les chances des combats que d'accepter l'arbitrage de l'Europe, lui, de son côté, plutôt que de suivre les conseils de l'Empereur Napoléon et de répondre à l'appel du Roi de Sardaigne et aux vœux de ses sujets, a préféré aller s'abriter derrière cette armée autrichienne qui avait déjà ramené et soutenu tant de fois sur ce trône italien, cette branche cadette de la maison d'Autriche? Le départ du Grand-Duc ne rencontra point d'opposition dans le peuple: parce qu'il ne voulait atteindre qu'un but, celui de prendre part à la guerre contre l'Autriche, et que le seul obstacle à la satisfaction du vœu général, disparaissait avec la dynastie; et voilà comment un de ces mouvements qui coûtent souvent des flots de sang, a pu s'accomplir à Florence avec une incroyable facilité. Maintenant qu'est finie cette guerre où le GrandDuc et ses fils ont passé sous les drapeaux de l'Autriche, tandis que les Toscans, leurs anciens sujets, suivaient fidèlement le drapeau italien, sous les ordres du Roi de Sardaigne et de l'Empereur Napoléon, il est permis de se demander si cette dynas tie pourrait trouver quelques sympathies pour remonter sur le trône que son chef a volontairement abandonné plutôt que de rien faire pour l'Italie. Une étude rapide sur l'avénement de cette dynastie au trône de Toscane, sur les rapports qu'elle a eus d'un côté avec l'Empereur d'Autriche, son chef, et de l'autre avec le peuple toscan, et, enfin, sur sa conduite vis-à-vis du mouvement national qu'elle s'efforça d'étouffer et qui triomphe en ce moment, aidera, sans doute, à la solution de cette question qui préoccupe, à si juste titre, la diplomatie. II. On ne sait que trop combien de nobles traditions nationales ont été méconnues, combien de droits ont été violés en Italie pour satisfaire l'ambition et les intérêts de la maison d'Autriche; mais nulle part, peut-être, l'abus de pouvoir des grandes puissances à la charge des peuples et au bénéfice de cette dynastie ne fut moins justifié qu'en ce qui concerne la Toscane. Ce peuple qui, pendant le moyen âge, avait constamment gardé son indépendance vis-à-vis des Empereurs, sur lesquels il avait même remporté quelques victoires, dut enfin se soumettre aux armées de Charles-Quint; et ce fut d'après les conditions d'une capitulation que cet Empereur pro nonça, en qualité de médiateur entre deux partis contraires, un arbitrage (lodo) par lequel les Médicis recouvrèrent avec un titre princier et avec droit de succession héréditaire, ce pouvoir suprême que leurs aïeux avaient déjà exercé, de fait, depuis un siècle, dans la République florentine. Ce ne fut point en empereur et en vertu de droits féodaux, ainsi qu'on l'a prétendu, mais en qualité d'allié d'un prétendant et de médiateur que CharlesQuint décida qu'Alexandre de Médicis et ses successeurs seraient ducs de Florence à l'instar des doges de Venise; et, en, effet, ce ne fut point de l'Empereur, mais du sénat et du conseil, laissés debout comme des fantômes des anciens magistrats de la République, que les souverains de la Toscane ont, de tout temps, reçu l'investiture lors de leur avénement au trône; par la capitulation du 12 août 1530, la Toscane avait perdu sa liberté, mais s'était réservé en toute lettre son indépendance. Malgré cela, dès que, du vivant même de l'avantdernier des Médicis, on put prévoir que cette famille, qui avait exercé pendant deux siècles le pouvoir suprême dans sa patrie, était sur le point de s'éteindre, les yeux de différents souverains de l'Europe se tournèrent avec convoitise vers ce trône brillant dont chacun voulait disposer à son gré, soit en faveur de quelque cadet de sa famille, soit dans l'intérêt de quelque autre combinaison utile à la puissance de sa nation." Ainsi, Louis XIV, qui méditait la réunion de la Lorraine à la France, voulait que la maison de Lorraine trouvât une indemnité dans le trône des Médicis; plus tard, par le traité de Londres du 2 août 1718, la Toscane fut arbitrairement adjugée en fief impérial à l'Empereur Charles VI, qui en déclara souverain don Carlos, fils aîné du roi Philippe V d'Espagne; et enfin, par un nouvel arrangement diplomatique, don Carlos reçut Naples et la Sicile, et ce fut le duc de Lorraine François, l'époux de Marie-Thérèse d'Autriche, qui, en compensation de la Lorraine, cédée à Stanislas Lesczinski, avec réversion à la couronne de France, fut définitivement appelé à gouverner la Toscane après la mort du Grand-Duc régnant (Préliminaires de Vienne, 3 octobre 1735.) |