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détachemens français qui gardaient Verone et quelques autres places vénitiennes. Bonaparte AN 5. savait encore que la cour de Vienne prodiguait toutes ses ressources pour lever deux nouvelles armées qui devaient se joindre aux Vénitiens insurgés, l'une en descendant l'Adige, l'autre en côtoyant l'Adriatique.

La haute chaîne des Alpes, après, avoir séparé la France de l'Italie, se partage en deux principales branches dans les environs du mont Saint Gothard. L'une d'où découlent toutes les rivières qui versent leurs eaux à la gauche du Pô, est dirigée vers le sud sous le nom d'Alpes Rhétiques, d'Alpes Juliennes, d'Alpes Noriques; elle se termine à la pointe de l'Istrie dans les environs de Fiume. Ses bras qui s'étendent au midi depuis Crema jusqu'à Vicence, servent de conducteurs au Lambro, à l'Adda, à l'Oglio, à la Chiusa, au Mincio qui porte le nom de Sarca avant d'entrer dans le lac Garda, à l'Adige, à l'Astico, à la Brenta, à la Piava, à la Meduna, au Tagliamento, à la Roja, au Lisonzo, et à quelques autres rivières moins considérables.

Les ramifications de ces montagnes ont beaucoup plus d'étendue dans le nord; elles remplissent la partie du Tyrol, appelée le Tyrol allemand, l'évêché de Brixen, toute la Carithie, toute la Carniole, une partie de la Styrie, de la Croatie et de l'Esclavonie. Le

Muer, la Drave, la Save et toutes les rivières 1797. affluentes dans ces fleuves, coulent dans les principales vallées que forment les sinuosités de ces montagnes.

La seconde chaîne se rapproche du Danube, s'élève entre l'Ens au nord et le Muer au sud; elle se termine dans la Hongrie auprès de Bude. Les rivières qui en sortent au midi, sont peu remarquables, et se rendent toutes dans le Muer ou dans la Drave. Mais au nord les ramifications de ces montagnes sont trèsétendues; elles remplissent la Souabe, la Bavière, le Haut et le bas Wienervald, touchent au Danube depuis l'embouchure de l'Ens jusqu'à celle du Trazen, et enveloppent pour ainsi dire Vienne. Toutes les rivières qui tombent dans le Danube au sud, depuis sa source jusqu'à Javarin en Hongrie, descendent de ces montagnes. Les principales sont l'Iller, le Lech, l'Inn, le Traun, l'Ens, le Trazen, le Legtha et le Raab.

Bonaparte avait franchi en vainqueur la chaîne méridionale des Alpes, il lui restait encore la chaîne septentrionale à percer; cette opération était au moins aussi difficile que la première. La rivière du Muer, sur laquelle les Français étaient cantonnés, coule de l'ouest à l'est depuis sa source jusqu'à la petite ville de Bruch, à quelques lieues au-dessus de Léoben: arrêtée dans cet endroit par les montagnes de la haute Styrie, elle change de direction, et se porte au sud dans la vallée Ax 5. de Gratz. Il n'existe aucune route sur le col d'Afflent pour descendre avec des voitures vers le nord, soit à Lilliensfeld au bord du Trazen, ou à Neustad au bord de la Legtha; on n'aurait suppléé à ce défaut que par des travaux immenses. L'armée française pouvait remonter le Muer par les défilés de Rottenman, et descendre sur les rives de l'Ens. Alors la route devenait moins difficile sur les deux bords de cette rivière, mais elle était trèslongue. Les corps de troupes que Bonaparte aurait été obligé de laisser sur ses derrières pour conserver sa communication avec l'Italie, devaient prodigieusement affaiblir son armée. Il est probable que, sur cette spéculation, le sénat de Venise combinait Iss succès de l'insurrection à laquelle il se préparait.

On était instruit, dans l'armée d'Italie, que les généraux Moreau et Hoche avaient ordre de passer le Rhin, et de se porter rapidement sur les rives du Danube; mais la crue excessive de ce fleuve, causée par la fonte des neiges dans les montagnes helvétiques au mois de germinal, pouvait retarder cette opéra

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et peut-être la rendre impossible en présence d'une armée qui devait multiplier tous ses efforts pour y mettre obstacle. D'ailleurs le trajet des bords du Rhin aux extré

mités orientales de la Bavière, avec l'appa1767 reil qui doit toujours accompagner une grande armée, était si long, qu'avant que Bonaparte eût reçu quelques secours de Hoche et de Moreau, il pouvait être affamé dans des montagnes stériles.

CHAPITRE XI.

Suspension d'armes entre l'armée de Bonaparte et celle de l'archiduc.

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DANS cette disposition des choses, Bonaparte crut devoir écouter les propositions faites par l'empereur. L'effroi régnait dans Vienne. Les habitans de cette capitale s'empressaient de se soustraire aux horreurs d'un siège regardé comme prochain. Des corps nombreux se ralliaient autour du monarque pour la défense du pays; mais l'exemple des volontaires de Vienne, qui ne s'étaient montrés à l'armée d'Italie que pour y trouver la mort ou pour mettre bas les armes, ne permettait pas aux ministres impériaux de se rassurer sur ce dévoûment.

J'ai rapporté la manière dont l'archiduc avait éludé les pacifiques ouvertures que lui avait faites Bonaparte à son arrivée à Cla

genfurt. Quelques jours après, il fit demander, par un de ses aides-de-camp, au général AN 5. français une suspension d'armes de quelques heures. C'était une ruse de guerre. L'armée française ne marchait jour et nuit avec la plus grande précipitation, que pour arriver au bord du Muer, assez à tems pour empêcher la jonction du corps de Laudohn à la principale armée autrichienne. L'archiduc demandait cet armistice pour arrêter la marche des Français, et opérer sans obstacles la jonction projettée. On a vu précédemment comment l'arrivée d'une division française à Scheilling la rendit impossible.

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Alors des négociations furent ouvertes; le lieutenant-général comte de Bellegarde et le général - major Morvel, envoyés par l'empereur auprès du général français avec des pleins pouvoirs, lui remirent la note suivante, `après les premières conférences.

S. M. l'empereur et roi n'ayant rien de plus à cœur que de concourir au repos de l'Europe, et de terminer une guerre qui désole également les Allemands et les Français, en conséquence de l'ouverture que vous avez faite à l'archiduc Charles par votre lettre, datée de Clagenfurt, nous a envoyés vers vous pour nous entendre sur un objet d'une si grande importance.

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