gleterre. La réponse du ministre donnerait à cette singulière anecdote quelque couleur de probabilité. J'ai l'honneur d'être votre tout dévoué serviteur, JEAN, Archevêque de Tuam. Cette lettre a paru dans plusieurs journaux d'Irlande avec tous les commentaires injustes et injurieux que l'esprit de parti peut inspirer à des écrivains trop accoutumés à ne respecter ni leurs adversaires, ni leurs lecteurs, ni eux-mêmes. Des raisons graves, parmi lesquelles nous ne comptons pas celles qui nous regardent personnellement, nous ont fait désirer de ne la point publier dans l'Univers. Mgr l'Archevêque de Tuam ayant insisté, a bien voulu nous autoriser à y joindre nos observations. Les voici, aussi succinctes que possible. La lettre de Mgr l'Archevêque de Tuam reproduit le paragraphe qui concerne le vénérable Prélat dans l'article qui a été, suivant nous, l'occasion plutôt que le motif de sa réclamation. Nous prions le lecteur de vouloir bien le relire et de se rappeler aussi les rectifications faites dans notre numéro du 22 mai (1). (1) Nous reproduisons ici cet article: « La grande manifestation qui vient d'avoir lieu à Dublin nous a appris que la Déclaration catholique, que nous avons publiée il y a peu de jours, a obtenu l'adhésion unanime de l'Irlande. « L'Episcopat, qui se compose de vingt-neuf membres, en compte vingt-huit qui ont adhéré à la Déclaration : depuis que l'Univers a publié ce document, trois des Evêques dont les noms manquaient parmi les signataires se sont joints à leurs collègues. Mgr l'Archevêque de Tuam, le seul des Prélats qui n'ait pas signé, déclare, ce dont aucun Catholique ne pouvait douter, que, sur le point en question, il est parfaitement d'accord avec ses vénérables collègues. En remarquant que le nom de Mgr Mac-Hale ne se trouvait pas parmi ceux des signataires de la Déclaration, nous avions voulu prévenir les fausses interprétations dont ce fait pouvait être l'occasion, et c'est pourquoi, après avoir eu soin do fairo observer que les signataires, afin d'écarter tout prétexte de récrimination de la part des adversaires de l'Eglise, s'étaient conformés aux prescriptions de la loi votée après l'établissement de la hiérarchie d'Angleterre, en ne prenant pas les titres de leurs siéges, nous ajoutions; • Cette circonstance est vraisemblablement la cause qui a empêché Mgr Mac-Hale de ⚫ signer avec ses collègues; car, même depuis la promulgation de la loi contre les titres « épiscopaux, ce vénérable Prélat n'a jamais cessé, en donnant sa signature, d'ajouter à * son nom: Archevêque de Tuam. » « Il eût été inutile de répéter que, sur le fond même de la question des couvents, il ne pouvait y avoir aucune dissidence entre Mgr l'Archevêque de Tuam et ses collègues. Nos lecteurs avaient d'ailleurs appris par le digne Prélat lui-même quels étaient à ce sujet ses sentiments; car il a protesté contre l'enquête dans une lettre publiée dans l'Univers, pour exprimer ses sympathies au vénérable Archevêque de Fribourg. • Nous regrettons que nos paroles aient été mal comprises par Mgr l'Archevêque de Tuam et qu'il ait cru y voir, ainsi que cela résulte d'une lettre publiée par les journaux de Dublin et qu'il nous a fait l'honneur de nous adresser, des insinuations tout à fait contraires à l'esprit qui nous les avaient inspirées. « Ces lignes constatent un fait que nous ne nous permettions pas de juger, et si nous avons émis notre opinion sur la cause qui vraisemblablement avait empêché Mgr MacHale de signer, nous avons la conscience de l'avoir fait en termes qui ne blessaient ni les convenances, ni le respect dus à un Archevêque; tout lecteur français nous rendra sur ce point pleine et entière justice. Aussi croyons-nous pouvoir nous contenter de dire que les rédacteurs de l'Univers ne contresignent les insinuations de qui que ce soit, surtout quand il s'agit d'insinuations qui pourraient être dirigées contre un prince de l'Eglise. L'auteur de l'article en question n'a reçu ses inspirations de personne, et les réflexions Il résulte de la lettre même de Mgr l'Archevêque de Tuam qu'il a bien réellement refusé, comme l'a dit l'Univers, de signer la déclaration catholique, à laquelle ont adhéré vingt-huit membres de l'épiscopat. Quant aux motifs de cette abstention, le vénérable prélat se borne à dire que l'auteur de l'article ne les a point connus. Nous nous permettrons de faire observer qu'au moins ceux qu'il a indiqués n'avaient rien d'invraisemblable, et que l'on ne pouvait guère s'attendre qu'ils paraîtraient offensants. Aucune intention de ce genre n'était dans l'intention de l'écrivain; aucune pensée de ce genre n'a pu venir à l'esprit du lecteur. Ce n'est pas assurément contre l'Univers que Mgr l'Archevêque de Tuam défend le droit d'user de son titre épiscopal. Au moment même où il nous écrivait, nous combattions la fausse opinion d'un journal qui s'était permis de critiquer l'emploi de ces titres La lettre de Mgr Hac-Hale apprécie certaines démarches de l'épiscopat d'Irlande auprès du gouvernement; elle blâme avec amertume la conduite des députés catholiques d'Irlande et les accuse d'avoir trahi leurs serments les « plus sacrés; » elle diminue un document approuvé et signé par tous les Evêques, revu et corrigé de la main de Mgr l'Archevêque de Dublin, primat d'Irlande et légat du Saint-Siége: c'est là le caractère essentiel de cette lettre, et c'est là aussi ce qui nous avait fait souhaiter ardemment de ne pas lui donner notre publicité. Sa Grandeur invoque des pièces reproduites dans l'Univers pour prouver que les Evêques d'Irlande signent en prenant les titres de leurs siéges. Nous avons constaté qu'ils s'étaient abstenus de les prendre en signant la Déclaration. Les exemples cités (qui s'appliquent aux lettres adressées par ces prélats à Mgr l'Archevêque de Fribourg) n'infirment pas ce point de fait. L'événement n'a pas confirmé l'opinion de Mgr l'Archevêque de Tuam sur le peu d'importance des pétitions publiques, quel que soit le nombre des signatures qui les couvrent. La motion contre les couvents a été retirée après la manifestation dont la Déclaration catholique a été l'expression et le témoignage. Sa Grandeur signale l'ignorance de notre collaborateur, parce que ceJui-ci a vu, dans cette solennelle Déclaration, l'expression des sentiments de l'Irlande. L'erreur pourra paraître excusable si l'on veut se rappeler, comme nous avons eu occasion de le dire, que la Déclaration a été signée dont il a accompagné la publication du document se sont présentées naturellement à son esprit en remarquant l'absence du nom de l'Archevêque de Tuam. Mgr Mac-Hale nous fait espérer qu'il fera connaître plus tard les puissants motifs qui l'ont déterminé à ne pas ⚫ signer le document. Nous nous empresserons de les rendre publics aussitôt que ce Prélat jugera opportun de s'expliquer. • Sur un point de fait, nous avons commis une erreur que nous rectifions: les trois Evêques qui, par suite de circonstances particulières, n'ont pu signer la Déclaration qu'après leurs collègues, appartiennent à trois provinces différentes, et non pas tous trois, comme nous l'avions présumé, à la province de Tuam; Mgr Mac-Hale le constate, afin que personne ne puisse croire qu'il ait cherché le moins du monde à influencer ses suffragants. « Nous regrettons vivement de voir un Prélat aussi éminent que Mgr l'Archevêque de Tuam ne pas approuver nos appréciations sur la situation des partis en Irlande, et nous nous empresserions de nous rendre à son autorité, si sur ces questions il ne se trouvait en dissentiment avec ses vénérables collègues. - Jules Gondon. » par tous les Archevêques et Evêques; par 10 pairs, 34 membres du Parlement; par la presque totalité du clergé, par plus de cent mille catholiques. En résumé, notre collaborateur, cherchant à rendre compte des motifs qu'a eus Mgr l'Arthevêque de Tuam pour ne pas signer une déclaration acceptée dès lors par la presque totalité, et depuis par l'unanimité de ses collègues, a cru les trouver dans l'inébranlable résolution que le vénérable Archevêque a manifestée souvent, de prendre partout et toujours le titre glorieux qu'il tient de Dieu et du Saint-Siége. Voilà toute son erreur et toute son offense. Pour ce seul fait, on lui attribue (et à nous en même temps, puisque nous sommes responsable de tout ce qui s'imprime dans le journal dont nous avons la direction) des sentiments contre lesquels protestent tous ses travaux et tous nos efforts depuis quinze ans. Assurément, depuis quinze ans, l'Univers, grâce surtout à la collaboration de M. Jules Gondon, a servi avec zèle et avec cœur la cause de l'Irlande catholique. Les commentaires dont la lettre de Mgr l'Archevêque de Tuam a été l'occasion, trahissent un oubli bien prompt d'un dévouement si éprouvé. Les sentiments où ce dévouement prend sa source n'en recevront aucune atteinte, et nous avons le droit ne pas laisser croire qu'ils aient pu faiblir un seul instant. - Louis Veuillot. Chaque jour de nouvelles déclarations viennent servir de témoignage aux services rendus à l'humanité depuis trente ans par la graine de moutarde blanche. L'efficacité de ce remède ne peut être niée par personne. En lisant l'ouvrage publié par le docteur Cooke, célèbre praticien anglais, sur ses propriétés, on comprend facilement le bien-être que l'on doit en éprouver. Les maladies du sang, les mauvaises digestions, les gastrites, la constipation, et en général les maladies internes de la peau ne résistent pas à son emploi convenablement fait. Toutes les personnes qui en ont fait usage se chargent de sa propagation dans l'intérêt de tous. Didier, galerie d'Orléans, 32. - Graine, 2 fr. le kil. - Ouvrage, 1 fr. et 1 fr. 25 c. franco. L'un des Propriétaires-Gérant, CHARLES DE RIANCEY. PARIS. DE SOYE ET BOUCHET, IMPRIMEURS, 2, PLACE DU PANTHEON. MARDI 27 JUIN 1854. L'AMI DE LA RELIGION (N° 5702.) ESSAI PHILOSOPHIQUE SUR LES DROITS DE LA RAISON EN RÉPONSE AU P. CHASTEL, A SES PARTISANS ET A SES ADVERSAIRES, PAR L'ABBÉ CH. BERTON, VICAIRE A LA CATHÉDRALE D'AMIENS. I Nous ne venons point défendre contre ce livre la doctrine du P. Chastel: elle est connue de nos lecteurs. La doctrine de ce savant et courageux écrivain est la doctrine ancienne, constamment autorisée dans les écoles catholiques. Tout son effort est de continuer les traditions de son illustre Compagnie et de maintenir l'ancienne philosophie contre les nouveautés de l'école traditionaliste, renouvelées aujourd'hui avec plus d'impétuosité que jamais. Or, M. l'abbé Berton, vicaire à la cathédrale d'Amiens, se donne ouvertement comme appartenant à cette école, dont quelques-uns avaient d'abord osé nier l'existence. Le jeune auteur a non-seulement le courage de ses propres opinions, mais il constate en ces termes l'accord et l'action incessante de l'école philosophique à laquelle il se glorifie d'appartenir : Ce sont là, dit-il en parlant de certaines divergencés parmi les traditionalistes, ce sont là, pour ainsi dire, des questions de famille sur lesquelles nous, adversaires du P. Chastel, nous pouvons nous diviser sans cesser de former une école unie et compacte. Il y a plus: dans celles des questions de famille qui sont relatives au fait de la révélation, si quelquesuns des nôtres peuvent tomber dans l'erreur, nos adversaires, en revanche, peuvent reconnaître et adopter la vérité; et c'est ainsi que nous avons vu l'hypothèse de l'homme créé parlant, que nous croyons vraie, rejetée par M. Bonnetty, avec qui nous sommes d'accord quant au fond. (p. 268). M. Berton est donc un représentant du traditionalisme. Mais, venu le dernier, il profite des lumières apportées dans cette question par la polémique, et il se garde bien d'épouser toutes les prétentions par trop excessives de ses devanciers. C'est ainsi qu'il s'efforce de faire sentir leurs torts à quelques esprits beaucoup plus intraitables, avec lesquels, cependant, il est d'accord quant au fond. Il formule donc pour son propre compte un traditionalisme mitigé, le plus mitigé qu'il peut, et le mieux à l'abri des coups que le système a pu recevoir dans la mêlée. : Eh bien, c'est ce traditionalisme posthume, adouci, amoindri; c'est cette forme modeste et réduite sous laquelle on voudrait, en désespoir de cause, faire accepter, faire excuser du moins, le traditionalisme, que nous entreprenons d'examiner dans le livre de M. Berton. Nous verrons que le système mitigé est en L'AMI DE LA RELIGION - T. CLXIV. 38 core le système; et que, si l'on est contraint d'abandonner les forts trop avancés, trop risqués, on prétend néanmoins toujours conserver la place. II Le point de départ de tous les traditionalistes et leur principe commun pour établir que l'homme reçoit tout de la tradition, est l'impossibilité où il se trouve de penser sans la parole ou l'enseignement de la société. Or, M. l'abbé Berton, dont le style n'est pas toujours facile ni la pensée très-nette, se montre ici très-formel, très-clair et très-explicite. Voici comment il se pose : Rappelons bien d'abord l'état de la question. Nous ne disons pas que, sans l'enseignement, la raison ne puisse avoir un pressentiment confus des idées métaphysiques et des vérités morales; nous n'examinons pas cette question, qui nous paraît oiseuse. Ce que nous déclarons impossible, ce n'est pas non plus une connaissance pleine et entière, car alors nos adversaires seraient d'accord avec nous. Nous parlons d'une connaissance explicite, actuele, proprement dite, quel que soit d'ailleurs le degré. Nous avons dit aussi que notre assertion ne s'applique nullement aux idées des choses sensibles, ni aux vérités métaphysiques qui pourraient se déduire de celles que l'on connaît déjà. Quant à la nécessité d'un enseignement par la parole, nous l'entendons non-seulement d'une nécessité morale, mais d'une nécessité tellement absolue que pas un seul homme ne puisse y échapper. En parlant de nécessité absolue, nous ne disons pas que Dieu n'eût pu faire en sorte que l'enseignement eût été inutile; nous disons seulement que, d'après les lois qu'il a jugé à propos d'établir, aucun homme ne peut, à moins d'un miracle, acquérir, sans un secours social, les idées métaphysiques et les vérités religieuses. (P. 252. Voir encore les p. 22, 23, 36, 45, 46, 47, 64, 245, 250.) Avant d'aller plus loin, nous invitons M. Berton et toute son école à lire la réfutation de ce principe erroné, dans la Civiltà cattolica du 20 mai dernier. Cette réfutation se trouve dans l'article intitulé Della parola et notamment aux SS III et Iv dont nous traduisons simplement le titre: Il est faux que la parole soit nécessaire pour quelque idée réflexe que ce soit. - Il est faux que la parole soit nécessaire pour le premier développement des idées religieuses et morales. L'école traditionaliste a souvent invoqué en sa faveur l'autorité de la revue romaine. Nous sommes porté à croire qu'elle ne l'osera plus à l'avenir. III Mais comment M. Berton prouve-t-il son dogme fondamental, pivot de toute la doctrine traditionaliste? Nous trouvons dans son petit livre beaucoup d'affirmations; nous y cherchons en vain des preuves. L'idée ne s'acquiert, dit-il, et ne se conserve qu'au moyen du mot, parce que, dans l'état présent de l'existence humaine, il y a une liaison aussi |