Si l'on ajoute le prix du bronze à raison de 309 274 TOTAL. 1726 185 francs. Dans la discussion il a été affirmé, d'après un renseignement donné par Hersant, garde des dépôts des marbres, que le granit de Cherbourg ne reviendrait à Paris, pour la construction, qu'à 1 fr.30 le pied cube, ce qui serait meilleur marché que la pierre de roche. Un des membres de la commission a calculé que 45 canons de 12 ou 27 pièces de 24 suffiraient pour toute la fonte du monument. Voilà, mon cher confrère, le résultat des conférences de la commission tel que votre mémoire vous les retracerait. Je vous prie de vouloir bien assurer Sa Majesté l'Empereur et Roi du zèle que la classe des BeauxArts mettra toujours aux travaux qu'elle ordonnera ou qui lui seront agréables et au plaisir particulier qu'elle prendrait aux monuments qui retraceraient sa gloire. Je me permets de vous rappeler à ce sujet le vœu que la classe a émis dans un précédent rapport pour que la statue de Sa Majesté couronnât la colonne projetée. Je vous renouvelle, mon cher confrère, l'assurance de mon attachement. Signé JOACHIM LEBRETON. Je viens d'adresser au Ministre de l'Intérieur un devis approximatif de ce que coûterait une colonne en bronze de la même dimension que la colonne de Trajan, c'est-à-dire 11 pieds de diamètre, et par sa hauteur débordant de 30 pieds les bâtiments de la place Vendôme. Ce devis a été fait par chaque membre d'une commission de la classe des Beaux-Arts de l'Institut, composée de deux architectes, deux sculpteurs, deux peintres, du Président, du Secrétaire perpétuel de ladite classe et de moi. Le travail fait particulièrement par chaque membre a été apporté aux séances, où chacun des mémoires et chacune de mes questions ont été discutés contradictoirement. On a obtenu pour résultat que ce monument coûterait 1 416 911 francs, la matière fournie par le gouvernement, et 1 726 185 francs en achetant la matière. J'ai d'autant plus foi dans ce résultat qu'il est le même que celui qui m'a été donné par un architecte particulier que j'avais autrefois consulté et celui que j'avais obtenu des recherches que j'avais faites de mon côté avec des experts. La pensée de l'Institut, qui est bien sûrement celle de la nation, est que nous n'avons plus besoin de l'illusion du siècle pour chercher dans le passé le héros de la France. Cette colonne projetée pour Charlemagne devient donc tout naturellement la colonne germanique. Votre dernière expédition y serait écrite en bronze par un bas-relief de 830 pieds, représentant les opérations de la memorable campagne de 1805 contre les Autrichiens, de même que l'expédition contre les Daces l'a été sur la colonne Trajane. En déliant les lèvres des membres du Corps législatif, elles prononceraient le vœu de cette érection, et dans trois ans un des plus beaux monuments du globe serait élevé à la plus belle gloire; il serait construit des dépouilles de l'ennemi1; il serait construit de la matière qui convient le mieux au climat de la France; il serait d'une magnificence au-dessus de tout ce qu'ont fait les nations modernes ; il serait enfin un monument digne de Votre Majesté. Lorsque vous aurez décidé sur cet objet, si Votre Majesté veut bien me le permettre, j'aurai l'honneur de lui porter la gravure en grand de la colonne Trajane, pour vous consulter, Sire, sur le choix des sujets qui devront être traités dans les bas-reliefs de la colonne Germanique, et placés dans l'ordre que Votre Majesté voudra bien me dicter. Je suis.... Pour copie conforme: Le Directeur Général du Musée Napoléon, de la Monnaie et des Médailles, DENON. Avec ses périodes dithyrambiques, habilement graduées par un éminent fonctionnaire, très expert dans l'art de formuler officiellement des flatteries à l'adresse du maître, cette lettre devait facilement triompher des résistances fictives de la modestie impériale. Les lèvres des membres du Corps 1. Les canons pris à Austerlitz ne servirent pas seulement à élever la colonne de la place Vendôme. Un jour, au conseil des ministres, M. le duc de Gaëte, alors ministre des finances, demanda à l'Empereur une vingtaine de ces canons. «Eh quoi! dit en riant Napoléon, notre ministre des finances veut-il nous faire la guerre! ») (( Non, pas à vous, Sire, répondit le ministre, mais à de vieilles machines usées, fatigantes et dangereuses pour les ouvriers employés à la fabrication des monnaies; si Votre Majesté daigne m'accorder ces vingt canons choisis parmi les plus mauvais, je ferai refaire les balanciers de tous les hôtels des monnaies sur des modèles mieux entendus et plus convenables ; et si Votre Majesté veut m'y autoriser, le nom d'Austerlitz sera gravé sur chacune de ces machines. >> législatif furent déliées, opération qui dut se faire sans de trop visibles efforts, et au bout de deux ans (et non de trois comme le demandait le rapporteur de la classe des Beaux-Arts), le César de Chaudet se dressait au sommet de son piédestal de bronze, appuyé sur un glaive et tenant d'une main le globe du monde surmonté de la figure de la Victoire. Les faits d'armes de la campagne de 1805 ne furent pas seulement célébrés dans le bronze impérissable, mais aussi dans des milliers de gravures, d'après les tableaux et les dessins de Swebach, de Meynier, de Debret, de Duplessis Bertaux, de Carle Vernet, de Bacler Dalbe, de Girodet, de Gérard, de Prud'hon,... estampes généralement fort bien exécutées par Couché, Bovinet, DuplessisBertaux,... et où presque toujours la figure du principal personnage apparaît comme le motit principal de la composition. Les événements de cette époque que la gravure a le plus popularisés sont la Reddition de Vienne, sujet que Girodet a traité avec une froideur officielle des plus remarquables, Napoléon donnant des ordres avant la bataille d'Austerlitz, le Bivouac de l'armée française la veille au soir de la bataille d'Austerlitz, la Bataille d'Austerlitz, l'Entrevue de Napoléon et de François II à Austerlitz.... Cette entrevue des deux empereurs a été souvent racontée sur la toile. Gros et Prud'hon', qui, il faut le reconnaître, ont été cette fois bien au-dessous de leur talent, en furent aussi les interprètes. L'impersonnalité d'exécution des deux toiles signées de ces noms illustres permet de supposer que ces grands artistes ont cru pouvoir, dans la circonstance, utiliser le talent le moins caractérisé d'un de leurs élèves. En présence de ces deux compositions officielles, surtout devant celle de Prud'hon, on songe involontairement à un jeu de 1. Le tableau de Prud'hon figure au musée du Louvre, celui de Gros au musée de Versailles. marionnettes aux articulations rouillées et qui, à un signal donné, vont s'agiter' brusquement, en dialoguant ainsi d'une voix grêle : NAPOLÉON. Ce sont là les palais que Votre Majesté me force d'habiter depuis trois mois. (Il montre du doigt une mauvaise cabane de paille.) FRANÇOIS II. -Ce séjour vous réussit assez bien pour que vous n'ayez pas le droit de m'en vouloir. Puis ils s'embrassent. C'est de l'histoire. On sait que, la veille de la bataille d'Austerlitz, l'Empereur, voulant visiter à pied et incognito les bivouacs, fut reconnu et acclamé par toutes ses troupes subitement massées sans ordre, dans un mouvement indescriptible, autour de lui. Les soldats, désireux de fêter d'une façon quelconque l'anniversaire de leur Empereur, eurent l'idée originale d'attacher des gerbes de paille à l'extrémité de milliers de perches et d'y mettre le feu. Bientôt le camp ne fut plus qu'un immense incendie, un cercle flamboyant dont le centre était l'Empereur. Et de ce brasier s'élevait comme un énorme rugissement, une clameur sans fin, qui |