avec serment, que c'étoit véritablement le saint Clou provenant du trésor de l'abbaye de SaintDenis, qu'il avoit sauvé de la profanation en 1793 (1). D'après ce témoignage, Mgr l'Archevêque reconnut la sainte Relique, et la fit placer dans le reliquaire où on la voit aujourd'hui. C'est un tube de cristal d'environ quatre pouces de long, en forme de clou, orné d'une tête et d'une pointe en vermeil. Le saint Clou paroît avoir environ trois pouces et trois lignes de long. La tête en est échancrée, et la pointe un peu altérée; il est couvert de rouille dans toute sa longueur. En l'examinant de près, on y remarque un petit morceau de bois, qui s'y est attaché sans doute lorsqu'on le retira de la Croix, et qui, examiné avec la loupe, paroît être de même espèce que le morceau de la vraie Croix provenant de la Sainte-Chapelle. 2o Nous avons aussi rapporté plus haut l'origine du saint Clou provenant de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés (2). Il avoit été légué, en 1684, à cette abbaye, par la princesse Palatine, qui l'avoit reçu, quelques années auparavant, du roi de Pologne Jean-Casimir. Ce prince lui-même l'avoit tiré du trésor de sa (1) Voyez le n. VII des Pièces justificatives, placées à la suite de cette Notice. 4 (2) Art. I, pag. 67 et suiv. couronne, avec le morceau de la vraie Croix dont nous avons parlé au même endroit. Voici ce qu'on lit en particulier sur le saint Clou dans l'Histoire de l'abbaye de S.-Germain (1): « La pointe d'un des Clous dont notre Seigneur » Jésus-Christ fut attaché à la Croix n'est pas » moins avérée. Elle venoit aussi du trésor de >> la couronne de Pologne; et le roi Jean-Casi>> mir, qui l'avoit apportée avec lui en France, » en avoit gratifié la princesse Palatine. Le roi » Michel, son successeur, le lui redemanda, » comme une Relique appartenant à sa cou>> ronne, et lui fit même des offres très-consi» dérables; mais la princesse en faisoit plus >> d'estime que de toutes les richesses du monde, » et elle abandonna sans peine ces avantages >> temporels, pour conserver un si précieux » trésor. » Le saint Clou fut examiné et reconnu avec la vraie Croix en 1673 et en 1684, par les vicaires-généraux de Paris que M. de Harlai avoit chargés de cet examen. Depuis cette époque jusqu'à la révolution, il fut conservé à l'abbaye de Saint-Germain, dans le même reliquaire que la vraie Croix. Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit ailleurs sur la conserva (1) Hist. de l'abb. de Saint-Germain-des-Prés, pag. 280. tion de ces précieuses Reliques pendant la révolution, et sur la remise qui en a été faite à Mgr l'Archevêque de Paris, au mois d'octobre 1827. Nous ajouterons seulement que la pointe du saint Clou dont nous parlons ici est d'une dimension bien moins considérable que celle du saint Clou provenant de l'abbaye de SaintDenis, sa longueur n'étant que de treize lignes. Après avoir été placé, par ordre de Mgr l'Archevêque, dans un reliquaire de cristal entièrement semblable à celui qui renferme le saint Clou provenant de l'abbaye de Saint-Denis, il a été transféré dans l'église métropolitaine, avec la Croix de la princesse Palatine, et confié à la garde du chapitre, le 22 février 1828. L'exposition solennelle des saintes Reliques dont nous venons de parler, a lieu régulièrement, dans l'église métropolitaine de Paris, pendant les octaves des principales fêtes qui se célèbrent en l'honneur de la sainte Croix et de la sainte Couronne. D'après le Mandement donné par Mgr l'Archevêque pour le Carême de l'année 1828, elle doit aussi avoir lieu tous les vendredis de Carême. Voici de quelle manière se fait cette exposition solennelle. Les saintes Reliques sont placées à l'entrée du chœur, sur une estrade ornée de tentures rouges. Pour satisfaire davantage la pieuse curiosité des fidèles, on expose les Reliques à découvert, dans les reliquaires de cristal qui les renferment, et dont nous avons donné ailleurs la description. Les principaux reliquaires sont attachés, avec des agraffes de vermeil, à une croix de cèdre, haute d'environ deux pieds, sans y comprendre une espèce de tombeau qui lui sert de base. Le saint Clou provenant de l'ancienne abbaye de Saint-Denis est attaché au milieu de cette Croix, et environné de la sainte Couronne. Au-dessous de celle-ci, on voit le reliquaire qui renferme la vraie Croix de la Sainte-Chapelle. Le tombeau qui sert de base à la croix de cèdre a quatre pouces et demi de haut, sur une largeur de sept pouces. On y a ménagé sur le devant une ouverture, fermée par un verre de cristal, au travers duquel on aperçoit une pierre du saint Sépulcre, et une petite fiole de verre portant l'inscription suivante, d'une écriture fort ancienne : De sanguine et aqua quæ effluxerunt è latere Christi. Il paroît que ces deux derniers objets viennent de la SainteChapelle (1); mais ils n'ont pas encore été reconnus par des actes authentiques. Enfin, derrière la croix de cèdre, on place ordinairement la grande châsse de la sainte Couronne, dont (1) Voyez le n. I des Pièces justificatives. |