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Il n'eft point ébloui des poftes éminens;
Rarement le mérite eft-il aux premiers rangs.

Oh! fi je poffédois le don de toucher l'ame,
Ce ftyle harmonieux qui l'éleve & l'enflâme,
Ce délire facré, germe fécond des vers;
Si j'avois ton génie & tes talens divers,
B***, je tenterois, en des chants pathétiques,
D'imiter de David les fublimes cantiques.

Que d'ame en fes Écrits! quels rapides accens! Quels objets! quels accords! quels tableaux plus touchans!

Comme il peint l'Éternel & fa magnificence;
Les traits de fa bonté, l'éclat de fa puiffance!

Àrmé de fa fureur, précédé de l'éclair,
Sur le char de la foudre il s'élance dans l'air;
Son tourbillon brûlant embrase les nuages;
Il vomit le tonnerre, enfante les orages,
Ebranle l'Univers, exhale le trépas;

Les rochers enflammés s'écrafent fous fes pas.
Son glaive foudroyant dans fa main étincelle;

Le foleil s'obfcurcit & la terre chancelle:

Les éclats de fa voix brifent les élémens;
Il deffeche les mers, & marche fur les vents.

Émules de Pindare, ah! pourquoi dans vos rimes
Ne les pas tranfporter, ces objets fi fublimes!
Par un rapide effor, fur des aîles de feu,
Volez, élancez-vous jufqu'au Trône de Dieu!
A ce Trône embrafé de fa gloire éclatante,
Qu'elle gronde en vos mains fa foudre étincelante!
C'est le Dieu tout-puiffant; l'Éternel eft fon nom:
Faites luire l'aurore & mugir l'aquilon.

La lurte eft fous vos pieds, votre front touche aux aftres;

Des Anges orgueilleux retracez les défaftres.
'Arrêtez dans les airs la marche du foleil;
Que les morts à vos cris fortent de leur fommeil.
Créez un nouveau monde, embelliffez fa face,
Que la terre fe peuple, & que le jour fe faffe
Irritez ou calmez les flots audacieux;
Commandez, osez tout, vous êtes dans les Cieux,
En parcourant de l'air les plaines inconnues,

Si je vous vois tomber, c'eft du plus haut des nues ;
La Harpe de David vous rendroit immortels :
Des Chantres du Très-Haut les vers font éternels.
Moyfe peint ce Dieu qui lance le tonnerre;
Des gouffres du cahos il fait fortir la terre:
L'Aftre du jour lui doit l'éclat de fes rayons;
Il enchaîne les mers, il ébranle les monts.
Tout s'anime, tout vit fous fa touche rapide;
C'eft fon cœur qui peint tout, c'eft le cœur qui le
guide,

Et dans fes vers pompeux brillent également
Les tableaux de l'efprit & ceux du fentiment.

Qu'aifément de confeils l'homme remplitun Livre!
Qui peut donner des loix, ne peut toujours les fuivre:
Le génie eft la regle & l'ame des talens ;
Qui n'eft pas né Poëte, à rimer perd fon temps.'

Tous ne peuvent chanter le Maître du tonnerre; Timides ermiffeaux, vous rampez sur la terre: Ce n'eft qu'aux aigles feuls, au vol audacieux, A fixer le foleil, & planer dans les Cieux,

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