tiers. Le travail nécessaire pour leur donner ces nouvelles formes dut naturellement en détacher quelques parties, qu'on a pu employer ensuite à d'autres usages, et surtout à satisfaire la dévotion de diverses églises. En effet, Théodoret dit expressément que sainte Hélène attacha seulement au casque de l'Empereur une partie des saints Clous (1), et plusieurs anciens monumens supposent qu'il avoit aussi une lance et une épée dans lesquelles on avoit enchâssé quelques parcelles des saints Clous (2). On croit que ces derniers objets furent donnés dans la suite à l'empereur Othon Ier, qui les transmit, du moins en partie, au roi d'Angleterre Ethelstan (3). Il seroit assez difficile de suivre en détail l'histoire des saints Clous, et des différentes parcelles qui ont pu en être détachées à diverses époques. Toutefois il paroît qu'on les a conservés, pour la plupart, à Constantinople jusqu'à l'an 550. C'est ce qui résulte du serment par lequel le pape Vigile, qui étoit alors en cette ville, promit à l'empereur Justinien (1) Theodoret, ubi suprà, lib. I, cap. xvii. (2) Luitprand, Hist. lib. IV, cap. xI et XII. —— Guillaume de Malmesbury, de Gestis Anglorum; apud Curtium, de Clavis Dominicis, cap. VIII. (3) Ranulphus, apud Genebrard. Chronol. lib. IV, pag. Curtius, ibid. 563. de condamner les trois Chapitres (1). Il le promit en jurant par la vertu des saints Clous, et par la vertu du frein sacré (2). Depuis cette époque, les saints Clous furent transportés en Occident, vraisemblablement par saint Grégoire le Grand, qui avoit été légat du saint siège à Constantinople, d'où il revint à Rome en 585 avec de très-précieuses Reliques (3), parmi lesquelles il s'en trouvoit quelques-unes de la Passion de Jésus-Christ, comme nous l'avons déjà remarqué. Quoi qu'il en soit de cette conjecture, il est certain qu'un grand nombre d'églises se glorifient aujourd'hui de posséder des portions plus ou moins considérables des saints Clous de notre Seigneur. Nous donnerons ici la liste de ces églises, d'après Juste Fontanini, un des auteurs qui ont traité cette matière avec plus d'érudition et de critique (4); et nous donnerons en (1) On sait que les trois Chapitres étoient divers écrits de Théodore de Mopsueste, d'Ibas, évêque d'Edesse, et de Théodoret, évêque de Cyr. Ces trois Chapitres furent condamnés en 553, dans le concile de Constantinople, cinquième œcuménique, comme infectés des erreurs de Nestorius. (2) Baluz. Addenda ad Concil. œcumen. V. Nov. Collect. tom. I, pag. 1544. (3) Baron. Annal. ad ann. 586, n. 25. (4) Fontanini, Dissert. de Corona ferrea. Romæ, 1717, in-4o, cap. XIII, n. 5. même temps, sur quelques-uns des saints Clous, les principaux renseignemens qui sont venus à notre connoissance. 1o On voit à Rome, dans l'église de SainteCroix de Jérusalem, un saint Clou que l'on croit y avoir été porté ou envoyé par sainte Hélène, après l'invention de la sainte Croix. Nous en donnons ici le dessin d'après l'ouvrage de Bosius (1), qui assure en avoir fidèlement représenté la forme et la longueur. Ce saint Clou, long de quatre pouces trois lignes, est privé de sa pointe, et réduit ainsi aux deux tiers de la longueur qu'il a dû avoir autrefois, autant qu'on en peut juger par sa forme présente. Nous l'avons représenté, d'après Bosius, dans ses deux principaux points de vue, afin qu'on pût mieux remarquer les différens endroits dans lesquels il a été limé; et nous avons aussi représenté la forme que devoit avoir la pointe dont il est aujourd'hui privé. Le même auteur, et après lui Fontanini (2), conjecturent que cette pointe fut attachée au diadème ou au casque de Constantin, d'où est venue la couronne de fer, dont nous allons parler. 2° Cette couronne, qui servoit autrefois au couronnement des empereurs d'Occident, et (1) Bosius, de Cruce, lib. I, cap. xv, pag. 99. (2) Fontanini, ubi suprà, cap. 1, n. 7. |