui existe. On lui donne la plupart des qualités de Nelson, et l'on croit qu'il est capable d'acquérir bientôt autant de gloire que ce grand marin. DERNIÈRES NOUVELLES. On écrit de Berlin au Morning-Post que le roi de Prusse à adressé d'énergiques remontrances à la cour de Saint-Pétersbourg contre la propagation de l'insurrection grecque. «M. de Budberg, dit cette correspondance, a donné des explications pacifiques; mais il n'est plus douteux que la Russie favorise le mouvement. » On écrit de Constantinople, le 26 février, à la Gazette de Co togne: Deux bataillons de Nizam ont été débarqués à Salonique, et, lorsqu'il y aura 4,000 hommes avee trois batteries montées, ce corps, conduit par Yamik-Pacha, marchera contre les insurgés pour voler au secours du pacha de Janina. En même temps, d'autres troupes turques se rendront de Vola à Larisse. Le cher des imburgés, l'ex-lieutenant Grivas, défend encora le défilé de l'Epire. Karaiskakis a tenté quatre fois de prendre d'assaut la citadelle d'Arta, mais chaque fois il a été repoussé avec perte par la gar nison turque. M. Metaxa, ministre de la Grèce auprès de la Sublime-Porte, s'est rendu chez Reschid-Pacha immédiatement après avoir reçu la nouvelle que le juré au nom de tot été insulté à Alle gouvernement grec était totalement ministre turc avait été insulté à Athènes. Il lui a fait des excuses et lui a étranger à ce tous les saints que le eschid-Pacha, après l'avoir écouté, dit : « Je vous demande événement ce que le gouvernement grec a fait pour prévenir ce qui s'est passé. » M. Metaxa a gardé le silence. |