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» avoue n'avoir aucun monument de l'origine, » ni du temps, ni de la manière que le Titre de >> la Croix qu'elle possède a été apporté dans >>> cette église. Elle n'en a d'autre preuve que la >> tradition. Mais si cette tradition est ancienne » ou non, et sur quel fondement elle est établie, >> c'est ce qu'on ne sait pas, et c'est ce qu'on ne >> peut savoir aujourd'hui..... Ainsi, jusqu'à ce >> qu'on produise d'autres preuves pour combat>> tre la tradition qui donne à l'église de Sainte» Croix à Rome la possession du véritable Titre >> de la Croix, les critiques, qui prétendent ravir >> ce précieux dépôt à la capitale de la chrétienté, » ne doivent pas attendre qu'on les écoute, ni >> qu'on abandonne une tradition qui paroît >> hors d'atteinte, suivant les lois de la critique >> la plus sévère... Je ne doute pas néanmoins, >> ajoute le judicieux auteur, que le Titre de la » Croix qu'on montre à Toulouse, ne soit digne » de vénération; car on doit présumer qu'on y » a mis quelque fragment du véritable Titre » qui est à Rome, et que celui-là est une repré» sentation de celui-ci. Les miracles que Dieu a >> opérés par ce Titre justifient assez que la piété » des fidèles n'est pas trompée, puisque leur >> culte a pour objet le véritable Titre de la Croix, >> dont celui-ci contient quelque fragment, et >> offre la représentation. » On peut confirmer

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ce témoignage par celui des savans éditeurs du Gallia Christiana, qui, dans le dernier tome de cet ouvrage, publié en 1785, disent que l'église de la Daurade croit posséder seulement une partie du Titre de la Croix (1). Au reste, nous ignorons ce qu'est devenue cette précieuse Relique depuis la révolution. Les démarches que nous avons faites pour obtenir de Toulouse même quelques renseignemens sur ce point, ont été jusqu'à présent inutiles.

QUATRIÈME QUESTION.

Quelle est l'origine des portions considérables de la Croix de Jésus-Christ
qui se conservent aujourd'hui dans le trésor de l'église métropolitaine
de Paris?

L'église métropolitaine de Paris possède au-
jourd'hui plusieurs portions différentes de la
vraie Croix, dont nous examinerons successive-
ment l'origine dans les trois paragraphes sui-
vans. Nous parlerons, 1o des trois Croix prove-
nant de l'ancienne Croix d'Anseau; 2° d'un
morceau considérable de la Croix de la Sainte-
Chapelle; 5o de la Croix de la princesse Pala-
tine. On verra que l'authenticité de ces diffé-
rentes portions de la vraie Croix repose sur les
témoignages les plus respectables et les plus di-
gnes de foi.

(1) Gallia Christiana, tom. XIII, pag. 102.

1

$ Ier. - Des trois Croix provenant de celle d'Anseau.

L'ancienne Croix d'Anseau étoit ainsi nommée, parce qu'elle avoit été envoyée en 1109 à l'évêque et au chapitre de Paris, par un ancien chanoine de cette église, nommé Anselle ou Anseau, alors grand-chantre de l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Anseau lui-même, dans les lettres qu'il écrivit à Galon, évêque de Paris, et à son chapitre, en leur envoyant cette précieuse Relique (1), nous apprend qu'il la tenoit immédiatement de la supérieure des religieuses Géorgiennes de Jérusalem, qui, avant de venir habiter cette ville, avoit été mariée à David, roi de Géorgie. Cette pieuse reine, en quittant sa patrie après la mort de son époux, avoit emporté avec elle une partie de ses trésors, et spécialement la portion de la vraie Croix dont il s'agit ici, et qui provenoit, comme on l'a vu plus haut (2), de la partie du bois sacré que sainte Hélène avoit laissée à Jérusalem.

Anseau envoya donc à l'évêque et au chapitre de Paris ce riche présent, par un clerc de cette

(1) On trouve dans le Gallia Christiana (tom. VII, Pièces justif. pag. 44) deux lettres d'Anseau à ce sujet. Nous les avons placées au n. II des Pièces justific. à la suite de cette

Notice.

(2) Voyez ci-dessus, pag. 28.

église, nommé Anselme. Celui-ci, étant arrivé à Fontenai, près Bagneux, fit avertir de son arrivée l'évêque et les chanoines, qui se rendirent auprès de lui, et portèrent solennellement la sainte Relique dans l'église de Saint-Cloud, où ils la déposèrent le vendredi 30 juillet 1109. De là ils la transportèrent, avec beaucoup de pompe, le dimanche suivant, dans l'église cathédrale. Les évêques de Meaux et de Senlis, avec les processions des paroisses voisines, assistèrent à cette translation, dont l'église de Paris célèbre encore aujourd'hui la mémoire, le premier dimanche d'août, jour de la Susception de sainte Croix (1).

Depuis cette translation, la Croix d'Anseau a toujours été précieusement conservée dans le trésor de l'église métropolitaine, jusqu'au temps de la révolution. « L'ancien reliquaire, >> dit M. Gilbert, dans sa Description historique » de la basilique métropolitaine de Paris (2), >> étoit une Croix en vermeil, enrichie, dans >> toute sa longueur, de perles, de diamans, » d'émeraudes, de rubis et de saphirs orien

» taux. »

(1) Nous tirons ces détails des leçons du IIe Nocturne de cette fête. Voyez aussi le Gallia Christ. tom. VII, pag. 56; et l'Hist. de l'église de Paris, ubi suprà. (2) Descript. histor. pag. 340.

En examinant de près la sainte Relique, on y remarquoit une Croix de bois blanc, incrustée dans une plus grande de bois noir assez semblable à de l'ébène (1). Ce mélange pourroit paroître singulier, et même difficile à expliquer, si l'on n'en trouvoit la raison dans plusieurs anciens auteurs, et en particulier dans la première lettre d'Anseau à l'évêque et au chapitre de Paris. « Nous avons appris, dit-il, dans les écrits >> des Grecs et des Syriens, que la Croix de >> Jésus-Christ se composoit de quatre sortes de » bois, l'un sur lequel Pilate écrivit le Titre, >> l'autre contre lequel les bras du Sauveur fu>> rent étendus et ses mains clouées, le troisième >> auquel son corps fut suspendu, et le qua>> trième dans lequel la Croix fut plantée (2). >> Ce dernier fut teint et sanctifié par le sang » qui découla du sacré côté et des pieds de >> Jésus-Christ. La Croix que je vous envoie se >> compose de deux sortes de bois. Vous y ver >> rez une petite Croix incrustée dans une plus >> grande : la première est du bois auquel notre » Seigneur a été suspendu, la seconde du bois

(1) On remarque un semblable mélange dans la Croix Palatine, dont nous parlerons bientôt.

(2) Anseau parle vraisemblablement ici des pieux qui servoient à fixer le pied de la croix, et à la tenir droite dans sa fosse.

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