romaine dans les diocèses de la province où elle n'était pas en vigueur. Le Souverain-Pontife heureusement régnant a aussi manifesté son intention à ce sujet, en diverses occasions, et en particulier dans la dernière Encyclique adressée à tous les Evêques de France. Si nous avons différé jusqu'ici, N. T.-C. Coopérateurs, de nous occuper de cette grave mesure, c'est qu'on ne peut, dans l'administration d'un diocèse, tout faire à la fois. Vous connaissez les importants objets qui ont absorbé notre sollicitude depuis que nous sommes au milieu de vous. Nous tenons à la maxime qu'il convient d'achever une œuvre et d'en assurer le succès avant d'en commencer une autre. Si on voulait conduire de front plusieurs entreprises, on s'exposerait à produire une fâcheuse confusion, et à laisser bien des choses inachevées ou mal assises. Le temps est venu, N. T.-C. Coopérateurs, de préparer les voies au changement que nous voulons introduire dans nos usages liturgiques. Nous avons nommé une commission de prêtres chargée de recueillir et de mettre en ordre le Propre des offices particuliers au diocèse. Nous espérons, quand ce travail sera terminé, pouvoir le présenter nous-même à l'approbation du Souverain-Pontife, en même temps que nous lui rendrons compte de notre administration, ce que nous ferons avec joie dès que nos affaires nous permettront d'entreprendre un nouveau voyage à la ville sainte. En attendant, les prêtres de notre diocèse et les fabriques feront bien de ne plus acheter des livres d'église selon le rite viennois, qui leur deviendraient inutiles dans la suite. Cependant il convient que rien ne soit changé dans la célébration des offices, soit en particulier, soit en public, jusqu'à la promulgation de notre ordonnance, qui règlera cette matière et fera connaître les éditions des livres liturgiques que nous aurons approuvées. Plusieurs d'entre vous, N. T.-C. Coopérateurs, qui ont déjà vieilli dans les travaux du sacerdoce, envisageront peut-être ce changement avec un certain sentiment de peine, parce qu'il en coûte toujours de rompre avec les habitudes de toute la vie. Ceux-là ne doivent pas s'exagérer la difficulté qu'ils auront à vaincre. Ne croyez pas qu'il existe de bien grandes différences, quant à la forme, entre la liturgie romaine et celle que vous avez suivie jusqu'ici. L'ordre des prières dans la récitation du bréviaire et dans la célébration de la messe est le même dans les deux rites, et les variantes dans les rubriques sont très-rares. Lorsque, en arrivant parmi vous, il nous fallut faire usage du bréviaire viennois, au lieu du romain que nous avions récité pendant quinze ans, l'expérience de quelques jours suffit pour faire disparaître tout ce qu'il y a de pénible dans la transition. Il n'est pas nécessaire de vous dire, N. T.-C. Coopérateurs, que l'adoption de la liturgie romaine n'implique point, dans notre esprit, une pensée de blâme envers nos vénérables prédécesseurs qui suivirent un rite différent. Il serait injuste de juger ce qui s'est fait en d'autres temps selon nos impressions d'aujourd'hui et les nouvelles lumières que l'expérience nous a apportées. Nous avons appris d'ailleurs le respect à la grande école de l'Eglise, et ce sentiment, quand il s'agit d'apprécier les actes de ceux qui furent nos pères dans la foi, nous commande de ne point mettre en doute la pureté de leurs intentions, alors même que la différence des situations nous fait tenir une conduite contraire. Mais, si nous sommes pénétrés d'une juste vénération pour la mémoire de ces saints Evêques qui ont si bien mérité de la Religion, c'est pour nous un devoir plus impérieux encore de nous montrer sincèrement dévoués et soumis au Pasteur suprême à qui Jésus-Christ a confié le gouvernement de son Eglise. Or, nous ne pouvons en douter, le désir du SaintSiége est que nous renoncions à notre rite particulier pour embrasser la liturgie en usage dans l'Eglise de Rome et dans la plupart des Eglises d'Occident. L'unité liturgique peut n'être pas d'une très-grande importance dans l'intérêt de la Religion. Les Souverains-Pontifes regardent la variété des rites comme un ornement de l'Epouse de Jésus-Christ; ils ont même jugé que cette diversité, quand elle est approuvée par l'Eglise romaine, peut être utile, en ce qu'elle s'accommode plus facilement aux habitudes et aux mœurs des différentes nations chrétiennes (1). Mais ce qui importe beaucoup, ce qui importe souverainement, c'est que l'Autorité suprême soit respectée et obéie, et qu'il ne soit jamais porté la moindre atteinte à ce grand principe qui fait toute la force de l'Eglise. Il est vrai que, dans la question présente, l'Autorité exhorte plutôt qu'elle ne commande; mais c'est précisément cette modération dans la puissance, ce tempérament paternel qui la porte à ne pas user de son droit dans toute sa rigueur, dont nous sommes vivement touché, et qui nous presse d'accomplir avec amour ses désirs comme s'ils étaient des ordres. Les vrais enfants de l'Eglise ne doivent jamais discuter les commandements ni les vœux de la Puissance souveraine. Placée au-dessus de nous, elle voit l'ensemble des choses, lorsque nous n'apercevons qu'un seul point; assistée de la lumière d'en haut, sa prévoyance s'étend dans l'avenir, tandis que nos vues courtes et incertaines sont circonscrites dans les bornes du temps présent. L'obéissance simple, filiale, qui s'abandonne avec une pleine confiance à la sagesse du Père commun et suprême Pasteur de nos âmes, doit être facile et douce au cœur du chrétien fidèle. Nous voulons toujours vous en donner l'exemple, assuré que la docilité parfaite envers le Saint-Siége apostolique attire les bénédictions du Ciel et préserve de toutes les erreurs. Recevez, nos très-chers Coopérateurs, l'assurance de notre sincère et affectueux attachement. † J. HIPPOLYTE, évêque de Viviers. Viviers, le jour de l'Annonciation de la très-sainte Vierge, 25 mars 1854. SANCTIFICATION DU DIMANCHE La Gazette du Midi publie la lettre suivante de Mgr l'Evêque de Marseille. Cette lettre a été lue en chaire à l'assemblée générale des membres de l'Association formée dans cette ville pour la défense de la religion catholique, réunis successivement le 29 mars et le 7 avril dans l'église de la Trinité: (1) Noverant (Summi Pontifices) immaculatam Christi sponsam mira quadam varietate distingui, quæ non officiat unitati, Ecclesiam scilicet nullis regionum terminis definitam omnes complecti populos, nationes, gentes, quæ fidei unitate, et consensione coalescant, diverse licet moribus, linguis ac ritibus, quos tamen omnium mater et magistra Romana probarit Ecclesia. - Alloc. Pii IX, in consistorio secreto, 19 decemb. 1853. Aux membres de l'Association pour la défense de la religion catholique. Lorsque, il y a un an, nous accordions à votre pieuse Association le privilége de l'érection canonique, nous étions consolé d'avance par la pensée que vos efforts réunis pourraient opposer une barrière au déplorable envahissement des fléaux spirituels dont s'afflige si justement la religion dans notre ville, nous voulons parler de l'affreuse contagion du blasphème, si répandu aujourd'hui, et plus particulièrement encore de la profanation du saint jour du dimanche. C'est, en effet, dans ces tristes époques où l'esprit du mal redouble ses efforts pour engager les peuples dans les voies mauvaises, qu'il convient à des chrétiens de tourner les forces de leur zèle vers la défense des points que l'impiété dispute publiquement à la foi. Et puisque, par le malheur des temps, le travail du dimanche, la vente publique, l'ouverture des magasins à pareils jours tendent à prendre des proportions de plus en plus lamentables, puisque les honnêtes marchands qui voudraient rester fidèles à la loi de Dieu se trouvent atteints dans leurs intérêts les plus légitimes par l'aveugle obstination d'une concurrence impie, nous ne saurions qu'applaudir à l'heureuse pensée qui fait la base de votre association, et par suite de laquelle, appelant l'honneur au secours de la foi, et usant du droit incontestable de tout acheteur, vous vous engagez non-seulement à donner vous-même l'exemple de l'observation du repos du dimanche, mais vous promettez encore votre préférence aux industries chrétiennes qui observent fidèlement le jour du Seigneur. Continuez vos nobles efforts, et puisse votre association se développer et s'accroître toujours davantage. Il n'y aurait pas de vendeurs s'il n'y avait pas d'acheteurs, il y a longtemps que cette parole a été dite, et le scandale de l'étalage public et de la vente publique accuse peut-être bien moins la cupidité des uns que la déplorable facilité des autres. Pourquoi donc la prudence des enfants de lumière serait-elle vaincue par la prudence des enfants du siècle? Le monde ne soutient-il pas les slens? Pourquoi les acheteurs chrétiens ne soutiendraient-ils pas de préference les industries chrétiennes? Déjà cette idée commence à rallier autour d'elle, en divers points de la France, les hommes de bonne volonté. Des associations se forment partout pour en procurer l'accomplissement. Un recueil périodique que nous recommandons à votre attention, et qui se publie depuis peu à Paris sous le titre de l'Observateur du dimanche, la propage et la développe avec une louable énergie et une rare sagacité. Puissent les catholiques de Marseille se hâter d'apporter leur active coopération à cette conquête tant désirée et travailler ainsi, en s'opposant au progrès du mal, à écarter de nous les traits de la justice de Dieu et à nous attirer ses miséricordes ! Tel est notre vœu le plus ardent, et nous profitons de la solennité de votre assemblée générale pour vous la communiquer dans l'effusion de notre cœur, accordant en même temps à chacun de vous notre bénédiction pastorale. +CHARLES-JOSEPH-EUGÈNE, Evêque de Marseille. Un des plus savants et des plus vénérables Chanoines de l'insigne primatiale de Lyon, ancien professeur de théologie, M. l'abbé Cattet, a récemment publié un excellent livré inti tulé : La vérité de l'Eglise démontrée. Cet ouvrage est un arsenal des meilleures preuves qui peuvent servir à la défense du Christianisme et à la propagation de la foi. Nous reviendrons prochainement sur cette remarquable publication. Charles DE RIANCEY. NOUVELLES RELIGIEUSES FRANCE. - DIOCÈSE DE PARIS. - Les obsèques de M. l'abbé Gay, qui avait été, le 11 de ce mois, victime d'un effroyable guet-apens, ont eu lieu le 18 dans la chapelle de l'hôpital La Riboisière. Le chapitre de SaintDenis tout entier y assistait. C'est le doyen qui a officié. - Les obsèques du respectable curé de Saint-Nicolas-des-Champs,, M. l'abbé Frasey, ont été célébrées jeudi, 6 avril, avec la plus grande solennité. C'était dans toute la paroisse comme un deuil de famille. Dès le matin, une foule considérable remplissait les abords de l'église, dont les vastes nefs étaient devenues trop étroites. Un grand nombre de prêtres du diocèse entouraient le catafalque. On avait élevé dans le chœur un trône pour Mgr l'Archevêque, qui a fait la levée du corps et a assisté à toute la cérémonie, accompagné de ses grands-vicaires. M. l'abbé Buquet a officié. Les principaux curés de Paris s'étaient fait honneur de se partager les fonctions de diacres, sous-diacres et de chantres. Dans cette élite du sacerdoce que rassemblaient les funérailles du vénérable doyen, nous avons remarqué MM. les curés de la Madeleine, de Saint-Eustache, de SaintMerry, de Saint-Roch, de Saint-Etienne-du-Mont, de Saint-Jacques-duHaut-Pas, de Sainte-Elisabeth, de Sainte-Marguerite, de Saint-Germainl'Auxerrois, de l'Abbaye-au-Bois, des Missions-Etrangères, etc., etc. La messe de Requiem, de Dietsch, a été exécutée avec beaucoup d'ensemble par un concours d'artistes distingués, sous l'habile direction de M. Rivet. Mgr l'Archevêque de Paris a fait l'absoute. Le corps, devant être déposé dans un caveau de l'église, a été auparavant porté sur le char funèbre dans les rues qui avoisinent l'église. Le cortége, composé du clergé, des membres de la fabrique, du bureau de bienfaisance, des écoles, des Sœurs, des Frères, des différentes confréries, des pauvres et de personnes de toutes les classes de la société, a suivi, dans le plus grand ordre, les rues SaintMartin, Chapon, du Temple, Phelippeaux, Réaumur, etc. Partout, dans ce quartier si populeux, au milieu de la foule quí se pressait sur son passage, il ne rencontrait qu'un religieux silence et des témoignages de respect. Pas un front qui ne fût découvert; hommes et femmes s'agenouillaient devant les restes vénérés de leur pasteur qui les visitait pour la dernière fois. La cérémonie s'est accomplie tout entière au milieu d'un profond recueillement, empruntant un caractère doublement touchant aux saintes pompes de l'Eglise et aux regrets reconnaissants de la population. DIOCESE DE MARSEILLE. - Le dimanche des Rameaux, à l'issue des vepres, une imposante cérémonie a eu lieu dans l'enceinte du Calvaire. C'est l'érection solennelle du nouveau chemin de la croix sur la plate-forme de la colline. Mgr l'Evêque, assisté de ses vicaires-généraux et des missionnaires oblats qui desservent l'église du Calvaire, s'est rendu processionnellement au pied de la Croix. Sa Grandeur était précédée des associations du Calvaire et de la confrérie des pénitents bleus dits de N.-D.-de-Pitié, spécialement convoquées. Après le chant du Veni Creator, le R. P. Aubert a rappelé à la foule les circonstances qui avaient amené la création du Calvaire de Marseille, et le maintien de la Croix dans les jours d'épreuves qui suivirent la révolution de 1830, quand notre population des vieux quartiers défendit énergiquement le signe du salut contre la violence, tandis que le chef actuel du diocèse, alors vicaire général, résistait à toutes les démarches et à toutes les instances qu'une prudence mal entendue inspirait à quelques hommes timides. L'orateur, après avoir parlé des améliorations successives que le Calvaire doit au respectable chanoine qui se dévoue avec tant de zèle à ce pieux monument, a développé l'objet spécial de la cérémonie et fait ressortir avec une parole expansive les avantages et les priviléges de cette commémoration touchante des souffrances du Sauveur : l'exercice de la via crucis. Cette allocution terminée, Mgr l'Evêque a béni solennellement et posé l'un après l'autre les quatorze bas-reliefs en bronze qui servent de sujet aux stations. Le Te Deum a été chanté ensuite et la cérémonie a fini par la bénédiction que Mgr a donnée, avec la relique de la vraie Croix, à la foule émue et recueillie. DIOCÈSE DE QUIMPER. - Mgr l'Evêque de Quimper vient d'adresser une lettre-circulaire aux prêtres de son diocèse pour leur annoncer qu'il est autorisé à ajouter à son titre épiscopal celui d'Evêque de Saint-Pol-deLéon. ESPAGNE. - Les fêtes de la Semaine Sainte et de Pâques à Séville ont, cette année, une pompe extraordinaire. On y accourt de toutes les parties de l'Espagne et notamment de Madrid. Divers membres du corps diplomatique y sont réunis; on cite parmi eux, les ministres plénipotentiaires d'Angleterre, lord Howden, ceux du Mexique et du Pérou. M. le duc de Montpensier y assiste également avec l'infante, ses filles, et ses royaux parents de France. La cour d'Espagne reste à Madrid, et fait à pied, suivant l'usage de la monarchie, la visite des églises le Jeudi-Saint. La belle église de Saint-Martin, à Salamanque, a été la proie des flammes dans la nuit du 5 de ce mois. SUISSE. - Nous apprenons la mort de M. l'abbé de Baudry, chanoine et vicaire général du diocèse d'Annecy, décédé dimanche, 1er avril, à Plainpalais, près Genève. Il a dû être enseveli dans sa terre d'Arthaz-Pont, près Annemasse (Savoie), où il a érigé une fondation. ASIE. M. l'abbé de Baudry avait publié plusieurs ouvrages sur saint François de Sales. Il possédait plusieurs volumes de lettres inédites de ce saint et d'autres documents qu'il a dû léguer aux sœurs de la Visitation d'Annecy. Il paraît à Singapore une nouvelle feuille sous le nom d'Echo catholique. Suivant la Gazette de Trieste, cette publication a pour fin spéciale de défendre les principes de la foi et les droits de juridiction du Saint-Siége contre les prétentions des schismatiques indo-portugais. Nous signalons, avec une vive satisfaction, ce fait nouveau, d'autant plus qu'en présence des organes salariés du schisme, il importait qu'il y eût une feuille véritablement catholique, pour réfuter leurs mensonges et |