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pour long-temps, ou du moins qu'il n'en dépouilla pas entièrement la ville sainte; car il est certain, par l'histoire, qu'on y voyoit encore la vraie Croix depuis cette époque, spécialement au temps des Croisades. Voici ce qu'on lit à ce sujet dans l'Histoire des Croisades, par M. Michaud, sous la date de 1099: Après la prise de Jérusalem, « les Croisés détournèrent bien» tôt leurs regards des trésors promis à leur >> valeur, pour admirer une conquête plus pré>> cieuse à leurs yeux : c'étoit la vraie Croix en» levée par Chosroès, et rapportée à Jérusa>> lem par Héraclius. Les chrétiens enfermés » dans la ville l'avoient dérobée, pendant le siège, aux regards des Musulmans. Son aspect >> excita les plus vifs transports parmi les péle>> rins... Elle fut promenée en triomphe dans » les rues de Jérusalem, et replacée ensuite dans » l'église de la Résurrection (1). » On trouve de plus amples détails sur ce point dans une lettre écrite quelques années après, c'est-àdire en 1109, à l'évêque et au chapitre de Paris, par Anselle ou Anseau, ancien chanoine de cette église, et alors grand chantre de l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. « Après » la mort d'Héraclius, dit-il, les infidèles, ani

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(1) Hist. des Croisades, tom. I, liv. IV, pag. 452. Voyez aussi l'Hist. ecclés. de Fleury, liv. LXV, n. 2.

» més d'une haine implacable contre les chré»tiens, conçurent le dessein d'éteindre le nom » de Jésus-Christ et le souvenir même de sa >> Croix et de son tombeau (1). Ayant donc >> amassé une grande quantité de bois auprès » de l'église du Saint-Sépulcre, ils la brûlèrent » en partie. Ils eussent traité de même la sainte >> Croix; mais elle avoit été cachée par les chré>> tiens, dont plusieurs furent mis à mort à cette » occasion. Enfin les chrétiens, ayant délibéré >> entre eux sur le parti qu'ils devoient prendre, » divisèrent la sainte Relique en plusieurs portions, qu'ils distribuèrent à différentes églises, >> afin que, si quelqu'une venoit à être brûlée, >> on eût au moins la consolation de conserver >> les autres. C'est pour cela que l'on voit à Constantinople, outre la croix de l'Empereur (2),

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(1) Anseau ne détermine pas l'époque précise des faits dont il parle ici, et qu'il dit seulement avoir eu lieu après la mort d'Héraclius. Il est vraisemblable que ces faits doivent être rapportés à l'année 643, pendant laquelle les Musulmans se portèrent à de nouveaux excès contre la Croix de Jésus-Christ, à l'occasion de la mosquée que le calife Omar fit alors construire à Jérusalem, à la place du temple de Salomon. Voyez lés Annales de Baronius, année 643, n. 1. Hist. eccl. de Fleury, tom. VIII, liv. XXXVIII, n. 9.

(2) Il s'agit vraisemblablement ici de la Croix de la Victoire dont nous parlerons plus bas à l'occasion de la vraie Croix de la Sainte-Chapelle. (Voyez au no I des Pièces justificatives, les notes sur la lettre de l'empereur Baudouin II.)

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>> trois autres Croix faites du bois sacré, deux » en Chypre, une en Crète, trois à Antioche, ›› une à Edesse, une à Alexandrie, une à Ascalon, une à Damas, enfin quatre à Jérusalem. >> De ces quatre dernières, l'une appartient aux >> Syriens, l'autre aux Grecs du monastère de >> Saint-Sabas, la troisième aux moines de la » vallée de Josaphat. Nous autres Latins, nous possédons au Saint-Sépulcre la quatrième, qui » a un palme et demi de long, sur un pouce de » large, et autant d'épaisseur. Le patriarche des » Géorgiens en a aussi une, et le roi des Géorgiens en avoit une autre que je vous ai en» voyée (1). »

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Il seroit difficile de pousser plus loin l'histoire de la portion de la sainte Croix que sainte Hélène laissa à Jérusalem, après son invention miraculeuse. Les détails qu'on pourroit ajouter à cette histoire trouveront leur place dans l'examen des questions suivantes. Pour terminer ce qui regarde la question présente, il nous reste à examiner ce que devint la portion de la sainte Croix envoyée par sainte Hélène à Constantin.

(1) Cette lettre d'Anseau est de 1109. Elle se conservoit avant la révolution dans les archives de l'église de Paris; elle est imprimée dans le Gallia Christ. tom. VII, Pièces justificatives, pag. 45 et 46; et dans l'Hist. de Paris, par Dubois, tom. II, pag. 16, etc. On la trouvera à la suite de cette Notice, n. 2 des Pièces justificatives.

II. Ce religieux prince reçut, avec les témoignages du plus profond respect, une relique si précieuse; et aussitôt qu'on eut achevé la nouvelle ville de Constantinople, c'est-à-dire, vers l'an 330, il fit mettre une portion du bois sacré dans sa statue, élevée au milieu de la grande place, sur une colonne de porphyre, persuadé que ce pieux monument seroit, pour la ville impériale, une sauvegarde assurée contre toute sortes de dangers.

Le concours des pélerins, pour vénérer la sainte Croix, n'étoit guère moindre à Constantinople qu'à Jérusalem; et les empereurs chrétiens, à l'exemple des patriarches de Jérusalem, ne faisoient pas difficulté de répondre au pieux empressement des fidèles pour en obtenir quelque parcelle. Constantin lui-même en fit porter un morceau considérable à Rome (1), pour être placé dans l'église de Sainte-Croix de Jérusalem, qui fut bâtie vers cette époque. On voit encore aujourd'hui, dans la même église, cette précieuse portion de la vraie Croix, qui a trois pieds de long, et dont on a détaché le morceau qui se conserve dans la basilique du Vatican (2).

(1) Hist. eccl. de Fleury, liv. XI, n. 36.

(2) Roma antica e moderna. In Roma, 1750, 3 vol. in-8°, tom. I, pag. 68; II, 461.

L'empereur Justin II envoya aussi, en 569, une portion notable de la vraie Croix à sainte Radegonde, femme du roi Clotaire I, qui enrichit de cette précieuse relique le monastère de Sainte-Croix à Poitiers (1). Ce fut à cette occasion que Fortunat, depuis évêque de cette ville, composa la belle hymne Vexilla Regis, etc. que l'Eglise chante encore aujour

(1) Cette portion de la vraie Croix, une des premières qui aient été apportées en France, se voyoit encore à Poitiers avant la révolution, chez les Dames de Sainte-Croix. La Relique étoit placée dans une petite boîte d'or, plate et oblongue, qui étoit elle-même renfermée dans un riche reliquaire tout couvert de diamans. A l'époque de la révolution, les Dames de Sainte-Croix abandonnèrent le reliquaire, et cachèrent soigneusement la sainte Relique, qui a été reconnue depuis par les évêques de Poitiers, et que ces Dames conservent encore dans la nouvelle maison où elles sont réunies.

L'église de Saint-Pierre le Puellier à Poitiers possédoit autrefois une autre portion de la vraie Croix, que l'on croyoit avoir été donnée à cette ville dès le temps de sainte Hélène, par une personne de sa suite qui l'avoit accompagnée à Jérusalem en 326. Il paroît que cette portion de la vraie Croix fut saisie à l'époque de la révolution par un officier municipal, des mains duquel un ecclésiastique du diocèse l'a depuis retirée ; mais elle n'a pas encore été rendue à la vénération publique. Nous tirons tous ces détails des pièces que nous avons reçues de Poitiers même, et spécialement de celles qui nous ont été communiquées par M. l'abbé de Rochemonteix, vicaire-général du diocèse. Sur la vraie Croix qui se conservoit à SaintPierre le Puellier, on peut consulter les Annales d'Aquitaine, par Jean Bouchet. Poitiers, 1644, in-fol. Première partie, chap. v.

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