biens des familles les plus aisées, parce qu'elles étaient attachées à l'unité de la république, et il se fit nommer généralissime, et il déclara ennemis de la patrie tous ceux qui resteraient dans nos armées : il avait précédemment fait échouer l'expédition de Sardaigne; et cependant, il avait l'impudeur de se dire l'ami de la France, et bon républicain; et cependant, il trompa la Convention, qui rapporta son décret de destitution; il fit si bien enfin, que lorsqu'il a été démasqué par ses propres lettres, trouvées à Calvi, il n'était plus temps: les flottes ennemies interceptaient toutes les communications. Ce n'est plus aux paroles qu'il faut s'en tenir, il faut analyser les actions; et avouez qu'en appréciant les vôtres, il est facile de vous démontrer contre-révolutionnaires. Quel effet a produit dans la république, le mouvement que vous avez fait? Vous l'avez conduite près de sa ruine; vous avez retardé les opérations de nos armées. Je ne sais pas si vous êtes payés par l'Espagnol et l'Autrichien; mais certes, ils ne pouvaient pas désirer de plus fortes diversions: que feriez vous de plus si vous l'étiez? Vos succès sont l'objet des sollicitudes de tous les aristocrates reconnus; vous avez placé à la tête de vos sections et de vos armées, des aristocrates avoués, un Latourette, ci-devant colo A nel, un Soumise, ci-devant lieutenant-colonel du génie, qui ont abandonné leurs corps, au moment de la guerre, pour ne pas se battre pour la liberté des peuples. Vos bataillons sont pleins de pareilles gens, et votre cause ne serait pas la leur, si elle était celle de la république. LE MARSEILLAIS. Mais Brissot, Barbaroux, Condorcet, Buzot, Vergniaud, sont-ils aussi aristocrates? Qui a fondé la république? qui a renversé le tyran? qui a enfin soutenu la patrie à l'époque périlleuse de la dernière campagne ? LE MILITAIRE, Je ne cherche pas si vraiment ces hommes qui avaient bien mérité du peuple dans tant d'occasions, ont conspiré contre lui: ce qu'il me suffit de savoir, c'est que la Montagne, par esprit public ou par esprit de parti, s'étant portée aux dernières extrémités contre eux, les ayant décrétés, emprisonnés, je veux même vous le passer, les ayant calomniés, les Brissotins étaient perdus, sans une guerre civile qui les mît dans le cas de faire la loi à leurs ennemis. C'est donc pour eux vraiment que votre guerre était utile: s'ils avaient mérité leur réputation première, ils auraient jeté leurs armes à l'aspect de la constitution; ils auraient sacrifié leurs intérêts au bien public; mais il est plus facile de citer Décius que de l'imiter; ils se sont aujourd'hui rendus coupables du plus grand de tous les crimes; ils ont par leur conduite justifié leur décret....... Le sang qu'ils ont fait répandre a effacé les vrais services qu'ils avaient rendus. LE FABRICANT DE MONTPELLIER. Vous avez envisagé la question sous le point de vue le plus favorable à ces messieurs, car il paraît que les Brissottins étaient vraiment coupables; mais coupables ou non, nous ne sommes plus dans des siècles où l'on se battait pour les personnes. L'Angleterre a versé des torrens de sang pour les familles de Lancastre et d'Yorck, la France pour les Lorrains et les Bourbons, serions-nous encore à ces temps de barbarie !!! dès LE NIMOIS. Aussi, avons-nous abandonné les Marseillais, que nous nous sommes aperçus qu'ils voulaient la contre-révolution, et qu'ils se battaient pour des querelles particulières. Le masque est tombé dès qu'ils ont refusé de publier la constitution; nous avons alors pardonné quelques irrégularités à la Montagne. Nous avons oublié Rabaud et ses jérémiades, pour ne voir que la république naissante, environnée de la plus monstrueuse des coalitions qui menace de l'étouffer à son berceau, pour ne voir que la joie des aristocrates de l'Europe à vaincre. 1 LE MARSEILLAIS. Vous nous avez lâchement abandonnés après nous avoir excités par des députations éphé mères. LE NIMOIS. Nous étions de bonne foi, et vous aviez le renard sous les aisselles; nous voulions la république, nous avons dû accepter une constitution. républicaine. Vous étiez mécontents de la Montagne et de la journée du 31 mai, vous deviez donc encore accepter la constitution pour la envoyer, et faire terminer sa mission. LE MARSEILLAIS. Nous voulons aussi la république, mais nous voulons que notre constitution soit formée par des représentans libres dans leurs opérations; nous voulons la liberté, mais nous voulons que ce soit des représentans que nous estimons, qui nous la donnent; nous ne voulons pas que notre constitution protége le pillage et l'anarchie. Notre première condition est: point de clubs, point d'assemblées primaires si fréquentes, respect aux propriétés. LE FABRICANT DE MONTPELLIER. Il est palpable, pour qui veut réfléchir qu'une partie de Marseille veut la contre-révolution ; l'on avoue vouloir la république, mais c'est un rideau que l'on rendrait tous les jours plus transparent; l'on vous accoutumerait à voir la contre-révolution toute nue; déjà le voile qui la couvrait n'était plus que de gaze; votre peuple était bon, mais avec le temps on aurait perverti la masse, sans le génie de la révolution qui veille sur elle. Nos troupes ont bien mérité de la patrie pour avoir pris les armes contre vous avec autant d'énergie; elles n'ont pas dû imiter l'armée de 1789, puisque vous n'êtes pas la nation. Le centre d'unité est la Convention, c'est le vrai souverain, surtout lorsque le peuple se trouve partagé. Vous avez renversé toutes les lois, toutes les convenances. De quel droit destituiez-vous votre département? Etait-ce à Marseille qu'on l'avait formé? De quel droit le bataillon de votre ville parcourt-il les districts? De quel droit vos gardes nationales prétendaient-elles entrer dans Avignon? Le district de cette ville était le premier corps constitué, puisque le département était dissous. De quel droit prétendiez-vous entrer sur le territoire de la Drôme? et pourquoi croyezvous que ce département n'ait pas le droit de requérir la force publique pour le défendre? Vous avez donc confondu tous les droits, vous avez établi l'anarchie, et puisque vous prétendez justifier vos opérations par le droit de la force, vous êtes donc des brigands, des anarchistes. Vous aviez établi un gouvernement populaire, Ꮴ . 23 |