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Croisés distribuèrent les Reliques enlevées à Constantinople, toutes ne produisent pas des titres capables d'opérer une entière conviction.

Il résulteroit de ces faits une sérieuse difficulté contre l'authenticité des saintes Reliques envoyées à nos rois par les empereurs latins de Constantinople, si elles provenoient des églises qui furent alors exposées au pillage et à la profanation. Mais il est à remarquer que ces Reliques étoient tirées de la chapelle du palais Bucoléon (1), qui fut heureusement préservé du pillage, aussi bien que tous les postes importans de la ville impériale. Voici ce qu'on lit à ce sujet dans l'Histoire du Bas-Empire, qui ne fait ici que suivre Villehardouin (2), auteur contemporain, et témoin oculaire des faits qu'il rapporte : « Les princes ayant partagé » à leurs troupes les différens quartiers de la >> ville, le marquis de Montferrat alla attaquer >> le palais Bucoléon. Ceux qui en avoient la >> garde, ou qui s'y étoient réfugiés, se rendirent » aussitôt, à condition qu'ils auroient la vie >> sauve. Pendant ce temps-là, Henri, frère de (1) Hist. de l'Église Gall. ibid. Hist. des Croisades, par M. Michaud, tom. III, liv. II, année 1204, pag. 273. Hist. de l'empire de C. P. par Ducange, pag. 319.

(2) Voyez la Collection des Mémoires publiés par M. Petitot, tom. I, pag. 35, 274, etc. - Hist. des Croisades, par M. Michaud, liv. XI, tom. III, pag. 254, etc.

>> Baudouin, s'emparoit du palais de Blaquer» nes...... On mit des gardes dans ces deux » palais. L'armée se répandit ensuite dans la >> ville (1) ». Il est à regretter que la plupart des historiens modernes, entre autres Fleury, Bérault-Bercastel, et les auteurs de l'Histoire de l'Église Gallicane, aient omis ces détails si importans pour établir l'authenticité des précieuses Reliques envoyées à nos rois par les empereurs latins de Constantinople.

TROISIÈME QUESTION.

Qu'est devenu en particulier le Titre de la Croix depuis sa découverte en 326 (2)?

C'étoit l'usage, parmi les anciens, d'inscrire sur une petite tablette le nom et le crime de ceux qu'on avoit condamnés à mort. Cette ta

(1) Hist. du Bas-Empire, ubi suprà, pag. 512 et 513.

art. I.

(2) On peut consulter, sur cette matière, les Vies des Saints de Baillet, Fétes mobiles, Vendredi-saint, art. vII. Réflexions sur l'usage et sur les règles de la critique, par le P. Honoré de Sainte-Marie, tom. III, liv. V, dissert. Iv; première partie, Bened. XIV, de Festis, lib. I, cap. vII, n. 67, etc. Ejusdem de Canoniz. sanctorum, lib. IV, part. II; cap. xxxi, n. 16; necnon Appendice III ad eamdem partem. - Sandini, Hist. Familiæ sacræ, primâ parte, cap. XIII, n. 16; cap. xv, n. 11. Titulus S. Crucis, seu Historia et mysterium Tituli S. Crucis, auctore Honor. Nicqueto, e societate Jesu: Parisiis, 1648, in-8°. - Gretser, de Cruce, tom. I, lib. I; cap. xXVII, XXVIII, XXIX, XIV. - Bosius, de Cruce, lib. I, cap. x1.

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blette s'appeloit en latin titulus, d'où est venu
le mot grec τιτλος; elle s'appeloit aussi en grec
λευκωμα, à cause de la couleur blanche dont elle
étoit ordinairement enduite, et sur laquelle on
écrivoit l'inscription en lettres rouges. Les his-
toriens ecclésiastiques, ainsi que les profanes,
nous apprennent qu'on faisoit porter cette ta-
blette devant le coupable, lorsqu'on le condui-
soit au supplice (1).

Cette marque d'ignominie ne manqua pas
à la Passion du Sauveur; car nous lisons dans
l'Évangile, que Pilate fit attacher à sa croix
une inscription conçue en ces termes : Jésus de
Nazareth, roi des Juifs. Cette inscription étoit
écrite en trois langues, en hébreu, en grec et
en latin, afin qu'elle pût être lue des Juifs, des
Grecs et des Romains qui se trouvoient alors à
Jérusalem.

On a vu plus haut (2) que le Titre de la Croix, ayant été enterré avec elle, fut découvert par sainte Hélène en 326, mais séparé de la Croix, comme le marque expressément l'historien Sozomène. « Tout auprès du lieu de la résurrec» tion, dit cet auteur, on trouva trois croix, et >> séparément un autre morceau de bois, en

(1) Sueton. in Caligula, cap. xxxvVIII. - Dion. Hist. lib. LIV. - Euseb. Hist. lib. V, cap. 1.

(2) Art. I, première question, pag. 7.

1

>> forme de tablette, portant une inscription en » lettres hébraïques, grecques et latines. Cette >> inscription étoit ainsi conçue : Jésus de Na» zareth, roi des Juifs (1). »

Quelque temps après cette découverte, le Titre de la Croix fut porté ou envoyé à Rome par sainte Hélène, et placé dans l'église de SainteCroix de Jérusalem, qui fut bâtie vers cette époque, en l'honneur de la Croix de notre Seigneur. Mais soit qu'on ait dès-lors enfermé ce pieux monument dans la voûte de l'église, soit qu'il n'y ait été enfermé que sous l'empereur Valentinien III, vers l'an 427, comme l'ont cru quelques savans (2), il est certain qu'il resta caché pendant mille ans environ, et qu'il fut de nouveau découvert sous le Pape Innocent VIII, en 1492, comme le rapporte le Pape Alexandre VI, dans la bulle qu'il donna le 25 juillet 1496, pour constater l'authenticité de cette précieuse relique. « Le dernier jour de janvier de

(1) Sozom. Hist. lib. II, cap. Ι.

(2) Le P. Nicquet (lib. I, cap. XXVI) conjecture avec beaucoup de vraisemblance que le Titre de la Croix fut ainsi caché, aussi bien que d'autres Reliques, par la crainte des Barbares, qui menacèrent si souvent la capitale de l'Empire romain depuis le pillage de cette ville par Alaric en 410. On sait en particulier combien les Goths et les Huns donnèrent d'inquiétude aux Romains sous l'empereur Valentinien III. (Hist. du Bas-Empire, tom. VII, liv. XXXI, n. 11, etc.)

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>> l'année 1492, dit ce pontife, Pierre (Gonsalve >> de Mendoza), cardinal du titre de Sainte› Croix de Jérusalem, faisant réparer et embel>> lir cette église, on trouva, dans la plus haute >> partie de la voûte, l'inscription en lettres hé>> braïques, grecques et latines, qui fut placée

>> au-dessus de la tête du Sauveur attaché à la >> Croix. » En mémoire de cette découverte, le même pontife accorde, à perpétuité, une indulgence plénière à tous les fidèles de l'un et de l'autre sexe, qui, étant vraiment pénitens, et ayant confessé leurs péchés, visiteront l'église de Sainte-Croix de Jérusalem, le dernier dimanche de janvier.

Plusieurs auteurs contemporains viennent à l'appui de ce témoignage d'Alexandre VI. Lélius Petronius, en particulier, dans un journal des évènemens de cette époque, fait une relation encore plus détaillée de la même découverte. « Le premier du mois de février de l'an 1492, >> dit cet auteur (1), Gonsalve de Mendoza, car>> dinal de Sainte-Croix, faisant réparer cette » église, les ouvriers découvrirent, au haut de >> l'arcade du milieu, une petite armoire ren>> fermant une caisse de plomb bien fermée. » Au-dessus de cette caisse, il y avoit une pierre

(1) Lel. Petronius, apud Bosium, de Cruce, lib. I, cap. 11.

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