Images de page
PDF
ePub

En peu de jours nous avons triomphé dans les trois batailles de Tann, d'Abensberg et d'Eckmühl, dans les combats de Preussich, de Kandshut et Ratisbonne. Cent pièces de canon, quarante drapeaux, cinquante mille prisonniers, trois équipages de pont, trois mille voitures attélées portant les bagages, toutes les caisses des régimens; voilà les résultats de la rapidité de vos marches et de votre courage.

L'ennemi, enivré par un cabinet parjure, paraissait ne plus conserver aucun souvenir de vous; son réveil a été prompt: vous lui avez apparu plus terrible que jamais. Naguère il a traversé l'Inn et envahi le territoire de nos alliés ; naguère il se promettait de porter les armes au sein de notre patric, aujourd'hui, défait, épouvanté, il fuit en désordre, déjà mon avant-garde a passé l'Inn: avant un mois nous serons à Vienne 1).

(1) On verra dans le cours de cet ouvrage avec quelle ponctualité cette promesse fut accomplie.

[ocr errors]

SOMMAIRE.

Oubliant à-la-fois ses désastres et nos victoires; oubliant surtout qu'il n'était plus rien que par la générosité de Napoléon, l'empereur François II a profité, pour rallumer la guerre contre la France, du moment où les Français soutenaient en Espagne une guerre d'extermination. C'est en vain qu'il s'est dit le vengeur des peuples. Les Français ont reparu, et, pour la seconde fois, Vienne est en leur pouvoir.

SOLDATS!

Un mois après que l'ennemi passa l'Inn, au même jour, à la même heure, nous sommes entrés dans Vienne.

Ses Landwehrs, ses levées en masses, ses remparts créés par la rage impuissante des princes de la maison de Lorraine n'ont point soutenu nos regards (1). Les princes de cette maison ont abandonné leur capitale, non comme des soldats d'honneur qui cèdent aux circonstances et aux revers de la guerre, mais comme des par

(1) Depuis le commencement de la campagne Vienne offrait l'aspect d'un camp. Toutes ses avenues étaient couvertes de cavalerie, d'infanterie, d'artillerie, de caissons, de pontons, de bagages. Jamais on n'avait vu tant de préparatifs de défense.

jures que poursuivent leurs propres remords. En fuyant de Vienne, leurs adieux à ses habitans ont été le meurtre et l'incendie ; comme Médée, ils ont de leur propre main, égorgé leurs enfans.

Le peuple de Vienne, selon l'expression de la députation de ses faubourgs, délaissé, abandonné, veuf, sera l'objet de vos égards. J'en prends les bons habitans sous ma spéciale protection: quand aux hommes turbulens et méchans, j'en ferai une justice exemplaire.

Soldats! soyons bons pour les pauvres paysans, pour ce bon peuple qui a tant de droit à notre estime: ne conservons aucun orgueil de nos succès; voyons-y une preuve de cette justice divine qui punit l'ingrat et le parjure.

SOMMAIRE.

L'armée d'Italie que commande en chef le prince Eugène Beauharnais, vient de couronner ses travaux par une jonction avec la grande armée.

SOLDATS DE L'ARMÉE D'ITALIE !

Vous avez glorieusement atteint le but que je vous avais marqué: Le Somering a été témoin de votre jonction avec la Grande-Armée

Soyez les bienvenus, je suis content de vous! Surpris par un ennemi perfide avant que vos colonnes fussent réunies, vous avez dû rétrograder jusqu'à l'Adige; mais lorsque vous reçûtes l'ordre de marcher en avant, vous étiez sur le champ mémorable d'Arcole, et là vous jurâtes sur les mânes de nos héros, de triompher. Vous avez tenur parole à la bataille de la Piave, aux combats de San-Daniel, de Tarvis, de Goritz. Vous avez pris d'assaut les forts de Molborghette, de Pradel, et fait capituler la division ennemie retranchée dans Prewald et dans Laybach. Vous n'aviez pas encore passé la Drave, et déjà vingt-cinq mille prisonniers, six cents pièces de bataille, vingt drapeaux avaient signalé votre valeur. Depuis la Drave, la Save, la Murh n'ont pu retarder votre marche.

La colonne autrichienne de Jellachich, qui la première entra dans Munich, qui donna le signal des massacres dans le Tyrol, environnée à San-Michel, est tombée sous vos baïonnettes; vous avez fait une promptę justice de ces débris dérobés à la colère de la grande armée.

Soldats! cette armée autrichienne d'Italie, qui un moment souillait par sa présence nos provinces; battue, dispersée, anéantie, grâces à vous, sera un exemple de la vérité de cette

devise: Dio la mi diede, guai a la chi la tocca. (1) Dieu me l'a donnée, malheur à qui la touche !

SOMMAIRE.

Ayant tout fait pour engager la Russie à exécuter franchement le traité de paix que son souverain avait signé après la bataille de Friedland; et ne pouvant décider l'empereur Alexandre à fermer, comme il s'y était engagé, les ports de son empire aux bâtimens Anglais, Napoléon met à l'ordre du jour qu'il va marcher contre la Russie.

SOLDATS!

La seconde guerre de Pologne est commencée: la première s'est terminée à Friedland et à Tilsitt. A Tilsitt, la Russie a juré éternelle alliance à la France et guerre à l'Angleterre ; elle viole aujourd'hui ses sermens; elle ne veut donner aucune explication de son étrange conduite, que les aigles françaises n'aient repassé le Rhin, laissant par là nos alliés à sa discrétion.

La Russie est entraînée par la fatalité, ses destinées doivent s'accomplir. (2) Nous croit-elle donc

(1) Devise gravée sur la couronne de fer des anciens rois Lombards.

(2) Nous étions plus nombreux que les Russes, et ce fait est connu du monde entier; mais que l'on mette en

« PrécédentContinuer »