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ple et les vôtres (1), son intérêt, son honneur, sa gloire, ne sont autres que votre intérêt, votre honneur et votre gloire. La victoire marchera au pas de charge; l'aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher, jusqu'aux tours de Notre-Dame. Alors vous pourrez montrer avec honneur vos cicatrices; alors vous pourrez vous vanter de ce que vous aurez fait: vous serez les libérateurs de la patrie.

Dans votre vieillesse, entourés et considérés de vos concitoyens, ils vous entendront avec respect raconter vos hauts faits; vous pourrez dire avec orgueil: « Et moi aussi je faisais partie de de cette grande armée qui est entrée deux fois dans les murs de Vienne, dans ceux de Rome, de Berlin, de Madrid, de Moscou, qui a délivré Paris de la souillure que la trahison et la présence de l'ennemi y ont empreinte.» Honneur à ces braves soldats, la gloire de la patrie! et honte éternelle aux Français criminels, dans quelque rang que la fortune les ait fait naître, qui combattirent vingt-cinq ans avec l'étranger pour déchirer le sein de la patrie.

(1) Il y aurait, selon moi, manière d'interpréter cette phrase. Napoléon, comme souverain, s'était en effet despotiquement emparé des droits et de l'existence du peuple et de l'armée; mais ce n'est pas là sans doute ce qu'il voulait dire à la France.

SOMMAIRE.

Napoléon a reconquis son empire. Chef encore une fois de la France et des Français, il se revoit après cent périls affrontés, devant ce même palais où il eut tant de flatteurs et si peu d'amis, tant de gloire et si peu de repos. Les troupes envoyées la veille pour le détruire sont toutes devant lui. Il les passe en revue avec la même sécurité qu'aux plus beaux jours de sa puis sance; il en reçoit les mêmes hommages que sur les plus fameux champs de victoire. C'est alors que paraissent les compagnons de son exil. Restés d'une marche en arrière par l'effet même de leur rapidité, ils viennent après un an d'absence, se replacer parmi leurs frères.

SOLDATS!

Je suis venu avec six cents hommes en France, parce que je comptais sur l'amour du peuple et sur le souvenir des vieux Soldats. Je n'ai pas été trompé dans mon attente: Soldats, je vous en remercie. La gloire de ce que nous venons de faire est toute au peuple et à vous: la mienne se réduit à vous avoir connus et appréciés.

Sodats! le trône des Bourbons était illégitime (1), puisqu'il avait été relevé par des mains

(1) Si, à la nouvelle de son débarquement, l'Autriche

étrangères; puisqu'il avait été proscrit par le vœu de la nation, exprimé par toutes nos assemblées nationales; puisqu'enfin il n'offrait de garantie qu'aux intérêts d'un petit nombre d'hommes arrogans, dont les prétentions sont opposées à nos droits.

Soldats! le trône impérial peut seul garantir les droits du peuple, et surtout le premier de nos intérêts, celui de notre gloire. Soldats! nous allons marcher, pour chasser de notre territoire ces princes auxiliaires de l'étranger. La nation non seulement nous secondera de ses vœux, mais même suivra notre impulsion. Le peuple Français et moi, nous comptons sur vous: nous ne voulons pas nous mêler des affaires des nations étrangères; mais malheur à qui se mêlerait des nôtres!

Voilà les braves du bataillon qui m'a accompagné dans mon malheur; ils sont tous mes amis. Ils étaient chers à mon cœur: toutes les fois que

les voyais, ils me représentaient les différens régimens de l'armée; car dans ces six cents braves, il y a des hommes de tous les régimens. (1).

l'avait secondé comme il s'y attendait, Napoléon aurait-il attaqué dans les mêmes termes la légitimité du trône des Bourbons? Pour moi, j'ai la faiblesse de croire que le plus légitime des gouvernemens est celui qui de tous sait le mieux se faire aimer.

(1) Tant que Napoléon n'avait eu d'autre trône que

Tous me rappelaient ces grandes journées dont le souvenir m'est si cher, car tous sont couverts d'honorables cicatrices reçues à ces batailles mémorables. En les aimant c'est vous tous, soldats de toute l'armée française, que j'aimais. Ils vous rapportent ces aigles; qu'elles vous servent de ralliement! en les donnant à la garde, je les donne à toute l'armée.

La trahison et des circonstances malheureuses les avaient couverts d'un voile funèbre; mais grâce au peuple français et à vous, elles repa

« son rocher, ils s'étaient montrés aussi désintéressés « que fidèles; lorsqu'il eut recouvré sa couronne, ils se « flattèrent que leur dévouement serait généreusement « recompensé. Les uns, que l'honneur seul avait attachés

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au sort de Napoléon, jouissaient d'avance des louan«ges, des titres et des cordons qui leur seraient prodi«gués; les autres, animés de sentimens moins élevés, aspiraient à des biens plus réels. La garde et ses dignes << chefs n'ambitionnaient que la seule faveur de conser« ver le glorieux titre de Grenadiers de l'île d'Elbe. « Vaines illusions! La pensée de l'Empereur, absorbée << tout entière par d'autres soins, ne se reportait plus

vers les braves qui avaient partagé son exil et ses mal« heurs. Cependant ce moment d'oubli n'eut point le « temps de dégénérer en ingratitude: il fut réparé. Des a grades, des dotations, des indemnités leur furent ac« cordés; et, s'ils n'eurent point à se louer compléte«ment de Napoléon, ils cessèrent du moins d'avoir à « s'en plaindre. » (Cinq mois de l'Histoire de France.)

raissent resplendissantes de toute leur gloire. Jurez qu'elles se trouveront toujours partout où l'intérêt de la patrie les appellera; que les traîtres, et ceux qui voudraient envahir notre territoire, n'en pourront jamais soutenir les regards.

SOMMAIRE.

Ayant harangué l'armée, l'Empereur s'adresse
à l'Empire.

FRANÇAIS! la défection du duc de Castiglione livra Lyon sans défense à nos ennemis. L'armée dont je lui avais confié le commandement était, par le nombre de ses bataillons, la bravoure et le patriotisme des troupes qui la composaient, en état de battre le corps d'armée autrichien qui lui était opposé, et d'arriver sur les derrières du flanc gauche de l'armée ennemie, qui menaçait Paris (1).

(1) Il est certain que le maréchal Augereau flétrit tous ses lauriers dans la campagne de France. Napoléon lui avait pourtant écrit par l'organe du maréchal Berthier, d'oublier ses cinquante-cinq ans, pour ne se rappeler que des beaux jours de Castiglione: il n'en tint aucun compte et se laissa complaisamment rejeter derrière l'Isère avec une armée qui aurait sauvé la patrie, s'il eût exécuté avec zèle et courage les instructions qu'il avait reçues.

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