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tatives inutilement prodiguées dans ces agrestes 1796. contrées, affaiblissaient les armées françaises d'Allemagne; les revers les plus fâcheux furent la suite de cette disposition.

Malgré les retranchemens élevés par les Autrichiens sur les bords du Lech, les Français avaient franchi cette rivière, et après avoir battu une partie de l'armée de l'archiduc Charles, ils se répandaient dans la HauteBavière, aux environs de Munich. Cet événement avait déterminé l'électeur de Bavière, malgré ses étroites liaisons avec la cour de Vienne, à traiter d'une paix particulière avec la république. Cependant le général autrichien, convaincu qu'avec les forces qui restaient à Moreau entre les Alpes et le Danube, ce général ne pouvait former sur l'intérieur de la Bavière que des entreprises peu décisives, s'était porté à la gauche du fleuve avec une partie de son armée, pour fortifier la division commandée par le feld maréchal Warstensleben, serrée de près par l'armée de Sambre et Meuse.

AN 4.

CHAPITRE XIV.

Bataille du Teming. Retraite de Jourdan sur
Dusseldorf.

CETTE armée, après avoir passé sans obs

tacles le Rednitz et l'Altmutk, dominait dans le cercle de Franconie. Elle s'était emparée de Nuremberg, d'Aichstat, d'Ingolstadt, d'Amberg et de toute la partie du Haut-Palatinat, située à la droite de la Nab. Jourdan marchait sur cette rivière, unique barrière qui défendait l'Autriche le long du Danube, tandis que Moreau n'avait plus que quelques marches pour parvenir aux défilés de Werdenfeld, et pour descendre ensuite à Inspruch.

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Malgré la force des armées de Sambre et Meuse et de Rhin et Moselle réunies, et quelle que fût leur activité, il leur était difficile de défendre efficacement une ligne de près de cinquante lieues depuis Amberg jusqu'à Fuessen. Les divisions laissées sur les bords du Rhin, pour réprimer les tentatives de la garnison de Mayence, formaient un vide dans l'armée de Jourdan, qui se faisait vivement sentir, à mesure que cette armée s'éloignait des frontières de France.

Le quartier-général de Jourdan était à Uns1796. dorf; sa droite, commandée par Bernadotte, faisait des courses jusques sous le canon de Ratisbonne. Elle fut attaquée, le 7 fructidor, par l'archiduc Charles. Il est peu d'exemple de bataille aussi acharnée; elle continua pendant trois jours consécutifs avec différens succès. Le troisième jour, les Autrichiens revenant à la charge avec des renforts qui arrivaient de l'intérieur de l'Autriche, parvinrent à enfoncer l'infanterie française. Bernadotte, après des prodiges de valeur, fit sa retraite le long du Rednitz, sur Bamberg, en se battant au milieu des rochers et des défilés avec une telle fureur, qu'il semblait que chaque soldat eût sa querelle particulière à venger.

Plus de vingt mille combattans des deux armées restèrent sur le champ de bataille dans ces différentes actions; mais ce qui fit le plus souffrir l'armée française, fut l'insurrection générale des paysans. Pour tirer vengeance des mauvais traitemens qu'ils avaient éprouvés, ils se réunissaient dans tous les passages dangereux, arrétaient la marche de l'armée, et assassinaient les soldats qui s'écartaient des colonnes, pour se procurer des vivres. Cependant Jourdan passa à la rive droite du Mein, sans avoir perdu ni son artillerie ni ses équipages.

Mais à peine les Français commençaient à

se réunir dans les environs de Wursbourg, qu'ils furent attaqués de nouveau le dix-sept AN 4. fructidor. La victoire se déclara en faveur des Autrichiens; l'armée, frappée de terreur, s'était presque entiérement débandée. En vain, à la première nouvelle de cette déroute, les divisions campées sur les deux bords du Rhin, se mîrent en marche pour se porter au centre de l'Allemagne ; il en résulta une action dans laquelle fut blessé à mort le général Marceau, jeune guerrier de vingt- sept ans, dont les talens et la bravoure donnaient les plus justes espérances. Rien ne put arrêter la marche de Jourdan, qui précipitait sa retraite sur Dusseldorf, abandonnant les dépouilles de la Françonie et la ville de Francfort. Ce général quitta son armée; elle fut confiée provisoirement à Beurnonville, déjà chargé provisoirement du commandement de celle du Nord.

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Superbe retraite du général Moreau. Batgille de Biberach.

La retraite précipitée du général Jourdan

pouvait avoir les suites les plus funestes pour l'armée de Rhin et Moselle, découverte par sa gauche, et de toutes parts environnée

d'ennemis, dans des pays d'un accès difficile, 1796. et dont presque tous les habitans avaient pris les armes contre la France. Dans cette position critique, la conduite du général Moreau fut regardée comme le chef-d'œuvre de l'art militaire. Disputant le terrain pied à pied, s'emparant des positions les plus avantageuses, il sut se faire jour à travers les défilés de la Forêt Noire, non-seulement sans avoir été entamé, mais en battant les ennemis dans plusieurs rencontres.

Cette marche, aussi glorieuse que pénible, dura vingt-sept jours. Le troisième jour complémentaire, l'armée de Rhin et Moselle conservait encore ses positions dans la Bavière, à Rain, à Friedberg, à Landsberg, à la droite du Lech; et le 5 brumaire l'an cinq, elle était en sureté à la gauche du Rhin, après avoir passé ce fleuve sur le pont d'Huningue.

Un officier de cette armée écrivait du quartier-général de Rheinfeld, le 23 vendémiaire: << Dis aux alarmistes et aux mal-intentionnés, que notre armée n'est pas détruite. Nous battons en retraite, à la vérité, depuis le quatrième jour complémentaire; mais bien loin. d'avoir essuyé des pertes, nous avons battu l'ennemi toutes les fois qu'il a voulu se mesurer avec nous. Nous lui avons prouvé que notre mouvement rétrograde n'est qu'une suite nécessaire des opérations de l'armée de Sambre

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