Images de page
PDF
ePub

NOTICE

HISTORIQUE ET CRITIQUE

SUR LA SAINTE

COURONNE D'ÉPINES

DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST

ET SUR LES AUTRES

INSTRUMENS DE SA PASSION

QUI SE CONSERVENT AUJOURD'HUI

DANS L'ÉGLISE MÉTROPOLITAINE DE PARIS.

ES

Les principales Reliques de la Passion de Jésus-Christ qui se conservent aujourd'hui dans le trésor de l'église métropolitaine de Paris, sont : 1o plusieurs portions considérables de la vraie Croix; 2° la sainte Couronne de notre Seigneur; 3° deux portions considérables des Clous qui ont servi à son crucifiement.

Quoique ces, divers objets n'aient pas tous le même degré d'authenticité, nous espérons prouver solidement qu'il n'en est aucun dont la vérité ne soit établie sur une tradition infiniment

respectable par son antiquité; et que, si l'authenticité de quelques-uns n'a pas en sa faveur des titres aussi décisifs, elle est du moins assez bien appuyée, pour obliger la plus sévère critique à respecter sur ce point la pieuse croyance des fidèles. Nous sommes d'autant plus fondés à nous exprimer ainsi, que nous n'avançons rien, comme on le verra bientôt, qui ne soit fondé sur les pièces les plus authentiques, et sur l'autorité des critiques les plus habiles, et même les plus sévères.

ARTICLE PREMIER.

DU BOIS SACRÉ DE LA CROIX DE JÉSUS-CHRIST.

Il se présente ici quatre questions principales à examiner :

1o Est-il certain que la Croix de Jésus-Christ ait été trouvée sous l'empereur Constantin, vers la fin de l'année 326, comme on le croit communément?

2° Qu'est-elle devenue depuis cette découverte?

3° Qu'est devenu en particulier le Titre de la Croix, qui fut trouvé à la même époque?

4° Enfin quelle est l'origine des portions considérables de la vraie Croix qui se conservent aujourd'hui dans le trésor de l'église métropolitaine de Paris?

[ocr errors]

PREMIÈRE QUESTION.

Est-il certain que la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ ait été trouvée sous l'empereur Constantin, vers la fin de l'année 326 (1)?

[ocr errors]

L'Invention de la sainte Croix, à l'époque dont nous parlons, est un fait incontestable, établi par des preuves à l'abri de la critique la plus sévère. Voici comment ce fait est rapporté par les principaux auteurs du quatrième et du cinquième siècles.

Après la mort de Jésus-Christ, ses disciples n'ayant eu ni la hardiesse, ni peut-être la pensée de prendre sa Croix, les Juifs l'avoient enterrée auprès de son tombeau, et le démon s'étoit empressé, dit saint Ambroise, de dérober à la vue des hommes l'épée dont il avoit été percé (2). Dans la suite, c'est-à-dire sous l'empereur Adrien, comme les chrétiens témoignoient un respect singulier pour le lieu con(1) Voyez sur cette première question les Annales de Baronius, année 326. Acta Sanctorum, 3 mai et 18 août. Hist. ecclés. de Fleury, liv. XI, n. 32. — Hist. du Bas-Empire, par Le Beau, tom. I, liv. IV, n. 53, etc. Mémoires de Tillemont, tom. VII: Hist. de sainte Hélène, et Notes sur cette histoire. Les Vies des Saints, par Baillet, 3 mai. Bened. XIV, de Festis, lib. I, cap. xiv. Petavius, de Incarnatione, lib. XV, cap. vIII. Hist. des Croisades, par Michaud, liv. I, pag. 12.

[ocr errors]

(2) S. Ambros. de obitu Theodosii, n. pag. 1210.

44, Oper. tom. II,

sacré par les mystères de la mort et de la sépulture de Jésus-Christ, les païens ou plutôt le démon par leur moyen, s'efforcèrent d'abolir la mémoire de ce saint lieu. Ils remplirent de terre la caverne du saint Sépulcre, élevèrent au-dessus une terrasse qu'ils pavèrent de pierres, et y bâtirent un temple à Vénus. Bien plus, ils placèrent la statue de cette déesse impure à l'endroit même où Jésus-Christ avoit souffert la mort, et une statue de Jupiter au lieu de sa résurrection, afin que les chrétiens parussent adorer ces fausses divinités, lorsqu'ils viendroient offrir en cet endroit leur culte à Jésus-Christ.

Mais Dieu n'avoit permis que la sainte Croix demeurât cachée durant quelque temps, que pour la soustraire, pendant les persécutions, à la fureur des Juifs et des Gentils, et pour la manifester ensuite au monde avec plus d'éclat, lorsque la paix auroit été donnée à l'Église. La gloire de cette précieuse découverte est principalement attribuée à sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, et convertie par ses soins au christianisme (1). Vers la fin

(1) Theodoret (Hist. lib. I, cap. xvIII) donne à sainte Hélène la gloire d'avoir nourri son fils dans la piété. Eusèbe, au contraire, (De Vita Constantini, lib. III, cap. XLII) assure qu'elle avoit été dans l'ignorance du vrai Dieu, jusqu'à ce

« PrécédentContinuer »