1797. plus d'applaudissement, que remplissant avec honneur la mission la plus difficile, il avait négocié la paix entre la république française et deux des principales puissances de l'Europe. Barthelemy ne jouit pas long-temps des sentimens de bienveillance qu'on lui prodiguait de toute part. A peine trois mois s'étaient écoulés depuis son admission au directoire, qu'enveloppé par un concours de circonstances dans une inconcevable conspiration, dont probablement il ignora toujours le véritable but, arrêté dans le palais même du directoire par ordre de ses collègues, il fut transporté sur une plage lointaine et déserte, laissant à la postérité un exemple mémorable des dangers qui environnent les grandes places. CHAPITRE VI I. . Revolution de Génes. La même révolution qui s'était opérée à Venise s'annonçait à Gênes, sans avoir été amenée par les mêmes causes. On a vu dans les livres précédens que l'administration qui subsistait dans cette république, ne remontait qu'au seizième siècle : elle était l'ouvrage d'André Doria, contemporain de CharlesQuint et de François Ier. On a vu aussi que malgré la ligne de démarcation entre les patriciens et les plébéiens, le grand crédit obtenu par la banque de Saint-Georges, devenue dans l'état une puissance qui avait ses magistrats pris parmi les patriciens et les plébéiens indifféremment, rétablissait la balance entre les nobles et les populaires. Cette balance disparut lorsque par les suites de l'invasion autrichienne dans Gênes, en 1746, la banque perdit tout son crédit. Depuis cette époque, la haine la plus prononcée subsistait dans Gênes entre les patriciens et les plébéiens; mais les premiers, investis de toute la force publique, arrêtaient aisément les effets d'une vaine malveillance. Il fallait des circonstances particulières pour lui imprimer un caractère capable d'inquiéter le gouvernement. Ces circonstances furent amenées par l'expédition des Francais en Italie. La situation de la république sur les frontières de France, et la jalousie subsistante entre elle et la cour de Turin, ne lui permettait pas d'entrer dans la coalition. Elle embrassa la neutralité; mais dans beaucoup d'occasions, 1797. 1797. le gouvernement montrait sa partialité en faveur des ennemis de la France. Les patriciens ne se dissimulaient pas que si la république française triomphait, il était bien difficile que les principes de son gouvernement ne prévalussent dans un pays contigu à la France, qui avait avec elle les liaisons de commerce les plus multipliées, et où les idées républicaines exaltaient toutes les têtes. : J'ai rapporté quelques exemples de cette partialité; les succès de Bonaparte, sans en détruire la cause, suspendaient seulement ses effets. Il s'était manifesté un soulèvement contre les Français peu de temps après leur entrée dans le Milanais les mêmes dispositions se renouvelèrent lorsque Bonaparte levait le siége de Mantoue pour marcher contre le well-maréchal Wurmser. On supposait que des miracles avaient annoncé cet événement, avant-coureur, disait-on, de la défaite entière des Français. Si l'aristocratie génoise redoutait l'ascendant de la république française, la masse entière de la nation s'y laissait visiblement entraîner; c'était le vrai motif de la terreur du nement. gouver entièrement, partageaient la ville. Les Français Del despotico potere Ite al foco iniqui editti, Son nell' huomo i primi dritti, Dès lors une fermentation, dont la force augmentait progressivement, annonçait une révolution prochaine; les obstacles qu'y mettait le gouvernement, ne pouvaient avoir d'autres effets que de l'ensanglanter. $797. 1797. La révolution s'annonça, vers le milieu de mai, sous la forme d'une émeute populaire. Douze mille ouvriers, ayant à leur tête Philippe Doria, après avoir enfoncé les prisons et mis en liberté les prisonniers qui n'étaient pas détenus pour crime capital, s'étaient rendus maîtres des principaux postes de la ville, et demandaient à grands cris l'abolition du gouvernement patricial, et le rétablissement de la démocratie. Les riches bourgeois, enfermés dans leurs maisons, attendaient Févénement pour se décider, et la plupart des nobles, cédant à leur destinée, abandonnaient la ville, lorsque le petit conseil crut éloigner la catastrophe, ou lui donner une autre impression, en armant d'autres ouvriers, auxquels il croyait pouvoir se fier, et, les faisant soutenir par quelques corps de troupes restés fidèles à la seigneurie. Cette politique eut d'abord quelques succès; mais après plusieurs pourparlers, les deux partis populaires finirent par se réunir. Alors le gouvernement se trouvait dans le plus grand danger. En vain il multipliait les proclamations pour engager les insurgés à poser les armes; on promettait que la seigneurie rendrait au peuple toute la justice qu'il avait droit d'at |