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les plus honteux sont employés par les compétiteurs : ils se déchirent réciproquement avec une fureur inexprimable; ils excitent et mettent en mouvement des passions tellement violentes, qu'il ne se forme pas un nouveau parlement dont les élections n'aient été souillées du sang de quelques électeurs. Le ministère, qui se croirait perdu s'il existait un parlement qui ne fût pas corrompu, commence toujours par déshonorer la majorité de ses membres eu les achetant.

Il n'est peut-être pas sans utilité et sans intérêt d'opposer au tableau de ces turbulentes et scandaleuses brigues, celui des tranquilles et décentes élections de France. Ce tableau est l'une des plus solides réfutations qu'on puisse faire des calomnies que le gouvernement anglais ne cesse de répandre depuis tant d'années, dans toute l'Europe, contre le gouvernement français.

Les assemblées électorales de France ont donné cette année, comme les précédentes, un nouvel exemple de l'excellent esprit qui les anime, de l'union qui règne parmi leurs membres, de cette émulation qui n'est point rivalité, et de ses prétentions sages et modérées qui ne s'établissent que sur des titres réels, et qui cèdent, sans combat, devant des titres plus recommandables. Elles ont employé en général, la moitié seulement, où même le tiers du tems que la loi leur accordait. Leurs oреrations ont été rapides, comme elles devaient être uniformes; la loi a toujours paru claire et son exécution a toujours été fa

cile.

On pourrait appliquer cet éloge à toutes les assemblées qui viennent d'être convoquées; toutes ont prouvé qu'elles en étaient dignes; mais on nous permettra de ne citer ici particulièrement que les opérations du collége électoral du département de la Seine, présidé par S. Em. M. le cardinal archevêque de Paris.

Les électeurs de ce collége ont donné la preuve d'un noble désintéressement en choisissans hors de leur sein les deux candidats pour le sénat. Ils ont ensuite prouvé une louable émulation et un dévouement généreux à l'utilité publique par leur empressement à briguer les canditatures au conseil général, dont les fonctions sont pénibles et gratuites.

Mais ce qui a rendu surtout la session de cette année mémorable, c'est la manière dont le vénérable président du collége a rempli ses fonctions. Ce vieillard presque centenaire a porté l'exactitude plus loin qu'on ne peut l'imaginer, il a pris un vif intérêt à toutes les opérations; au moment de la cloture de l'assemblée, il a remercié les électeurs des bontés qu'ils avaient eues pour lui; ce sont ses expressions. Il leur a dit qu'al avait été édifié du bonesprit qui avait dirigé leur choix, de l'ordre et de la décence qui avaient constamment regné parmi eux. Il les

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a assuré qu'il en rendrait avec plaisir compte à sa majesté impériale. Il leur a souhaité toutes sortes de bénédictions et de consolutions, et a fini par ces mots simples et touchans: Je suis votre père à tous.

Il est plus facile de sentir que de peindre l'effet que ce discours paternel a produit sur une réunion d'hommes qui dépuis plusieurs jours avait contracté la douce habitude d'environner de ses respects cet homme séculaire qui conserve assez de force pour présider une nombreuse assemblée pendant des séances de sept, huit, et neuf heures consécutives, et assez de présence d'esprit pour improviser avec une facilité d'expression une grâce d'élocution tout-à-fait particulière. L'histoire des élections de France conservera ce trait et le nom du vénérable prélat qui le consacre.

Paris, le 4 Décembre.

Les supérieures des maisons de charité, connues en France sous diverses dénominations avaient été appelées à Paris auprès de S. A. I. Madame, mère. Le ministre de l'intérieur a consulté chacune de ces supérieures sur les ressources et sur les services des maisons qu'elles dirigent. Après les avoir entendues plusieurs fois séparément, il vient de les réunir aujourd'hui dans son cabinet; il leur a adressé le discours qui suit:

"Mes Sœurs,

" La pensée de S. M. l'empereur, attachée depuis long"tems sur vous et sur vos services vient de se manifester en " vous mettant sous la haute protection qui veille avec tant "de bienveillance sur vos institutions et sur vos commu" nautés.

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"J'ai cru devoir profiter de votre réunion dans la capitale, pour prendre de vous-mêines les connaissances qui puissent " un jour fournir des moyens d'étendre et de multiplier vos " utiles travaux. Vous avez répondu à mes desseins d'une " manière touchante que je ne puis oublier, et dont je vous " dois des remerciemens, au nom de l'indigence, au nom de " l'humanité souffrante: recevez-les, mes senrs; vous verrez "naltre bientôt les fruits des communications que vous m'a" vez transmises; elle me parviennent au moment où le cœur " paternel de S. M. rempli depuis long-tems de projets bien"faisans, se prépare à les réaliser et à constituer les secours " étendus et réguliers qui doivent être dirigés sur cette partie " respectable de ses sujets auxquels l'assistance publique est " indispensable.

"J'offre à vos communautés un signe de la reconnaissance " du gouvernement. J'ai destiné à chacune d'elles l'une de " ces médailles portant l'effigie de S. M. consacrées aux actes "éclatans de dévouement envers des citoyens secourus dans " de grands dangers. Qui plus que vous mérite de telles ré" compenses! elles vous sont acquises par tous les instans de " votre vie, par les travaux touchans que les hommes admi " rent, mais que le Ciel se réserve seul d'acquitter.

"Je ne me séparerai pas de vous sans vous assurer que vous " trouverez toujours dans le ministère de l'intérieur un moyen " sûr de faire entendre la voix de vos besoins, et de la faire "parvenir jusqu'an trône.

" Retournez, mes Sœurs, à vos intéressantes occupations. "Je désire que mes sentimens soient transmis à vos compa"nes: elles partagent avec vous mes affections et ma recon"noissance."

L'assemblée s'est terminée par la distribution des médailles faite par S. Exc. le ministre de l'intérieur.

Brunswick, le 18 Novembre.

La nouvelle division territoriale du royaume de Westphalie, en départemens, est arrêtée. Ces départemens seront au nombre de neuf; savoir:

1. Le département du Weser, comprenant les principautés de Minden et de Ravensperg;

2°. Le département de la Faulde, comprenant la BasseHesse et la principauté de Paderborn;

3o. Celui de la Werra, comprenant la Hesse supérieure; 4°. Le département de la Leine, formé par la principauté de Gættingue, le district Brunswickois du Weser et le baillage

d'Hunnesruck.

5°. Le département du Hartz, composé de la principauté de Grubenhagen, du Hartz-Supérieur et des baillages Brunswickois de Greene, Seesen, Stauffenbourg et Gaudersheim;

6°. Le département de l'Oker, contenant la partie de la principauté de Hildesheim, située en deçà de la Leine, avec Elbe, les districts Brunswickois de Wolfenbuttel et Schœnig, etc. (La ville de Brunswick sera chef-lieu de ce départemet, dans lequel se trouvent aussi les villes de Hildesheim et de Goslar);

7°. Le département de la Saale, comprenant les principautés de Halberstatt et Blackenbourg, les comtés de Werningerode et Manfeld, et la ville de Hall;

8°. Le département de l'Elbe, formé de la] principauté de Magdebourg et de la Vieille-Marche;

9°. Le département de l'Eichsfeld contenant le bailliage Brunswickois de Walkenreid, le comté de Hobenstein et l'Eichsfeld.

Nous avons décrété et déerétons ce qui suit:

Art. 1. Tout bâtiment, de quelque nation qu'il soit, qui aura souffert la visite d'un vaisseau anglais, ou se sera soumis à un voyage en Angleterre, ou aura payé une imposition quelconque au gouvernement anglais, est par cela seul déclaré dénationalisé, a perdu la garantie de son pavillon et est devenu propriété anglaise.

2. Soit que lesdits bâtimens ainsi dénationalisés, par les mesures arbitraires du gouvernement anglais, entrent dans nos ports ou dans ceux de nos alliés, soit qu'ils tombent au pouvoir de nos vaisseaux de guerre ou de nos corsaires, ils sont dé clarés de bonne et valable prise.

3. Les Isles britanniques sont déclarées en état de blocus

sur mer comme sur terre.

Tout bâtiment, de quelque nation qu'il soit, quel que soit son chargement, expédié des ports d'Angleterre ou des colonies anglaises, ou des pays occupés par les troupes anglaises, ou allant en Angleterre, ou dans les colonies anglaises ou dans des pays occupés par les troupesa nglaises, est de bonne prise, comme contrevenant au présent décret; il sera capturé par nos vaisseaux de guerre ou par nos corsaires, et adjugé aux capteurs.

4. Ces mesures, qui ne sont qu'une juste réciprocité pour le systême barbare adopté par le gouvernement anglais, qui assimile sa législation à celle d'Alger, cesseront d'avoir leur effet pour toutes les nations qui sauraient obliger le gouvernement anglais à respecter leur pavillon.

Elles continueront d'être en vigueur pendant tout le temps que ce gouvernement ne reviendra pas aux principes du droit des gens, qui règle les relations des états civilisés dans l'état de guerre; les dispositions du présent décret seront abrogées et nulles par le fait, dès que le gouvernement anglais sera re venu aux principes du droit des gens, qui sont aussi ceux de la justice et de l'honneur.

5. Tous nos ministres sont chargées de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au bulletin des lois.

(Signé) NAPOLEON.

Par l'Empereur, le Ministre Secrétaire d'Etat,

(Signé) H. B. MARET.

Paris, le 24 Décembre.

Le Ministre de l'intérieur à MM. les membres de la chambre de commerce.

Vous connaissez, Messieurs, les derniers actes du gouvernement anglais, ce dernier terme de l'oppression du commerce du monde; vous savez qu'il a résolu de détruire les faibles restes de l'indépendance des mers; il veut que désormais aucun bâtiment ne puisse naviguer sans relâcher dans ses

ports, sans payer un tribut à sa prétendue souveraineté, et sans en recevoir une ignominieuse licence.

Ainsi l'océan n'est plus que le champ de l'esclavage ; l'usurpation du droit le plus sacré des nations est consommée, et ce joug tyrannique pesera sur elles jusqu'au jour des vengeances, ou jusqu'à ce que, ramené à la modération, le gouvernement anglais calme ses fureurs et brise lui-même ce sceptre auquel les peuples continentaux ne consentiront jamais à se soumettre.

Je m'entretiens avec vous des grandes circonstances qui nous entraînent, pour éveiller votre patriotisme et votre sasagesse. Il semblait que toutes les gênes, toutes les contrariétés qu'éprouvait le commerce du continent étaient épuisées, et cependant elles vont s'accroître par les dernières mesures de l'Angleterre; mais elles nous trouveront résignés à lutter et à vaincre cette nouvelle oppression.

Il ne faut pas se le dissimuler, l'importation et l'exportation, déjà si rétrécies, vont l'être davantage; tout ce qui en dépend, deviendra plus difficile et plus incertain; cependant deux canaux restent ouverts.

La course sur tous les bâtiments qui auront renoncé à l'indépendance de leur nation, en obéissant honteusement à la souveraineté britannique, et en naviguant sous sa licence, s'offre d'abord au courage de nos capitaines; cette ressource ne sera pas vaine, et le commerce français ne se livrera pas sans utilité à ce genre de guerre, qui ne laisse jamais sans récompense la bravoure, l'habileté et l'audace.

Nous devous espérer ensuite que des vaisseaux neutres tromperont la vigilance des croisières anglaises; l'immense étendue de côtes de l'empire protégera leurs tentatives.

Ces ressources dussent-elles être comptées pour rien, la France se résignera à une situation momentanée qui ne peut changer qu'avec le temps et de nouveaux efforts; mais son ennemi ne lui ravira pas les grandes bases de sa prospérité, sa communication intérieure, ses rapports avec le continent, sur lequel elle ne compte plus que des amis ou des alliés. Son sol ne sera pas moins fertile, son industrie n'en subsistera pas moins, quoique privée de quelques matières qu'il n'est pas impossible de remplacer.

J'appelle votre attention, Messieurs, sur cette dernière proposition. Vous avez des conseils à donner et des exemples à offrir au commerce; il doit prévoir dès à présent l'effet de la privation de certaines matières, et surtout des cotons et des teintures.

Les cotons approvisionnés en France; ceux qui nous parviendront du Levant; ceux que, dans des temps plus éloignés, nous procurera la culture indigène, éssayée non sans sueurs, suffiront pour alimenter en grande partie nos manufactures;

TOME III.

CC

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