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renverse tout ce qui s'oppose à elle. L'artillerie autrichienne est enlevée à la baïonnette.

Dans le même temps, la cavalerie française traversait ce fleuve à la nage. Augereau accourait avec sa division. Les Autrichiens fuient dispersés, abandonnant leur artillerie, leurs caissons, leurs bagages. Beaulieu, passant l'Oglio pendant la nuit, se réfugie sous le canon de Mantoue.

La journée de Lodi, très - importante par elle-même, l'était encore davantage par l'impression qu'avait faite en Italie une des plus belles manœuvres de guerre que jamais on eût exécutées. L'exaltation guerrière, qui était le germe des triomphes de Bonaparte, se communiquait aux Italiens, de tout temps amoureux de leur liberté. L'archiduc Ferdinand était sorti de Milan avec sa famille, pour se retirer dans le Tirol. Les individus attachés au gouvernement autrichien, abandonnaient précipitamment cette capitale. Les Français en prirent possession le lendemain de la bataille de Lodi.

1796.

1796.

CHAPITRE XX VIII.

Révolte dans le Milanais contre les
Français.

BONAPARTE

ONAPARTE demandait au Milanais une contribution de vingt millions. Le départ de plusieurs riches propriétaires qui avaient emporté leurs effets les plus précieux, rendait cette somme très difficile à recouvrer. On employa l'argenterie des églises et les fonds trouvés dans les Monts - de - Piété. Ces ressources étaient bien loin de remplir la somme demandée, et qu'il fallait remettre dans les plus courts délais. Dans cette fâcheuse circonstance, on ne doutait pas que des troubles populaires ne fussent prochainement excités par les hommes qui avaient intérêt au maintien de l'ancien gouvernement.

Pour prévenir cette explosion, Bonaparte établit dans Milan une société populaire, sur le modèle de celles qui existaient en France. Les orateurs de la liberté parcouraient les campagnes, et avertissaient les habitans que les contributions demandées ne péseraient que

sur les riches. Pavie envoya des députés pour fraterniser avec la société populaire de Milan. Bonaparte se servait de ces missionnaires pour engager les habitans du Milanais à procurer à l'armée française les vivres et les munitions dont elle avait besoin, avec promesse de payer la valeur des objets mis en réquisition, sur le produit de la contribution de guerre.

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Mais soit que les habitans, auxquels on enlevait leurs subsistances n'eussent pas confiance dans le paiement promis ou que les violences que se permettent presque toujours les subalternes, lorsqu'ils sont autorisés à prendre de force dans les campagnes les denrées des paysans, eussent soulevé le peuple, une insurrection éclata. La célérité avec laquelle Bonaparte arrêta cet incendie, qui se propageait avec fureur, inspirant aux habitans du Milanais un nouvel esprit, le général était invité, avec instance, d'introduire dans le pays le régime de la république française.

Soit que ce sentiment politique eût été inspiré aux habitans de Milan et des autres grandes villes de la Lombardie autrichienne les émissaires de la France, ou que l'amour de la nouveauté portât le peuple à secouer le joug

, par

1796.

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de la maison d'Autriche, cette détermination populaire eut les suites les plus fâcheuses envers la cour de Vienne. Bientôt le gouvernement républicain fut proclamé depuis les montagnes de Chiavenna jusqu'au confluent du Pô et de l'Oglio. Partout les populaires s'emparent du gouvernement, la noblesse héréditaire est abolie, une armée italienne, qui doit seconder les Français, se lève et s'organise, la cavalerie est montée avec les chevaux de luxe des nobles qui fuient hors du pays; les places de guerre, dont les Français sont maîtres dans le Milanais, dans le Piémont, dans les duchés de Parme et de Modène, procurent les armes nécessaires. On paie les soldats avec les impositions levées sur les pays conquis et sur les gouvernemens qui achètent la neutralité.

CHAPITRE X X I X.

Bataille de Borghetta.

LE
comte de Beaulieu, forcé à l'inaction en
attendant les renforts qu'il devait recevoir d'Al-
lemagne, campait à la gauche du Mincio. Sa
ligne avait sept lieues d'étendue; sa droite

s'appuyait au lac de Garda et à la forteresse de Peschiera, appartenante aux Vénitiens, et sa gauche sur la ville de Mantoue. Il était maître de trois ponts sur le Mincio : le premier à Rivalta, le second à Goito, le troisième à Borghetta. Mantoue était la seule ville qui restait à l'empereur en Italie. Mais, en présence d'une armée où l'on comptait encore vingt mille hommes, il était difficile de tenter le siége d'une place dont la situation au centre, 'd'un lac d'environ dix lieues de circonférence rendait les approches presque impraticables.

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L'armée française avait passé l'Oglio presque en même temps que les Autrichiens. Le quartier-général fut établi à Brescia, le 28 mai; la division d'Augereau vint camper devant Peschiera; celle de Massena était à Monte Chiario; une autre division à Montse. On occupa les petites villes de Gasoldo, de Solfarino, de Mariana, toute la rive droite de la rivière de Seriola Marchionale, et pour faire croire aux généraux autrichiens qu'on voulait les tourner en passant le lac de Garda vers sa partie supérieure, ou couper entièrement leur communication avec le Tirol, une demi-brigade d'infanterie légère prit poste dans la ville vénitienne de Salo, située au bord occidental du

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