ment, et celui qui dépenserait 400,000 francs à cette maind'œuvre aurait évidemment plusieurs millions de produit. Enfipy s'il faut en croire l'un des principaux promoteurs de la méthode, les frais ne dépasseraient pas, en moyenne, 50 centimes par hectolitre de vin recueilli. Ses calculs nous semblent parfaitement exacts; mais doublons, triplons, si l'on veut, la dépense: il n'en résultera encore qu'une perte minime comparativement au produit. La recette du brossage est donc, nous le répétons, la véritable solution du problème. Il faut remercier la Providence de tous ses dons, et la liste en est longue; or, en tête decelle-ci, à ce qu'il paraît, nous de vrons désormais inscrire la betterave. Cette racine avait déjà deux emplois importants: elle se transforme en sucre directe ment; puis, par voie indirecte, mais sûre, en lait, en beurre et en aloyaux; en d'autres termes, outre le sucre qu'on en tire, elle joue un rôle très-important dans Falimentation des bêtes à cornes. Mais son ambition ne s'arrêtait pas là. En présence de la maladie de la vigne, du déficit du vin qui en résulte, et, par suite, de la cherté correspondante des eaux-de-vie, la voilà qui s'avise de se transformer en alcool; et, de fait, cette nouvelle industrie, qui donne déjà des produits alcooliques très-abondants, d'excellente qualité, et avec un bon marché relatif, a transformé en distilleries un grand nombre de fabriques de su cre. Mais voilà encore que, enivrée par le succès, elle se prête à la fabrication du vin; et l'on annonce que, avec le concours de quelques éléments étrangers, elle a déjà fourni du vin de qualité passable. Je ne me refuse pas à croire ce singulier progrès; mais je suis d'une foi moins facile à l'égard du pain de betteraves, qu'on préconise également. La pomme de terre peut, sans trop d'encombre, se faufiler dans le pain de farine, avec laquelle sa fécule lui donne une grande analogie; mais, pour la pulpe de la betterave, il en est tout autrement: le mélange constituera une pâte quelconque, mais ce ne sera pas du pain. --- La chimie et l'industrie peut-être viennent de s'enrichir d'un nouveau métal, l'aluminium, dont le minerai n'est certes pas rare, puisqu'il est la base de l'argile et entre dans la composition de tous les sols. Ce métal avait déjà été entrevu, obtenu même, mais à l'état pulvérulent et en très-petite quantité, de telle sorte que ses propriétés n'avaient pu être étudiées. On vient de le produire par un procédé nouveau qui n'en réalise encore, à la vérité, que des échantillons, mais tels, néanmoins, qu'on a pu l'étudier en règle; on l'a fondu, laminé, filé, traité sous toutes les formes; on lui a reconnu des propriétés importantes qu'on peut résumer en disant que c'est une nouvelle espèce d'argent qui réunit toutes les qualités de l'argent ordinaire, et qui ne s'en distingue que par une singulière légèreté spécifique, puisqu'il pèse quatre fois moins, et à peu près autant que le verre et la plupart des pierres. Si, comme on l'espère, on parvient à l'obtenir en quantité plus considérable et à moindres frais de manipulations chimiques, ce sera toute une révolution industrielle qui s'opèrera à son profit; l'aluminium pourra bien détrôner l'argent et usurper sur ce métal l'honneur de se produire sous forme de cuillers et de pièces de 5 franes. - Enfin, voici une conquête de la science plus merveilleuse encore et plus profitable à l'humanité. Avec l'éther et le chloroforme, surtout, on engourdit les gens, comme on sait, et si bien, que, pendant l'espèce de sommeil dans lequel on les plonge, on peut les tailler, scalper, disséquer, sans qu'ils s'en aperçoivent. Mais cet engourdissement total de l'individu a ses inconvénients et ses dangers. Or, on vient de découvrir la possibilité de restreindre l'action du chloroforme aux organes malades; d'habiles praticiens de Paris ont rendu insensibles les points du corps qui devaient subir une opération chirurgicale, si bien qu'ils l'ont pratiquée sur des individus bien éveillés, qui assistaient en pleine conscience, mais sans aucune sensation pénible, au travail du fer qui s'exerçait sur leurs plaies. Ce sont les dentistes, surtout, qui préconisent cette merveilleuse découverte, et on peut les croire, car ces messieurs ne sont plus.... des arracheurs de dents. Ln. DESDOVITS. Nous recommandons à nos lecteurs la Manufacture de vitraux peints de MM. Oudinot et Harpignies, rue du Regard, no 12. Les travaux de ces deux artistes sont surtout recommandables par la modicité de leur prix, et ne laissent rien à désirer au point de vue de l'iconographie chrétienne. (Voir aux Annonces.) L'un des Propriétaires-Gérant, CHARLES DE RIANCEY. PARIS. DE SOYE ET BOUCHET, IMPRIMEURS, 2, PLACE DU PANTHEON. MARDI 4 AVRIL 1854. (N° 5666.) L'AMI DE LA RELIGION SUR QUELLES BASES LE GOUVERNEMENT BADOIS ENTEND NÉGOCIER LA PAIX AVEC L'ÉGLISE 1. Quand désespérant de voir le conflit badois s'apaiser, tant que le ministère de Carlsruhe serait chargé de traiter avec l'archevêque de Fribourg, nous mettions toute notre confiance dans le seul bon sens du prince régent du grand-duché, nous avions parfaitement raison. Le cabinet Wechmar s'obstine, avec une opiniâtreté inouie dans sa politique odieuse contre l'Eglise catholique. Il s'est dit, dès le principe, qu'il ne céderait rien de ce qu'il se figure être les droits de suzeraineté de l'Etat sur l'Eglise, et c'est d'après cet idéal arbitraire, qu'il juge toutes les questions à résoudre et toutes les demandes de l'épiscopat. Le droit historique est-il au moins pour quelque chose dans cette jurisprudence singulière? Absit. Les ministres badois trouvent trop commode de procéder à priori, suivant l'usage de tous les gouvernements hostiles à la liberté de l'Eglise D'un seul coup, l'on est ainsi débarrassé de tout ce droit écrit, de toutes ces traditions qui gènent la politique du moment. Le ministère qui précéda celui de M. Wechmar, pratiquait déjà ce système si sommaire et si complaisant. « N'examinons pas, disait M. de Mar<schall, ancien président du conseil, à l'archevêque de Fribourg, < n'examinons pas le droit existant, mais contentons-nous de juger • toutes choses au point de vue du bien de l'Etat et de l'Eglise. » L'on comprend à quoi un pareil priucipe doit nécessairement conduire tout gouvernement; mais quelle confusion effroyable ne devait-il pas produire, et dans les idées et dans les faits, en un pays à la tète duquel se trouve un gouvernement protestant, imbu des théories protestantes et où les doctrines joséphistes avaient jeté de si profondes et si puissantes racines, et s'étaient, en quelque sorte, incarnées dans ces hommes-machines qui ont nom bureaucrates? Interprétée par l'état protestant et joséphiste, l'utilité de l'Etat et de l'Eglise fut entendue et définie de telle manière, que l'Etat fut en réalité maître absolu et souverain, s'ingérant en tout et s'occupant de tout, sous prétexte d'une nécessaire tutelle, et que l'Eglise fut littéralement réduite en servitude. Sous la pression de circonstances difficiles et à cause du malheur des temps, cela dura jusqu'à ce que l'Eglise, nouvelle Rachel inconsolable de la perte de ses enfants, poussa enfin le cri de sa maternelle douleur, et demanda L'AMI DE LA RELIGION - T. CLXIV. 2 compte, à ses oppresseurs et aux injustes ravisseurs, de ses droits sacrés. Nous l'avons entendu, ce cri puissant poussé, au nom de l'Eglise notre mère, par l'octogénaire archevêque de Fribourg. Il a eu un long retentissement dans tous les pays du monde catholique, et même il n'est point de voix impartiale et généreuse qui n'ait prononcé l'éloze du confesseur admirable defendant, avec une si héroïque constance, l'indépendance de la puissance spirituelle, cette dernière liberté au milieu durmar frage de tant d'autres. L'épiscopat catholique a été, en quelque sorte, unanime à proclamer sa solidarité étroite avec la cause du métropolitain de la province du Haut Rhin. Pas un, seul évêque français n'a manqué cette nouvelle occasion de manifes ter son inviolable et profond attachement aux saints canons de l'Eglise, et à tous les droits protecteurs de sa précieuse berté. • Cette unanimité complète a été remarquée en Allemagne, et déjà, à plusieurs reprises, nous avons pu voir, avee quelle piense reconnaissance le vénérable archevêque de Fribourg parte de cette éclatante et si consolante démonstration de la charité d'une église-sœur, de notre noble et catholique France (1). Ce 'est pas tout. Le 19 décembre de l'année dernière, le SaintPère, dans une Allocution mémorable, a fait entendre, à son tour, sa voix souveraine, et prononcé son jugement dans la cause du métropolitain de Fribourg. Ce jngement suprême fut celui qu'on attendait. La conduite de Mgr Hermann de Vicari reçut lés éloges du chef et pasteur de l'Eglise universelle. Ainsi, par lé fait même, une décision en quelque sorte acuménique, ratifiait et confirmait la justice de toutes les demandes de l'épiscopat du Haut-Rhin, et déclarait saints et légitimes, les actes de résistance et de fermeté épiscopale de ce nouvel Athanase. Il y avait là de quoi faire réfléchir un gouvernement capable d'oublier et d'apprendre. Déjà nous avons mentionné, par fragments, les principales phases de la marche du conflit depuis lors. Un coup d'œil d'ensemble et quelques nouveaux détails capables d'éclairer sur le véritable esprit qui anima le ministère badois dans les récentes négociations tendant à conclure un interim avec l'archevêque de Fribourg, se trouveront ici, cel semble, à leur place. C'est, en quelque sorte, la répétition du récit biblique où le Pharaon d'Egypte, pressé par les avertis sements et les menaces de Moïse, refuse, promet, accorde et retire successivement les concessions et droits réclamés par le prophète au nom de Jéhovah. (1) Lettre de Mgr l'archevêque de Fribourg aux rédacteurs de l'Ami de la Religion Le gouvernement badois s'arrêtera-t'il avant d'avoir lassé là patience de Dieu? L'on se rappelle la réunion des Chambres badoises, le discours du prince-régent et l'intervention, par voie de bons offires, de la part de l'Autriche; l'attitude de la presse indépendante dans l'Allemagne; le jugement de l'Europe, l'adhésion de l'Episcopat de la Catholicité presque entière, à laquelle vint se joindre, vers la fin de décembre dernier, le poids immense de l'Alfocu tion papale; tontes ces causes réunies déterminèrent le gouvernement à entamer avec l'Archevêque des négociations pour une pacification provisoire, jusqu'à conclusion définitive d'un traité entre l'Etat et le Saint-Siége. L'Eglise catholique aime la paix, et elle ne craint point de s'imposer tous les sacrifices compatibles avec son devoir et sa dignité pour recouvrer ce bien inestimable. L'Archevêque de Fribourg se montra done empressé et conciliant, et it fit bon accueil aux ouvertures du gouvernement. Les premières négociations eurent Heu entre Mgr de Ketteler, évêque de Mayence, au nom de son métropolitain, et les ministère grand-ducal. La base d'arrangement proposé par Myr l'Evêque de Mayence fut d'abord, quien attendant la décision papale, les choses fussent mises sur le pied où ettes sont en Prusse. C'était aussi habile que juste et sage. On sauvait ainsi à la fois l'honneur du gouvernement et les droits épiscopaux, et Ion s'acheminait à la solation définitive du conflit. La proposi tion eût été acceptée avec empressement par'un gouvernement intelligent et qui cût voulu sérieusement obtenir le résultat pour lequel on négociaitu Celui de Bade n'eut ni assez de bon sens ni assez de justice pour la recevoir. Elle fut rejetée, et, dès lors, on pat prévoir l'issue de toutes les nouvelles tentatives. Pour s'entendre, il fallait une base commune, et le cabinet Wechmar n'en voulait pas d'autre que l'ancien statu quo, c'està-dire l'ancien esclavage de l'Eglise. Après le rejet de sa première proposition, Mgr de Ketteler demanda que le gouvernement badois révoquât du moins son ordonnance persécutrice da 7 novembre 1853, en annulat tous les effets, suspendit les fonctions du conseil supérieur ecclésiastique, et reconvût provisoirement les nominations et collations d'emplois et de cures faites par l'Archevêque. Celui-cis'était engagé, en retour, à ne plus faire d'acte de collation définitive avant la déci sion suprèine da Pape: L'éminent négociateur demandait d'ail lears que les négociations avec le Saint-Siége fussent commencées sans délai, et que le gouvernement s'obligeât, de son côté, d'avance, aussi bien que l'Archevêque, à accepter |