être séparé de la nation, parce qu'il est la partie intégrante d'un tout par lequel et pour lequel seul il existe. M. Target concilia les opinions au moyen d'une transposition. है « Les gardes nationales prêteront le serment d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout leur pouvoir, sur la réquisition des corps administratifs etmunicipaux, la constitution du royaume». Cette nouvelle rédaction fut adoptée. 8,9, 11 janvier 1790. Ces trois séances furent consacrées à la discussion sur l'affaire de la chambre des vacations du parlement de Rennes. L'assemblée nationale avoit ordonné tous les tribunaux de transcrire sur leurs re gistres le décret du 3 novembre 1789, par lequel tous les parlemens du royaume ont été mis en vacation. Cette loi avoit été pu bliée, et la chambre des vacations du parlement de Rennes avoit oit refusé de l'enregistrer. Sur cette infraction manifeste à la loi, les membres composant cette chambre furent mandés à la barre (1); admis à se justi fier, ils persistèrent dans leur désobéissance. Parmi les membres qui énoncèrent leurs opi nions, les uns firent sentir combien la càn duite de la chambre des vacations étoit cou pable: les autres prirent sa défense. M. Desprémesnil prononça un discours dans lequel il fit longuement l'apologie des magistrats bretons. Il se résuma en disant que, comme individus, ces magistrats avoient purefuser de remplir des fonctions nouvelles, et que, comme corps, ils n'avoient pas représenté le peuple, mais ils avoient défendu la constitution à laquelle ils étoient attachés par leur serment. Mirabeau réfuta les argumens du préopinant avec le plus grand avantage, c'est dans son discours (1) que l'on reconnoîtra quelles ressources cet orateur trouvoit dans son imagination ardente, dans ses connoissances profondes, et dans son amour pour tout ce qui tient au bien public.. : (1) Il fut prononcé dans la séance du 9 janvier 1790. Aaa oreilles étoient frappées de ces mots que vous avez désappris aux François : ordres privilégiés; lorsqu'une corporation particu lière de l'une des provinces de cet empire vous parloit de l'impossibilité de consentir à l'exécution de vos décrets sanctionnés par le roi; lorsque des magistrats vous déclaroient que leur conscience et leur honneur leur défendent d'obéir à vos loix, je me disois: Sont-ce donc là des souverains détrônés, qui, dans un élan de fierté imprudente, mais généreuse, parlent à d'heureux usurpateurs? Non, ce sont des hommes dont les prétentions ont insulté long-temps à toute idée d'ordre social; c'est une section de ces corps qui, après s'être placés par eux-mêmes entre le monarque et les sujets pour asservir le peuple en dominant le prince, ont joué, menacé, trahi tour-àtour l'un et l'autre au gré de leurs vues ambitieuses, et retardé de plusieurs siècles le jour de la raison et de la liberté ; c'est enfin, une poignée de magistrats qui, sans caractère, sans titre, sans prétexte, vient de dire aux représentans du souverain : nous avons désobéi, et nous avons dû désobéir; nous avons désobéi, et notre rebel 1. 4 T lion nous será un titre de gloire; nous avons désobéi, et cette désobéissance honorera nos noms, la postérité nous en tiendra compte; notre résistance sera l'objet de son attendrissement et de son respect. >> Non Messieurs, le souvenir d'une telle démence ne passera pas à la postérité. Eh! que sont tous ces efforts de pygmées qui se roidissent pour faire avorter la plus belle, la plus grande des révolutions; celle qui changera infailliblement la face du globe, le sort de l'espèce humaine? Etrange présomption, qui veut arrêter dans sa course le développement de la liberté, et faire reculer les destinées d'une grande nation! Je voudrois qu'ils se disent à eux-mêmes, ces dissidens altiers: * Qui représentons - nous ? quel vœu, quel intérêt, quel pouvoir venons-nous opposer aux décrets de cette assemblée nationale qui a déjà terrassé tant de préjugés ennemis et de bras armés pour les défendre ? Quelles circonstances si favorables, quels auxiliaires si puissans nous inspirent tant de confiance ? Leurs auxiliaires Messieurs, je vais vous les nommer: cesont toutes les espérances odieuses auxquelles s'at , tache un parti défait; ce sont les préjugés qui restent à vaincre, les intérêts particu liers, ennemis de l'intérêt général ; ce sont les projets aussi criminels qu'insensés quo forment pour leur propre perte les ennemis de la révolution. Voilà, Messieurs, ce qu'on a prétendu par une démarche si audacieuse qu'elle en paroît absurde. Eh! sür quoi peut se fonder un tel espoir ? Où sont les griefs qu'ils peuvent produire? Viennent - ils, citoyens magnanimes d'une cité détruite ou désolée, ou généreux défenseurs de l'humanité souffrante, réclamer des droits violés ou méconnus ? Non, Messieurs; ceux qui se présentent à vous ne sont que les champions plus intéressés encore qu'audacieux d'un systême qui valut à la France deux cents ans d'oppression publique et particu lière, politique et fiscale, féodale et judi ciaire ....; et leur espérance est de faire revivre ou regretter ce système : espoir coupable, dont le ridicule est l'inévitable châ timent. • Oui, Messieurs, tel est le véritable point-de-vue du spectacle qu'ont offert ici les membres de la chambre des vacations de Rennes. Envain les soixante-six repré } |