ration de lois sur la presse, l'institution de la garde nationale, ainsi que d'autres réformes qui n'aboutirent cependant qu'à donner de nouvelles forces à l'agitation. Le calme n'aurait pu être rétabli que par de larges institutions, capables d'assurer le règne de la liberté et surtout par l'abandon franc et complet de la politique autrichienne. Cette nécessité fut exposée librement au Grand-Duc par un personnage considérable qui, jusque dans ces derniers temps, a montré à l'égard de la dynastie déchue une affection que n'avait point lassée l'ingratitude la moins justifiable, et qui lui fit vainement renouveler les conseils les plus propres à la sauver, le marquis de Lajatico D. Néri Corsini, alors gouverneur de Livourne, et neveu du ministre dont il a été question plus haut. Appelé en septembre 1847 à faire partie du ministère, le marquis de Lajatico proposa nettement de donner une constitution; ce à quoi le Grand-Duc répondit qu'une constitution ne ferait que provoquer , l'intervention autrichienne en Toscane. Après une telle conversation, le marquis de Lajatico dut quitter la Toscane pour avoir osé exprimer franchement son opinion à un prince qu'il croyait être le souverain indépendant de son pays. Cet honnête conseiller avait, en effet, eu un tort en osant parler ainsi au Grand-Duc Léopold; c'était d'avoir pensé qu'il suffisait de fonder son raisonnement sur les traités qui déclarent que les princes de la branche cadette de la maison d'Autriche seraient les souverains indépendants de la Toscane, et sur ce que le congrès de Vienne de 1815 n'avait pas même rétabli en faveur des autres branches de cette famille le droit de réversion établi par les traités antérieurs, détruits à Lunéville. Le marquis de Lajatico avait également le malheur d'ignorer ce que le prince de Metternich venait de rappeler quelques mois auparavant au Grand-Duc de Toscane : « qu'il était avant tout Archiduc d'Autriche et que, comme tel, il ne parviendrait jamais, quoi qu'il fît, à être regardé comme un prince italien. » XIII. Mais, dans les pays dont les gouvernements n'ont point de politique fondée sur l'opinion nationale, les événements changent bien vite la face des choses et le rôle des différents hommes politiques. Les gouvernements de l'Italie ayant été depuis 1815 en désaccord constant avec les populations, soutenus seulement par l'influence anti-nationale de l'Autriche dans la répression des tendances nationales et libérales de leurs sujets, toutes les fois que par l'effet d'un événement quelconque la puissance de l'Autriche a été diminuée ou menacée, les princes ont senti la nécessité de réclamer le concours des hommes les plus éminents du parti libéral; et ces hommes les ont toujours servis avec une fidélité sans bornes pour être ensuite éloignés et persécutés de rechef, dès que l'aigle impériale avait relevé ses deux têtes. Le roi de Naples, aux prises avec la révolution sicilienne et avec les agitations de Naples sans pouvoir compter sur les secours autrichiens, donna bientôt la Constitution du 10 février 1848, malgré le traité du 12 juin 1815, par lequel son grandpère s'était engagé « à n'introduire dans son royaume aucun changement qui ne fût en harmonie avec les principes adoptés par l'Autriche dans le gouvernement de ses provinces italiennes. » Et dès lors le Grand-Duc de Toscane s'aperçut, en février 1848, que cette Constitution qui, en septembre 1847 << aurait appelé inévitablement et bien malgré lui sur la Toscane les malheurs d'une domination autrichienne,» n'était réellement qu'un objet des vœux les plus anciens et les plus ardents de son cœur, ainsi que de son père et de son aïeul, rien que le développement naturel des institutions que ces trois souverains avaient précédemment introduites dans leur pays, » et il s'empressa de l'octroyer à son peuqu'il croyait entièrement mûr pour en savoir profiter. » ple D XIV La solution simultanée du double problème de liberté et de nationalité était une rude épreuve pour un peuple inexpérimenté et qui n'avait eu jusqu'alors d'autres écoles politiques que les sociétés secrètes et d'autres modes d'exprimer ses vœux que des mouvements révolutionnaires: aussi les embarras des gouvernements italiens ne firent qu'augmenter à la suite des révolutions de Paris, de Vienne et de Milan. Une franche et loyale initiative dans la guerre nationale contre l'Autriche commencée dans les rues de Milan pouvait seule donner assez de force aux princes italiens pour être respectés par la révolution qui agitait alors l'Europe entière; et, en effet, ce fut |