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surer par cette forteresse la conquête de 1797. l'Italie.

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Quels efforts l'ennemi peut-il opposer désormais aux soldats républicains, qui ont si souvent triomphé de ses phalanges nombreuses, des obstacles opposés par la nature; qui se sont familiarisés avec la faim, la soif, les marches forcées, et auxquels aucun sacrifice ne coûte?

>> Tant de vertus ne contribueraient pas suffisamment à la gloire de nos frères d'armes, si elles ne puisaient leur principe dans l'amour de la liberté, et n'avaient pour but le bonheur de leurs concitoyens.

>> Tel est l'effet des passions humaines; tant de vertus ne peuvent manquer de provoquer la calomnie. Que ceux pour qui elle est un besoin, viennent dans nos rangs; qu'ils apprennent de la bouche même des étrangers l'éloge qu'on fait des troupes françaises, et nous serons assez vengés. Eh quoi ! ils ont pu se persuader, ces ennemis de leur patrie, que les soldats républicains se sont battus pendant six années pour avoir un autre maître que loi! Non, toutes les factions doivent échouer devant l'énergie des armées. Puisse votre sagesse, citoyens directeurs, unir l'olivier aux lauriers de l'armée ! »

la

Le président du directoire, après avoir protesté de son vœu sincère pour la paix, remit

à Augereau un drapeau tricolor, symbole de celui qu'il avait planté sur le pont d'Arcole, AN 5. sous les obus et la mitraille des Autrichiens, et que le corps législatif lui avait décerné par un décret.

CHAPITRE IV.

Signature de la paix entre la France et le pape. L'archiduc Charles prend le commandement de l'armée impériale en Italie.

E

Le traité de paix entre la république française et le pape, fut signé dans Tolentino, le premier ventose. La cour romaine abandonnait non-seulement les provinces occupées par les Français, et les sommes qu'elle s'était engagée de payer dans les préliminaires convenus l'année précédente; elle y ajoutait quinze millions, qui devaient être acquittés dans le courant de ventose et de germinal. Le traité avantageux au pontife romain, dont les Etats pouvaient être envahis en fort peu de tems, l'était aussi à l'armée française, contre laquelle de nouveaux ennemis accouraient des bords du Danube.

Les combats de Bonaparte avec les Autrichiens, ressemblaient à ceux d'Hercule contre

l'hydre de Lerne. Les armées impériales re1797. naissaient à mesure qu'elles étaient détruites. Les succès de l'archiduc Charles contre le général Jourdan, avaient persuadé au ministère de Vienne que ce jeune peince rendrait aux armées autrichiennes la supériorité qu'elles avaient vainement disputée aux Français dans les plaines de la Lombardie.

L'archiduc Charles était du même âge que Bonaparte. Tous deux témoignaient la même passion pour la gloire des armes. Mais malgré les talens du prince autrichien, il lui était difficile de lutter avec avantage contre une armée accoutumée à vaincre, et dont chaque soldat joignait l'expérience à la bravoure.

L'armée que l'empereur François second destinait pour l'Italie, se levait avec d'autant plus de rapidité, que dans l'ignorance où l'on était à Vienne des négociations de Tolentino, on ne pouvait espérer de dégager le pape que par des succès aussi prompts que décisifs. Mais le conseil autrichien trouvait de grandes difficultés à remplir les bataillons. J'ai déjà observé que la guerre que la maison d'Autriche soutenait depuis plusieurs années contre les Ottomans, lorsqu'elle forma la coalition des rois contre la France, avait dévasté une partie de la Hongrie, et particulièrement le comté de Temeswar. Les recrues continuelles demandées depuis lors à ce royaume, avaient enlevé

la plus grande partie de la jeunesse. On était obligé de recourir aux hommes que les tra- An 5. vaux de l'agriculture réclamaient dans les

champs.

Ces nouvelles levées ne pouvaient guères répondre aux grandes espérances que l'Empereur fondait sur leurs exploits. On leur adjoignit plusieurs divisions avec lesquelles l'Archiduc avait combattu l'année précédente dans la Souabe et dans la Franconie, et que l'inaction des armées d'Allemagne, pendant l'hiver, laissait reposer aux bords du Rhin.

Cette disposition avait déterminé le directoire à faire marcher en Italie une partie des bataillons cantonnés sur les frontières d'Allemagne. Le général Bernadotte en eut le commandement. Les Allemands furent sans doute surpris d'avoir à combattre, aux pieds des Alpes noriques, les mêmes guerriers avec lesquels ils s'étaient mesurés dans la Forêt Noire et sur les bords de la Nab.

1797.

CHAPITRE V.

Passage du Tagliamento par les Français.
Bataille de Cainin.

DEPUIS la bataille de Rivoli et la dispersion de l'armée d'Alvinzi, les Français occupaient la rive gauche de l'Arisio jusqu'à son embouchure dans l'Adige, et la rive droite de la Piava, depuis sa source dans les Alpes, jusqu'à la mer Adriatique.

Les Autrichiens, arrivant en Italie en petites bandes par le Frioul autrichien et par la Haute-Carniole se formaient, comme ils avaient fait sous le général Alvinzi, entre le Tagliamento et la Piava. Bonaparte, dont les troupes occupaient Vicence, Padoue, Bassano, Feltri, fut instruit, dans les derniers jours de pluviose, que les Autrichiens reparaissaient dans les environs de la Piava, surtout vers les hauteurs de Belluno.

Les généraux Murat et Kellermann, qui commandaient les avant-postes, avaient eu quelques engagemens peu considérables avec les enne mis, dans les premiers jours de ventose. A peine Bonaparte avait signé le traité de paix avec les plénipotentiaires du pape, que

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