» de marbre, de figure carrée, sur laquelle >>> étoient écrites ces paroles: Hic est Titulus » veræ Crucis. Dans cette cassette, qui avoit » deux palmes de long, on trouva une petite >> tablette, de la longueur d'un palme et demi, » sur laquelle on avoit gravé, et ensuite teint » de rouge, ces paroles : Jesus Nazarenus Rex » Judæorum. Il est vrai, ajoute ce témoin ocu» laire, que le mot Judæorum n'étoit pas en» tier, parce que, de cette syllabe rum, il ne >> restoit que la lettre r; la syllabe um n'y étoit >> plus, parce que cette extrémité avoit été ron» gée et détruite par le temps. Sed illud Ju» DÆORUM non erat perfectum, quia illud RUM, » nonnisi usque ad R inclusive remanserat; et » illud Uм, ceciderat, quia erat tabula ab ea » parte corrosa, et vetustate deficit. » Cette relation nous apprend qu'à l'époque où l'on trouva le Titre de la Croix, sa longueur étoit d'un palme et demi, c'est-à-dire, d'environ un pied et cinq lignes (1), et que les lettres étoient colorées de rouge, selon l'usage des anciens, qui employoient ordinairement cette couleur dans les inscriptions. En 1564, on visita de nouveau ce précieux monument, et l'on trouva qu'il étoit encore (1) Le palme romain est de huit pouces trois lignes et demie. diminué du côté où étoit le mot Judæorum. Enfin, en 1648, on remarqua que le côté droit où étoit le mot Jesus, étoit aussi emporté, en sorte qu'il ne restoit plus que le milieu de l'inscription Nazarenus Re. C'est ainsi que le Titre de la Croix est représenté dans plusieurs gravures du dix-septième siècle (1), et dans les copies plus récentes qu'on en a publiées. Celle qu'on voit ici est exactement conforme à toutes les anciennes, et représente fidèlement le Titre de la Croix, tel qu'on le voit aujourd'hui à Rome, dans l'église de Sainte-Croix de Jérusalem. que Un habile antiquaire, qui a fait, pendant la révolution, le voyage de Rome, et qui a soigneusement observé le pieux monument dont nous parlons, nous assure que la couleur blanche du titre, aussi bien, la couleur rouge des lettres, ont entièrement disparu, mais que la couleur rouge a fait place, comme il arrive d'ordinaire, à une espèce de couleur de plomb. Il ajoute que le bois, quoique noirci par temps, paroît avoir beaucoup de ressemblance avec celui de la vraie Croix de la Sainte-Chapelle de Paris. le Ce qu'il y a de plus singulier dans cette in (1) Voyez en particulier l'ouvrage déjà cité du P. Nicquet, lib. I, cap. xxv; et celui de Bosius: ubi suprà. scription, c'est la disposition des lettres grecques et latines, qui ne sont pas écrites de gauche à droite, selon l'usage ordinaire, mais de droite à gauche, à la manière des Hébreux. Cette singularité peut s'expliquer, en supposant que l'inscription fut peinte par un Juif accoutumé à écrire de cette manière, ou par un Romain qui aura voulu se conformer à l'usage des Juifs, à qui cette inscription étoit principalement destinée. Peut-être aussi le peintre de l'inscription, quel qu'il fût, aura-t-il trouvé convenable de placer exactement, les uns au-dessous des autres, les mots qui se correspondoient dans les trois langues, ce qu'il n'a pu faire qu'en écrivant les mots grecs et les latins de droite à gauche, à la manière des Hébreux. Au reste, il est vraisemblable, comme l'ont remarqué plusieurs savans (1), que l'inscription a été peinte par différentes mains, c'est-à-dire, les lettres latines par un Romain, et les autres par un Juif. Il suffit en effet d'examiner attentivement cette inscription, pour voir que les lettres latines y sont bien formées, tandis que les lettres grecques, même celles qui ont quelque rapport avec les latines, y sont tracées péniblement, et d'une manière fort irrégulière, qui annonce l'embar (1) Voyez en particulier l'ouvrage du P. Nicquet, lib. I, cap. XII. |