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de cette remife. Les changemens dans les paroles en ont éxigé en plufieurs endroits dans le chant. La Scène des Fureurs, dont ils ont refait le récitatif, Eft incontestablement fort fupérieure à l'ancienne Mufique; & l'effet de cette Scène en eft garant.

Le Décore, (a) dans cette remife, en général n'a rien d'éclatant ni de remarquable; mais il eft convenable & fuffifant pour un Ouvrage intéreffant comme celui-ci, dont l'éxécution des rôles & les fecours brillans de la nouvelle Mufique des Divertiffemens, devoient faire la principale richeffe.

La critique qu'on a faite fur le реш d'effet des flots de la mer, au troifiéme Acte, de leurs cours dans une même direction & de la Machine qui porte l'OCEAN, paroît une querelle affez peu

(a) Ce mot paroîtra nouveau à bien des Lecteurs. La néceffité de l'expreffion l'a fait naître & s'accréditer parmi les Artiftes employés au Théâtre. Il comprend habits, décorations, machines, coëffures & généralement tout ce qui fert à la représentation dramatique. Quoiqu'il n'ait pas encore paflé dans la société, comme il manquoit dans la langue, & qu'il aura l'avantage des termes d'Art, qui deviennent familiers à mefure que les Arts s'étendent, nous nous en fervitons fans fcrupule.

fondée. L'OCEAN eft un Dieu qui ne paroît là qu'un moment pour rendre une espéce d'oracle. Il ne s'agit pas de donner l'image d'une tempête; c'est un fimple mouvement de flors. La machine qui porte & éleve ce Dieu, eft pittorefque dans fon aspect, bien peinte & bien compofée. Quelques pompeufes que foient les paroles qui l'annoncent, dans la vérité de l'action n'eft qu'une apparition fubite & rapide pour inftruire Thoas, & ce n'eft point Neptune donnant des loix à l'OCEAN lui-même ou venant étaler tout l'éclat de fa cour pour en impofer à la

Terre.

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On a continué les Jeudis d'après la S. Martin, les Fragmens que l'on donnoit auparavant, les jours ordinaires Opéra,

COMEDIE FRANÇOISE. LE fix Novembre on donna la premiere représentation d'Irène, Tragédie. Les applaudiffemens qu'excitérent les premiers Actes de cette Piéce, ne continrent pas des rumeurs dans la fuite, qui purent donner lieu de croire à ceux

qui ne jugent que fur parole, que cette Piéce étoit tombée. Ces rumeurs avoient pour prétexte ou pour fondement certains endroits, faciles à changer ou à fupprimer, & le défaut d'une action précife dans le coup de théâtre du dénoùment. En effet, à la deuxieme représentation on ne fit que fupprimer quelques vers, invertir quelques parties dans le fil des dernieres fcènes, & fur-tout exécuter le coup de théâtre dans la jufte précifion de fes temps. La même Piéce fut univerfellement applaudie, & prèfque perpétuellement. On demanda l'Auteur par les plus vives & les plus unanimes acclamations. Ce fuccès d'applaudiffemens s'eft conftamment foutenu à toutes les repréfentations fuivantes, jufques & compris la feptiéme, après laquelle elle fut redemandée très-vivement; mais elle n'en a pas moins été retirée au plus fort de ce fuccès, parce que la fanté chancelante de Mademoifelle CLAIRON fe trouva trop altérée alors, pour pouvoir continuer le rôle d'Irène, l'un des plus étendus & des plus forts qu'elle ait joués. On nommeroit ce rôle fon triomphe, fi elle avoit à en remporter d'autre que d'elle,fur elle-mêà chaque nouveau rôle qu'elle re

me,

préfente. Il ne faut pas diffimuler que le coup étant porté à la premiere repréfentation fur cette portion du Public qui ne court au Spectacle qu'en conféquence de la foule qu'il préfume y rencontrer, & non par aucun goût raisonné, cette Piéce a eu de la peine à rappeller le grand nombre. Ce qu'on abandonne on le condamne, & l'on cherche à le faire condamner. Irène a donc eu des ennemis. Nous allons mettre nos Lecteurs défintéreffés en état de prononcer entre eux & l'Auteur; en prévenant néanmoins que,furtout dans une Piéce dont l'intérêt eft l'objet principal, un fimple Extrait plaide bien défavantageufement la caufe de l'Ouvrage.

EXTRAIT D'IRÊNE,

Tragédie en cing Actes par M. BoisTEL, Tréforier de France au Bureau des Finances de la Généralité d'A

miens.

PERSONNAGES.

ACTEURS.

M. LE KAIN,

Mlle CLAIRON,

COMNENE, Empereur d'Orient,

IRENE, Epouse de Comnène,

CONSTANTIN, Fils de Comnène

& d'Iréne,

VODEMAR, Miniftre & Favori

de l'Empereur,

M. MOLL

M. BRISART.

FAUSTINE, Confidente d'Irène, Mlle PREVILLE

La Scène eft dans une Ifle déferte

L'Auteur paroît n'avoir emprunté de l'Hiftoire Byfantine que les noms des principaux Ferfonnages de fa Piéce, & peut-être le caractère d'un ALEXIS COMNENE, Empereur d'Orient, jaloux, foupçonneux & violent, mais ayant des vertus. Ce COMNENE avoit épousé une IRENE, mais elle n'a rien de commun avec celle de cette Tragédie. La fable en eft entierement d'imagination. Voici ce que l'on fuppofe avoir précédé l'inftant où commence le Drame.

Une IRENE, née felon cette fiction, d'un Souverain François, avoit été unie à COMNENE, Empereur d'Orient. VoDEMAR, Miniftre & favori de l'Empereur, dont il avoit furpris toute la confiance par le mafque des plus auftères vertus, ayant conçu un téméraire amour pour fa Souveraine, avoit ofé le lui déclarer. IRENE l'avoit accablé du poids

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