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auteurs (1), qu'on ne doit pas juger facilement de la nature de la sainte Couronne d'après la nature des saintes épines que l'on vénère en différentes églises, à moins qu'on n'ait d'ailleurs des preuves certaines de leur authenticité, parce que la difficulté ou l'impossibilité d'obtenir des épines de la sainte Couronne a quelquefois engagé à les imiter, aussi bien que les autres instrumens de la Passion de JésusChrist, pour satisfaire la dévotion des peuples.

(1) Alban Butler, 3 mai; note de la pag. 72. - Gretser, de Cruce, lib. I, cap. xcvII, pag. 296. - Réflexions sur l'usage et les règles de la Critique, par le P. Honoré de Sainte-Marie, tom. IIL, pag. 381 et 412.

IHS

ARTICLE III.

DES CLOUS QUI ONT SERVI AU CRUCIFIEMENT DE

NOTRE SEIGNEUR (1).

On a vu plus haut (2) que sainte Hélène avoit trouvé, avec la Croix de Jésus-Christ, les Clous qui avoient servi à le crucifier. La plupart des anciens auteurs qui rapportent ce fait ne disent pas quel étoit le nombre des Clous; mais on convient généralement qu'il n'y en avoit pas moins de trois. Benoît XIV pense même, avec saint Grégoire de Tours (3), et avec plu

(1) Baronii Annales, ad ann. 526. - Acta SS. de sancta Helena, 18 aug. § 9. - P. Serry, Exercit. hist. LV, n. 3 et seq. - Sandini, Hist. sacr. Famil. cap. xv, n. 13, etc. Bened. XIV, de Festis, lib. I, cap. vII, n. 87; cap. xiv, n. 21. Idem, de Canoniz. SS. lib. IV, part. II, cap. xxv, n. 2-7; cap. xxx1, n. 17. - Corn. Curtius, de Clavis Dominicis liber. Antuerpiæ, 1670, in-12. Baillet, Vies des Saints, 3 mai, n. 3 et 6. Fétes mobiles, Vendredi-saint, art. vIII. — Gretser, de Cruce, tom. I, lib. I, cap. xxx, xx et XIII. - Joan. Ferrandus, Disquisitio Reliquiaria, lib. I, cap. 1, sect. III. flexions sur les règles et sur l'usage de la Critique, par le P. Honoré de Sainte-Marie, tom. III, ve dissert. art. v. - Mémoires de Tillemont, tom. VIII, pag. 9.

(2) Art. I, pag. 7.

(3) Greg. Turon. de Gloria Mart. cap. vi.

- Ré

sieurs savans modernes qui ont soigneusement traité cette question, qu'il devoit y en avoir quatre, soit parce que les anciennes images du crucifix représentent le Sauveur attaché à la Croix avec quatre Clous, soit parce qu'il seroit difficile de supposer que les deux pieds eussent été attachés à la Croix avec un seul Clou, sans qu'il se brisat quelqu'un des os, ce qui seroit contraire à cette parole de l'Écriture : Vous ne briserez aucun de ses os (1).

Mais que sont devenus les Clous trouvés par sainte Hélène avec la Croix du Sauveur? Quelle est en particulier l'origine des saints Clous que l'on conserve aujourd'hui dans l'église métropolitaine de Paris? Voilà deux questions que nous devons examiner ici en peu de mots.

PREMIÈRE QUESTION.

Que sont devenus les Clous trouvés par sainte Hélène avec la Croix du Sauveur (2)?

Les anciens auteurs nous apprennent que sainte Hélène attacha un des saints Clous de notre Seigneur au diadème ou au casque de

(1) Joan. xix, 36.

(2) Sur l'usage que sainte Hélène fit des saints Clous, on peut consulter S. Ambroise, de Obitu Theod. n. 44, etc. Oper. tom. II, pag. 1210, 1211.-S. Cyrille d'Alexandrie, ad cap. xiv Zach. - Rufin, Socrate, Sozomène et Théodoret, ubi suprà.

Constantin, et qu'elle lui fit d'un autre Clou un frein de cheval, pour lui servir de sauvegarde dans les périls de la guerre; « en quoi, dit un » écrivain moderne, elle suivit sans doute plu» tôt les sentimens de la piété maternelle, que >> les règles de la piété chrétienne, qui deman>> doient qu'une chose si sainte fût tenue avec » plus de respect (1). » Nous remarquerons en passant que cette réflexion, qui semble si naturelle au pieux auteur que nous venons de citer, ne paroît pas s'être présentée à l'esprit des anciens auteurs, et particulièrement de saint Ambroise, qui, loin de trouver ici la plus légère inconvenance dans la conduite de sainte Hélène, y trouve la matière d'un grand éloge. Voici les propres expressions du saint docteur: « Quæsivit (Helena) Clavos quibus crucifixus » est Dominus, et invenit. De uno Clavo frenos >> fieri præcepit, de altero diadema intexuit : » unum ad decorem, alterum ad devotionem » vertit..... Misit itaque filio suo Constantino » diadema gemmis insignitum;.... misit et fre» num. Utroque usus est Constantinus... Rectè >> in capite Clavus, ut ubi sensus est, ibi sit » præsidium. In vertice corona, in manibus ha» bena. Corona de cruce (id est, de Clavo cru

(1) Giussano, Vie de S. Charles Borromée, liv. IV, chap. IV, pag. 335.

>> cis) ut fides luceat : habena quoque de cruce, » ut potestas regat (1). »

Quoi qu'il en soit de ces réflexions, saint Grégoire de Tours suppose que sainte Hélène employa deux Clous au frein, et saint Jérôme vient à l'appui de cette assertion (2). Le premier de ces auteurs assure que, de son temps, on voyoit encore ce frein, et que l'empereur Justin en avoit récemment éprouvé la vertu contre les démons. Il ajoute que sainte Hélène fit jeter un autre saint Clou dans la mer Adriatique, pour apaiser les tempêtes qui y étoient trèsfréquentes, et que sa foi fut pleinement exaucée, la navigation étant, depuis cette époque, beaucoup plus sûre et plus tranquille dans cette mer. Le saint docteur ne dit pas que l'Impératrice, après avoir plongé le saint Clou dans la mer, l'en ait retiré; mais le profond respect de sainte Hélène pour une Relique si précieuse ne permet guère de supposer qu'elle ait consenti à se priver pour toujours, et à priver l'Église elle-même, d'un si grand trésor.

Au reste, rien n'oblige de croire qu'on ait attaché au diadème ou au casque de l'Empereur, et au frein de son cheval, des Clous en

(1) S. Ambroise, de Obitu Theod. ubi suprà.

(2) S. Greg. Turon. de Gloria Mart. cap. vi. S. Hieron. in caput ultimum Zachariæ. Oper. tom. III, pag. 1805.

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