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Royauté de Jésus-Christ (1), où il fait remarquer à ses auditeurs, comme un trait singulier de la Providence divine, que la Croix de JésusChrist a été découverte précisément à l'époque où la paix venoit d'être donnée à l'Eglise, et où le monde entier, dompté par la Croix, fléchissoit sous les lois du Sauveur. « Dans ce même » temps, dit Bossuet, où la paix étant donnée à » l'Eglise, tout ne respiroit que Jésus;......... dans » ce même temps, la Croix précieuse à laquelle » avoit été attaché le Sauveur...., fut décou» verte par de grands et extraordinaires mi»racles: elle fut reconnue, elle fut adorée. Et » ce n'est point ici une histoire douteuse; elle >> doit être approuvée par tous ceux qui aiment » les antiquités chrétiennes, dans lesquelles >> nous la voyons très-évidemment attestée. Eh! » penseriez-vous bien, chrétiens, qu'une chose >> si mémorable, si célèbre parmi les Pères, » soit arrivée en ce temps sans quelque pro>> fond conseil de la sagesse éternelle? Cela est » hors de toute apparence. Que dirons-nous >> donc en cette rencontre? C'est que tout le » monde est dompté, tout a fléchi sous les lois » du Sauveur. Paroissez, paroissez, il est temps, >> ô Croix qui avez fait cet ouvrage; c'est vous

(1) Ier Sermon pour la fête de la Circoncision de N. S. OEuvr. éd. de 1816, tom. XI, pag. 472.

qui avez brisé les idoles; c'est vous qui avez » subjugué les peuples; c'est vous qui avez donné » la victoire aux valeureux soldats de Jésus» Christ, qui ont tout surmonté par la patience. >> Vous serez gravée sur le front des rois, vous » serez le principal ornement de la couronne » des empereurs, ô Croix qui êtes la joie et l'es>> pérance de tous les fidèles. »

SECONDE QUESTION.

Qu'est devenu le bois sacré de la croix depuis sa découverte miraculeuse sous Constantin (1).

Sainte Hélène, ravie d'avoir trouvé le riche trésor qu'elle souhaitoit si ardemment, le partagea en deux parties principales, dont elle laissa la plus considérable à Jérusalem, et envoya l'autre à l'Empereur son fils. Nous allons donner en peu de mots l'histoire de ces deux portions de la sainte Croix, d'où sont venues toutes celles qu'on a vénérées et qu'on vénère encore aujourd'hui dans les différentes églises de la chrétienté.

I. La pieuse impératrice, ayant fait enchâsser dans une boîte d'argent la portion du bois sacré qui devoit rester à Jérusalem, la remit entre les mains du patriarche saint Macaire,

(1) Voyez, sur cette seconde question, les auteurs déjà cités sur la première, et surtout Baillet et Tillemont.

pour conserver à la postérité ce précieux monument du grand mystère de la rédemption des hommes. Il fut déposé dans une magnifique église, qui fut alors bâtie par les ordres de Constantin, et que les anciens auteurs nomment, tantôt l'Anastase ou la Résurrection, tantôt l'Église de la Croix ou de la Passion, tantôt le Saint-Sépulcre. L'Empereur recommanda à l'évêque Macaire de ne rien épargner pour faire de cette église le plus bel édifice de de l'univers. Il ordonna en même temps à Dracilien, gouverneur de Palestine, de fournir à l'évêque tous les ouvriers et les matériaux qu'il demanderoit. Il envoya lui-même, pour cet objet, une grande quantité d'or, de pierreries, et de marbres précieux; en un mot, il sembla vouloir imiter, par l'éclat des ornemens, la splendeur dont ce saint lieu avoit brillé au moment de la résurrection du Sauveur. L'historien Eusèbe nous a laissé une description détaillée de cet édifice, qui fut commencé sous les yeux de sainte Hélène, mais qui ne fut terminé et dédié que huit ans après (1).

(1) Eusèbe, Vita Constant. lib. III, cap. XXIX, etc. On peut voir aussi, sur le plan et la construction de l'église du Saint-Sépulcre, la 1o Dissertation de M. de Valois, à la suite de l'ouvrage d'Eusèbe. Mémoires de Tillemont, ubi suprà, pag. 640, etc. Hist. eccles. de Fleury, liv. XI, n. 54. · Hist. du Bas-Empire, tom. I, liv. IV, n. 54.

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A peine fut-il achevé, qu'on y accourut en foule, de toutes les parties du monde chrétien, pour vénérer le bois sacré qui en faisoit le plus bel ornement. Les pélerins les plus distingués regardoient comme une insigne faveur d'en obtenir quelque parcelle. L'évêque seul avoit le pouvoir d'accorder cette grâce; mais il l'accordoit, dès ces premiers temps, à un si grand nombre de personnes, qu'au témoignage de saint Cyrille de Jérusalem, qui écrivoit environ vingt-cinq ans après la découverte de la sainte Croix, ce précieux trésor fut, en peu de temps, répandu par tout le monde (1). Saint Paulin, qui atteste la même chose dans sa lettre à Sulpice-Sévère déjà citée, ajoute que, par un effet de la puissance divine, la portion de la sainte Croix qui se conservoit à Jérusalem n'éprouvoit aucune diminution, malgré la distribution qui s'en faisoit journellement à une multitude de pélerins. Le seul témoignage de saint Paulin (2) ne suffit pas, ne suffit pas, à la vérité, pour établir

(1) S. Cyril. Catech. ubi suprà.

(2) C'est par erreur que Baillet, (Fétes mob. Vendredi-saint, pag. 246) Alban Butler, (3 mai) et quelques autres, citent à l'appui de ce témoignage de saint Paulin, les Catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem. Tillemont a remarqué avant nous, que saint Cyrille ne parloit point du miracle rapporté par saint Paulin. Nous sommes portés à croire que les auteurs modernes qui invoquent l'autorité de saint Cyrille sur ce

d'une manière décisive ce fait miraculeux; mais ce témoignage prouve du moins quel étoit le profond respect des fidèles pour la sainte Croix, et leur empressement à s'en procurer quelque parcelle. Plusieurs monumens de cette époque nous offrent des témoignages non moins remarquables de la même dévotion. Saint Grégoire de Nysse rapporte de sainte Macrine, sa sœur, qu'elle portoit habituellement à son cou une Croix de fer, avec un anneau qui renfermoit une parcelle de la vraie Croix (1). Saint JeanChrysostôme nous apprend que, de son temps, cette marque de dévotion envers la Croix de Jésus-Christ étoit devenue très-commune parmi les fidèles; et il en prend occasion de relever la puissance divine, qui a transformé en un signe de gloire ce qui étoit autrefois un objet de malédiction. « Autrefois, dit-il (2), la Croix » étoit un symbole de mort, et de la mort la plus honteuse. Pourquoi donc est-elle aujour» d'hui recherchée de tous avec tant d'empres»sement, et préférée aux plus riches trésors? >> D'où vient que tous se disputent à l'envi le >> bois auquel a été attaché le corps sacré de point, ont été induits en erreur par un passage du saint docteur, dont ils n'ont pas saisi le vrai sens. (Catech. X, n. 19.)

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(1) S. Gregor. Nyss. Vita S. Macrinæ. Oper. tom. II, p. 198. (2) S. Chrys. lib. contr. Jud. et Gent. Quòd Christus sit Deus. Ed. Bened. tom. I, pag. 571.

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