on peut voir la description au n. VI des Pièces justificatives. Orbis redempti qualia pignora! Crux tincta Christi sanguine adhuc madet. Sperate, mortales : salutem Plena necis monumenta præstant. PIÈCES JUSTIFICATIVES. N° Ior. (Page 111.) LITTERÆ BALDUINI IMPERATORIS DE SANCTARUM RELIQUIARUM CONCESSIONE. Balduinus, Dei gratiâ fidelissimus in Christo Imperator, a Deo coronatus, Romaniæ (1) moderator, et semper Augustus, universis Christi fidelibus, tam præsentibus quàm futuris, ad quos litteræ præsentes pervenerint, æternam in Domino salutem. Notum fieri volumus universis, quòd nos charissimo amico et consanguineo nostro, Ludovico regi Franciæ illustrissimo, sacrosanctam spineam Coronam Domini, et magnam portionem vivificæ Crucis Christi, unà cum aliis pretiosis et sacris Reliquiis, quæ propriis vocabulis inferiùs sunt expressæ, quas olim in Constantinopolitana urbe venerabiliter collocatas, et tandem pro urgenti necessitate imperii Constantinopolitani, diversis creditoribus et diversis temporibus pignori obligatas, idem Dominus Rex, de nostra voluntate, redemit magnâ pecuniæ quantitate, et eas fecit Parisios, de beneplacito nostro, transferri; eidem Domino Regi, spontaneo et gratuito dono planè dedimus, absolutè concessimus, et ex toto quitavimus et quitamus; quas utique venerandas reliquias (1) Voyez les Notes à la suite de cette lettre. propriis nominibus duximus exprimendas, videlicet: prædictam sacrosanctam spineam Coronam Domini, et Crucem sanctam: item de Sanguine Domini nostri Jesu Christi (2);.... aliam magnam partem de ligno sanctæ Crucis; sanguinem qui de quadam imagine Domini ab infideli percussa stupendo miraculo distillavit; catenam etiam, sive vinculum ferreum, quasi in modum annuli factum, quo creditur idem Dominus fuisse ligatus;..... magnam partem de lapide Sepulchri Domini nostri Jesu Christi;.... item ferrum sacræ Lanceæ quo perforatum fuit in Cruce latus Domini nostri Jesu Christi (3); Crucem aliam mediocrem, quam Crucem triumphalem veteres appellabant, quia ipsam in spem victoriæ consueverant imperatores ad bella deferre (4); Chlamydem coccineam quâ circumdederunt milites Dominum nostrum Jesum Christum, in illusionem ipsius; Arundinem quam pro sceptro posuerunt in manu ipsius; Spongiam quam porrexerunt ei sitienti in Cruce aceto plenam; partem Sudarii quo involutum fuit corpus ejus in sepulchro..... In cujus rei testimonium, et perpetuam firmitatem, nos signavimus præsentes litteras nostro signo imperiali, et bullavimus nostrâ bullâ aureâ. Actum apud Sanctum Germanum in Laïa, anno Domini 1247, mense junii, imperii nostri anno octavo, arts. La Notice M. l'abbé Coterel (n. IV et VII des Pièces justificatives) nous apprend qu'une partie de ces précieuses Reliques fut déposée, en 1794, au Cabinet des Médailles antiques de la Bibliothèque nationale, où on voyoit encore, en 1796, la sainte Couronne, le fer de la lance, les menottes, un morceau de la pierre du saint Sépulcre de notre Seigneur, et une petite fiole de son sang. Ces deux derniers objets se retrouvèrent, en 1804, avec la sainte Couronne, et furent remis avec elle à l'église métropolitaine de Paris. Mais à cette époque on ne trouva plus les menottes ni le fer de la lance, et toutes les recherches qui ont été faites depuis pour les retrouver ont été inutiles. Quant aux autres objets mentionnés dans l'acte de l'empereur Baudouin, M. l'abbé Coterel n'en dit rien dans sa Notice. Il est bien à craindre qu'ils ne soient perdus sans retour, ou que, s'ils se trouvent quelque part, ils n'y soient destitués de toute preuve d'authenticité. + BALDUINUS. NOTES SUR LES LETTRES DE L'EMPEREUR BAUDOUIN II. On a vu, dans le cours de la Notice, que les Reliques de la Sainte-Chapelle avoient été portées en 1791 au trésor de l'abbaye de Saint-Denis, d'où elles furent transportées, en 1793, à l'Hôtel des Monnoies, et enfin à la Commission temporaire des (1) On appeloit autrefois Romanie tout le pays que possédoient les empereurs grecs en Europe, en Asie, et même en Afrique. Aujourd'hui ce nom désigne seulement la partie méridionale de la Turquie, bornée à l'est par la mer Noire, à l'ouest par la Macédoine, et au midi par la mer de Marmara. (2) L'acte de l'empereur Baudouin fait mention de deux Reliques différentes du sang de notre Seigneur, l'une désignée par ces mots: De Sanguine Domini nostri Jesu Christi; et l'autre par ceux-ci: Sanguinem qui de quadam imagine Domini ab infideli percussa, stupendo miraculo distillavit. On possédoit en plusieurs églises de semblables Reliques. On a vu plus haut (pag. 67) que la princesse Palatine avoit légué à l'église de l'Abbaye de Saint-Germain du sang miraculeux de notre Seigneur. Cette précieuse Relique, dit l'Histoire de cette abbaye, (pag. 280) « vient d'un calice répandu sur >> un corporal, auquel le sang précieux donna la couleur d'un >> sang naturel : c'est ce qui se prouve par une inscription de >> six cents ans ou environ, qui en fait foi: De calice perfuso, \ » et in sanguinem visibiliter mutato. On dit qu'il se fit tant de >> miracles à l'occasion de ce sang précieux, que, des of>> frandes des fidèles, on fonda l'église ducale et collégiale de >> Saint-Alexandre d'Einbeck en Allemagne, où il a toujours >> été conservé. Le prince Jean-Frédéric, duc de Brunswick >> et de Lunebourg, dans la principauté duquel est Einbeck, >> demanda en 1675 cette précieuse Relique aux chanoines, >> qui ne purent la lui refuser. Le duc d'Hanover en fit pré>> sent dans la suite à la princesse Palatine. >>> Dans plusieurs autres églises, on vénéroit du sang miraculeux de notre Seigneur, qui avoit découlé de certains crucifix percés par les Juifs ou les païens, en dérision du Sauveur. Telle étoit, comme on vient de voir, une des Reliques du sang de notre Seigneur, données à saint Louis par l'empereur Baudouin II. On conservoit aussi en divers endroits du sang que l'on croyoit être sorti du corps de notre Seigneur au temps de sa Passion. L'église de Saint-Paul de Londres, la Sainte-Chapelle de Paris, l'abbaye de Saint-Denis près Paris, celle de Saint-Remi de Reims, et quelques autres églises possédoient autrefois de semblables Reliques, venues de la chapelle des empereurs de Constantinople (*). L'authenticité de ces sortes de Reliques a été contestée par de savans théologiens; et les pasteurs de l'Eglise, en les exposant à la vénération publique, ne prétendoient pas en garantir la vérité, mais entretenir seulement dans l'esprit des fidèles de pieux souvenirs, propres à exciter leur dévotion. Voici comment Bossuet s'exprime à ce sujet, dans sa Lettre sur l'adoration de la Croix (**) : « Qu'on (*) Voyez l'Hist. ecclés. de Fleury, liv. LXXXII, n. 66; liv. CXII, n. 66, 67. - Hist. de l'abbaye de Saint-Denis, par Félibien, pag. 537. Hist. de l'empire de Constantinople, par Ducange, part. II, pag. 82; et Pièces justif. pag. 1. Réflexions sur les règles et l'usage de la Critique, par le P. Honoré de Sainte-Marie, tom. III, pag. 326. Bened. XIV, de Festis, lib. I, cap. VIII, n. 9 et 37. Idem, de Canoniz. Sanct. lib. IV, part. II, cap. x, n. 8 et seq. (**) OŒuvres de Bossuet, 1817, in-8°; tom. XXV, pag. 64. |